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Comparaison inter-´ Etat en termes d’utilisation de pesticides

1.3 Utilisation agricole des pesticides : quelques rep`eres

1.3.3 Comparaison inter-´ Etat en termes d’utilisation de pesticides

ticides

La classification des pays faite plus haut - via les quantit´es de substances actives ven- dues - a uniquement une port´ee descriptive et permet d’appr´ecier l’utilisation globale de pesticides. Elle n’apporte aucune information sur la mani`ere dont sont utilis´es ces produits en agriculture dans un pays d’une ann´ee `a une autre. Aussi, elle ne permet pas la comparaison des pratiques agricoles entre les pays. En effet, en se basant d´ej`a sur le fait que la France est le premier producteur agricole de l’union europ´een et qu’elle est le pays qui consacre la plus grande ´etendue en hectare `a l’agriculture dans l’union europ´eenne (voir le tableau 1.3), il r´esulte ´evidemment, `a pratiques agricoles constantes, qu’elle utilise globalement beaucoup plus de produits de destruction des ravageurs que les autres pays europ´eens. La surface agricole utilis´ee en France reste `a peu pr`es stable : elle est en 2010 de 29 311, 025 hectares en France m´etropolitaine (donn´ees de l’agreste - La statistique, l’´evaluation et la prospective agricole). Cela place la France dans l’union europ´eenne devant l’Espagne et l’Allemagne. Pour entreprendre une comparaison des pratiques culturales moins biais´ee, nous pouvons utiliser comme indicateur la consommation moyenne de pesticides par hectare cultiv´e. Avec ce nouvel

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Tableau 1.3 – Surfaces agricoles des pays de l’union europ´eenne en 1997 En milliers d’ha En % du ter. nat.

France 28 331,30 52 Espagne 25 630,10 51 Allemagne 17 160,00 48 Royaume-Uni 16 168,90 66 Italie 14 833,10 49 Irlande 4 342,40 62 Portugal 3 822,10 42 Gr`ece 3 498,70 27 Autriche 3 415,10 41 Su`ede 3 109,10 7 Danemark 2 688,60 62 Finlande 2 171,60 6 Pays-bas 2 010,50 49 Belgique 1 382,70 45 Luxembourg 126,6 49 Union europ´eenne 128 690,80 40

ter. nat. signifie territoire national Source : EUROSTAT-Enquˆete structure, 1997.

indicateur, la France se place plutˆot dans une position moyenne : elle occupe en Europe la quatri`eme position en 2008 derri`ere le Portugal, les Pays-Bas et la Belgique. Cepen- dant, cet indicateur pr´esente aussi des limites en vue d’une comparaison inter-´Etats des pratiques en termes d’utilisation de pesticides. En effet, l’ampleur de l’utilisation des pesticides agricoles d´epend non seulement de la mani`ere dont ces derniers sont utilis´es (pratiques agricoles) mais aussi des profils agricoles des pays concern´es. La consomma- tion de pesticides est ´elev´ee dans les pays d’Europe du Sud (Italie, Portugal, Espagne, Gr`ece et France) du fait notamment de l’importance des cultures l´egumi`eres, de l’ar- boriculture, de la vigne et de l’humidit´e de l’air en zones cˆoti`eres. Ainsi, l’utilisation de pesticides `a l’hectare ´elev´e (plus qu’en France) au Portugal, aux Pays-Bas et en Bel- gique est due en creusant un peu plus `a l’importance du secteur fruits, l´egumes et vins pour le Portugal et `a l’importance des cultures sous serres en Belgique et aux Pays-Bas.

en agriculture, en vue de comparaisons inter-pays, tenir compte des vari´et´es culti- v´ees. De mani`ere g´en´erale, l’utilisation des pesticides en agriculture est globalement la conjonction des types de cultures mises en place dans un territoire donn´e et des pratiques culturales qui d´ependent en grande partie de l’environnement naturel et ´eco- nomique dans lequel se trouve l’agriculteur. Int´eressons nous, dans un premier temps, au premier d´eterminant de l’utilisation agricole de pesticides. Ce d´eterminant est le type de cultures mises en place. Nous remarquons que compar´ees aux grandes cultures, les petites cultures sont en moyenne plus d´ependantes des pesticides. Cela est ex- pliqu´e, en partie, par le fait que les grandes cultures ont l’avantage d’offrir davan- tage de marges de manoeuvre en mati`ere de rotations culturales contrairement aux cultures p´erennes. D’autres raisons expliquent cette plus grande d´ependance des « pe- tites cultures » (cultures maraˆıch`eres, fruiti`eres, horticoles et viticoles) aux pesticides. En effet, ces cultures sont tr`es sensibles aux insectes et attaques fongiques et ce d’au- tant plus qu’elles sont pratiqu´ees intensivement. Dans ce contexte, les consid´erations relatives `a la protection des r´ecoltes apparaissent comme pr´epond´erantes et l’usage de produits de protection des plantes est adapt´e pour la pr´evention comme pour le traite- ment curatif. Cette utilisation des pesticides d´epend dans un second temps du prix des produits agricoles (politique agricole commune) et de la disponibilit´e des terres culti- vables. En faisant des comparaisons inter-´Etats, nous pouvons remarquer que malgr´e un soutien des prix des produits agricoles, les agriculteurs am´ericains n’ont pas adopt´e des pratiques aussi intensives que leurs homologues europ´eens : dans les ann´ees 1990, le rendement moyen du bl´e tendre aux ´Etats-Unis ´etait la moiti´e de celui observ´e en France par exemple. Ceci s’explique non seulement par les diff´erences de prix agricoles mais ´egalement et vraisemblablement par la relative abondance des terres arables aux

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Etats-Unis. Les possibilit´es de substitutions ne sont pas les mˆemes. En effet, alors que les exploitants agricoles europ´eens cherchaient `a accroˆıtre leur production pour profiter de prix agricoles ´elev´es garantis par la PAC, en am´eliorant les rendements de leurs cultures, leurs homologues am´ericains pouvaient accroˆıtre les surfaces mises en culture. Nous avons donc `a ce niveau deux leviers permettant d’accroitre la production totale.

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Pour pouvoir mieux mener les comparaisons internationales en termes d’utilisation de produits de protection des cultures - et avoir une estimation de l’´evolution nationale des pratiques culturales, d’une ann´ee `a une autre - l’indice de fr´equence de traitement est g´en´eralement utilis´e. Cet indicateur de fr´equence de traitement (IFT), d´evelopp´e au milieu des ann´ees 1980 au Danemark, vise `a permettre ces comparaisons et donc `a r´epondre au fait que le recours croissant `a des produits utilis´es `a faible grammage n’´etait pas refl´et´e dans les statistiques portant sur les quantit´es totales de substances actives vendues : la quantit´e de produits de protection des cultures vendue peut baisser sans que ne diminuent la pression exerc´ee sur le milieu et donc sans que les pratiques culturales ne changent.

Champeaux [2006], en s’inspirant de l’exp´erience danoise a adapt´e la m´ethode de calcul de cet indicateur au contexte fran¸cais. Compar´e `a l’indicateur danois, celui qu’il a ´elabor´e s’appuie entre autres sur les quantit´es appliqu´ees par l’agriculteur et non plus sur les quantit´es vendues. Le fait de partir des quantit´es appliqu´ees par l’agriculteur, et non des quantit´es vendues (qui peuvent ˆetre stock´ees ou vendues sur un autre territoire) permet de d´eriver un indicateur plus direct et plus fiable de la pression phytosanitaire exerc´ee sur un territoire donn´e.

Cet indicateur de fr´equence de traitement comptabilise le nombre de doses homologu´ees (DH) appliqu´ees sur un hectare pour une campagne culturale. La dose homologu´ee est d´efinie comme la dose efficace d’application d’un produit sur une culture et pour un organisme cible donn´e. Il peut se d´ecliner de diff´erentes mani`eres en fonction du degr´e de pr´ecision voulu ou/et des donn´ees disponibles. On peut donc calculer un IFT global ou particulier (pour une cat´egorie particuli`ere de pesticides). Il peut aussi se calculer `a l’´echelle d’une exploitation, d’un territoire, d’une r´egion ou d’un pays, pour une culture particuli`ere ou un ensemble de cultures. Signalons aussi que souvent, une distinction est faite entre l’IFT herbicides et l’IFT hors herbicides (pour les autres produits). En effet, les variations de l’IFT herbicides impliquent des changements de pratiques globales, alors que les variations de l’IFT hors herbicides d´ependent des itin´eraires techniques

propres `a chaque culture. L’IFT fournit ainsi aux acteurs du monde agricole et aux d´ecideurs publics une base objective et pr´ecise pour construire et partager un diagnostic commun des pratiques de protection des cultures.

Nous suivons dans ce qui suit Brunet et al. [2008] pour l’expos´e de la m´ethode de la m´ethode de calcul de l’IFT utilis´ee en France. Ce calcul est effectu´e `a l’´echelle de la parcelle. Pour chaque traitement r´ealis´e sur une parcelle, la quantit´e normalis´ee est obtenue en divisant la dose r´eellement appliqu´ee par hectare (DA) par la dose homo- logu´ee par hectare (DH) pour le produit consid´er´e. Si pour un mˆeme couple « culture, pesticide », il existe plusieurs doses homologu´ees correspondant `a des bioagresseurs diff´erents, on retient la dose homologu´ee minimale3. Si la parcelle n’est pas trait´ee sur

la totalit´e de sa surface (cas notamment des herbicides), on ne tient compte que de la proportion de la parcelle trait´ee (PPT) dans le calcul de la quantit´e normalis´ee. Cette proportion est le ratio de la surface trait´ee sur la surface totale de la parcelle. L’IFT d’une parcelle est alors ´egal `a la somme des quantit´es normalis´ees d´efinies ci-dessus pour tous les traitements (T) r´ealis´es sur la parcelle4, soit :

IF Tparcelle= T X t=1 DA t DHt × P P T  (1.1)

T est le nombre de traitements r´ealis´es sur la parcelle ´etudi´ee.

Notons ´egalement que l’IFT d’un ensemble de parcelles est ´egal `a la moyenne des IFT des parcelles correspondantes, pond´er´ee par la surface de ces parcelles. Ainsi, l’IFT peut ˆetre calcul´e `a l’´echelle d’une exploitation, d’un territoire, d’une r´egion ou de la France pour une culture particuli`ere ou un ensemble de cultures.

Notons enfin que Butault et al. [2010] montrent qu’il y a une tr`es forte corr´elation entre l’indice de fr´equence de traitement (IFT) et les d´epenses en pesticides exprim´ees en 3. Cette convention de calcul fait qu’il est inutile de connaˆıtre la cible d’un traitement. Il suffit de connaˆıtre la culture sur laquelle il a ´et´e r´ealis´e.

4. L’IFT ne tient compte que des pesticides appliqu´es hors champ : le traitement des semences ou les traitements des produits r´ecolt´es ne sont pour l’instant pas pris en compte dans le calcul.