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Validité de l’étude, difficultés rencontrées et limites de la méthodologie

4.6.1.

Validité et originalité de la méthodologie

Nous avons utilisé une méthodologie mixte pour assurer une certaine fiabilité des données collectées, même si nous savons qu’aucune recherche n’est parfaite. Ainsi, l’utilisation de plusieurs techniques et méthodes de collecte avait pour but d’assurer une certaine validité des données collectées. De façon plus précise, nous avons utilisé deux méthodes de collecte de données auprès des populations, en l’occurrence les entrevues de groupes et les entrevues individuelles. De plus, nous avons utilisé deux différentes méthodes d’analyse, une basée sur la lecture directe du discours des personnes rencontrées et une basée sur le logiciel SOLAP pour une analyse plus qualitative et l’autre quantitative afin d’en tirer l’information la plus complète possible.

Enfin le fait d’avoir effectué trois séjours sur le terrain constitue aussi une manière de nous assurer de la validité et de la fiabilité des données et de cette méthodologie de recherche. Le premier séjour a servi à prendre contact avec le terrain et à nous assurer de la pertinence de cette recherche pour les acteurs concernés. Suite à ce séjour, nous avons retenus les points qui semblaient être les plus importants pour les personnes rencontrées et nous avons réalisé notre questionnaire sur la base de ces éléments. Le deuxième séjour a permis de collecter les données de terrain à travers les entrevues de groupe et individuelles. Le troisième séjour a servi à présenter les résultats aux acteurs afin d’avoir leur feed-back, une sorte de validation finale.

L’originalité de cette étude se trouve dans le fait de réaliser une évaluation basée sur les perceptions des populations concernées, d’utiliser une méthode quantitative (SOLAP) pour traiter des données

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qualitatives ; de croiser, grâce au SOLAP, des données de plusieurs natures ; et de comparer les résultats à ceux issus du calcul d’un indice plus factuel.

4.6.2.

La disponibilité des données

La première difficulté a été le manque d’informations liées à notre objet d’étude. Cet te recherche porte sur la vulnérabilité par rapport à la question de l’eau dans le contexte des changements climatiques dans le bassin versant de l’Artibonite. Il existe peu données connexes à l’échelle d’Haïti et encore moins, à l’échelle du bassin versant de l’Artibonite. Il a donc été difficile de trouver des données sur le climat et sur les projections climatiques pour Haïti. C’est un problème général aux îles vu que la plupart des projections sont réalisées à une échelle régionale (Voir dernier rapport du GIEC par exemple). De plus en Haïti, le tremblement de terre de 2010 a entraîné la perte de plusieurs données, étant donné qu’elles étaient pour la plupart non numérisées. Il n’existait quasiment aucune donnée spécifique au bassin versant de l’Artibonite.

Ce séjour a également permis de nouer des relations avec les communautés locales, ce qui nous a grandement facilité la tâche lors des séjours suivants. Plus concrètement, le fait d’avoir rencontré des leaders des communautés (les autorités locales et les responsables de groupements féminins), de leur avoir expliqué clairement l’objectif de cette étude, et surtout d’avoir respecté la parole données, a permis d’instaurer des relations de confiance qui ont été très bénéfiques pour la suite. Le fait d’avoir effectué plusieurs séjours a été également très constructif, en ce sens que cela a permis aux populations de se sentir concernées par notre étude, elles étaient plus disposées à nous accueillir et à collaborer avec nous. Par ailleurs, pour ce qui concerne spécifiquement le deuxième séjour, je l’ai effectué avec mon fils, alors âgé de 8 mois. Sa présence a grandement facilité mon acceptation sur le terrain.

La deuxième difficulté a été le manque d’informations cartographiques sur Haïti et plus précisément le bassin versant de l’Artibonite, accessibles depuis le Québec. Cela a été à la source de certains changements apportés à notre plan de collecte de données. Ces changements sont avant tout dus à des informations fournies par un collègue haïtien, informations qui nous avaient orientés dans un premier temps, vers une autre direction (d’autres localités). Suite à d’autres informations, fournies cette fois-ci par des collègues canadiens ayant travaillé en Haïti, nous avons fait des changement s et opté pour les communes de Saint-Marc, Verrettes et Saint-Michel. Nous avons également apport é des changements en cours de route parce que ce n’est que pendant le deuxième séjour sur le terrain que nous avons appris qu’il existait un découpage d’Haïti en zones agroécologiques, qui est le

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découpage territorial le plus pertinent pour cette recherche. Nous avons donc dû changer le plan préétabli afin de couvrir la plus grande partie des différentes zones agroécologiques.

Pour pallier toutes ces difficultés, nous nous sommes basés sur les études existantes à l’échelle d’Haïti en essayant d’extraire le plus d’informations disponibles sur le bassin versant de l’Artibonite. Nous avons également mené un séjour exploratoire qui a permis de collecter des informations secondaires. Nous avons pour cela pris contact avec certaines structures intervenant dans le bassin versant tel que l’ODVA, le Bureau agricole local, et les ONG telle qu’Oxfam. Nous avons interrogé plusieurs personnes ressources travaillant pour ces structures afin de mieux cerner notre sujet. Nous avons également rencontré des responsables de groupements féminins et des autorités locales pour mieux comprendre ce qui vivent les populations du bassin versant par rapport aux changement s climatiques et à l’eau.

La réalisation des focus-group dans chaque commune visitée a aussi grandement facilité nos interventions sur le terrain. Le fait d’avoir eu recours aux intervenants et aux autorités locales a permis d’organiser ces focus-group qui ont été pour nous l’occasion de parler de notre étude de façon plus détaillée et d’obtenir la collaboration des personnes présentes afin d’obtenir des contacts pour les entrevues individuelles.

4.6.3.

Difficultés d’ordre logistique

La troisième difficulté est liée à la disponibilité des personnes à rencontrer. Notre deuxième séjour sur le terrain a coïncidé avec une épidémie de chikungunya, une maladie qui provoque de la fièvre et des douleurs articulaires invalidantes. Ainsi, à plusieurs reprises, nous avons dû reporter des rendez-vous à cause de cette maladie.

Enfin, à cause du fait de nos limites financières, nous n’avons pas pu couvrir toutes les zones agroécologiques du bassin versant de l’Artibonite. De plus, nous n’avons pas pu nous rendre dans autant de localités que nous aurions souhaité visiter. Nous nous sommes limités aux localités les plus proches de la ville ou du village où nous résidions, étant donné que nous nous déplacions à moto. Cependant nous nous sommes assurés de collecter le maximum d’informations et de données possibles et nous estimons que cette étude a respecté toutes les exigences d’une recherche scientifique et que les résultats sont tout à fait valides.

Nous sommes aussi conscients qu’en parlant de perceptions, nous ne sommes pas dans le domaine des sciences exactes. Notre étude est surtout une évaluation de la vulnérabilité aux questions de l’eau dans le contexte des changements climatiques, une évaluation faite par les populations concernées en partant avant tout de leurs perceptions et de ce qui a le plus d’importance pour elles.

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4.6.3.1. Recrutement de traducteur

Pendant le deuxième séjour, nous avons loué les services de trois traducteurs, à raison d’un traducteur par commune. A Bocozelle, le traducteur qui nous a accompagnés était un animateur et avait déjà eu à mener des entrevues dans le cadre d’autres projets. Il avait une très bonne connaissance du milieu. Il était donc très à l’aise et nous a beaucoup aidé dans l’explication des objectifs du projet et dans l’approche utilisée pour formuler les questions à poser lors des entrevues de groupe et des individuelles. Aux Verrettes notre traducteur manquait d’expérience dans le domaine de l’animation en milieu rural. Nous avons donc eu un peu de mal à lui faire comprendre notre démarche au début. Il se contentait de résumer les réponses de nos interlocuteurs ou de nous dire parfois que la personne n’avait pas compris la question ou avait mal répondu. Il a fallu qu’on lui explique un peu plus que notre objectif était de comprendre les perceptions des gens et que ce qu’il considérait comme des « mauvaises réponses » ou encore une « mauvaise compréhension » pouvait justement constituer les perceptions de nos interlocuteurs. Enfin, à Saint -Michel, notre traducteur était un étudiant d’un collège agricole. Il avait un peu d’expérience en animation rurale, mais beaucoup de connaissance sur le milieu, ce qui nous a été très bénéfique. Tout comme pour le traducteur de Verrettes, il a fallu lui expliquer plus en détail l’objectif de l’étude et l’approche utilisée.

4.6.4.

Le SOLAP

Le SOLAP est un logiciel qui permet de croiser des données de différentes natures, une rapidité dans l’exécution des requêtes et la possibilité d’une analyse multiscalaire et dans le temps. C’est pour ces capacités que nous avons opté pour l’utiliser, vu que nous aurions à utiliser des données de différentes natures. Cependant, nous n’avons pas pu exploiter le plein potentiel de ce logiciel surtout à cause de la disponibilité des données par exemple. Il n’a pas été possible d’obtenir certaines données telles que l’occupation du sol, la densité de population et les données sur la manifestation de certains aléas (inondation, sécheresse et maladies) afin de les intégrer dans le SOLAP.

Finalement, il y le risque est que cette cartographie de la vulnérabilité perçue soit mal interprétée. La vulnérabilité perçue rend compte d’une réalité locale particulière et ne saurait être généralisée. Le risque en présentant des cartes de la vulnérabilité perçue est qu’elle soit interprétée comme étant la vulnérabilité de l’entité territoriale qu’elle caractérise, ce qui est en nette contradiction avec les objectifs de cette étude. Pour la présentation des résultats du SOLAP (chapitre 7), nous avons donc opté pour des tableaux qui synthétisent les données pour chaque section communale.

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Deuxième partie : Contexte haïtien

« Peuples, gouvernements, réagissez ! Les pasteurs nomades sont anéantis. Personne ne se soucie d’eux. Ils ont une source vitale que nous venons de perdre. Les sécheresses répétées les ont laissés sans rien. Elles ont poussé les pasteurs à quitter leur famille et leurs terres. »

Ahmad Salehi, poète, éleveur et agriculteur, Iran; dans Réponses paysannes aux changements climatiques, DZG-VSF belgium2012.

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Chapitre 5 : L’économie haïtienne et les

moyens de subsistance

Cette recherche porte sur Haïti, plus particulièrement le bassin versant de l’Artibonite. Il est donc important et nécessaire de montrer le contexte de ce territoire sous ses différents aspects en lien avec les questions de recherche : aspects économique, social, environnemental et climatique. C’est le résultat de nos différentes lectures et de nos échanges avec certaines personnes ressources. Nous y présentons quelques données sur le pays et sur son économie. Il répond notamment au premier objectif qui est l’identification et la description des stratégies de subsistances des ménages du bassin versant de l’Artibonite. Nous décrirons les moyens de subsistance et des conditions d’accès aux ressources nécessaires pour mener les activités de subsistance.

Ce chapitre présente les données pour tout le pays parce que nous n’avons pas recensé beaucoup d’écrits qui traitaient particulièrement du bassin versant de l’Artibonite. Nous avons donc exploité les données nationale en essayant le plus possible de préciser les partic ularités du bassin versant de l’Artibonite.

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