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Une solidarité et une lutte contre les préjugés

moteurs de la communauté sourde

1. Les fondements du militantisme sourd du XIXe siècle

1.2 Une solidarité et une lutte contre les préjugés

Les efforts des militants sourds français, depuis les années 1830 et tout au long du XIXe siècle,, reposent sur un impératif constant : celui de permettre aux Sourds de disposer d’une place dans la société, et de ne plus être en butte aux préjugés sociaux. Pour cela, les militants semblent s’appuyer sur une solidarité déjà existante au sein de la communauté, entrevue au travers les écrits de Pierre

Desloges qui a démontré l’importance de la solidarité entre sourds afin d’éviter de connaître le sort des sourds isolés des campagnes, et de pouvoir survivre du mieux possible face à ces préjugés qui freinent leur insertion dans la société.

Ainsi, le militantisme sourd officiel, avec la constitution de la Société Centrale des Sourds-Muets en 1836 repose effectivement sur une base pré-existante de solidarité de la communauté. La naissance de la nouvelle société de sourds permet justement à la communauté de disposer d’un interlocuteur officiel auprès des autorités. L’interlocuteur privilégié de la Société Centrale des Sourds-Muets est Ferdinand Berthier (1804-1886). Or, c’est aussi celui qui a mis en place les jalons d’une certaine forme de militantisme social, en faveur de la communauté, et de lutte contre les préjugés, au travers de nombreux ouvrages et de son enseignement, où il s’est particulièrement attaché à démentir les premières impressions extérieures, souvent teintées de préjugés. L’évaluation réalisée sur le jeune Joachim Ligot (1841-1899), considéré à l’époque comme idiot reste une exemple fameux. Il s’avérera finalement l’un des penseurs de la communauté des années 1880-1890 après avoir reçu une instruction par Ferdinand Berthier celui-ci ayant fait retarder sans cesse son renvoi dans sa famille106

Ainsi, le travail des enseignants sourds qui se présentent comme des modèles à suivre pour les générations suivantes, représente une forme de militantisme,. Or, le versant militant de l’enseignement sourd s’est particulièrement occulté entre 1850 et 1880, avec une nouvelle génération d’enseignants qui se considèrent désormais comme des personnes en charge d’une fonction : éduquer et rien d’autre. La disparition de ce versant militant du professorat sourd semble avoir été l’une des causes de la facilité de l’adoption de la nouvelle méthode éducative, la méthode orale pure, qui abolit celle qui était en cours depuis un siècle.

Une volonté d’égalité ancienne

Ce combat contre les préjugés semble apparaître avec le développement de l’école des sourds-muets de l’Abbé de l’Epée. Ainsi, on peut estimer que le premier texte qui marque l’amorce de cette lutte est cette lettre de Pierre Desloges, envoyée au Mercure de France, en décembre 1779, et reproduite dans le Journal encyclopédique où il déplore les réactions consécutives à la publication de son ouvrage :

Henri GAILLARD, « Joachim Ligot », Journal des Sourds-Muets, N°82, 15 août 1899, p. 352

« Plusieurs personnes paraissent surprises que je me sois donné l’épithète d’auteur étrange, d’espèce singulière. Elles ignorent qu’il n’y eut jamais d’écrivain dans une situation pareille à la mienne. Je vous fais juges, messieurs. Sourd Muet depuis l'âge de sept ans, abandonné à moi-même et n’ayant reçu aucune instruction depuis cette époque où je savais seulement lire et un peu écrire ; venu à Paris à vingt et un ans, mis en apprentissage contre le gré et l’avis de mes parents qui me jugeaient incapable de rien apprendre ; obligé de chercher de l’ouvrage pour subsister ; sans appui, sans protection, sans ressource, réduit deux fois à l'hôpital, faute d’ouvrage ; forcé de lutter sans cesse contre la misère, l’opinion, le préjugé, les injures, les railleries les plus sanglantes de parents, d’amis, de voisins, de confrères qui me traitent de bête, d’imbécile, de fou qui prétend faire le raisonneur et d’avoir plus d’esprit qu’eux, mais qui sera mis quelques jours aux Petites-Maisons, voilà, messieurs, la situation de l’étrange auteur sourd-muet, voilà les encouragements, les conseils qu’il a reçus. C’est dans ces circonstances, les outils d’une main, la plume de l’autre, qu’il a composé ces observations, etc.…» 107

Cette lettre est révélatrice du sentiment qui domine chez les Sourds qui ont osé sortir de l'état où ils sont supposés rester. La confusion entre la surdité et l’idiotie est assez répandue, au point qu’elle est fortement ressentie comme une injustice et une blessure. Ainsi, on comprend pourquoi l’une des premières actions des militants sourds a été de mettre fin à la confusion entre l’idiotisme et la surdité, qui est l’un des préjugés les plus anciens et les plus répandus. En effet, on retrouve trace de ce préjugé dans l’Antiquité, avec les propos du philosophe Aristote, dans son Res Publica, où il considère les personnes sourdes comme des individus dénués d’intelligence . 108

Ensuite, les penseurs sensualistes comme Condillac et Diderot émettent l’idée d’une hiérarchie des sens, où l’importance est accordée à l’audition, puisque c’est par cet organe que passe tout le savoir humain, et donc la civilisation, par rapport à la vue qui ne semble pas pouvoir capter toute l’abstraction de ce savoir . Par cette dichotomie de la vue par rapport à l'ouïe, une réflexion s’est 109

développée sur l’importance de la parole dans l’éducation des enfants sourds, où justement la langue des signes est considérée comme inférieure aux langues parlées, puisque qu’elle repose sur la vue. De là, on assiste à une évolution au sein de l’Institution des sourds-muets de Paris, où, avec la mort de l’abbé Roch-Ambroise Sicard en 1822, s'ouvre une période d’instabilité durant une dizaine d’années jusqu’à l’arrivée du premier directeur laïc de l’institution, Désiré Ordinaire, médecin et adepte de la phrénologie.

Pierre DESLOGES, Lettre au rédacteur du Journal encyclopédique de Bouillon. Février 1780, p 463

107

Andréa BENVENUTO, « De quoi parlons-nous quand nous parlons de "sourds" ? », Le Télémaque, 2004/1 n° 25, p.

108

78.

Andréa BENVENUTO, Qu’est-ce qu’un sourd ? De la figure au sujet philosophique, p 16-18

Or, entre 1827 et 1831, ce dernier a piloté une expérimentation éducative des enfants sourds, au sein des écoles communales, afin de leur préparer une certaine éducation, avant que ces enfants ne soient intégrés à l’Institution des sourds de Nancy. Cette expérimentation a été concertée avec le directeur-fondateur de cette école, Joseph Piroux (1800-1885). Pour ce dernier, l’importance est accordée, non pas à la langue des signes, mais à l’acquisition du français, considéré comme le seul véhicule civilisateur. Mais pour lui, les Signes Méthodiques restent le meilleur moyen pour pouvoir accéder à la civilisation française. On assiste, là, à un processus de la colonisation des pensées, et du regard porté par les éducateurs sur les Sourds, considérés comme un territoire en friche, à coloniser.

Désiré Ordinaire, de son côté, semble avoir été recruté, par le comité de surveillance de l’institution royale des sourds-muets de Paris, pour justement avoir mené cette expérimentation. D’autre part, le président de ce comité, le Baron Joseph-Marie de Gérando, est connu en tant que philanthrope et également pour avoir entamé les premières réflexions anthropologiques, mais surtout, en tant que phrénologue. De Gérando considère, dans ses écrits, et plus particulièrement dans son ouvrage en deux volumes, De l’éducation des sourds-muets de naissance , que la parole doit être menée dans 110

l’éducation des enfants sourds, afin de faire entrer ces enfants dans la civilisation. De là, dès 1831, la priorité est d’accorder une place plus grande à l’éducation orale, et de rétrograder l’éducation par la langue des signes, à des élèves considérés comme idiots ou incapables de suivre une éducation orale. Par cette décision, on assiste à un processus qui comprend une structuration de la 111

communauté sourde, mais également l'émergence d'une argumentation qui puisse mettre à bas les préjugés et convaincre de l’utilité d’apprendre la langue des signes.

Les années 1840-1860 représentent une période où des actions sont engagées pour faire évoluer la société en faveur des Sourds, avec la présence de personnalités au sein des banquets, comme Alexandre Ledru-Rollin, Laurent de Jussieu, mais également l’artiste Léon Coignet qui a une grande influence sur les artistes sourds postérieurs. Cette présence de personnalités est rendue possible grâce à Eugène de Moglave, un littéraire républicain, proche de Ferdinand Berthier, qui s’est investi en faveur de la communauté. Ainsi, grâce à ses relations, et aux amitiés qui se sont nouées au cours des années 1840, la première étape de la lutte contre les préjugés est atteinte : le

Joseph-Marie de GERANDO, De l’éducation des sourds-muets de naissance, 1827, 2 vol.

110

Florence ENCREVE, Les sourds et la société française, pp. 137-156

droit de vote . Ce droit semble ne pas avoir été prévu dans les discussions préliminaires au sein du 112

conseil provisoire de la république, mais, grâce à l’intervention de Berthier et de Moglave, les sourds ont pu intervenir dans les décisions politiques, ce qui leur donne un certain poids électoral dont les hommes politiques doivent désormais tenir compte, plus particulièrement après la chute du Second Empire et la fin du suffrage censitaire. Ainsi, ce droit de vote, acquis en 1848, est suivi d’une candidature à la députation de Berthier. Cette candidature, qui est une première, semble avoir été faite dans l’optique, justement, de convaincre de l’absurdité des allégations sur l’intelligence des sourds-muets de naissance.

Un combat permanent contre les préjugés

Une réflexion de Joseph Piroux sur l’intelligence des sourds-muets non instruits a conduit à s’interroger sur leur degré d’intelligence, et par conséquent, sur leur capacité à comprendre les questionnements théoriques, et les enjeux philosophiques. Ainsi, il considère, après avoir réalisé tout un développement sur cette question, que les sourds-muets non instruits sont nettement moins intelligents que les aveugles. Cette réflexion a soulevé une indignation de la part des sourds instruits qui déplorant que les autres Sourds ne puissent se défendre par eux-mêmes, interviennent par conséquent en leur nom. Le débat entre Joseph Piroux et Claudius Forestier est l’illustration d’une antagonisme de vues sur les sourds-muets non instruits, et de la difficulté, pour quelqu’un de l’extérieur, de comprendre le fonctionnement interne de la communauté sourde qui lui semble hermétique.

Piroux estime, dans son journal, L’Ami du sourd-muet, que l’aveugle et le sourd-muet sont tous les deux privés de quelque chose. Néanmoins, le sourd-muet est surtout handicapé par son incapacité d’avoir un jugement moral alors que l’aveugle est bloqué dans son déplacement physique. Le sourd- muet non instruit est incapable de se sentir malheureux, n’ayant pas conscience de sa situation, alors que l’aveugle non éduqué peut être triste de son état , étant physiquement limité pour se déplacer. 113

Ainsi, il ne reconnaît pas aux sourds-muets non-instruits une capacité morale à distinguer le bien du mal, du seul fait du manque d’accès à l’éducation, et donc, au français écrit, langue de la civilisation. Cette distinction va entraîner une protestation de la part de Claudius Forestier

Anne T. QUARTARARO, Deaf Identity and Social Images in Ninetheenth-Century France, Washington, Gallaudet

112

University Press, 2008, p. 119-121.

Joseph PIROUX, « réponse du rédacteur », L’Ami des Sourds-Muets, n°6, mai 1839, p. 107.

(1810-1891), répétiteur et futur directeur de l’école des sourds-muets de Lyon en 1840. En effet, Forestier, dans une longue lettre de cinq pages, datée du 15 août 1839, où Piroux a inséré ses réponses, montre sa lassitude de ces discussions sans fin et de peu d’intérêt qui durent déjà depuis l’époque de l’abbé de l’Epée où l’on se demande s’il faut mettre les sourds-muets et les aveugles ensemble ou séparément dans deux institutions, afin que les sourds et les aveugles se complètent dans leurs infirmités. Dans ce débat, Forestier déclare:

«Nous voulions vous répondre sur-le- champ, mais nous n’aimons pas à nous amuser à opposer argument à argument, figure géométrique à figure géométrique. N’arrive-t-il que de telles discussions roulent éternellement dans un cercle ?».

On voit que Forestier ne souhaite pas entrer dans une argumentation théorique, qui tend invariablement à des discussions sans fin, sans réelle portée concrète. Il expose des faits où de nombreux muets ont pu épouser des entendantes. Il ajoute même l’exemple de deux sourds-muets non instruits, l’un qui est tailleur de pierre, et l’autre qui est cocher, qui ont réussi leurs vies respectives . 114

Cette présentation de faits concrets montre une confrontation entre une réflexion théorique sur les Sourds, et les faits qui contredisent cette réflexion. Pour Forestier, cette réflexion sur la supposée absence d’intelligence des sourds-muets non instruits offense ainsi les personnes qui se sont efforcées d'être dignes de leurs vies et les empêche même de pouvoir sortir de leur condition. C’est même une porte ouverte à de dangereuses dérives qui risquent de nuire à la communauté sourde, puisqu’elles laissent également supposer que toute éducation est inutile si l'on n'impose pas un apprentissage exclusif du français. Il serait ainsi vain de tenter d’apporter une pédagogie basée sur une éducation en langue des signes. Ceci équivaut tout simplement à faire admettre l’incapacité du

Noétomalalien à véhiculer tout savoir et signifie un rejet pur et simple de l’existence de cette

langue. Il termine avec une réplique disant qu’un sourd-muet non instruit vaut aussi bien qu’un sourd-muet instruit :

Claudius FORESTIER, lettre, L’Ami des Sourds-Muets, n°10, Septembre 1839, p 151

«En général, ceux qui n’ont reçu aucune espèce d’instruction sont plus gais, plus industrieux, plus communicatifs, plus expansifs que ceux qui en ont une incomplète.» 115

Cette réponse indique un élément fondamental sur la position des enseignants sourds-muets : l’oubli du fait qu’il y a une grande majorité de sourds-muets sans instruction qui vivent aussi bien que ceux qui ont une instruction incomplète et qui sont heureux. Forestier insiste sur le fait qu’un sourd-muet non instruit n’est pas obligatoirement un être grossier, mais que l’instruction incomplète en fait un être frustré, et pointe donc le danger d’une instruction incomplète.

Ce débat autour de l’intelligence des sourds-muets est l’illustration d’un climat particulier au cours des années 1830, avec l’influence de la phrénologie, dont le directeur de l’Institution des sourds-Muets de l’époque, Désiré Ordinaire, en est un adepte ardent, réalisant lui-même des analyses sur les élèves de l’école. Ainsi, on assiste à une certaine exaspération de la part des premiers militants sourds autour de la croyance en l’absence d’intelligence des sourds non instruits, et donc, par extension, de l’impossibilité pour eux de pouvoir comprendre de ce qui fait la société. Cette exaspération trouve son illustration dans la lettre de Clément Adolphe Gazan de la Peyrière 116

(1804- ?), fils du général d’empire Honoré Gazan de la Peyrière, et l’un des amis de Ferdinand Berthier et de Claudius Forestier, où il critique la Phrénologie :

«Pour ce qui est de l’auteur du Matérialisme et de la Phrénologie combattus dans leurs fondements, nul ne le félicitera avec autant d’affection de cœur que moi, d’avoir considéré déterminément les fonctions mentales du sourd-muet dans leurs rapports avec celles de l’entendant-parlant. C’est à quoi il est redevable de la facilité d’avoir découvert une erreur servant d’échelon à cette fatale chaine de principes spécieux, et, par conséquent, il a été à même de faire crouler en deux lignes tout l’échafaudage dressé par la longue médiation de ces pauvres philosophes».

Plus loin, Gazan enfonce le clou avec :

«Or, jamais ceux qu’a combattus M. L’abbé Forichon, n’avaient observé ni recueilli, chez nous, des faits, des phénomènes sur le point de vue de l’entendement, de manière à consolider leurs systèmes. Au lieu de vouloir s'éclaircir de bonne foi sur des matières semblables, on avait préféré examiner, de tous côtés, l’homme favorisé de tous ses sens, afin de mieux bâtir sur nous les hypothèses, d’où résulte la méprise grossière dans laquelle on s’enfonçait».

Ibid, p 151

115

Clément GAZAN DE LA PEYRIERE, « Correspondance », in L’Ami du Sourd-Muet, N°8, Aout 1842, pp 134-136

Dans ces écrits, Gazan proteste contre un schéma de réflexion élaboré en fonction de celui qui dispose de tous les sens, et donc, par rapport à la référence standardisée, de réfléchir sur le manque, la déficience de la personne sourde. Par conséquent, cette réflexion de la déficience biaise le regard sur ceux-ci, et il occulte ce que le Sourd est capable de faire de positif, alors que se concentrer sur le manque accentue la supposée noirceur d’âme des sourds-muets.

De son côté, Ferdinand Berthier écrit plusieurs lettres. Celle du 29 juin 1840 a été envoyée au rédacteur de L’univers, un journal parisien. Il y proteste contre la méconnaissance des maires des droits des sourds-muets au mariage117. Dans celle du 30 juin 1842 il revendique la capacité du sourd-muet à faire un testament, et son droit à se défendre au tribunal avec l’aide d’un interprète118. Il déplore les difficultés des Sourds à faire reconnaître ces droits, pourtant prévues par le législateur. Dans une autre lettre datée du 12 septembre 1842, il critique la décision d’un tribunal de Castel-Sarrasin, dans le Sud-Ouest, qui refuse à une femme sourde-muette non instruite le droit se se marier. Il explique en ces termes pourquoi il le déplore :

«Par quel motifs donc justifier le refus ? M. le procureur du roi craint que la sourde-muette ne comprenne pas les charges et les devoirs du mariage; mais qui prouve à ce magistrat que ses craintes sont fondées ? Il ne comprend pas le langage des gestes, personne ne le comprend dans l’audience, et le curé à qui l’on adresse demande un délai de trois mois pour se préparer.» ... «On marie le premier rustre de village pourvu qu’il dise oui, et il faut presque un diplôme de docteur au sourd-muet qui veut se marier.» . 119

Cette méconnaissance entraîne des difficultés et des situations grotesques où l’adjoint au maire refuse la cérémonie au motif qu’il faille exprimer oralement sa volonté de se marier, entre autres. Cette méconnaissance semble avoir freiné les mariages entre sourds, alors que dans le Code Civil, depuis 1804, une disposition précise qu’il est possible aux sourds de se marier, à la condition que l’un d'entre eux sache lire et écrire. Ce point démontre que les dispositions législatives sont loin d’être appliquées, et que des préjugés pèsent toujours sur les Sourds, en dépit de ces dispositions. Malgré certaines améliorations sociales, dans le domaine législatif, il existe encore de nombreux préjugés qui compliquent la vie des sourds-muets du XIXe siècle :

Ferdinand BERTHIER, « Lettre au rédacteur de L’Univers », L’Ami des Sourds-Muets, n° 7, Juillet 1840, pp.

117

143-144.

Ferdinand BERTHIER, « A Monsieur le Rédacteur », L’Ami des Sourd-Muets, n°7, Juillet 1842, pp. 109-110

118

Ferdinand BERTHIER, « A Monsieur le rédacteur du journal Le Commerce », L’Ami des Sourds-Muets, n°9,

119

« Les tribunaux, je le sais, ne refusent plus d’admettre les sourds-muets en témoignage, les maires les marient, les notaires reçoivent leurs déclarations ; ils peuvent acheter et vendre, tester, voter, contracter, exercer à peu près dans toute leur plénitude les droits de la vie civile… Mais n’existe-t-il plus à leur endroit aucun de ces préjugés qui sont à la fois pour celui qui en est l’objet, une injustice et une injure ?… Faute d’apprécier sainement l’influence qu'exerce sur les facultés de l’âme la privation de l’ouïe, ne leur dénie-t-on aucune qualité, ne leur attribue-t-on pas presque exclusivement des travers et