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Le mot vulnérabilité provient des mots latins vulnerare (blesser) et vulnus (blessure). Le suffixe « able » provient du latin abilis et indique la probabilité de survenance d’un fait. La vulnérabilité exprime la possibilité qu’une blessure, un aléa ou malheur, etc. survienne et affecte l’élément qui y est exposé (Wolf, 2009). C’est donc un concept qui traite de l’incertitude.

Généralement les définitions du concept de vulnérabilité font référence à un stimulus, qui affecte un système (Cuevas, 2011, Kasperson, et al., 2003). L’un des principaux défis associés à l’utilisation scientifique du concept provient de son utilisation courante qui rend sa définition confuse (O'Brien et

al. 2004, et Klein 2009). Ainsi, les scientifiques provenant de différents domaines de recherche

l’utilisent pensant opérer avec le même concept alors qu’en fait, ils utilisent des interprétations ou des conceptualisations différentes. La section suivante revient sur l’origine et l’évolution de la vulnérabilité. Nous ferons un résumé des différentes approches du risque et de l’évolution conceptuelle qui a conduit à l’émergence de la vulnérabilité comme un concept scientifique à part entière.

2.2.1.

Origine et évolution scientifiques du concept de vulnérabilité

L’émergence du concept de vulnérabilité sur la scène scientifique, est à rapprocher de celle d’un autre concept : celui du « risque » (Magnan, 2009). Les naturalistes ont été les premiers à s’être intéressés au risque à cause de la nature même des aléas (éruptions, tremblements de terre, cyclones, etc.). D’autres scientifiques se sont progressivement intéressés aux aspects sociaux des catastrophes. Cette tendance a eu pour conséquences l’élargissement des réflexions aux facteurs du risque (Beck, 2001). Cela a posé les fondements pour l’émergence de la notion de vulnérabilité. Dans un premier temps, la vulnérabilité a été définie comme un simple degré d’exposition au risque. Cependant, cette vision simpliste a rapidement soulevé un ques tionnement de fond : est-ce que la vulnérabilité est le résultat d’une perturbation ou bien, en est-elle à l’origine ? Ce qui engendrait une autre question : la vulnérabilité caractérise-t-elle une situation évolutive ou statique ?

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Le concept de vulnérabilité est de nos jours, un concept central dans une variété de domaines de recherche comme la gestion des risques et des désastres naturels, l'écologie, la santé publique, la pauvreté et le développement, les moyens d’existence et la famine, la science de la durabilité, les changements climatiques et leurs impacts et l'adaptation. L'utilisation scientifique de la vulnérabilit é trouve ses racines dans la géographie et la recherche sur les risques naturels (Füssel, 2007).

2.2.2.

Différentes approches du risque

2.2.2.1. L’approche du paradigme physique

Dans les années 1930, les géographes, les acteurs opérationnels et les politiques ont développé des approches dites « naturalistes » des risques naturelles. Mais en fait, il s’agissait essentiellement d’approches techniques et biophysiques. L’approche du paradigme physique partait de l’idée que les conséquences d’une catastrophe étaient à rechercher en premier dans les caractéristiques physi - ques du processus d’impact et de la perturbation. Le rôle des sciences sociales était alors relégué à l’identification des comportements des individus face au risque ou à la catastrophe (analyse a posteriori). Face aux catastrophes, les solutions de mitigations proposées reposaient essentiellement sur des ouvrages techniques (digues et levées pour les inondations par exemple) (Glatron, 2009). L’approche du paradigme physique a prévalu pendant trois décennies jusqu'à ce que des chercheurs commencent à mettre en doute la validité d'une approche centrée sur les risques naturels, arguant que la vulnérabilité croissante aux risques et aux désastres était un produit des luttes politiques et économiques qui ont intensifié la vulnérabilité et ultimement l'impact du risque. Déjà dans les années 1940, il y avait eu une recherche considérable sur la compréhension de l'occupation humaine de zones à risque, la gamme de rajustements sociaux disponibles pour réduire l'impact et l'acceptation sociale ou au moins la tolérance aux risques associés à l’exposition de vies humaines et de leurs moyens d’existence Cutter et al. (2009). Tiré du travail novateur de Gilbert F. White, un nouveau paradigme est né (White et Haas, 1975) : l’approche humaine et le paradigme structurel.

2.2.2.2. L’approche humaine et le paradigme structurel

Le cadre conceptuel de l’approche humaine du risque est le plus répandu dans la littérature de l'environnement et du développement (Zimmerer et Bassett 2003 ; Forsyth 2004 ; Peet et Watts 2004 ; Walton et al. 2008). Les catastrophes ne sont pas que le résultat de processus physiques, les processus sociaux et économiques sont tout aussi importants (Hilhorst, 2004), donnant ainsi naissance à la formule classique :

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L’approche humaine a débuté avec Gilbert White de l’école de Chicago en 1945 et autour du concept d’écologie humaine. Plus tard, à partir du milieu des années 1970 avec Robert Kate, Ian Burton et quelques autres, les spécialistes de la géographie sociale ont introduit la problématique des actions humaines. Elles sont considérées autant dans la modification du niveau de l a catastrophe, que dans les attitudes et comportements des sociétés face aux phénomènes naturels dans le but de comprendre comment ces phénomènes modifiaient le niveau des risques et de quelle manière était identifiée et traitée la question même des risques (Glatron, 2009). L’article d’O'Keefe et al. (1976), « Taking the Naturalness out of Natural Disasters » a focalisé l'attention sur les déterminants humains de la vulnérabilité. De même, en 1978, Burton, Kates et White ont introduit dans le débat sur les risques naturels, la question de savoir comment les personnes choisissent le niveau de risques qui leur paraît acceptable.

Les catastrophes résultent donc de l’interaction entre des processus humains et physiques. C’est l’émergence de la dimension socioculturelle de la vulnérabilité aux risques naturels. Cette approche s’est cependant révélée insatisfaisante car elle ne permettait pas d’expliquer pourquoi des groupes d’une même population subissaient d’une façon variable les impacts d’une même perturbation. En d’autres termes, pourquoi présentaient-ils des degrés variables de vulnérabilité ?

2.2.2.3. L’approche du « hazard-of-place »

Le développement conceptuel suivant est celui du « hazard-of-place », un mélange de l’approche du risque et de l'écologie politique. Il a été formulé en 1996 (Cutter, 1996) et décrit l'interaction entre la vulnérabilité biophysique (l'exposition) et la vulnérabilité sociale dans une optique de déterminer de façon globale les fardeaux sociaux différentiels du risque et de comprendre comment cette relation change au fil du temps et à travers l'espace. Certains désignent cette approche comme celle du « paradigme de la réciprocité » ou « paradigme complexe » (Magnan, 2009). L’emphase est mise sur la réciprocité des processus physiques et humains. Si l’aléa a une conséquence directe sur le fonctionnement de la société, les activités humaines en retour, ont un impact sur la probabilité de survenance d’une catastrophe. Ce paradigme a indéniablement permis l’avancée des réflexions sur les concepts de risque et de vulnérabilité. Cependant, il a considérablement compliqué l’identification de stratégies pour faire baisser les risques (Wisner, 2004), en faisant accroître le nombre et la nature des variables à prendre en compte. Il a imposé de tenir compte autant des interactions entre ces variables que des temps de réponse qui y sont associés. Dès lors, il s’est avéré important de démultiplier les pas du temps d’analyse afin d’identifier et de comprendre les effets d’une catas trophe et leurs évolution dans le temps. De façon concrète, si dans un premier temps, les impacts d’une perturbation sont directs (pertes humaines, dégradations diverses, etc.), ils peuvent s’étaler dans le temps selon le principe de dominos (Dauphiné et Provitolo, 2007 ; Provitolo, 2007), prolongeant alors la « durée de vie » de la catastrophe. Cela est d’autant plus vrai dans le contexte des changements

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climatiques qui, de par leur nature incertaine et graduelle, obligent à considérer de plus grandes échelles de temps.

Cependant, une critique majeure a été faite à l’encontre de cette conceptualisation du risque. Il s’agit notamment de l’échec de ce paradigme à comprendre les causes premières de la vulnérabilité sociale et à prendre en compte de plus grands contextes dans lesquels une telle vulnérabilité existe (Cutter

et al., 2009).

Finalement, c’est le cadre de vulnérabilité/durabilité proposé par Turner et al. (2003) (figure 2.1), qui fournit une conceptualisation alternative de la vulnérabilité aux changements globaux en l ocalisant les fragilités locales dans de plus grands contextes qui influencent des processus opérant souvent à une échelle régionale voire globale. En effet, ce cadre présente la vulnérabilité d’un système comme étant le résultat de la sensibilité, de l’exposition et de la résilience du système, et, ces trois éléments dérivent des interactions entre les composantes sociales et environnement ales du système. Le cadre conceptuel de Turner et al. (2003) présente de façon globale, les principales composantes de la vulnérabilité d’un système socio-environnemental. L’architecture de base est composée des liens entre les conditions humaines et environnementales et les processus influençant le système socio-environnemental, les facteurs de stress et les perturbations/stress qui se dégagent de ces conditions et processus; et le système couplé humain-environnement dans lequel réside la vulnérabilité, y compris l'exposition et les réponses (les impacts, les ajustements et les adaptations). Ces éléments sont interdépendants. Le schéma (figure 2.1) montre aussi les différents contextes locaux, régionaux et globaux et les liens entre les .éléments qui les caractérisent. En bref, l’analyse de la vulnérabilité doit non seulement chercher à comprendre le système socio-environnement al, mais aussi les divers liens entre ces éléments et aussi les éléments externes qui les influencent . D’après Bidou et Droy (2012), le cadre d’évaluation de la vulnérabilité de Turner et al. (2003) prend en compte les différentes d’échelles d’espace et de temps d’un risque. Il différencie aussi les changements des conditions environnementales et humaines et les aléas susceptibles de tirer leur origine de l’intérieur ou de l’intérieur du système. Ainsi, les liens entre les différents éléments du système peuvent s’établir au sein de chaque niveau (local, régional ou global).

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Figure 2.1 Le cadre conceptuel de la vulnérabilité : composantes de la vulnérabilité identifiées et liés aux facteurs en dehors du système d’étude et opérant à différentes échelles (traduction libre à partir de Turner et al., 2003).

Dans la littérature sur le développement, la vulnérabilité est définie comme un risque pour les ménages de tomber en-dessous du seuil de pauvreté. Un changement soudain de circonstances, tels que la perte d’emploi, la maladie, un accident, ou tout autre évènement imprévu peut pousser les ménages (surtout ceux n’ayant aucun atout physique ou financier) sous le seuil de pauvreté. Selon cette littérature, la vulnérabilité dépend de trois facteurs majeurs : l’exposition aux risques, la sensibilité aux risques, et la capacité adaptative (Heltberg et Bonch-Osmolovskiy, 2011).

La synthèse des multiples approches et échelles d’analyse de la vulnérabilité proposée par Birkmann (2007) est la classification « en poupées russes » des différents types de vulnérabilité (figure 2.2). Il s’agit d’un emboîtement de différents types de vulnérabilité : le plus restreint est la vulnérabilité comme un facteur de risque interne. Il est englobé par la vulnérabilité considérée comme la probabilité d’être affecté par un aléa qui est à son tour englobé par la vulnérabilité considérée comme une approche dualistique des facteurs externes (exposition au risque incluant la sensibilité) et interne

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(la capacité à faire face et à récupérer). Ce dernier est à son tour contenu dans la vulnérabilit é considérée comme une structure multiple (sensibilité, capacité à faire face, et capacité d’adaptation et l’exposition physique à différentes échelles spatiotemporelles et dans différents domaines) et le plus large est la vulnérabilité multidimensionnelle qui englobe les aspects physiques, sociaux, économiques, environnementaux et institutionnels. Il part de la vulnérabilité interne pour progressivement inclure tous les autres aspects. Il considère finalement la vulnérabilité la plus englobante comme résultant de la combinaison de facteurs (ou de fonctionnalités) physiques, économiques, sociaux environnementaux et institutionnels , à diverses échelles de temps et d’espace.

Figure 2.2 : Classification en poupées russes des différents types de vulnérabilité (traduction libre, à partir de Birkmann, 2007)

Vulnérabilité

multidimensionnelle englobant des aspects physiques, sociaux, économiques, environnementaux et institutionnels.

Vulnérabilité vue comme une structure multiple : suscpetibilité, capacité à faire face, exposition et capacité d'adaptation Vulnérabilité vue comme une approche dualistique entre la susceptibilité (exposition au danger) et la capacité à faire face et à récupérer

Vulnérablité vue comme la possibilité d'être affecté par un aléa

Vulnerabilité vue comme un facteur

de risque interne (vulnérabilité

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En résumé, les avancées autour du concept de vulnérabilité ont été importantes dans l’étude de la vulnérabilité des systèmes, et ce, à différentes échelles de temps et d’espace. Une des raisons est la rencontre à ce niveau de traditions de recherche très diverses : économie politique, géographie, gestion des risques, et tout l’ensemble des sciences environnementales développées récemment autour des changements climatiques globaux. Cette rencontre a certes amené une confusion considérable dans les notions utilisées, mais a aussi apporté de nouveaux points de vue et on conçoit désormais que la vulnérabilité est un objet transdisciplinaire qui ne peut être appréhendé que par des approches intégrées multi scalaires et combinant diverses temporalités (Bidou et Droy, 2013). Une problématique beaucoup plus récente a introduit une nouvelle dimension dans la chaîne de causalité risque/vulnérabilité/perturbation : les changements climatiques. Ils induisent des perturbations naturelles et humaines qui s’étalent dans le temps (l’unité de temps est la décennie) et implique de revoir cette vision pré-/post-perturbation. Les changements climatiques apportent une nouvelle dimension en ce sens que les causes et les effets peuvent s’étaler dans le temps et interagir entre eux pour générer de nouvelles causes et de nouveaux effets. Les gaz à effet de serre par exemple ont une longue durée de vie. Leurs effets perdureront donc tout au long de leur durée de vie et ils interagiront avec les nouvelles émissions qui auront lieu au cours de leur durée de vie et aussi avec les différents contextes de vie (présence de puits à carbone, état des forêts, activités humaines, etc.). En résumé, les changements climatiques du fait de leur caractère continu (processus), change la vision plus simpliste de pré/post perturbation étant donné que la perturbation devient continue dans le temps.

2.2.3.

Les approches de la vulnérabilité développées autour des

changements climatiques

Les changements climatiques ont introduit une nouvelle dimension au débat sur la vulnérabilité de par leurs échelles de temps, d’espace et les interactions entre les différents impacts. Plusieurs auteurs ont établi des classifications de la vulnérabilité aux changements climatiques. Les spécialistes des sciences humaines par exemple considèrent la vulnérabilité en termes de facteurs socio-économiques qui déterminent la capacité des peuples à faire face aux dangers. Cette interprétation de la vulnérabilité a été décrite comme « state of the system before the hazard acts » (Cuevas, 2011). En ce qui concerne les scientifiques du climat et d'autres chercheurs des sciences naturelles, la vulnérabilité est la probabilité d'occurrence d'un danger et des impacts qui en résultent. Cette interprétation est désignée par l’expression « likelihood and outcome of the hazard » (Cuevas , 2011). Ces deux larges concepts sont également connus sous l’appellation de « end-point and starting-point approaches » de la vulnérabilité (Kelly et Adger 2000, O'Brien et al. 2004, O'Brien et al.

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2007). Les auteurs ont développé plusieurs cadres conceptuels pour catégoriser les facteurs de la vulnérabilité et en décrire des concepts différents.

Ainsi, le plan de classification minimal des facteurs de la vulnérabilité distingue des facteurs externes et internes et les facteurs socio-économiques et biophysiques. Certains auteurs distinguent un côté interne et un côté externe de la vulnérabilité aux aléas environnementaux (Chambers, 1989; Ellis, 2000; Pielke Sr. et Bravo de Guenni, 2003 et Turner et al., 2003). « Vulnerability has thus two sides: an external side of risks, shocks, and stress to which an individual or household is subject; and an internal side which is defenselessness, meaning a lack of means to cope without damaging loss » (Chambers, 2006 : 33). Plusieurs autres chercheurs parlent de la vulnérabilité biophysique (ou naturel) et de la vulnérabilité sociale, cependant, il n'y a aucun accord sur la signification de ces termes (Cutter, 1996; Klein et Nicholls, 1999; Brooks, 2003 et Füssel 2007). Brooks (2003) et Cocklin (1998) ont fourni des subdivisions semblables de la vulnérabilité. La vulnérabilité aux changement s climatiques est séparée en deux types : biophysique et social. La vulnérabilité biophysique se réfère à la vulnérabilité aux changements climatiques quand elle est comprise en termes du montant des dégâts causés à un système par un événement climatique particulier ou un aléa naturel (end-point ) alors que la vulnérabilité sociale est définie comme l’état d’un système avant qu'il ne soit affecté par un événement (starting-point). Ainsi, on peut distinguer la vulnérabilité liée au résultat et la vulnérabilité liée au contexte (O'Brien et al., 2007). La vulnérabilité liée au résultat (end-point) est liée au cadre scientifique des changements climatiques et la vulnérabilité contextuelle (starting-point) au cadre de la sécurité humaine.

Turner et al., (2003) explique en détails la différence entre les deux types de vulnérabilité. La vulnérabilité biophysique est un résultat linéaire (figure 2.3 a) des impacts des changement s climatiques projetés pour une région donnée. La solution à la vulnérabilité de résultat implique la réduction de l'exposition par la mitigation4 des changements climatiques, ou des adaptations de

développement pour limiter les effets négatifs. Par contraste avec la linéarité de la vulnérabilité de résultat, la vulnérabilité contextuelle (figure 2.3 b) est un processus qui se concentre sur l'interaction entre la société et la nature. Une région ou un pays est caractérisé par certaines conditions (institutionnel, biophysique, socio-économique et technologique) qui interagissent. Ce contexte est dynamique et son caractère est changeant (les changements des structures politico-économiques et

4 Ensemble des actions menées pour diminuer le réchauffement climatique d’origine humaine et en prévenir les

conséquences possibles : promotion des énergies renouvelables, protection des forêts, promotion de procédés verts, etc.

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socio-économiques). Le tableau 2.2 donne plus de détails sur les différences entre les deux types de vulnérabilité. Changements climatiques Unité d’exposition Réponses Vulnérabilité de résultat a) Vulnérabilité de résultat Réponses Changements des institutions politiques et sociales Variabilité et changements climatiques Changements des structures sociales et économiques Conditions contextuelles

Institutionnelles, biophysiques, socio-économiques et technologiques

Vulnérabilité contextuelle b) Vulnérabilité contextuelle

Figure 2.3 : Les différences entre la vulnérabilité de résultat (a) et la vulnérabilité de contexte (b) (O’Brien, et al. 2007)

L'interprétation la plus traditionnelle de la vulnérabilité dans la recherche sur les changement s climatiques est basée sur la vulnérabilité de résultat, ce que Kelly et Adger (2000) désignent par « end point » de l'analyse, par lequel l'évaluation de la vulnérabilité est le point final d'un ordre d'analyses commençant par les projections de tendances d'émissions futures, passant du développement de scénarios climatiques aux études des impacts biophysiques et à l'identification d'options adaptatives. N'importe quelle conséquence résiduelle qui reste après que l'adaptation a eu lieu définit les niveaux de vulnérabilité. La vulnérabilité récapitule ici l'impact net des changement s climatiques et peut être représentée quantitativement comme un coût monétaire ou comme un changement du rendement ou du flux, de la mortalité humaine, de la disparition d'écosystème ou qualitativement comme une description du changement relatif ou comparat if.

La deuxième interprétation considère la vulnérabilité (contextuelle) comme un point de départ pour l'analyse. Plutôt que d'être défini par des scénarios de changements climatiques futurs et des adaptations prévues, la vulnérabilité représente une incapacité présente à faire face aux pressions externes ou aux changements, en l’occurrence, les changements climatiques. Ici, on considère la vulnérabilité comme une caractéristique des systèmes sociaux et écologiques et qui est produite par

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des facteurs et des processus multiples. Un accent sur les dégâts antérieurs (Kelly et Adger 2000), suppose que s’occuper de réduire la vulnérabilité actuelle, réduira la vulnérabilité dans des conditions climatiques futures (Burton et al., 2002).

Tableau 2.2 : Principales différences entre la vulnérabilité de résultat et la vulnérabilité de contexte (traduction libre à partir de Füssel, 2007).

Critères de différences

Vulnérabilité de résultat

ou vulnérabilité biophysique (end point)

Vulnérabilité contextuelle ou vulnérabilité sociale (starting point)

Problématique de base

Changements climatiques Vulnérabilité sociale

Contexte des politiques

Mitigation, atténuation et adaptation techniques

Adaptation sociale et développeme nt durable

Question illustrative de la politique

Quels sont les bénéfices de la mitigation des changement s climatiques ?

Comment peut-on réduire la vulnérabilité des sociétés aux changements climatiques ?

Question illustrative de recherche

Quels sont les impacts nets attendus des changements climatiques dans différentes régions ?

Pourquoi certains groupes sont-ils plus affectés que d’autres aux hasards climatiques ?

Vulnérabilité et capacité adaptative

La capacité d’adaptation détermine la vulnérabilité.

La vulnérabilité détermine la capacité