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4. Comment aborder la question des mutilations sexuelles féminines

4.3 Utiliser un interprète

Selon les recommandations Scotland guidance Multi-Agency Guidance de 2017 (SCOT) de 2017 (24)

Bonnes pratiques : utiliser un interprète

Les praticiens peuvent avoir besoin de recourir à un interprète.

• L’interprète (une femme ou un homme si cela convient à la patiente) doit être accrédité.

L’interprète doit être capable d’utiliser le dialecte de la fille ou de la femme.

• L’interprète doit savoir qu’il ne doit pas interpréter les messages ou censurer ou omettre une information mais traduire exactement les propos de la femme ou de la fille. Idéalement l’interprète devrait recevoir une formation sur les MSF.

• Vérifier le dialecte utilisé par la fille ou la femme avant d‘organiser la venue d’un interprète.

• Rencontrer l’interprète rapidement avant la rencontre avec la fille ou la femme.

• Expliquer le rôle de l’interprète sur la nature de la discussion et sur l’implication d’avoir quelque un d’autre de présent lors de la discussion.

• parler séparément et rapidement à la personne accompagnante notamment sur l’importance de la confidentialité et des dangers d’une violation de cette confidentialité.

Ne jamais utiliser des membres de la famille comme interprète, des voisins ou ceux qui ont une influence sur la communauté d’où est originaire la patiente.

• Les femmes peuvent se sentir embarrassées de discuter de leurs problèmes personnels face à ces personnes.

• La femme ou la fille peuvent craindre qu’une information personnelle les concernant puisse être transmise à leur communauté et les mettre ainsi en danger.

• Des informations sensibles peuvent être transmises à d’autres personnes de la communauté et une autre femme peut être alors, à risque d’un futur danger de MSF.

• De tels interprètes qui proviennent de la famille ou d’individus issus de la communauté de la patiente peuvent délibérément induire en erreur le praticien ou encourager la patiente à retirer sa plainte ou à se conformer aux souhaits de la famille.

• Il n’est pas approprié d’utiliser une enfant comme interprète.

• Si cela est possible, ne pas utiliser un interprète de sexe masculin pour parler à une femme.

Selon les recommandations de la Multi-Agency statutory guidance on female genital mutilation de 2016 (20)

Utiliser des traducteurs. Une interprète féminine peut être nécessaire. Dans l’idéal, les interprètes doivent être :

• formés aux MSF ;

• dans tous les cas ne pas être un membre de sa famille ;

• ne pas être un membre connu et influent de la communauté.

D’après les recommandations belges du Service Public Fédéral Santé publique Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement et GAMS de 2011 (15)

Interprètes et des médiateurs

La plupart des femmes sont des primo-arrivantes qui ne maîtrisent pas bien les langues nationales. Même si la femme connaît quelques mots de français, de néerlandais ou d’anglais, ce vocabulaire ne sera pas suffisant pour aborder un sujet aussi sensible que les MSF. La femme pourrait ne pas trouver les mots pour exprimer pleinement ses sentiments ; une traduction professionnelle sera donc très utile.

Quelques conseils pour organiser la traduction :

• ne pas utiliser les enfants de la femme pour traduire (ni le conjoint, ni la belle-mère, etc.) ;

• si possible, choisir une personne de sexe féminin pour effectuer la traduction ;

• être vigilant sur la représentation qu’a l’interprète des MSF (être sûre que la personne n’est pas partisane de la pratique) ;

• l’idéal est que l’interprète ait reçu une formation sur les MSF et ait déjà une certaine connaissance de la problématique ;

• si c’est la première fois que l’interprète traduit sur ce sujet, il faut prêter attention à son débriefing, et voir comment il ou elle s’est senti(e) avec le sujet.

Comment contacter un ou une interprète.

• D’abord bien s’assurer que la femme ne s’exprime pas dans une langue que vous comprenez.

• Si vous travaillez dans une grande structure, vous pouvez probablement faire appel à un secrétariat, qui se chargera de vous trouver un traducteur pour le jour de la consultation.

• S vous travaillez seul dans votre cabinet, et que vous n’avez pas le temps de faire toutes ces démarches, vous pouvez demander à l’association qui vous a référer la femme de se charger de vous trouver un traducteur.

Conclusion sur le chapitre : comment aborder la question de la mutilation sexuelle féminine selon les données de la littérature

Les professionnels de santé ne doivent pas avoir de réticence à aborder ces questions. Il est recommandé de se préparer à aborder le sujet et de s’assurer que l’on dispose du temps approprié pour écouter la patiente.

Il est recommandé :

• d’obtenir l’autorisation de la fille ou la femme de discuter de sujets sensibles ;

• de s’assurer qu’un professionnel de sexe féminin est disponible pour parler à la fille ou à la femme si elle le souhaite ;

• d’expliquer pourquoi la tradition des MSF est néfaste pour la santé des femmes et des filles alors que d’autres traditions sont bénéfiques ;

• d’instaurer un dialogue confiant avec elle afin d’évaluer ce qu’elle sait de son excision si la mutilation est connue par la femme ;

• d’aborder avec une écoute empathique et respectueuse avec la femme, faite de questions ouvertes suivies d’une reformulation ce qui doit permettre des sujets délicats touchant aux coutumes et à l’intime ;

• de poser une question à la fois.

Ce questionnement peut concerner la femme :

« De quel pays êtes-vous originaire ? »

« Depuis combien de temps vivez-vous en France ? »

« Quel est votre vécu sur le plan conjugal ou familial ? (vie quotidienne, travail, etc.) »

« Ressentez-vous solitude ou discrimination ? ».

Ce questionnement peut concerner le conjoint : Quels sont sa nationalité, son âge, sa situation socio-économique ? Certains éléments laisseront suspecter un mariage forcé ou bien un contexte de polygamie (par exemple l’écart d’âge important entre les deux conjoints).

Pour introduire le sujet, vous pourrez vous aider des phrases suivantes :

« Vous venez d’un pays où se pratiquent les mutilations sexuelles ».

« Souhaitez-vous que nous parlions ensemble de cette pratique ? »

« Avez-vous eu des conséquences médicales, sexuelles ou au cours de vos grossesses ? »

• Si la mutilation est connue mais le sujet est tabou, La femme intègre que vous êtes un professionnel ressource : elle pourra, à son rythme, reprendre le dialogue si elle le souhaite.

Elle doit comprendre que vous serez particulièrement vigilant pour ses fillettes.

• Enfin, si la femme ignore sa mutilation, la situation peut s’avérer beaucoup plus délicate à gérer. L’annonce sera alors vécue comme brutale. L’annonce doit être progressive et se faire « pas à pas ».

Il est recommandé de disposer d’une carte des pays concernés pratiquant l’excision et des sup-ports visuels à disposition (dessins représentant les différents types de MSF, montrant les compli-cations : rétention urinaire, naissance difficile) afin de s’y référer en cas de besoin.

Pour favoriser le contact avec la femme il est recommandé de :

• essayer d’identifier ce dont la femme est prête à parler, ce dont elle veut parler, et partir de cela pour entamer la discussion ; ne pas anticiper les choses à sa place ;

• repartir du savoir et des compétences de cette femme, apprendre de ses dires, de ses expériences ;

• être patient, car la relation de confiance peut prendre du temps à s’installer vu les trahisons et violences vécues (excision, mariage forcé, viol) ;

• exprimer de l’empathie et tenir un discours objectif ;

• aborder la question des risques sur la santé ;

• ne pas porter de jugements (insister sur l’illégalité des MSF pratiquées en France où à l’étranger et les risques pour la santé mais sans accuser la fille ou la femme) ;

• ne pas faire peur, ne pas faire de chantage ;

• ne pas utiliser les termes « normal » et « anormal » car la norme est une chose toute relative ;

• être sensible au fait qu’une personne peut être loyale envers ses parents, sa communauté ;

• utiliser un vocabulaire simple, accessible : essayer, avec la femme ou sa famille, des mots pour désigner les mutilations génitales féminines comme : « la tradition », « la coutume » ou

« le rituel » ; « le sexe coupé » ; » « excisée », « infibulée » ou « coupée en bas » (en dési-gnant avec la main le bas du ventre.).

Le recours à un organisme d’interprétariat est indispensable en cas de barrière linguistique.

L’interprète ne doit jamais être un membre de la famille ou connu comme ayant une influence sur la fille ou femme ou faisant parti de la communauté dont est originaire la patiente.

Si cela est possible, choisir un interprète de sexe féminin pour effectuer la traduction Il est possible de demander à une association de se charger de vous trouver un traducteur.

5. Les signes évocateurs indiquant une MSF récente sur