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NITOBE, Inazo, op cit.

Dans le document Le syndrome perroquet. (Page 75-80)

EXPLORATION THÉORÉTIQUE DU PHÉNOMÈNE CULTUREL ET RELIGIEUX DES ARTS MARTIAUX JAPONAIS EN OCCIDENT

88 NITOBE, Inazo, op cit.

89 Sport et management, de l’éthique à la pratique (dir. par Alain Loret), Paris : Éditions Revue C.P.S., p. 44.

90 GUILLOT, René et TESSON, Michel. Le karaté, aspects du karaté-do, Paris : Éditions médicales et universitaires, 1977, p. 154-177.

En somme, la réflexion s’est développée vers une conception sportive et pour en régulariser le comportement, on y a intégré une dimension éthique dont les principes fondamentaux se résument au respect des règles, de l’arbitre et de l’adversaire91.

Pourtant, la réflexion théologique dans le domaine du sport en général existe, mais sporadique, elle n’a pas su s’imposer, de manière générale, dans les mentalités occiden- taies92. Par exemple, comme le souligne Éric Volant: « Ce que nous poumons appeler très

maladroitement une “théologie” du sport est encore à faire entièrement. En ce domaine, les théologiens sont encore à leurs premiers balbutiements et leur pensée est peu structurée.93 » En somme, en Occident, on utilise la notion de « sport » pour indiquer, en terme de valeur suprême, la finalité orientant la pratique de ce qu’on appelle communément les sports de combat.

Donald Guay donne une définition assez exhaustive du sport94 dont nous n’avons retenu ici que les conclusions:

91 D’AMOURS, Yvan et THÉRIAUX, Germain. La sécurité dans les sports, prévention des blessures et premiers soins, Québec : Gouvernement du Québec, 1985, p. 30; RÉGIE DE LA SÉCURITÉ DANS LES SPORTS DU QUÉBEC, L’esprit sportif, ça compte! Guide d’animation de discussions sur l’esprit sportif pour les entraîneurs, Québec : Gouvernement du Québec, 1985, 8 p.; RÉGNIER, Guy, Vos enfants et le sport, En sortent-ils vraiment gagnants?, Montréal : Éditions de l’Homme, 1989, 194 p.

92 À ce sujet, retenons par exemple l’ouvrage de Maurice BOUTIN, Éric VOLANT et Jean-Claude PETIT, L’homme en mouvement, le sport, le jeu, la fête, sociologie, philosophie, théologie, Montréal : Fides (Théologie Héritage et Projet n° 17), 1976, 210 p. On y trouve à la fin une bibliographie sélective et critique à l’intention particulière des théologiens.

93 VOLANT, Éric, « Le sport: perspectives théologiques » in BOUTIN, Maurice et al.., id., p. 64. 94 II existe de nombreux ouvrages sur l’origine et le développement du sport. Parmi ceux-ci retenons, entre autres, La fabuleuse histoire des jeux olympiques été-hiver, de Guy LAGORCE et Robert PARIENTE (Paris : Éditions O.D.I.L., 1972, 704 p.) et Le phénomène olympique, de Gaston MEYER (Paris : Éditions de la Table Ronde, 1960, 322 p.)

« [...] il ressort que la nature du sport est élitique. Le produit de la

rencontre sportive est de toute évidence la victoire, la performance, le record, le champion; c’est l’objet même du sport. Si la participation sportive est en príncipe accessible à tous et à toutes, le caractère compétitif du sport conduit rapidement les concurrents à être sélectionnés, puis éliminés, car un seul peut être champion. Champion local, champion mondial. Ce cheminement progressif fait partie de la logique du sport et exprime bien sa nature élitique. La compétition classe les concurrents selon une hiérarchie rigoureuse dont le sommet représente la valeur sportive suprême exemplaire.

Participation, compétition, sélection, élimination, champion, telle est la chaîne écologique du sport, la logique sportive.95 »

On peut donc dégager qu’à la logique des sports de combat occidentaux consistant à vaincre l’autre pour s’élever et pour mieux vivre, la tradition orientale propose un tout autre type de « logique », également accessible à tous, qui consiste plutôt à « se vaincre soi-

même96 », de manière à donner un sens plus profond à cette même idée qui est de vaincre

pour s’élever et pour mieux vivre.

1.2.2 Une définition opératoire du concept de culture

Il est bien évident que d’un point de vue intégral, cette brève distinction quant aux finalités proposées par les arts martiaux et les sports de combat n’est qu’une vision caricaturale du phénomène qui les englobe. Les arts martiaux et les sports de combat actuels présentent des caractères beaucoup plus complexes. Cette brève comparaison nous permet, cependant, de mettre en évidence le fait que tous ces systèmes de combat, qu’ils

95 GUAY, Donald. La conquête du sport, Le sport et la société québécoise au XIXe siècle, Québec : Lanctôt Éditeur, 1997, p. 28.

soient originaires (!Occident ou d’Orient, ainsi que les diverses finalités qu’ils proposent, sont des créations culturelles.

Il conviendra donc ici de définir le concept de « culture », ce qui n’est cependant pas une tâche simple, car ce concept revêt de multiples usages et significations. Pour les fins de la présente recherche portant sur un phénomène de la culture japonaise, nous utiliserons la définition que propose Guy Rocher et qui peut s’insérer dans le courant de pensée qu’est le culturalisme.

Ainsi, en s’inspirant de Tylor, de Durkheim et de plusieurs autres, Rocher définit la culture comme étant:

«[...] un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d’agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent, d’une manière à la fois objective et symbolique, à

constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte91. »

Après avoir présenté cette définition, Rocher en reprend chacun des éléments constitutifs et en donne une explication assez détaillée, de manière à mettre en lumière les caractéristiques principales qu’anthropologues et sociologues s’entendent pour reconnaître à la culture98. Parmi ces explications, quelques-unes nous intéressent davantage.

En effet, selon ce sociologue, la culture forme un véritable « système » cohérent de rapports où il est possible, en jetant un regard objectif sur l’ensemble de ses modèles culturels, de reconnaître et de distinguer une culture par rapport à une autre. Cela

97 ROCHER, Guy, op. cit., p. 88. Ibid.

s’explique par le fait que la culture remplit différentes fonctions dont celle, au plan psychologique, de « moulage » des personnalités. Sans être d’une rigidité absolue, ce moule propose ou fournit, selon Rocher: «des modes de pensée, des connaissances, des idées,

des canaux privilégiés d’expression des sentiments, des moyens de satisfaire ou d’aiguiser des besoins physiologiques, etc»

En présentant des exemples concrets, Rocher précise encore que ce moulage des personnalités ne vaut pas qu’entre les personnes, mais aussi entre les cultures:

«[...] l’enfant qui naît et grandit dans une culture particulière (nationale, régionale, de classe, etc.) est destiné à devoir aimer certains mets, à les manger d’une certaine manière, à relier certains sentiments à certaines couleurs, à se marier selon certains rites, à adopter certains gestes ou certaines mimiques, à percevoir les « étrangers ׳״ dans une optique particulière, etc. Le même enfant, s’il avait été déplacé dès sa naissance et soumis à une autre culture, aurait aimé d’autres mets, mangé d’une manière différente, se marierait suivant d’autres rites, ne recourrait pas à la même mimique et percevrait autrement les mêmes étrangers.10° »

Et il s’empresse d’ajouter que le moulage qu’impose la culture est assez souple pour pouvoir supporter une grande variété d’adaptations individuelles, mais toujours à l’intérieur de limites précises:

«[...] franchir ces limites, c’est devenir marginal à la société dont on est membre ou c’est sortir de cette société et passer à une autre. Surtout, cette flexibilité n ’empêche pas que la culture moule la personnalité aussi bien par les choix qu’elle autorise et les variantes qu’elle offre que par les contraintes qu ’elle impose; une culture offre un choix entre des modèles, des valeurs, des significations symboliques, mais ce choix n’est jamais

99 Id., p. 93.

Ibid.

illimité; il se restreint à certaines options possibles, il ne s’étend pas à toutes et encore il en privilégie toujours certaines plus que d‘autres.101 »

Enfin, Rocher conclut ses explications en affirmant que « la culture informe la personna-

lité, dans le sens qu ’elle lui confère une forme, une configuration, une physionomie qui lui permet de fonctionner au sein d’une société donnée.102 103 »

1.3 DOMAINE DE LA RECHERCHE: L’ACCULTURATION DE LA

DIMENSION SPIRITUELLE DES ARTS MARTIAUX JAPONAIS EN

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