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UNESCO, op cit., 225 p.

Dans le document Le syndrome perroquet. (Page 50-54)

41 COUTURE, André, et al. Transferts Orient-Occident, populations, savoirs et pouvoirs, Québec: GÉRAC, Université Laval, 6 documents du GÉRAC, 1993, 122 p.

ethnocentrique des « traditionalistes » qui s’appuient sur la culture japonaise pour imposer, en Occident, une seule vision de la dimension spirituelle des arts martiaux japonais.

Cela dit, d’entrée de jeu, les phénomènes de contacts entre les cultures sont très complexes. Quand on utilise le terme « acculturation », il faut toujours se rappeler, comme le souligne Bastide, que «La culture n ’est qu ’une abstraction; ce ne sont pas des cultures

qui se trouvent en contact, mais des individus en interaction, et chacun réagit différemment aux stimuli qui lui viennent des individus porteurs d’autres civilisations42. » On voit qu’en

privilégiant le concept d’acculturation tel que défini par Redfield, Linton et Herskovits, on met aussi l’accent sur les contacts individuels. Il nous apparaît que ce concept, plus ouvert, s’applique particulièrement bien à notre recherche qui implique une foule d’initiatives individuelles.

En tenant compte de cet autre point de vue, nous utilisons le concept d’acculturation dans le but de présenter la complexité de la dimension spirituelle des arts martiaux japonais afin de pouvoir cerner un problème particulier. De plus, lors de notre investigation de la culture japonaise, nous référons à ce concept pour identifier certains phénomènes. Enfin, bien que nous traitions ici des faits d’acculturation, il faut ajouter que, pour la démonstration même de notre hypothèse de travail, le concept d’acculturation décrit un contexte général et qu’il est en quelque sorte sous-jacent à notre recherche plus qu’il ne fait lui-même l’objet de la démonstration. Ce sont des faits révélés lors de !’investigation de la culture japonaise que nous utilisons pour démontrer notre hypothèse, et non le concept

BASTIDE, Roger, op. cit., p. 115.

d’acculturation en tant que tel. Voilà en quel sens il faut lire !’utilisation limitée que nous faisons ici de ce concept.

CHOIX DE VALEURS ET INTERPRÉTATIONS DES PHÉNOMÈNES D’ACCULTURATION

L’acculturation est aujourd’hui un phénomène universel et marque de différentes manières l’évolution d’une culture. Dans le cadre de cette recherche, nous nous attachons à présenter brièvement deux aspects opposés de !’acculturation des arts martiaux japonais en Occident. Caractérisé par le rejet de certains traits culturels relatifs à la notion de do, le premier pôle a donné naissance à la dimension sportive. De l’autre côté, on assiste à un phénomène qui se qualifie de traditionnel et où l’on assimile, préserve et diffuse à l’inté- rieur même de la culture réceptrice, des arts martiaux fortement empreints d’éléments culturels japonais, dont la prédominance est mise sur les systèmes de valeurs, de normes, etc., issus de la tradition religieuse japonaise. Parmi les termes employés pour décrire ce deuxième phénomène d’acculturation, une certaine critique s’impose concernant l’utilisa- tion du mot « assimilation », car ce mot émet l’idée d’un certain conformisme.

En effet, pour explorer la dimension spirituelle des arts martiaux japonais, nous faisons usage d’une définition de la culture qui se limite aux traits caractéristiques de chacun des phénomènes observés. C’est dans ce contexte que nous pouvons justifier 1’utili- sation du terme « assimilation », pour décrire de façon générale un phénomène d’accultu- ration relié à la notion de do et l’idée d’une conformité à la tradition japonaise qui s’en dégage.

Cependant, si l’on examine ce même phénomène en utilisant, par exemple, une définition qui présente la culture comme un ensemble de situations d’acculturation choisies et réinterprétées, on peut vraisemblablement critiquer l’emploi du terme « assimilation » et avancer l’idée que les traits culturels reliés à la notion de do ne sont pas « conformes » à la tradition japonaise, mais qu’ils sont plutôt choisis et réinterprétés43 44. C’est tout partial- fièrement cet aspect que nous souhaitons souligner, car tout au long de cette recherche, nous remarquons que le discours général sur la dimension spirituelle des arts martiaux japonais en Occident que les auteurs qualifient de « traditionnel », avec cette idée de « conformisme », est, à notre avis, un discours construit en fonction de choix individuels et soumis à de multiples réinterprétations: un véritable caphamaüm où il est souvent difficile de faire la différence entre ce qui traduit une image objective de la culture japonaise et tout simplement la vision de l’auteur. En voici deux exemples : le premier

concerne le taoïsme et le second s’intéresse au zen.

Dans son ouvrage sur le «kyudo Michel Martin, un adepte qui véhicule une vision traditionnelle de cet art martial en Occident, présente une multitude de renseigne- ments techniques et théoriques, notamment en ce qui concerne les rapports entre la tradition religieuse japonaise et le kyudo. Dans son exposé, l’auteur fait une distinction entre philosophie et religion. Il regroupe dans le champ des philosophies, le taoïsme, le

43 Dans l’une des caractéristiques de l’acculturation, on mentionne: «Les emprunts culturels se font rarement en l’état. La société «réceptrice »réinterprétera souvent le trait culturel emprunté en fonction de ses propres valeurs et lui attribuera des significations différentes de celles qu’il avait dans la culture d’origine. Réf.: ÉTIENNE, Jean et al., op.cit., p. 5.

44 MARTIN, Michel. Kyudo, un tir, une vie, Paris : Éditions Amphora, 1990, p.51. Le mot kyudo, littéralement, veut dire « Voie de l’arc ».

confucianisme et le zen et, dans le champ religieux, le chamanisme, le shintoïsme et le bouddhisme45. Or, en cherchant des éléments de justification à cette classification, le seul commentaire que nous ayons trouvé est le suivant :

«Le shinto est une religion exclusivement japonaise et un Français récitant des incantations en japonais aux dieux du vent et de la pluie, cela sonne faux. Par contre certains courants, que l’on ne peut définir comme religieux, sont par essence universels: le taoïsme et le zen en font partie.46 »

Portons notre attention sur le taoïsme. Pour Martin, ce n’est pas une religion47. Histoire de vérifier cette position et sans pousser très loin !’investigation, juste en prenant le Petit Larousse illustré48, on peut lire que le taoïsme est <׳<· la religion populaire de la

Chine ». En consultant un livre sur les religions49, on peut encore lire que le taoïsme est

une religion. Enfin, en examinant la manière dont Shipper expose le taoïsme dans l’Ency-

clopaedia Universalis50, on en arrive à la même conclusion. Nous arrêtons là cette inves-

tigation en posant les questions suivantes : qu’est-ce qui permet à Martin d’affirmer du taoïsme qu’on «ne peut [le] définir comme religieux »Ί Qu’est-ce qui justifie pour Martin l’emploi de la philosophie comme champ théorique pour définir le taoïsme? Les réponses appartiennent au domaine de la spéculation. Nous sommes d’avis qu’il s’agit, en

45 Id., p. 59. 46 Ibid. 47 Ibid.

48 Petit Larousse illustré en couleurs, op. cit, p. 987.

Dans le document Le syndrome perroquet. (Page 50-54)