• Aucun résultat trouvé

3. Évaluer le niveau de risque de MSF

3.2 Les indicateurs spécifiques chez une mineure

D’après les recommandations du Scotland Guidance Multi-Agency Guidance (SCOT) de 2017, (24), le but est d’établir le niveau du risque de MSF pour une fille/femme afin de procéder à une prise en charge et ou d’informer selon les procédures les services de la protection de l’enfance ou des adultes.

Signes indiquant le risque de MSF Planifications de vacances

Les professionnels peuvent interroger l’enfant sur l’organisation des vacances à venir. D’une manière sensible et informelle questionner les enfants sur les vacances de longue durée qui sont prévues.

Poser les questions suivantes telles que :

• « Où allez-vous ? »

• « Qui part en vacance avec vous ? »

• « T’a-t-on dit ce que tu ferais durant ces vacances ? »

• « Quelle est la durée de tes vacances ?, Est ce qu’il y a une occasion spéciale de prévue ? »

• « As-tu des problèmes, des inquiétudes, des peurs, une anxiété à propos de ces vacances ? » Les questions pour les parents comprennent :

• « Êtes-vous informés sur le fait que l’école ne peut garder une enfant qui est absente des cours sur une très longue période ? »

• « Êtes-vous informés que les MSF sont illégales au Royaume-Uni même s’ils sont exécutés à l’étranger ? ».

Identifier les risques

Il peut être difficile d’identifier les filles à risque de subir une MSF en raison de la tradition, des âges différents auxquels les communautés les effectuent. Une fille /femme peut être à risque

• dans la petite enfance ;

• à l’adolescence ;

• lors du mariage ;

• ou lors de la première grossesse.

Les professionnels de santé doivent pouvoir identifier les filles à risque dès la naissance, le risque pouvant devenir imminent plus elles grandissent.

D’après ces recommandations, les indicateurs qu’une fille est à un risque imminent sont les suivants :

• Les parents disent qu’ils ont l’intention d’emmener leur fille en dehors du pays pour une période prolongée.

• Une fille dit qu’elle va partir pour de longues vacances dans son pays d’origine, ou vers un autre pays où les MSF sont pratiquées.

• Une fille dit au professionnel de santé qu’elle va suivre une procédure particulière ou participer à une occasion de « devenir une femme ».

• Un professionnel de santé entend parler de MSF dans une conversation par exemple une fille qui parle de ses amies.

• Une fille qui demande de l’aide à un professeur ou à un autre adulte.

Les risques potentiels d’une MSF

Les facteurs indiquant qu’une fille peut être à risque de subir une mutilation sont variés par exemple :

• la famille est originaire d’une des communautés pratiquant les MSF ;

• la mère de la fille a subi une MSF ;

• la fille a une sœur /cousine qui a subi une MSF ;

• les membres âgés de la famille disposent de beaucoup d’influence ;

• la famille n’est pas bien intégrée au Royaume-Uni.

Il est nécessaire de prendre en compte ces facteurs potentiels dans une vision globale comme étant des indicateurs d’un risque imminent, plutôt que d’évaluer des facteurs de risque pris individuellement. Par exemple, certaines femmes qui ont subi une MSF sont opposées à ce que leurs filles les subissent à leur tour.

Selon les recommandations du Bromley Safeguarding Children Board en 2017 (19), pour les signes qu’un enfant puisse être considéré à risque d’avoir une MSF.

De nombreux facteurs peuvent augmenter le risque de subir une mutilation en plus de l’appartenance à une communauté où sont pratiquées les mutilations.

• La position de la famille et le niveau d’intégration dans la société anglaise. On pense que les communautés moins intégrées dans la société britannique sont davantage susceptibles de pratiquer des mutilations.

• Toute fille née d’une femme ayant subi une MSF doit être considérée comme étant à risque de subir une MSF ainsi que toute autre petite fille de la famille élargie.

• Toute fille ayant été exclue du système d’éducation, des relations sociales et d’une l’éducation sur la santé, en raison du souhait de ses parents de la maintenir non informée au niveau de son corps et de ses droits, peut-être à risque de subir une MSF.

• L’âge auquel les filles subissent une MSF varie énormément selon la communauté à laquelle elles appartiennent. Les MSF sont généralement réalisées chez les petites filles entre 4 et 13 ans mais la majorité des cas de MSF concernent les âges entre 5 et 8 ans.

• Les MSF peuvent concerner les enfants vivant au Royaume Uni aussi bien qu’à l’étranger dans leur pays d’origine. L’enfant d’âge scolaire peut être emmenée par les parents à l’étranger au début des vacances scolaires, en particulier l’été, afin de disposer suffisamment de temps pour que l’enfant puisse cicatriser avant son retour à l’école.

• Lorsqu’une femme âgée originaire du pays d’où vient la famille, vient voir la famille de l’enfant, cela peut constituer un risque que les familles pratiquent également les MSF au Royaume-Uni.

• Une petite fille peut confier qu’elle va participer à une procédure particulière, ou assister à une occasion particulière de devenir une femme.

• Les parents de la fille ou ses proches peuvent indiquer qu’ils prévoient d’emmener leur enfant à l’étranger pour une période prolongée.

• Une fille parler de longues vacances dans son pays d’origine ou dans un autre pays où la prévalence des MSF est élevée.

La Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains en 2014 (30) indique à la question Repérer une mineure menacée ou victime de mutilations sexuelles féminines :

Les MSF sont parfois réalisées en France ou dans un autre pays d’Europe. Toutefois l’évocation d’un voyage dans un pays où les mutilations sexuelles sont pratiquées est un signal d’alerte pour le professionnel notamment lorsqu’il est question d’un évènement spécial organisé pour la mineure. Les motifs évoqués pour justifier le voyage sont souvent « une grande fête en son honneur », « comme un baptême », où elle recevrait « des cadeaux », « une belle robe ».

Des prétextes d’ordre affectif, comme la maladie d’une parente ou mariage d’une cousine, sont également fréquemment avancés pour dissimuler le véritable but du voyage.

Le voyage peut ne concerner que les filles de la famille.

La conjonction de ces signaux alertera le professionnel de la possibilité que la mineure soit menacée ou victime de mutilation sexuelle féminine. Un entretien devra être effectué avec la mineure.

D’après les recommandations de Bexley en 2016 (21) Les indications d’un risque de MSF :

• Il est possible que les parents puissent pratiquer une MSF si par exemple une femme âgée est présente dans l’entourage familial.

• Les parents pensent que s’ils sont à l’extérieur du pays pour une période prolongée :

le risque pour la santé lié à une MSF est faible,

et que pour eux le risque de pratiquer une MSF sur leur enfant est relatif.

• Une fille peut parler de vacances prolongées qui sont prévues dans son pays d’origine ou dans un autre pays où les MSF sont couramment pratiquées (pays Africains, Moyen-Orient).

• L’enfant peut confier à un professionnel de santé qu’elle doit participer à une intervention particulière ou assister à un événement particulier.

• Une fille peut demander de l’aide à un professeur ou à un autre adulte en faisant référence dans sa conversation à une MSF ou par exemple à une circoncision.

• Une fille qui est susceptible d’avoir des absences prolongées à l’école. Une absence prolongée de l’école avec des modifications notables du comportement de l’enfant à son retour, peut être une indication que la petite fille a récemment subi une MSF.

• Une fille peut passer de longues périodes de temps en dehors de la classe durant les jours ou elle a des problèmes de saignements ou de règles.

• La présence d’infections urinaires fréquentes ou chroniques.

Conclusion sur le chapitre : Évaluer le niveau de risque de MSF selon les données de la littérature

Les critères à rechercher pour l’évaluation du niveau de risque de MSF chez une fille, une femme sont :

• la famille vient d’une communauté qui est connue pour pratiquer les MSF ;

• la mère de la fille; ou sa sœur, sa cousine ont subi une MSF ;

• une fille dont le père vient d’une communauté pratiquant la MSF ;

• la famille indique que des personnes âgées de leur communauté ont un niveau d’influence très élevé ou que ces personnes âgées sont impliquées dans l’éducation des petites filles ;

• lorsque l’on aborde le sujet des MSF avec la famille :

la famille croit que les MSF sont essentielles pour leur culture ou pour leur religion,

les parents ont un accès limité à l’information à propos des MSF,

ils pensent que le risque lié à une MSF est relatif,

ils ne connaissent pas la législation,

ils pensent que le risque de pratiquer une MSF sur leur enfant est moindre s’ils sont à l’extérieur du pays pour une période prolongée ;

• la famille et la fille ne sont pas bien intégrées dans le pays d’accueil ;

• la famille n’a pas de lien avec des professionnels (de santé, éducation ou autre) ou la famille est déjà connue par les services sociaux en raison d’autres problèmes liés à la protection de l’enfance.

Les critères à rechercher pour l’évaluation du risque imminent pour une fille de subir une MSF sont :

• les parents indiquent qu’ils ont l’intention d’emmener leur fille à l’étranger pour une période prolongée ;

• les parents demandent une vaccination pour leur fille en raison d’un futur départ à l’étranger, la fille vient d’être vaccinée de la malaria ;

• un parent ou un membre de la famille exprime son inquiétude sur une MSF qui pourrait être faite sur la fille ;

• la fille confie au professionnel de santé qu’elle va suivre une procédure particulière, participer à une occasion de « devenir une femme ou qu’elle va partir pour de longues vacances dans son pays d’origine, ou vers un autre pays où les MSF sont pratiquées ;

• une fille parle de MSF lors d’une conversation par exemple en parlant d’une autre enfant ;

• une fille demande de l’aide à un professeur ou à un autre adulte car elle est au courant ou elle suspecte qu’elle est à risque immédiat de subir une MSF.

Il est recommandé d’identifier à la naissance le risque de MSF qu’une fille présente afin que les mesures de protection à son égard soient prises et maintenues un certain nombre d’année durant son enfance.

ll est recommandé de connaître les pays les plus à risque de MSF afin de pouvoir :

• orienter le travail de prévention sur les populations réellement concernées par le problème de MSF ;

• entamer un dialogue avec les familles concernées.

Naitre d’une mère qui a subi une MSF constitue un facteur de risque important. Les MSF sont pratiquées à tout âge et dans le contexte familial. Le fait d’avoir quitté son pays ne suffit pas à assurer la protection de la fille.

Des discussions avec les deux parents sont recommandées.

Il est recommandé de prendre en compte le risque de MSF lié au père de l’enfant (provenant d’un pays qui pratique les MSF) si la mère n’est pas elle-même originaire d’un pays pratiquant ce type de mutilation.

Une femme peut être victime d’une pression exercée par son mari, par un partenaire ou par d’autres membres de sa famille. Elle peut être amenée à autoriser ou à organiser une mutilation sur sa propre fille.

Il peut arriver, au cours de la discussion, que l’on décèle une discordance d’opinion entre les deux adultes responsables de l’enfant : « je ne veux pas que ma fille soit excisée, mais la mère de mon mari le veut » ou « ma sœur me dit que c’est mieux pour elle, etc. ». Un échange avec d’autres membres de la famille peut s’avérer utile s’il apparait prudent de le faire.

Il est recommandé d’aborder le sujet des MSF à des moments clés de la vie de la patiente: pour le nouveau-né lors du premier examen, lors de tout premier contact avec l’enfant, lors d’un examen de dépistage, lors d’un retour au pays d’origine annoncé par les parents, pour les vacances.

4. Comment aborder la question des mutilations sexuelles