• Aucun résultat trouvé

Une réconciliation en trompe-d’oeil (1897-1920)

2.Un paysage associatif complexe et troublé 2.1 La difficile transition des années 1870

2.3 Une réconciliation en trompe-d’oeil (1897-1920)

En dépit de l’incident du banquet de l’Alliance Silencieuse, les efforts d'unification et de paix au sein de la communauté sourd vont grand train. Ainsi, à l’approche du second congrès de Paris, tout semble aller pour le mieux, comme si tous les espoirs étaient permis afin de montrer, enfin, que la communauté sourde française présente un visage unifié. Désormais, on assiste à une présence

s.n., Journal des Sourds-Muets, « Alliance silencieuse », janvier 1901, p. 14.

croissante des représentants des autres associations quand un banquet ou une conférence est organisé par une autre association. Cette représentation mutuelle est faite afin d’éviter de retrouver une situation semblable à la période 1880-1890 où chaque association reste de son côté, à l’image du défilé du centenaire de la mort de l’abbé de l’Epée auquel les deux principales associations ont rendu des hommages séparés.

Par conséquent, la Fédération des Sociétés est l’illustration de cette volonté d’apporter l'image d’une France Sourde unifiée. Mais, les premières fissures entre les sociétés apparaissent de nouveau, plus particulièrement entre l’Union, et les autres sociétés (Alliance, Appui et Amicale). Au moment des premières réunions de l’organisation du second congrès de Paris, les exigences des

Unionistes sont de plus en plus déplorées par les autres organisateurs. Un incident met rapidement

le feu aux poudres. Sous prétexte que l’Union Française des Sourds-Muets n'est pas placée au même rang que les autres sociétés organisatrices, ses membres déclarent vouloir se retirer. Or, la question centrale est justement la relation difficile entre Henri Gaillard et Joseph Chazal. Il semble que ce dernier veuille destituer Gaillard, et ainsi, le déchoir de son piédestal, oubliant et faisant oublier l'appel de Deschanel à la solidarité.

La Crise des années 1900-1905

Ainsi, en dépit de son influence sur la scène associative sourde, Gaillard n’a pu empêcher sa mise à l’écart, d’autant que sa vie privée devient de plus en plus chaotique. L’illustration issue du Réveil

des Sourds-Muets de mai 1901 est édifiante quant à l’état d’esprit de ses adversaires les plus 181

acharnés (voir Illustration II-8 page suivante). L’illustrateur de cette caricature, Antoine Varenne, y présente trois personnages. Tout d’abord, un pierrot triste, portant un seau probablement d’eau afin de nettoyer le sang, une femme coiffée d’une crête de coq, une allégorie de la France sourde, en langue des signes où l’on dit parfois France en signant le « F » qui roule, à la manière d’une crête sur le sommet de la tête, et la tête de Gaillard tranchée, tenue par l’oreille, qui est encore une directe allusion à la surdité, mais aussi à une punition de la part de la Marianne Sourde envers ce petit garnement qui perturbe la scène associative. La légende, qui déclare que le Silence est enfin rendu, est une allusion directe à sa mise à l’écart du Journal des Sourds-Muets, pour censurer ce personnage perturbateur et perturbant.

Antoine VARENNE, « Une exécution capitale, le jugement du Silence », Réveil des Sourds-Muets, mai 1901, p 38.

Cette scène, très forte visuellement, démontre l’extrême violence qui règne entre les associations ou les personnalités sourdes. Cette violence a éclaté durant les années 1901-1905, après une réconciliation de façade, principalement entre Henri Gaillard et le duo Chazal-Varenne en 1899. C’est dans ces années que Henri Gaillard a décidé de se retirer de la scène publique. Il n’écrit quasiment plus rien durant cette période, dans la presse sourde, et se consacre essentiellement à la rédaction d’ouvrages. Il faut savoir que son couple, à cette période précise, bat de l’aile, suite à une fausse couche survenue en 1901 qui a entraîné d’importantes difficultés financières, au point que Gaillard a dû demander une aide financière à la Société des Gens de Lettres de 250 francs. 182

Dossier Henri Gaillard, fonds Société des Gens de Lettres, 454 AP 166, lettre du 18 juillet 1901

182

Illustration II-8 : « Le Jugement du silence »

Source : Réveil des Sourds-Muets, mai 1901. Illustration II-9 : « Expulsion « manu-militari » d’un perturbateur ».

Avec ce que l’on peut représenter comme une chute de la part de Henri Gaillard, on assiste à un changement profond au sein de l’Association Amicale avec l’élection de René Hirsch à la présidence. Hirsch donne une nouvelle orientation à l’association, l’impliquant moins dans la question de l’éducation. Mais, durant sa présidence, de nombreuses polémiques font jour, opposant les partisans de Henri Gaillard, proches de la Société d’Appui à ceux de Hirsch de l’Association

Amicale, rouvrant là d’anciennes fractures que l’on pensait cicatrisées. Ainsi, les pages du Réveil

font allusion à cette polémique avec cette caricature montrant l’exclusion manu-militari d’Eugène Graff de l’assemblée générale de l’Association du 28 juillet 1901 . (Illustration II-9) 183

On assiste également à une sorte de rapprochement entre l’Association et l’Union française des

Sourds-Muets. Or, parmi les membres du bureau dirigeant de l’Union, on trouve la présence de

Joseph Chazal, celui-même qui est l’un des plus féroces adversaires de Henri Gaillard, mais aussi celle de l’un des partisans de l’éducation orale, Marcel Mauduit. Ainsi, après le départ de Henri Gaillard, et la rupture entre l’Association et ses partenaires de l’Appui et de l’Alliance Silencieuse, une profonde réorganisation des cartes se fait jour, avec une présence plus grande des partisans de l’éducation orale qui demandent, de ce fait, à moins s’impliquer dans la question de la place de la langue des signes.

On comprend mieux pourquoi, en 1905, il y a deux congrès parallèles à Liège qui apportent deux conclusions opposées à leurs débats. D’autre part, le fiasco du congrès de Paris semble également avoir impacté la réputation de la Fédération des Sociétés de Sourds-Muets. En effet, la séance houleuse du conseil d’administration du 25 septembre 1901 sur la question de l’organisation du 184

banquet annuel démontre la division entre les partisans de l’Association et ceux de la Fédération. Le compte-rendu de cette séance révèle des lignes de fracture entre les deux groupes, aboutissant au départ de l'Association de la Fédération, et à la fin de l’organisation d'un banquet annuel unique. Cet échec semble avoir fait avorter les efforts menés depuis 1894 pour donner à la communauté une représentation unique auprès des autorités. La colère se manifeste par voie de presse, plus particulièrement entre l’Echo et le Réveil. En voici un exemple, à propos du banquet annuel de l’abbé de l’Epée, le 24 novembre à Paris :

« Procès-verbal de la séance du 28 juillet 1901 », Réveil des Sourds-Muets, n°11, Septembre 1901, pp 61-62

183

« Compte-rendu de la séance du 25 septembre 1901 », Echo des Sourds-Muets, n°5, novembre 1901, p 2-3.

« Inutile d’en parler. Bagarres et disputes. Les petits morveux de l’Excellence en viennent aux mains avec les Iroquois du Grand Chef, tandis que le Nègre bat sa femme et que le Champagniseur va-t-en-ville et que son Young Brother demande par voie des annonces du Journal (1 fr. 25 la ligne le mercredi) une femme en mariage en proclamant qu’il a 600 000 francs de dot. » 185

Il semblerait bien que la soudaine défection de l’Association ait plongé le Paris Sourd dans un chaos sans nom, selon cet extrait, avec des désignations ironiques. En effet, « l’Excellence » désigne certainement Ernest Dusuzeau, pour son attachement aux préséances sociales, alors que le « Grand Chef » est probablement Joseph Cochefer par sa propension à tout régenter, quant au « Champagniseur », il s’agirait d’Emile Mercier et de son jeune frère, Henri, fils d’Eugène Mercier, fondateur des Champagnes Mercier. Cet extrait démontre une situation difficile qui a mis en suspens pour un temps la question éducative et la défense de la langue des signes. Henri Gaillard déplore le retour de ces divisions qui retardent le travail des militants, et surtout la concrétisation des résolutions du second congrès de Paris :

«Qu’on ne dise pas que ce Congrès a été inutile. Il n’est jugé inutile présentement que parce que nos divisions empêchent qu’il produise des fruits. Peu importe son organisation ! Peu importe même que tels ou tels furent à sa tête. Ce qui demeure, c’est qu’il remua beaucoup d’idées pratiques. Or, Paul Deschanel l’a dit, les idées sont les forces souveraines du monde. Les hommes et les faits leur obéissent. Mais les discordes retardent souvent le triomphe des meilleurs idées. Pourquoi les haines reprennent-elles parmi nous depuis un an ? Qui en est coupable ? » 186

La plupart des textes montrent que la cause principale de cette crise semble être une question de préséance dans l’ordre des représentations et de l’organisation des banquets. Cette affaire, en soi mineure, semble avoir entraîné des divisions durables au sein du mouvement associatif sourd. Or, comment comprendre qu’une affaire de préséance ait entraîné des divisions ? Tout d’abord, la vénérable Association amicale des Sourds-Muets de la Seine semble être en perte de vitesse en 1900 avec moins de 30 membres. Or, d’après le témoignage d'Eugène Graff, le président de l'époque aurait tenté de truquer les chiffres faisant passer le nombre de membres de l’association à plus de 70, ce qui lui donnerait plus de délégués auprès de la Fédération des Sociétés :

s.n. « L’anniversaire », Echo des Sourds-Muets, décembre 1901, p. 2.

185

Henri GAILLARD, « 1902 », Echo des Sourds-Muets, janvier 1902, p. 1.

« Je demande à M. Hirsch pourquoi il a trompé la Fédération des sociétés Françaises en mettant sur le bulletin de subvention le chiffre de 70 membres, alors que sur le registre de versement de 1900, je n'ai constaté que 27 membres seulement. » 187

Or, le fait que cette association ait moins d'adhérents ne lui donnerait qu’un seul délégué et donc, moins d’influence sur la vie associative sourde. L’affrontement entre Eugène Graff et René Hirsch réside sur cette affaire de manipulation de données, ce qui a conduit à la scission entre l’Association et la Fédération. La Fédération des Sociétés de Sourds-Muets tombe rapidement dans l’inertie, et on ne retrouve plus guère sa présence jusqu’aux années 1930, avec sa réactivation, en 1932. Ainsi, il semble qu’en dépit de la taille de l’Association amicale des Sourds-Muets de la Seine, qui est inférieure à celle de l’Appui, son départ entraîne un échec total de la tentative de réconciliation amorcée en 1893, et concrétisée en 1897 par la Fédération.

Or, un second élément permet également de comprendre ce souci de préséance sur la scène associative et la volonté de l’Association d’organiser coûte que coûte le banquet annuel. Il s’agit de s’instituer gardien de la tradition. D'autre part, la plupart des dirigeants de cette association proviennent, si l’on prend en compte leurs professions et leurs provenances sociales, de catégories sociales relativement élevées et bien rémunérées. Ainsi, dans l’esprit des dirigeants, comme René Hirsch, ou Ernest Dusuzeau en particulier, leur position sociale leur donne un droit de préséance, et donc autorité sur la communauté sourde. C'est ce qui explique, en partie, les causes de la crise de 1901-1909. Il s’agirait donc d'un conflit social au sein de la communauté sourde, s’inscrivant dans le climat social de l’époque en France, où ce type de rivalités va croissant. Ainsi, s’érigeant en une élite au sein de la communauté, les membres de l’Association semblent se constituer en gardiens de la mémoire.

Une analyse de Paddy Ladd, sur la communauté sourde anglaise actuelle laisse également 188

indiquer une division de la communauté sourde en deux catégories, en fonction des classes sociales, et d’une absence de classe moyenne qui ferait office d’amortisseur, et ainsi, éviterait des conflits sociaux au sein de la communauté. A la lumière de cette analyse, on constate, en effet, une division de la communauté sourde, au travers des associations, en fonction des classes sociales. Ainsi, à

Eugène GRAFF, « A propos de l’incident du 28 juillet 1901 », Echo des Sourds-Muets, n°6, décembre 1901, p. 3.

187

Paddy LADD, Understanding Deaf culture, pp 335-339.

l’image de la société française de l’époque, la communauté sourde est réellement traversée de conflits sociaux qui paralysent en partie son action militante :

« La Fédération, après le Congrès de 1900, aurait pu réaliser d’autres choses encore, si la division n’était brusquement survenue. Depuis ce moment néfaste, son effort est un peu diminué, d’autant qu’on ne recule devant rien pour annihiler sa marche. Pourtant, c’est grâce à l’intervention de la Fédération que les écoles de sourds-muets congréganistes ont dû de ne pas être être fermées brusquement avant que des mesures soient prises pour les remplacer. Et c’est la Fédération qui va mener campagne pour la création d’écoles régionales. La Fédération veille sur tout le mouvement silencieux et s’efforce d’assurer son unité d’action. C’est elle qui s’est inquiétée de la participation, n’importe comment, des muets français au Congrès international des sourds-muets de Saint-Louis. » 189

D’autre part, Henri Gaillard déplore la fondation d’une nouvelle société qu’il considère à ses yeux concurrente de la Fédération, l’Union Nationale des Sociétés de Sourds-Muets :

« On peut dire que l’Union Nationale a été fondée contre la Fédération, et cela saute aux yeux de prime abord. En effet, son président est un entendant-parlant, père, il est vrai, d’un sourd-muet, très actif sans doute, mais ignorant des signes. Le vice-président est également entendant, mais cette fois c’est un fils de sourd-muet, familiarisé avec les signes. Le reste de l’administration est sourd-muet. Sans contester l’intérêt qu’il y a pour les sourds-muets à faire appel au concours des entendants, on ne peut nier qu’une telle situation soit humiliante pour les sourds-muets français, et cela dans le parti même qui a fait du célèbre sourd-muet Ferdinand Berthier, qui n’admettait aucune ingérence des entendants dans les affaires silencieuses, son héros et son dieu. Il en ressort que, dans ce parti, il n’y a aucun sourd-muet capable d’administrer une aussi forte agglomération, et capable aussi de faire aboutir nos revendications. Et cela renforce les préjugés qui ont cours sur nous. Je suis persuadé que le Congrès international de Saint-Louis, où sont réunis les principaux silencieux du monde entier, et ceux très énergiques et très fier de la libre Amérique, sera d’accord avec moi que les sourds-muets doivent seuls diriger et défendre leurs propres affaires, que l’émancipation des sourds-muets sera l’œuvre des sourds-muets d’eux-mêmes, et qu’ils ne doivent demander aux entendants que leur appui, leur collaboration, dans la même mesure que les entendants se l’accordent entre eux, par simple fraternité humaine. L’Union nationale se distingue aussi de la Fédération en ceci qu’elle ne s’occupe que des sociétés de secours mutuels de sourds-muets. Pourtant, elle tend au placement de ses fédérés sans travail et prétend étudier les voies et moyens de faire donner l’instruction à tous les sourds-muets. Son président est M. Stéphan Prosper, le seul sourd-muet instruit et capable du groupe, et M.P. Collette de Baudicour, qui est d’ailleurs secrétaire général. » 190

Henri GAILLARD, Publication faite au Congrès International des Sourds-Muets de Saint-Louis (Etats-Unis), la

189

situation des sourds-Muets en France au début du XXe siècle, Paris, Echo des Sourds-Muets, 1904, p. 18.

Ibid., p. 18.

Cependant, on assiste, dès 1906-1907 à un semblant de réconciliation entre les sociétés, essentiellement parisienne, et donc, à une division moindre entre les sourds. L’exemple du banquet annuel de novembre 1906 en est l’illustration avec la présence de toutes les associations de Paris, avec cependant une précision : « avant que cette unification ne s’accomplisse, il y aura encore beaucoup à faire » . 191

Le retour de la question éducative (1909-1914)

Il y a beaucoup à faire, effectivement, plus particulièrement sur la question éducative. En dépit des déclaration de Bélanger, le mouvement associatif sourd a en partie délaissée les débats sur les méthodes éducatives depuis le fiasco du second congrès de Paris. La réconciliation des années 1906-1910 démontre une volonté restaurée. On assiste à un renouveau du courant noétomalalien où l’accent est porté sur une analyse plus précise des faits et des résultats de la méthode orale pure, une trentaine années après son adoption. Il est certain que ce courant est porté par les conclusions d’un rapport du psychologue Alfred Binet, publié en 1909, qui pointe les insuffisances de la méthode orale pure, le manque de suivi des anciens élèves, un isolement social fort, une incapacité à se décider seuls, et qui conclut, après la précision que la méthode orale pure peut apporter quelques éléments complémentaires, par une déclaration :

« Si réellement la méthode orale pure ne présentait aucune espèce d’avantage, elle ne se serait pas maintenue pendant trente ans dans l’enseignement. Mais nous croyons bien qu’on s’est trompé sur la valeur pratique de cette méthode. Elle nous paraît appartenir à une pédagogie de luxe, qui conduit plutôt des effets moraux que des effets utiles et tangibles. Elle ne sert point au placement des sourds-muets, elle ne leur permet pas d’entrer en relation d'idées avec des étrangers, elle ne leur permet même pas une conversation suivie avec leurs proches, et les sourds-muets qui n’ont point été démutisés gagnent aussi facilement leur vie que ceux qui sont munis de parole. » 192

Ainsi, ce rapport entraîne un retour des débats au sein de la communauté sourde, après une période de calme relatif, et ce, en dépit des dénégations des oralistes, comme Drouot, enseignant à l’Institution des sourds-muets de Paris, qui donne une contre-argumentation dans le Radical. Il pointe les insuffisances du rapport, comme le faible nombre de sujets étudiés alors que les deux psychologues auraient pu faire la demande d’avoir un plus grand échantillon. D’autre part, Drouot

s.n. « Le 194e anniversaire », Revue des Sourds-Muets, n°9, janvier 1907, p 142.

191

Alfred BINET, Théophile SIMON, « Etude sur l’art d’enseigner la parole aux sourds-muets », L’Année

192

explique que la méthode orale pure a pour objectif, non pas de faire comprendre les sourds par le plus grand nombre, mais d’être compris de leurs proches :

« Nous ne prétendons pas donner, grâces à elle, à ces malheureux la possibilité de se faire comprendre de tous; notre but est de les mettre en état de se faire comprendre dans leur milieu familial, amical et professionnel. Or, j’estime qu’ils y parviennent au moyen de la parole et de la lecture sur les lèvres beaucoup plus facilement que s’ils n’avaient à leur service que les signes seulement ou l’écriture. » 193

Ainsi, on assiste là, à une certaine évolution dans le discours des oralistes par rapport aux années 1880, qui ne consiste plus à prétendre que la parole peut tout réaliser. Les ambitions semblent être donc revues à la baisse. On constate d’ailleurs une tolérance croissante envers le noétomalalien au sein des écoles , qui n’est plus traqué et banni férocement. Cette tolérance, surprenante après la 194

position intransigeante des promoteurs de la méthode orale pure lors du second congrès de Paris, apporte un nouveau souffle au mouvement associatif sourd qui revient à la charge contre cette méthode, en se basant, cette fois-ci, sur des arguments scientifiques, et sur le témoignage de ceux qui ont vécu cette méthode de l’intérieur.

Le Congrès de Roubaix est l’un des exemples où la question de l’éducation des enfants sourds est loin d’être un débat terminé. En effet, les représentants sourds comme Ernest Dusuzeau continuent à combattre la méthode orale pure en déplorant les conséquences néfastes que cette méthode entraîne, au sortir de l’école, mais également décrivent la situation ubuesque qui existe dans ces écoles où,