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Cadre Institutionnel et Conceptuel

Chapitre 1. Le contexte institutionnel

1.1. Valeurs véhiculées par les politiques linguistiques européennes

1.1. Valeurs véhiculées par les politiques linguistiques européennes

Deux entités européennes ont coopéré pour définir les orientations de politique linguistique éducative en vigueur actuellement en Europe : ce sont la Commission européenne et le Conseil de l’Europe. Afin de comprendre les valeurs essentielles des textes de référence éducatifs européens, nous cherchons à connaître les valeurs véhiculées par chacune de ces entités, dans l’analyse menée ci-dessous. En outre, il nous semble important, en tant que didacticienne, d’avoir une connaissance suffisante des instances gouvernementales européennes et une vision éclairée des textes de référence afin d’être en mesure de distinguer et de comprendre leurs orientations. Seule cette connaissance permettra le repérage des valeurs véhiculées dans les textes de référence européens et d’en comprendre l’impact sur les textes de politique linguistique éducative française.

1.1.1. Le Conseil de l’Europe

Le Conseil de l’Europe est un organe indépendant de l’Union européenne, créé en 1949 ; son rôle essentiel est celui de faire respecter les libertés et les Droits de l’Homme. Cette institution politique a été la première, au niveau européen, à

21 Les valeurs véhiculées par les enseignants lors de la mise en œuvre des séances d’APLI sont abordées au chapitre 3.1.3. de la troisième partie.

s’intéresser aux questions d’éducation et de formation. Néanmoins, le but premier du Conseil de l’Europe est de « favoriser en Europe un espace démocratique et juridique commun, organisé autour de la Convention européenne des Droits de l’Homme et d’autres textes de référence sur la protection de l’individu » (Site du Conseil de l’Europe). Il réunit actuellement 47 états membres et siège à Strasbourg.

a. Valeurs véhiculées par le Conseil de l’Europe

Nous avons effectué une analyse diachronique des valeurs véhiculées par le Conseil de l’Europe et nous avons pu constater une nouvelle orientation dans les objectifs fixés en 1997 : l’objectif de plurilinguisme apparaît désormais comme prioritaire.

Le Rapport final établi par la Conférence intergouvernementale convoquée par le Conseil de l'Europe en 1997 établit que les valeurs, les objectifs et les méthodes défendus et pilotés par le conseil de l'Europe depuis le début des années 70, voire plus tôt, étaient alors acceptés et en cours de mise en œuvre dans tous les états membres, que ce soit au niveau national, régional ou local. Toutefois, seul le mouvement vers l'enseignement des langues aux fins de communication fut mis en œuvre, contrairement au principe du maintien et de la promotion de la diversité linguistique et culturelle. Au cours des cinquante années précédentes, on avait, en effet, assisté à une montée en puissance, apparemment inexorable, de l'anglais comme seule langue de communication, si bien qu'il représentait la majeure partie de l'extension de l'enseignement des langues dans les systèmes éducatifs d'Europe.

Or, à la généralisation de l’étude des langues vivantes européennes dans un but de « coopération et de compréhension mutuelle entre les peuples d’Europe22

» en vigueur jusque-là, se substitue l’objectif de plurilinguisme qui devient un axe prioritaire pour développer la citoyenneté démocratique. La conférence missionnée par le Conseil de l’Europe estima, en effet, que

« les exigences de la mobilité et de la compréhension mutuelle dans une Europe multilingue et multiculturelle ne peuvent être satisfaites que par l'encouragement du plurilinguisme à grande échelle » (Trim, 1997 : 22).

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Trois outils furent créés pour promouvoir cette nouvelle orientation politique : le Cadre européen commun de référence pour les langues, le Portfolio ainsi que le Guide pour l’élaboration des politiques linguistiques.

b. Les vecteurs de transmission des valeurs

Comprendre les objectifs du Cadre, du Portfolio et du Guide pour l’élaboration des politiques linguistiques permet de mieux circonscrire la manière dont ces outils sont des vecteurs de la dimension axiologique de la politique linguistique du Conseil de l’Europe.

Le Cadre européen commun de référence pour les langues

Le symposium de Rüschlikon (Suisse), qui se tint en novembre 1991, représente un des événements-clés de l’activité de recherche en matière d’éducation menée par le Conseil de l’Europe. Ce symposium étudia la mise en place d’un Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR). Ce Cadre a pour but de définir les objectifs et méthodes d'apprentissage/enseignement des langues, de concevoir les programmes d'enseignement et des curricula, de produire du matériel pédagogique et d'évaluation en langue. Le Cadre devait non seulement être aussi exhaustif que possible, transparent et cohérent mais également flexible, ouvert, dynamique, et non dogmatique. L'objectif était, en effet, non pas de prescrire un mode d'apprentissage, d'enseignement et d'évaluation des langues, mais d'augmenter le degré de conscience, de stimuler la réflexion et d'améliorer la communication entre tous les types de praticiens. Par conséquent, le Cadre est amené à évoluer au fur et à mesure de l'avancement des connaissances des expériences, même s'il nécessite une certaine stabilité afin de permettre le calibrage des compétences favorisant la mobilité professionnelle et éducative au sein de l’Europe.

Depuis 1996, le Cadre (qui fut finalisé en 2001) présente le plurilinguisme comme une compétence communicative générale au sein de laquelle divers degrés et types de compétences, dans plusieurs langues, interagissent, compétence qui devient donc un objectif majeur de l'apprentissage des langues :

« Il ne s’agit plus simplement d’acquérir la « maîtrise » d’une, deux, voire même trois langues, chacune de son côté, avec le « locuteur natif idéal » comme ultime modèle. Le but est de développer un répertoire langagier dans lequel

toutes les capacités linguistiques trouvent leur place » (Conseil de l’Europe, 2001 : 11).

On s’éloigne, dès lors, du modèle de « locuteur natif idéal » propre aux langues singulières, pour s’ouvrir à une prise en compte de « toutes les capacités linguistiques ». Les valeurs humanistes23

d’ouverture à la diversité, propres au Conseil de l’Europe, transparaissent. De telles valeurs modifient le paradigme de la relation enseignant-élève : il s’agit désormais d’aider l’élève à gagner en autonomie dans ses apprentissages et de lui permettre un élargissement de son répertoire langagier, et ce, tout au long de la vie.

Le Portfolio européen des langues

Afin d’accompagner le changement de paradigme et de promouvoir, de manière plus active, le développement du plurilinguisme, un deuxième outil fut créé : il s’agit du Portfolio européen des langues (PEL). Celui-ci permet de stimuler, de consigner et de valoriser l'acquisition de compétences plurilingues, qui atteignent dès lors le statut de valeur. Son objectif est de motiver les apprenants en reconnaissant leurs efforts visant à étendre et diversifier leurs capacités langagières à tous les niveaux. Par ailleurs, il doit permettre de fournir un état des capacités langagières et culturelles acquises. Ce Portfolio est étroitement lié au principe de diversification linguistique promu par le Conseil de l'Europe et valorisé dans le Guide pour l’élaboration des politiques linguistiques.

Le Guide pour l’élaboration des politiques linguistiques éducatives en Europe

Le Conseil de l’Europe, afin d’aider les décideurs politiques à mettre en place de nouvelles orientations de politique linguistique, a élaboré en 2007 un Guide pour

l’élaboration des politiques linguistiques éducatives en Europe. Son projet

d’éducation plurilingue est « d’adapter les enseignements en langues aux besoins des sociétés européennes et aux aspirations des locuteurs » (Conseil de l’Europe, 2007 : 73) et sa finalité-clé est le développement de la compétence plurilingue, s’appuyant sur un répertoire plurilingue. Il s’agit, en effet, d’adapter l’enseignement de manière à

23 Il s’agit de valeurs liées à une « attitude philosophique qui tient l'homme pour la valeur suprême et revendique pour chaque homme la possibilité d'épanouir librement son humanité, ses facultés proprement humaines » (Définition donnée par le CNRTL du terme humanisme. Consulté le 26.08.2012 à l’adresse suivante : http://www.cnrtl.fr/definition/humanisme).

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ne plus aborder les variétés qui le composent de manière isolée ; le plurilinguisme y est considéré à la fois comme une compétence et une valeur (ibid. : 10) :

« la prise de conscience par un locuteur du caractère plurilingue de ses compétences peut l'amener à accorder une valeur égale à chacune des variétés utilisées par lui-même et par les autres locuteurs, même si celles-ci n'ont pas les mêmes fonctions (communication privée, professionnelle, officielle, langue d'appartenance…) » (ibid. : 18).

On peut donc constater que la compétence plurilingue s’appuie sur un double principe : il s’agit, tout d’abord d’aider le citoyen à communiquer langagièrement et à interagir culturellement, au-delà des frontières et/ou barrières linguistiques puis de l’aider à accepter de manière positive la diversité linguistique. Sa valeur éducative est donc primordiale.

c. Valeurs véhiculées par la politique linguistique du Conseil de l’Europe : synthèse

Le Conseil de l’Europe joue un rôle majeur dans l’orientation des politiques linguistiques européennes, et ce depuis l’après-guerre. Depuis vingt ans, il cherche avant tout à promouvoir le plurilinguisme pour des raisons d’ouverture à l’autre, de tolérance et de meilleure communication entre les peuples. L’idéologie linguistique sur laquelle il prend appui est, par conséquent, avant tout humaniste. Le Cadre européen de référence pour les langues, le Portfolio européen et le Guide pour l’élaboration des politiques linguistiques éducatives en Europe sont les trois applications concrètes de la politique linguistique du Conseil de l’Europe et permettent d’en véhiculer les valeurs humanistes.

1.1.2. Valeurs véhiculées par la politique linguistique de l’Union européenne

La mutation politique de la Communauté économique européenne (sans compétence en matière d'éducation) en Union européenne vint appuyer le besoin éprouvé par le Conseil de l’Europe de diversifier l’apprentissage des langues.

Le traité de Maastricht (1992) reconnait officiellement l'éducation comme un domaine de compétence de l'Union européenne dont le rôle, dans les politiques d'éducation et de formation, est de soutenir les États membres. L’institution principale

de l’Union européenne est la Commission, qui, dans le cadre des politiques de la communauté, prépare et met en œuvre les actes législatifs adoptés par le Conseil des ministres (également appelé ‘Conseil de l’Union européenne’ ou simplement ‘Conseil’) ainsi que le Parlement européen. Même si la structure institutionnelle de l’Union européenne est complexe, nous avons sélectionné quelques textes de référence propres à chacune des institutions susmentionnées afin de comprendre non seulement l’origine du concept de plurilinguisme mais également la dimension axiologique le régissant.

Valeurs véhiculées par la Commission européenne

La Commission publia en 1995 un Livre blanc afin de proposer une analyse et des orientations d’action dans les domaines de l’éducation et de la formation. Elle fait, dans son quatrième objectif général, la constatation suivante :

« Il devient nécessaire de permettre à chacun, quel que soit le parcours de formation et d'éducation qu'il emprunte, d'acquérir et maintenir la capacité à communiquer dans au moins deux langues communautaires autres que sa langue maternelle » (Commission des Communautés européennes, 1995 : 54).

Cette citation souligne l’importance que la Commission européenne accorde au multilinguisme*24 des Européens, et ce d’autant plus qu’elle regrette que « cet engagement ait été affaibli par l'insertion d'une restriction permettant aux États membres d'en limiter la portée par les termes ‘si possible’» (ibid.). Nous remarquons qu’à ce stade, les objectifs fixés par le Conseil de l’Europe et ceux de l’Union européenne convergent : nous avons, dans les deux cas, des valeurs mettant en exergue la communication et la compétence plurilingue.

On constate toutefois une évolution suite au Livre vert publié par la Commission l’année suivante ; ce livre cherche à analyser aussi bien les obstacles juridiques et administratifs que les difficultés socio-économiques, linguistiques ou pratiques qui entravent d’une manière ou d’une autre la mobilité transnationale des personnes en formation et propose des pistes d’action afin de susciter des débats pour rechercher et proposer des solutions à ce problème. Il se conclut de la manière suivante :

24 Nous mènerons une discussion concernant les termes ‘plurilinguisme’ et ‘multilinguisme’ à la p.60 de ce chapitre.

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« l'apprentissage d'au moins deux langues communautaires est devenu une condition indispensable pour permettre aux citoyens de l'Union européenne de bénéficier des possibilités professionnelles et personnelles que leur ouvre la réalisation du marché unique » (Commission des Communautés européennes, 1996).

L’inscription de l’objectif de plurilinguisme dans un contexte économique est affirmé : la maîtrise d’au moins deux langues doit permettre à l’individu de s’épanouir davantage sur un plan professionnel. Il s’agit dès lors d’une valeur pragmatique que nous retrouvons dans les textes rédigés par le Parlement européen.

Valeurs véhiculées par le Parlement européen

Dans la décision du Parlement européen et du Conseil du 17 juillet 2000, qui établit l’année 2001 comme année européenne des langues, les objectifs suivants sont annoncés : meilleure sensibilisation de la population à la richesse linguistique et culturelle au sein de l’Union européenne, développement du principe d’égale valeur des langues, encouragement du multilinguisme. Posséder des compétences dans plusieurs langues apparaît comme primordial, et ce pour plusieurs raisons :

« [Posséder des compétences dans plusieurs langues est un] élément essentiel du développement personnel et professionnel (y compris pour la recherche d'un premier emploi) des individus, de la compréhension interculturelle, du plein usage des droits conférés par la citoyenneté de l'Union européenne et de l'amélioration du potentiel économique et social des entreprises et de la société dans son ensemble » (Commission des Communautés européennes, 2000 : 3).

On peut souligner l’importance que revêt le développement de la citoyenneté démocratique. L’objectif économique prévaut cependant : le multilinguisme apparaît non seulement comme un facteur de cohésion sociale mais devrait également avoir des effets positifs sur la société toute entière grâce à une amélioration de la compétitivité des entreprises. Ces thèmes seront repris dans de nombreux textes ultérieurs, qu’ils aient été publiés par la Commission, le Parlement ou le Conseil européen.

Valeurs véhiculées par le Conseil européen

Le Conseil européen réuni à Lisbonne les 23 et 24 mars 2000 fixe un nouvel objectif stratégique « dans le but de renforcer l’emploi, la réforme économique et la cohésion sociale dans le cadre d’une économie fondée sur la connaissance ». Certains termes sont de plus en plus récurrents : il s’agit de « la compétitivité économique » et de « la société de la connaissance » puisque le nouvel objectif stratégique pour la décennie à venir est de « devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde ». Dans le seul document intitulé Conclusions, de 17 pages25

, le terme « connaissance » apparaît 26 fois, dont 7 fois associé au terme économie (celui-ci apparaissant 17 fois). Le terme « langue » n’est cependant mentionné qu’une seule fois, dans le cadre des nouvelles compétences à acquérir. Ce document est toutefois essentiel par l’impact qu’il aura sur la politique linguistique éducative de l’Union européenne : l’objectif de compétitivité économique sera désormais omniprésent et s’inscrira dans l’idéologie linguistique de l’Union européenne.

d. Valeurs véhiculées par la politique linguistique de l’Union européenne : synthèse

La politique linguistique de l’Union européenne résulte des décisions prises par les trois institutions principales la composant (la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil européen). Or, même si chaque institution a des textes de référence qui lui sont propres, leurs objectifs sont convergents : il s’agit d’aider les citoyens européens à maîtriser deux langues communautaires en plus de la langue maternelle afin de former des agents économiques mobiles. Les citoyens pourront, par conséquent, s’épanouir sur un plan personnel tout en contribuant à une plus grande compétitivité économique de l’Europe. La dimension axiologique de la politique linguistique de l’Union européenne est donc centrée sur des valeurs économiques et pragmatiques.

25 Ce document intitulé Conclusions de la Présidence - Conseil européen de Lisbonne - 23 et 24 mars 2000 contient 8247 mots.

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1.1.3. Choix terminologique : plurilinguisme ou multilinguisme ?

Le positionnement axiologique différent adopté par l’Union européenne et le Conseil de l’Europe apparaît dans le choix terminologique, non stabilisé, des termes ‘plurilinguisme’ et ‘multilinguisme’ : là où le Conseil de l’Europe utilise ‘plurilinguisme’, l’Union européenne a volontiers recours au terme ‘multilinguisme’. Pourtant, les termes ‘plurilinguisme’ et ‘multilinguisme’ ont été clairement définis par le Conseil de l’Europe, que ce soit en français ou en anglais. Le ‘multilinguisme’ renvoie à la présence, dans une zone géographique déterminée - quelle que soit sa taille - à plus d’une ‘variété de langues’, c’est-à-dire de façons de parler d’un groupe social, que celles-ci soient officiellement reconnues en tant que langues ou non. À l’intérieur d’une telle zone géographique, chaque individu peut être monolingue et ne parler que sa propre variété de langue. Le ‘plurilinguisme’, quant à lui, se rapporte au répertoire de langues utilisées par un individu ; il est donc, en un sens, le contraire du multilinguisme. Ce répertoire englobe la variété de langue considérée comme ‘langue maternelle’ ou ‘première langue’, ainsi que toute autre langue ou variété de langue, dont le nombre peut être illimité. Ainsi, certaines zones géographiques multilingues peuvent être peuplées à la fois de personnes monolingues et de personnes plurilingues. Or, contrairement aux publications dirigées par la division des politiques linguistiques du conseil de l'Europe, les travaux publiés par l’Union européenne se réfèrent bien souvent à la notion de multilinguisme alors que l'acception est celle de plurilinguisme telle que définie ci-dessus.

Après avoir interrogé, par échange mail du 6 août 2010, K. Cunningham, Administrateur principal de la politique du multilinguisme de la Commission Européenne, sur l’utilisation du terme ‘multilinguisme’ par cette institution, un choix pragmatique, non régulé, est confirmé :

« Le terme "plurilinguisme" fonctionne déjà moins bien en anglais qu'en français. Comme nous sommes amenés à traduire une grande partie de nos documents dans 22 langues, il devient encore plus difficile, voire impossible dans certaines langues, de faire la distinction entre les deux notions. Donc, notre choix est en partie pragmatique. Nos documents sont essentiellement politiques et non scientifiques. Pour éviter de causer des problèmes supplémentaires à nos traducteurs, nous essayons d'éviter dans la mesure du

possible, les termes construits et parfois compliqués et par la suite un langage susceptible à des interprétations et le cas échéant des malentendus26 ».

Si le conseil de l'Europe et l'Union européenne souhaitent atteindre leurs objectifs tantôt d’éducation plurilingue, tantôt de développement des compétences plurilingues chez les citoyens européens, il nous semble important de dépasser les tensions entre groupes d’énonciateurs et d’adopter une terminologie commune ; les objectifs seront alors accordés et plus facilement réalisables.

Même si l’ensemble des institutions influence la politique linguistique européenne, on constate une prévalence des valeurs véhiculées par le Conseil de l’Europe de par la large diffusion de son Cadre. Il apparaît dès lors indispensable d’étudier la manière dont les textes français de politique linguistique éducative ont intégré cet outil.

1.1.4. Valeurs véhiculées par les politiques linguistiques européennes : synthèse Nous constatons que les valeurs véhiculées par les objectifs annoncés des deux instances européennes que sont l'Union européenne et le conseil de l'Europe divergent. On peut considérer que l’idéologie inhérente à la politique linguistique de l'Union européenne est davantage d'ordre économique et pragmatique, alors que le conseil de l'Europe, organe apolitique, revendique comme valeur essentielle l'éducation plurilingue. Dans l’optique de la citoyenneté démocratique, l’éducation plurilingue permet de développer la cohésion sociale et l’intégration ; elle prend donc en compte la dimension sociale et politique de l'apprentissage des langues. Le plurilinguisme y devient en ce sens une ‘valeur’ qui permet tant l'intégration sociale et politique qu’une citoyenneté démocratique active et partagée par tous les Européens. Cette valeur doit être développée pour le rôle qu'elle joue dans la prise de