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animale (l’´etat des bˆatiments d’´elevage, pr´evention des blessures et des souffrances, les soins prodigu´es aux animaux malades ou bless´es, etc.). Ces mesures militent pour une agriculture moins intensive et donc implicitement pour une moins grande utilisation de pesticides en agriculture.

A cot´e de ces politiques incitant les agriculteurs `a un meilleur respect de l’environne- ment, int´egr´ees `a la politique agricole commune, un certain nombre d’incitatifs addi- tionnels sont ´elabor´es par les ´Etats afin d’encourager l’adoption par les agriculteurs de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Ces politiques sont ind´epen- dantes de la politique agricole europ´eenne. Nous pr´esentons dans la section qui suit les incitations qui ont ´et´e mises en place par un certain nombre de gouvernements pour amener `a la baisse l’utilisation agricole de pesticides.

1.5

Vers une r´egulation de l’utilisation des pesti-

cides

Nous pr´esentons dans cette section, dans un premier temps, un certain nombre de programmes de r´egulation de l’usage agricole des pesticides. Ces programmes, comme pr´ecis´e plus haut, sont une r´eponse des pouvoirs publics `a la pr´eoccupation de plus en plus importantes des consommateurs concernant les effets de ces produits. Dans un se- cond temps, nous pr´esentons un exemple d’approche globale de contrˆole de l’utilisation des pesticides : la protection int´egr´ee des cultures.

1.5.1

Quelques r´eformes sur l’usage des pesticides

De la prise de conscience des effets des pesticides, en partie d´etaill´es dans l’introduc- tion de ce chapitre, sur la sant´e humaine, la faune et la flore r´esultent, un peu partout dans le monde, des programmes ayant pour objectif de r´eduire l’utilisation agricole des pesticides. Le Danemark a mis en place en 1986 un plan dont l’ambition ´etait de r´eduire, avant 1997, de moiti´e l’utilisation des pesticides et cela au moyen d’une taxa-

tion des pesticides, d’un renforcement de la r´eglementation et du d´eveloppement du conseil aupr`es des agriculteurs. La Su`ede et les Pays-Bas y sont ´egalement all´es de leurs programmes de r´eduction de 50 %. Le plan de la Su`ede a ´et´e mis en place en 1988 et devait atteindre son objectif sur 5 ans, alors que celui des Pays-Bas avait un intervalle d’action de dix ans et a ´et´e initi´e en 1989. Aux ´Etats-Unis, beaucoup d’investigations ont ´et´e effectu´ees aussi afin d’explorer les voies et moyens de r´eduction de l’usage des pesticides Pimentel et al. [1993]. Au Canada et plus pr´ecis´ement dans la province de l’Ontario, en 1987, un plan visant aussi une r´eduction de moiti´e de l’usage des pesti- cides a aussi vu le jour. Ce programme ´etal´e sur 15 ans ´etait divis´e en trois segments de cinq ans (Roberts et Surgeoner [1993]).

En France, la r´eflexion sur les voies et moyens de r´eduction de l’usage des pesticides a commenc´e avec le comit´e d’orientation pour des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement (CORPEN) en 1984. Ce comit´e promeut les pratiques agricoles les plus respectueuses de l’environnement, et sp´ecifiquement en termes d’utilisation de pesticides depuis 1992. De mani`ere plus pr´ecise, le plan « Produire plus propre » en 1997 limite ou interdit l’usage d’un certain nombre de produits et conduit `a la cr´eation autour des pr´efets de r´egion, de groupes r´egionaux d’actions contre la pollution par les pesticides charg´es d’appliquer sur le terrain les pr´econisations nationales. En 2006, le « plan interminist´eriel de r´eduction des risques li´es aux pesticides (2006-2009) » renforc´e en 2008, suite au grenelle de l’environnement, par le plan « Ecophyto 2018 » visent, outre la r´eduction de 50 % de l’usage des pesticides au niveau national dans un horizon de 10 ans, `a mieux contrˆoler les conditions de mise sur le march´e des substances actives, `a encourager les pratiques alternatives au recours des traitements phytosanitaires, la formation et l’information pour les usagers en ce qui concerne les risques sanitaires, mais aussi `a mettre en place un programme de surveillance des impacts humains et environnementaux de ces produits.

De mani`ere synth´etique, ces programmes visent tous, via un certain nombre d’actions, `a aboutir `a un ensemble coh´erent qui fera office de feuille de route en ce qui concerne la

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gestion des pesticides. Entre autres, ils visent `a am´eliorer la fabrication des pesticides, `a sonder des m´ethodes de fabrication de nouvelles substances moins nocives pour l’en- vironnement et pouvant assurer la s´ecurit´e alimentaire et humaine. L’objectif est aussi l’am´elioration de la formation des agriculteurs et la mise `a leur disposition de toute l’in- formation n´ecessaire (conseil individuel, d´emonstrations de groupe sur l’utilisation des pesticides, etc.). Cela permettra notamment d’am´eliorer les techniques d’´epandages. Pimentel et al. [1992], avaient d’ailleurs signal´e que dans beaucoup de cas, faute d’in- formation, les pesticides ne sont pas adapt´es ou sont tout simplement appliqu´es aux mauvaises p´eriodes. Aussi, ils signalent que 25 `a 50 % seulement des pesticides appli- qu´es par avion atteignent leur cible. Ces politiques publiques visent aussi `a renforcer la proc´edure d’homologation et de mise sur le march´e des nouvelles mol´ecules de pes- ticides. Cela permettra progressivement l’abandon des mol´ecules les plus dangereuses. C’est dans ce sens que l’union europ´eenne, le 13 Janvier 2009 a vot´e le « paquet pes- ticides » compos´e d’une r`eglementation plus contraignante concernant la mise sur le march´e des pesticides et d’une directive cadre pour une utilisation durable des pesti- cides. Enfin, la recherche biologique est appuy´ee en ce qui concerne la s´election des vari´et´es r´esistantes, ce qui peut amener une substantielle diminution des quantit´es de pesticides utilis´ees en agriculture.

1.5.2

La protection int´egr´ee des cultures : un exemple de la

volont´e de r´eduction de l’usage des pesticides

La protection int´egr´ee des cultures (Integrated Pest Management - IPM) a vu le jour aux ´Etats-unis et a ´et´e formul´ee en politique publique nationale en 1972. Elle peut ˆetre vue comme ´etant une approche globale permettant via un certain nombre de directives et d’action de r´eduire la toxicit´e et l’utilisation des pesticides via l’utilisation de nouvelles technologies et une meilleure information. Pour leur leadership et l’effort qu’ils ont consacr´e au d´eveloppement et `a l’expansion mondiale de cette technique, Perry Adkisson (Professeur d’entomologie `a l’universit´e du Texas) and Ray F. Smith (Professeur d’entomologie `a l’universit´e de Californie `a Berkeley) ont re¸cu le W orld

F ood P rice en 1997.

La protection int´egr´ee des cultures est une approche r´esolument tourn´ee vers l’environ- nement et reposant sur la combinaison d’un certain nombre de pratiques. Elle utilise les informations exploitables sur le cycle de vie des ravageurs et leurs interactions avec l’environnement. Cette information est combin´ee avec les m´ethodes existantes de pro- tection des plantes pour aboutir `a une meilleure gestion des ravageurs. Elle peut se d´ecliner en les actions suivantes : i. la mise en place des seuils d’action : avant de prendre une d´ecision de traitement des plantes, l’agriculteur met en place un seuil d’action, i.e. un point au-del`a duquel les conditions environnementales et la population des ravageurs indiquent qu’une protection des cultures s’impose ; ii. la surveillance et identification des ravageurs : tous les organismes vivants ne sont pas dangereux pour les cultures et ne requi`erent pas de contrˆole. Beaucoup sont inoffensifs et peuvent mˆeme ˆetre b´en´efiques `a certaines cultures. Cette surveillance et cette identification permettent d’´eviter l’usage de pesticides lorsque ce dernier n’est pas vraiment n´ecessaire. Il permet la bonne identification des seuils d’action ; iii. la pr´evention : la r´eduction de l’usage des pesticides peut ´egalement provenir de meilleures rotations entre les cultures, de la s´election de vari´et´es r´esistantes etc. Cela permet de minimiser le risque d’infestation et donc de r´eduire les risques pour l’environnement ; iv. le contrˆole : lorsque de par l’observation, le seuil d’action est atteint, le programme de la protection int´egr´ee des cultures met en place une s´erie de mesures. Dans un premier temps des m´ethodes moins risqu´ees - pour la faune, la flore et la sant´e humaine - de protection des cultures sont mises en place : ´epandage de produits pour empˆecher l’accouplement des ravageurs, d´esherbage et mise en place de pi`eges pour les ravageurs. Si ces actions en sont pas suffisantes, des mesures additionnelles sont mises en place : la pulv´erisation cibl´ee puis non cibl´ee de pesticides est utilis´ee.

Nous venons de d´efinir les pesticides, de passer en revue de mani`ere assez compl`ete les quantifications possibles de leur utilisation en agriculture et d’exposer un certain nombre de politiques publiques tentant de rationaliser leur utilisation. Dans la partie