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Cadre Institutionnel et conceptuel

5. De la problématique aux choix méthodologiques méthodologiques

Afin de faciliter la vision globale de notre recherche, nous choisissons de rapidement préciser quelques éléments de méthodologie, ce qui permettra de justifier l’étude de certains concepts théoriques.

Nous préciserons tout d’abord l’objectif méthodologique de l’expérimentation avant d’aborder les choix méthodologiques propres à notre recherche. Nous aurons recours à une quasi-expérimentation18

* qui devrait nous permettre d’analyser les résultats relatifs aux effets sur l’élève et son apprentissage, ainsi qu’à une recherche-action* qui devrait nous donner des informations sur la manière dont la mise en œuvre des APLI a eu un impact sur l’enseignant et son enseignement.

5.1.Objectif méthodologique de l’expérimentation

L’objectif méthodologique de notre expérimentation est d'offrir aux élèves une possibilité de distanciation vis-à-vis de l'objet-langue en leur présentant des langues inconnues sans objectif d'appropriation. Il s’agit, comme nous l’avons mentionné, de vérifier si des activités d’APLI permettent aux élèves d'établir des liens entre les langues et de développer leurs compétences métalinguistiques par la mise en place de stratégies transférables. En outre, en tant qu'enseignant d'anglais, il nous semble également opportun d'étudier l'impact de telles activités sur l’appropriation de la L2.

Nous avons choisi, pour des raisons de faisabilité de l'étude, de ne pas porter notre attention sur les aspects culturels propres aux langues étudiées. On ne saurait toutefois nier l'importance de cet aspect ; le choix relève simplement d’une focalisation spécifique permettant l'analyse d'un aspect particulier de cette même compétence.

18 Nous expliciterons ce terme dans le cadre méthodologique, infra p. 167. Dans cette partie introductive, nous choisissons d’utiliser simplement le terme ‘expérimentation’ puisqu’aucune caractérisation méthodologique ne l’accompagne.

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Il nous importe cependant de comprendre à la fois les effets des APLI sur les démarches d’apprentissage propres aux élèves mais également sur la pratique des enseignants d’anglais. La recherche s’articulera, par conséquent, autour de deux dispositifs : une quasi-expérimentation et une recherche-action, présentés succinctement ci-après et in extenso, dans le cadre méthodologique, infra p.190.

5.2. Mise en œuvre de l’expérimentation

Afin d’explorer les questions de départ, une expérimentation fut mise en œuvre tout au long de l'année 2011-2012 au sein de l'académie de Limoges et de Bordeaux, dans neuf classes réparties dans six établissements scolaires. L’expérimentation fut menée à la fois en classe de troisième et de cinquième. Nous avons cependant choisi de cibler la présente étude sur les résultats des classes de cinquième, pour des raisons exposées en infra, p.185.

Cent trente-six élèves de cinquième furent confrontés successivement à trois langues inconnues : le néerlandais, choisi pour sa proximité typologique avec l’anglais, l’italien (pour sa proximité avec le français) et finalement le finnois qui ne présente aucun point d’ancrage immédiat. Les trois langues abordées le sont selon le même schéma : la première séance s’appuie sur le repérage d’éléments métasémantiques (il s’agit de réfléchir sur le sens du texte), la deuxième séance sur des éléments métasyntaxiques (l’élève est amené à réfléchir sur quelques éléments de syntaxe) puis la dernière cherche à provoquer une réflexion sur des éléments d’ordre métaphonologiques (la réflexion porte sur des phonèmes et/ou la prosodie de la langue). Chaque séance s’organise en trois temps : un temps de réflexion individuelle suivi d’un travail de groupe qui se conclut par une mise en commun sous l’égide de l’enseignant. Les séances suivent le même modèle de manière à conférer une certaine systématicité à l'exercice périodique (une séance par mois) et de permettre la comparaison des résultats.

Sur les cent trente-six élèves de cinquième qui ont pris part à l'expérimentation, vingt-huit ont déclaré être au contact d'une langue autre que le français dans leur environnement familial, soit environ 20 % des élèves. En outre, dix-sept élèves (inscrits dans deux de ces classes) suivent un cursus bilangue (anglais et allemand). Même si le contexte peut être considéré comme plurilingue, nous avons choisi d’étudier, de manière prioritaire, les résultats des élèves ayant uniquement comme L1

le français et comme L2 l’anglais, et ce pour des raisons théoriques et pragmatiques qui seront exposées dans la deuxième partie de ce travail, p.185.

Dans la mesure où la population étudiée n’a aucune connaissance des langues présentées, ce n'est que dans le cadre d'une interaction que les élèves pourront tester et valider des hypothèses. Par conséquent, les activités métalinguistiques proposées se veulent « interactives dans une logique de co-action considérée cette fois dans une perspective clairement socio-constructiviste, […] fondée sur des valeurs partagées […] où l'élève peut s'impliquer en tant que sujet social et cognitif véritable… ». (Chini, 2008 : 14). C'est la raison pour laquelle une grande partie de l'expérimentation s'appuie sur les interactions résultant du travail de groupe19.

Le corpus obtenu dans le cadre de l’expérimentation se compose tout d’abord de questionnaires pré- et post-expérimentation ainsi que de pré- et post-tests linguistiques. Puis, pour chacune des séances, nous avons des fiches individuelles qui permettent de circonscrire les connaissances individuelles de l’élève, des fiches de groupe complétées conjointement (répondant à des consignes spécifiques) ainsi que des enregistrements audios des interactions de groupe.

La méthodologie d’analyse, présentée in extenso dans la deuxième partie, s’appuie sur une méthode mixte, associant une analyse qualitative à une analyse quantitative. Une triangulation des données issues des questionnaires, tests, fiches et enregistrements sera également envisagée.

5.3. La recherche-action

Mettre en œuvre une telle expérimentation ne saurait se faire sans l’adhésion des enseignants. Une ‘Equipe de recherche et de réflexion’ (ERR)*, soutenue par le Rectorat de Limoges fut constituée sur la base du volontariat. Neuf enseignants prirent part activement à la réflexion autour des objectifs et de la mise en œuvre des séances d’APLI, lors de quatre réunions réparties tout au long de l’année.

Dans la mesure où il s’agit d’une recherche-action devant aboutir à une production finale, sept enseignants ont accepté d’être filmés dans leur classe afin de

19 Des groupes hétérogènes, de sexe mixte comprenant chacun trois ou quatre élèves, ont été constitués par le chercheur, à partir de pré-tests linguistiques et d’un questionnaire pré-expérimentation. Afin de rendre chaque participant actif, des rôles spécifiques leur ont été proposés. Se reporter au chapitre 1.2.3.

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pouvoir monter des baladodiffusions à des fins de formation. Les séances de travail de l’ERR ont également été filmées, dans le cadre de la recherche-action.

L’évolution des représentations des enseignants sera étudiée à travers les entretiens et questionnaires pré- et post-expérimentation alors que la manière dont ils se sont appropriés la démarche de l’APLI pourra être étudiée par l’analyse des discours pendant les regroupements.

5.4. De la problématique aux choix méthodologiques : synthèse

Notre recherche s’articule autour de deux axes méthodologiques principaux permettant d’étudier les effets des APLI sur l’enseignement/ apprentissage de l’anglais. La quasi-expérimentation nous permet de collecter les observables concernant les apprenants alors que la recherche-action apporte les éléments d’analyse propres aux enseignants. La triangulation des données apportera des informations concernant l’interaction des deux pôles.

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