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4.3.1.

La revue de littérature

La revue de littérature a été notre première source d’information sur Haïti et plus particulièrement le bassin versant de l’Artibonite. Elle a aussi servi à améliorer notre compréhension des différents concepts abordés dans le cadre de cette étude et à prendre connaissance des avancées littéraires qui y sont liés. La revue de littérature a donc été faite tout au long de l’étude pour nous assurer de demeurer au courant des avancées littéraire sur le sujet.

Nous avons collecté des documents traitant de différents sujets : Haïti ; le bassin versant de l’Artibonite ; les concepts de vulnérabilité, de pénurie d’eau et d’adaptation aux changements climatiques ; les concepts de moyens de subsistance, de représentations et d’inégalités sociales ; la démographie, la pauvreté selon le genre; l’accessibilité aux biens et services socio-économiques ;

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l’état des ressources hydriques et les menaces climatiques sur la disponibilité de ces ressources et l’identification de zones à risques. Les sources utilisées sont les moteurs de recherche Google Scholar et Google ; la bibliothèque de l’Université Laval (bases de données Geobase, Proquest, Cairn, Érudit et Revues.org) ; la documentation disponible auprès de structures telles que l’Organisation pour le Développement de la Vallée de l’Artibonite (ODVA) ; les mairies ; le CNIGS (le Centre National de Gestion de l’Information Géospatiale) ; les Organisations non Gouvernemental es ONG telles que Helvetas et Oxfam et de personnes ressources rencontrées en Haïti et à Québec. Les bases de données externes utilisées sont : le Climate change knowledge Portal de la Banque Mondiale, AQUASTAT de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), l’Institut Haïtien de la Statistique et de l’Informatique et l’Integrated Public Use Microdata Series, International (IPUMSI).

4.3.2.

Les entrevues de groupe

Les groupes de discussion et les entrevues individuelles sont des échanges verbaux qui contribuent à la construction d’un savoir socialement construit. Il faut pour cela la volonté des différents interlocuteurs à partager un savoir ou une expertise afin de dégager conjointement, le sens d’un phénomène d’intérêt pour les deux (Savoie-Zajc, 2006). Il s’agit donc d’une co-construction de connaissance et d’une co-production de résultats. Selon Geoffrion (2006), le focus group ou groupe de discussion peut permettre l’analyse de comportements sociaux ou de sujets délicats. Il peut aussi servir à la validation des résultats d’entrevues et d’observations.

Les entrevues de groupe ont été l’un des moyens de prise de contact et d’échange entre nous et les communautés. Nous en avons réalisé deux pendant notre premier séjour. Ils ont consisté en des échanges libres autour de différents sujets dont : les défis liés à la gestion de l’eau pour la subsistance des ménages (usages domestiques et pour les activités de subsistance), les changements au niveau de sa disponibilité, son accessibilité et sa qualité, les conflits éventuels que cela engendre, la vulnérabilité des ménages, le climat et les conséquences des activités humaines. Ces échanges libres6 ont déterminé le choix des aspects jugés les plus importants pour les populations par rapport

6 «L'entretien "non-directif" favorise un déplacement du questionnement, tourné vers le savoir et les questions

propres des acteurs sociaux. La principale raison d'être de la méthode est de recueillir, en même temps que les opinions des personnes interrogées, les éléments de contexte social mais aussi langagier, nécessaires à la compréhension des dites opinions. Elle consiste à amener la personne interrogée à explorer elle -même le champ d'interrogation ouvert par la "consigne", au lieu d'y être guidée par les questions de l'enquêteur.» Duchesne 2000, p10.

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à la question de l’eau et des changements climatiques, quels étaient selon eux, les facteurs qui les rendaient plus ou moins vulnérables. Nous nous sommes inspirées des articles de Duchesne (2000) et de Magioglou (2008) pour réaliser nos entrevues non dirigées (en groupe et individuelles) en trois étapes :

 le début de l’entrevue ou la consigne :

« Parce qu'elle ouvre l'entretien, et parce qu'elle introduit au sujet de l'exploration, la consigne est un élément important de la méthodologie de l'entretien "non-directif" . Quelle qu'en soit la formulation, la consigne est une question. Elle exprime la demande du chercheur à l'égard de la personne interrogée. Elle comprend généralement une expression comme: "que pensez -vous de... " ou "que représent e pour vous... " qui indique qu'on s'intéresse aux opinions de la personne interrogée et non à des informations d'ordre général. » (Duchesne, 2000; P : 19)

 la réalisation de l’entrevue :

« Deux éléments sont essentiels. Le premier, c'est que l'enquêteur écoute, réellement, la personne qu'il interroge. Écoutant avec attention, il s'efforce de comprendre, de saisir tout ce qu'elle dit, mais aussi ce qu'elle ne peut ou ne veut pas dire […] L'enquêteur parle, mais il parle peu; il écoute beaucoup, et _c'est là le deuxième élément essentiel de la méthode _ il laisse à la personne qu'il interroge le temps de réfléchir. Les silences, qui caractérisent les entretiens "non- directifs" _ […] sont donc bien un élément central de la technique ». (Duchesne, 2000; P : 21 et 23)  La conclusion de l’entrevue : selon Duchesne (2000), cela revient à l’interviewée. En effet, c’est elle qui décide si elle n’a plus rien à dire, suivant les relances de l’intervieweur. « La conclusion est alors décidée d'un commun accord. À moins qu'à un moment, l'entretien ne piétine vraiment et que, malgré les reformulations de l'enquêteur, la personne interrogée indique qu'elle souhaite en finir. » (P : 26)

Pendant le deuxième séjour, nous en avons réalisé au total 6 entrevues de groupe, à raison de deux par commune et chacune a duré entre heure et une heure et demie environ. Nous sommes passés par les mairies, l’ODVA et/ou les bureaux agricoles pour organiser ces entrevues. Il y avait environ une dizaine de personnes par groupe et nous avons essayé le plus possible d’avoir autant d’ humains que de femmes dans chaque groupe. Les entrevues de groupe ont servi à présenter le projet d’étude à la population et à échanger avec elles sur les différents facteurs de vulnérabilité retenus suite au premier séjour sur la base d’un guide d’entrevue élaborées autour de différents aspects de la vulnérabilité.

Pendant le troisième séjour nous avons réalisé trois entrevues de groupe. Il y avait environ une dizaine de personnes par entrevue, et les groupes étaient constitués majoritairement de personnes

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rencontrées lors du deuxième séjour. L’objectif était de présenter les premiers résultats obtenus et d’obtenir leur réaction.

4.3.3.

Les entrevues individuelles

Pour réaliser les entrevues individuelles lors du premier séjour, nous avons sélectionné des personnes travaillant pour des organismes étatiques intervenant dans la zone d’étude, tels que la Société des Eaux de Saint-Marc (SESAM), l’Organisation pour le Développement de la Vallée de l’Artibonite (ODVA), le Bureau agricole communal (BAC) et des ONG tels qu’Oxfam et les associations de de producteurs et de femmes. Les entrevues individuelles du premier séjour ont consisté en des échanges libres autour de différents thèmes : les défis liés à la gestion de l’eau pour la subsistance des ménages (usages domestiques et pour les activités de subsistance), les changements au niveau de sa disponibilité, son accessibilité et sa qualité, les confl its éventuels que cela engendre, la vulnérabilité des ménages, le climat et les conséquences des activités humaines. Nous nous sommes inspirés de de Duchesne (2000) et de Magioglou (2008).

Pour le deuxième séjour, nous avons sélectionné certaines personnes qui avaient participé aux entrevues de groupe. Pour ce faire, nous avons tenu compte des localités de résidence, du genre et des professions. L’objectif était d’obtenir un certain équilibre entre les humains et les femmes et de tenir compte des spécificités des localités, de l’âge et des diverses professions. Nous demandions ensuite à chaque personne rencontrée de nous indiquer d’autres personnes que nous pourrions interviewer. Nous arrêtions les entrevues individuelles quand aucune nouvelle tendance ne se révélait quand bien même nous changions de localité, de profession ou de genre. Les entrevues ont été menées avec une grille d’entrevue comportant des questions fermées et ouvertes. La grille d’entrevue a été constituée autour des facteurs de vulnérabilité retenus avec les populations. Pour mener les entrevues, nous avions un questionnaire dont chaque élément devait être abordé pour assurer une certaine uniformité, vu qu’une partie de l’analyse devait se faire avec le SOLAP. Cependant, nous avons pris la liberté d’aborder les questions dans l’ordre qui nous semblait le plus pertinent selon les personnes que nous rencontrions et nous avons pris également des notes sur toutes les questions abordées et qui n’étaient pas comprises dans le questionnaire, de mêm e que sur les situations particulières qui se sont présentées lors de certaines entrevues . De même, certaines questions ont été reformulées pour que cela ait du sens pour les personnes rencontrées , d’autres ont été abandonnées parce qu’elles ne suscitaient aucune réaction de leur part. Nous avons jugé bon de procéder ainsi parce que notre objectif est de faire une analyse basée sur les perceptions des personnes concernées, et pour ce faire, il était important de ne pas calquer les entrevues selon un déroulement précis mais de laisser la liberté aux chercheurs et aux personnes interviewées

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d’échanger sur les différents sujets en se laissant surtout guider par le contenu et la pertinence des échanges, pourvu que tous les éléments du guide soient abordés finalement.

Le questionnaire d’entrevue a été organisé de la façon suivante : une partie sur les aspects socio- économiques, une autre sur les aspects spécifiquement liés à la disponibilité, l’accessibilité et la qualité de l’eau et enfin une troisième sur les aspects organisationnels et territoriaux.

4.3.4.

Méthode d’échantillonnage et critères de choix des participants

Selon Duchesne (2000), dans un échantillon qualitatif, l'individu est représentatif des groupes sociaux auxquels il appartient. Parler de représentativité de l'échantillon, signifie donc que l'on essaie de réunir des individus qui présentent toutes les caractéristiques susceptibles d’engendrer des différences par rapport aux représentations étudiées. On parle alors de principe de diversification de l'échantillon, plutôt que de représentativité. On considérera généralement des critères tels que le sexe, l'âge, la position sociale, l’éducation, l’activité professionnelle, éventuellement l'origine géographique etc., pour distinguer des modalités d'appartenance à différents univers culturels. Toute personne habitant la zone d’étude était potentiellement éligible pour les entrevues et les groupes de discussion. Nous avons utilisé une méthode d’échantillonnage déterministe et non probabiliste. Ce choix s’est avéré pertinent dans le cas de cette étude à cause de son caractère inductif et aussi du fait qu’elle porte sur les perceptions et donc le ressenti des individus et ménages. Il s’agit de la méthode d’échantillonnage en boule de neige qui consiste à utiliser les réseaux de connaissance existants au sein des communautés (Beaud 2006). De façon précise, il s’agit d’ajouter à un noyau d’individus, toutes les personnes qui sont en relation d’affaires avec eux et ainsi de suite. Concrètement, nous avons demandé à chaque personne interviewée, une liste de personnes connues d’elles et qui selon elle, sont susceptibles de répondre aux questions. La saturation théorique a été considérée comme atteinte lorsque de nouvelles entrevues ne généraient pas d’éléments ou d’aspects nouveaux. L’avantage de cette méthode d’échantillonnage est qu’elle met en évidence le système de relations qui existent au sein d’un groupe et donc d’interroger tous les acteurs impliqués dans le phénomène étudié et de faire ressortir les différentes t endances concernant le phénomène étudié. En d’autre mot, c’est le phénomène étudié qui est échantillonné, ce qui est en phase avec la méthode de la théorisation ancrée utilisée dans le cadre de cette étude.

« Peu importe que toutes les combinaisons, tous les "croisements", de critères pertinents (ex. une femme jeune de milieu ouvrier, une femme plus âgée du même milieu, une jeune d'origine bourgeoise, une plus âgée, etc.) soient "représentés" dans l'échantillon: la méthode "non-directive" suppose de choisir les personnes en fonction de leur appartenance, la plus forte possible aux groupes culturels dans lesquels, par hypothèse, on s'attend à observer

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des différences importantes dans la part du système de représentation rattaché au thème de l'exploration (des ouvriers comparés à des bourgeois, des laïques confrontés à des catholiques, des femmes face à des humains, etc.) » (Duchesne, 2000; P : 12).

Les informateurs clés au niveau local étaient :

 les autorités locales (chefs, maires, représentants élus, etc.),

 les représentants d’Organisations à Base Communautaire (OBC) telles que les groupes de producteurs, les comités d’eau et d’assainissement, les groupes d’épargne et de crédit, les groupements féminins, les groupes de jeunes, etc.,

 les représentants d’ONG nationales et internationales travaillant sur des programmes ou des activités de la zone cible,

 les ménages et les représentants des structures décentralisées de l’État intervenants dans la zone et sur les questions liées aux changements climatiques et à l’eau.