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Haïti (figures 5.1 et 5.2) est situé dans les Caraïbes et partage l’île d’Hispaniola avec la République Dominicaine. Le pays est montagneux à près de 70 % avec un climat tropical. Il a une population de 10.32 million d’habitants (données de la Banque Mondiale, 2013). Au cours des trois dernières années, la population s’est accrue à un taux de 2% en moyenne. La densité moyenne est d’environ 360 habitants/km2, mais en réalité, il n’y a pas une répartition uniforme de la population sur l’ensemble

du territoire. En effet, elle est très concentrée dans les plaines côtières et les vallées. La durée de vie à la naissance est de 63 ans. La population rurale en baisse représente 44 % du nombre d’habitants, alors que la population urbaine est en hausse (Banque Mondiale, 2013). En 2006, le tau x d’alphabétisation était de 48,68 % pour la population de plus de 15 ans. Les femmes sont moins alphabétisées (44.6% des femmes de plus de 15 ans) que les humains (53.35% des humains de plus de 15 ans). En général, la population a un très faible accès aux services sociaux de base ; ce qui est surtout dû aux difficultés économiques et à l’instabilité politique.

« Ceci entraîne [les conditions économiques] une spirale de paupérisation et de détérioration des conditions de vie de la population avec en particulier une augmentation significative de la vulnérabilit é des secteurs populaires, des femmes et des enfants » (Coopération canadienne 2001, p 41). Et si l’on en croit les conclusions de la dernière étude sur la sécurité alimentaire (CNSA, 2011), ce constat est toujours d’actualité.

Les problèmes économiques et politiques du pays ont conduit à une forte migration, surtout depuis les années 1970 (USAID FEWS NET, 2014). Le taux chômage est de 40,6% et est plus élevé en milieu urbain (52,1% dans l’Aire métropolitaine de Port-au-Prince) qu’en milieu rural (34,2%) (CNSA, 2011). Selon OXFAM (2002), le pays a essentiellement connu des années de récession. La timide reprise de 1995 n’est pas arrivée à combler les pertes enregistrées pendant les années précédentes . Entre 1980 et 1990, la contribution des secteurs au PIB n’a pas cessé de baisser. Ainsi, celle du secteur primaire est passée de 43,9% à 35,8, celle du secteur secondaire de 20,6 à 18,3 tandis que celle du secteur tertiaire a augmenté passant de 35,6 à 45,9%. La production de la canne à sucre est réduite à presque rien, et ce, malgré la relance amorcée en 1999-2000. Les filières telles que le coton, l’élevage moderne de poulets de chair et d’œufs et les huiles essentielles ont été réduites à la moitié de leur capacité. L’économie haïtienne est donc dominée par le secteur des services qui représentent environ 55 % du PIB, suivi du secteur agricole (23 % du PIB), de l’industrie manufacturière et enfin du tourisme selon USAID FEWS NET (2014). La Banque Mondiale a estimé le PIB par habitant à 771 dollars US en 2012.

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Figure 5.1 : Carte générale de l’île d’Hispaniola (Source : ESRI, 2016; Adaptation cartographique : Dovonou-Vinagbe, 2016)

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Figure 5.2 : Bassin versant de l’Artibonite et fleuve Artibonite en Haïti (Source : ESRI, 2016; Adaptation cartographique : Dovonou-Vinagbe, 2016)

5.1.1.

La situation après séisme

En 2010, le séisme qui a frappé Haïti (figure 5.3) a été classé parmi les désastres naturels les plus meurtriers enregistrés depuis 1990. Il était d’une intensité de sismique de 7,0 (échelle de Richter) et a touché de plein fouet l’Aire métropolitaine de Port‐au‐Prince, qui est le centre économique du pays et où habite près de 20% de la population haïtienne (Herrera, 2012).

Le séisme a plongé dans le désespoir et anéantit un État déjà fragilisé et dépassé par des évènements climatiques extrêmes et des conditions socio-économiques désastreuses. Un million et demi d’Haïtiens ont été directement affectés; plus de 220 000 Haïtiens ont été tués et environ 300 000 personnes ont été blessées. Par ailleurs, plus de 2,5 millions d’haïtiens se retrouvent désormais en situation d’insécurité alimentaire. Le séisme a également provoqué un mouvement migratoire de

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la capitale vers d’autres pôles urbains (environ 500 000 personnes), sans oublier les millions de personnes qui ont trouvé refuge dans des abris temporaires (Gouvernement d’Haïti, 2010; cité par Dufour, 2011). Un ménage sur dix en Haïti a eu au moins l’un de ses membres tué ou blessé lors du séisme. Bien que moins touchées, les villes secondaires et les zones rurales, n’ont pas été épargnées pour autant. Près de 7% des ménages qui y résidaient au moment de l’enquête, ont eu au moins un de leur membre blessé (Herrera, 2012).

Au plan économique, le séisme a provoqué la baisse du taux de croissance de 8,5 % du PIB en 2010 et des coûts de reconstruction d’environ 14 milliards de dollars US. Les pertes et dommages se chiffrent à 7,8 milliards de dollars US, équivalant à un peu plus de 120 % du PIB du pays en 2009. La tragédie est d’autant plus désolante, puisque le pays avait connu depuis les trois dernières années, un certain élan de stabilisation du point de vue sociopolitique et un début de croissance économique (Gouvernement d’Haïti, 2010; cité par Dufour, 2011).

À la fin de l’année 2012, une enquête sur les Conditions de Vie des Ménages Après le Séisme (ECVMAS) a été conduite par l’IHSI avec l'appui de Développement, institutions, mondialisation (DIAL) et de la BM. L’enquête a porté sur un échantillon de 5 000 ménages représentatifs de la population totale. Les résultats de l’enquête montrent que le taux de sous-emploi global des actifs occupés a augmenté après le séisme, passant de 54,8% en 2007 à 63,1% en 2012. Quant au revenu mensuel médian, il a baissé, en moyenne, de 57,3% en 2012 ; et le coefficient de Gini est passé de 0,61% en 2007 à 0,76% en 2012 indiquant une augmentation des inégalités en Haïti, (EISHA 2013; Herrera, 2012).

Quant on considère les aspects liés au travail, il existe des disparités selon les zones. Ainsi, l’étude a révélé une diminution nette du taux d’activité dans l’Aire métropolitaine et les autres centres urbains; de même, le taux de chômage a augmenté pour cette population. Il y a donc à la fois une baisse de l’offre de travail et de l’offre d’emploi. En milieu rural, cette tendance est inversée; le taux d’activité et le taux d’emploi y ont augmenté entre 2010 et 2012. Selon les auteurs de cette étude, cet ajustement à la hausse de l’offre de travail montre que le séisme a touché les zones rurales, même si c’est de manière indirecte. Les ménages, pour maintenir leur niveau de consommation, ont dû travailler plus (EISHA 2013; Herrera, 2012).

Le séisme a aussi été à l’origine de la destruction de bâtiments (logements et établissements économiques) et d’infrastructures. Environ 41% des logements dans tout le pays ont subi des dommages à divers degrés. Contrairement à l‘idée véhiculée, le séisme n’a pas touché que Port‐au‐ Prince et le département de l’Ouest (figure 5.3).

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Figure 5.3 : L’intensité du séisme de 2010 selon l’indice PGA8 et par département (Source :

Herrera, 2012, Adaptation cartographique : Dovonou-Vinagbe, 2016)

Les destructions de logement ont eu lieu dans plusieurs autres départements, à savoir les Nippes, le Sud‐Est et le Centre. Un tiers des ménages qui habitaient hors du département de l’Ouest au moment du séisme ont subi des dégâts (Herrera, 2012).

8 PGA : Peak Ground Acceleration (Accélération maxima le du sol). «En génie parasismique, la mesure du

mouvement sismique est généralement représentée non par un spectre de Fourier, mais par un spectre de réponse : qui indique la réponse maximale d’un oscillateur harmonique aux mouvements s ismiques pour une gamme de fréquences et un amortissement donnés. L’oscillateur harmonique est une approximation d’un édifice. Sur un spectre de réponse, l’accélération spectrale à fréquence infinie est assimilée à l’accélération maximale observée dans le domaine temporel (dénommée PGA, Peak Ground Acceleration)» (Kramer, 1996; cité par Bonilla et

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La perte de leur logement, implique pour les ménages, la perte des biens qui s’y trouvent et bien souvent, de tout leur patrimoine. Il faut également noter que pour une grande part d’individus, le logement est le lieu d’exercice de l’activité principale. En effet, en 2007, près d’un actif sur quatre exerçait son emploi à domicile dans l’Aire métropolitaine, (Herrera, 2012).