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Un attachement linguistique ancien

moteurs de la communauté sourde

1. Les fondements du militantisme sourd du XIXe siècle

1.1. Un attachement linguistique ancien

L’attachement à la langue des signes est l’élément le plus fondamental de ce qui constitue l’action militante sourde. Cet attachement qui est présent dans toutes les communautés sourdes remonterait bien avant le début de la petite école de l'abbé de l'Epée fondée vers 1760. Desloges fait mention dans son ouvrage de cet attachement et de la fierté de disposer d’une langue:

«Semblable à un François qui verroit décrier sa langue par un Alemand (sic), lequel en sauroit tout au plus quelques mots, je me suis cru obligé de venger la miène (sic) des fausses imputations dont la charge cet auteur...» 93

En se comparant à un Français qui défend sa langue, Desloges se considère comme membre d’une communauté ayant le devoir de répondre aux critiques de l’abbé Deschamps qui voit en la langue 94

des signes un amas de gestes, sans cohérence grammaticale. Face à ces idées, Desloges affirme au contraire que c’est une langue riche et précise qu’il faudrait plusieurs volumes pour décrire . Ce 95

qui est intéressant dans la déclaration de Desloges, c’est que son regard sur la langue des signes est celui d’un utilisateur d’une langue et non celui d’un infirme de l’audition. Il se définit comme membre d’une communauté bien qu’il n’utilise pas ce terme clairement.

Pierre DESLOGES, Observations d’un sourd et muet, p 3 de la préface

93

Claude-François DESCHAMPS DE CHAMPLOISEAU, Cours élémentaire d’éducation des sourds et muets, Paris,

94

Frères Debure, 1779, 434 p.

Op. cit. , p 4 de la préface

Or, ce qui est frappant dans cette phrase même, c’est que cette revendication n’était pas supposée exister. Cela signifierait que la communauté sourde existait déjà à cette époque. Comme on l’a remarqué, cet attachement linguistique laisse supposer qu’il existe bel et bien une communauté. De surcroît, Desloges s’est estimé en droit d’agir afin de préserver sa langue des attaques de ceux qui la méconnaissent. Ce sentiment d’impérieuse nécessité de protéger, de contre-dire, d’agir en faveur du Noétomalalien de la part d’un ouvrier-relieur, ayant des difficultés à disposer d’un revenu convenable, et qui prend néanmoins du temps afin de militer en faveur de sa langue, éclaire sous un jour nouveau toutes les actions des militants sourds des siècles postérieurs. Si l’on compare cette déclaration à celle d’Ernest Dusuzeau (1846-1917), enseignant sourd mis à la retraite d’office en 1886 et bachelier en mathématiques, qui déclare, en 1912, à propos de la langue des signes :

«Les Français, les Anglais, les Allemands, les Russes, les Chinois ont une langue à eux. Et nous en avons une aussi à nous, le langage des signes ! Et nous devons en être fiers et d’autant plus que c’est une langue universelle.» 96

Dans cette phrase, la comparaison de la langue des signes et des langues orales est intéressante. Pour Dusuzeau, il s’agit tout simplement d’une langue à part entière, et il est légitime d’en tirer une fierté. Cette fierté, on la retrouve au travers de nombreux textes écrits par des Sourds eux-mêmes, tout au long du XIXe siècle comme ceux d'Eugène Née, Joseph Turcan, Henri Gaillard, Claudius Forestier, Victor-Gomer Chambellan, Claude Richardin, et surtout, dans les ouvrages de Ferdinand Berthier qui ont posé les fondements du militantisme sourd du XIXe siècle. Ces auteurs Sourds usent d’une argumentation semblable à celui de Pierre Desloges, alors qu’aucun lien n’est avéré entre le relieur sourd, et les premiers militants des années 1830, ce qui laisse supposer une transmission non écrite au sein de la communauté et de discussions informelles durant ce laps de temps. Effectivement, entre la disparition de Desloges, après 1794, et les premiers écrits militants de Ferdinand Berthier, dans les années 1830-1840, il s’est passé un demi-siècle où l’on assiste à une absence de toute forme de militantisme visible ou officiel. Or, l’apparition, que l’on qualifierait de soudaine, de ce militantisme en 1834 repose en fait sur un fondement pré-existant dont les écrits de Pierre Desloges ne sont qu’une partie visible.

Or, les auteurs extérieurs à la communauté qui s’intéressent aux Sourds, n’en font pas mention. Cela peut s’expliquer par la difficulté à comprendre cette fierté, qui semble inconcevable, d’autant que le statut de langue n’est pas accordé au Noétomalalien jusqu’aux travaux des linguistes

Ernest DUSUZEAU, «Rapport sur la Méthode orale et la méthode des signes», Compte-rendu des travaux du

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occidentaux des années 1960-1970 . Quelques observateurs extérieurs en font le constat, et souvent, s’interrogent sur le fait que cette langue soit bel et bien une langue. Ainsi, un journaliste de la ville de Genève, en Suisse, dans son article consacré au congrès de sourds-muets, en 1896 déclare :

«Mais il faut croire que les intéressés eux-mêmes considèrent cette parole qu’ils ne peuvent entendre comme une langue morte, difficilement apprise, jamais sue, tandis que le signe, le geste, est pour eux une langue vivante qui traduit sans effort toutes leurs pensées, tous leurs sentiments et les met en rapport avec leurs semblables les autres sourd-muets.» 97

Ce journaliste qui a assisté à ce congrès dont on analysera ultérieurement le contenu résume tout ce que les militants sourds ont déclaré. Par conséquent, cet attachement semble être beaucoup plus ancien, antérieur même à la fondation de la Société Centrale des Sourds-Muets, de 1836, qui a été créée dans l’objectif premier de défendre la langue des signes, et par la suite de préserver les Sourds des injustices sociales. Ce caractère de langue est lui-même reconnu, à reculons, par les enseignants oralistes, bien que la plupart entre-eux tentent de nier cette caractéristique :

"En somme les gestes constituent une langue spéciale dont je n'examine pas en ce moment la valeur propre, mais qui est très différente de la nôtre, si bien que dans la méthode mimique, on enseigne deux langues : la mimique et le français. La parole et l'écriture, au contraire, ne sont que des formes d'une seule et unique langue : le français."98

Par conséquent, l’attachement à la langue des signes, présent, au sein de la communauté sourde de Paris, depuis le début du XVIIIe siècle au moins selon les éléments connus actuellement, est le résultat de la conviction des Sourds d’être dépositaires d’une forme de langue, unique en son genre. Elle a entraîné la fondation de la Société Centrale des Sourds-Muets, en 1836, afin de permettre une représentation officielle auprès des autorités, à une période où cette langue semble être menacée.

La naissance de la Société marque le début officiel d’un militantisme sourd qui agit sur deux axes précis : l’égalité sociale et la défense de la langue des signes. Or, ce qui est inédit, c’est que ce sont les Sourds eux-mêmes qui conduisent ce combat, avec un objectif de sensibilisation de la société à la spécificité des Sourds. Auparavant, il semblerait qu’ils se sont reposés sur l’aura et la réputation

Max VELTINER, Le journal de Genève, 22 aout 1896, n°199, p 1

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Benoît THOLLON, « Réponse à Mlle Fernande Lyonnet », in GAILLARD, 3eme congrès international des

Sourds-98

de l’abbé de l’Epée jusqu’en 1789, puis de l’abbé Sicard entre 1790 et 1822 pour les défendre et les représenter auprès des gouvernements successifs. Leurs disparitions, et l’arrivée des gestionnaires laïcs comme Désiré Ordinaire, avec les évolutions culturelles de la société française au cours de la première moitié du XIXe siècle ont incité les Sourds à se structurer et à disposer d’un moyen de représentation directe, plus particulièrement afin de représenter la majorité non instruite de la communauté qui ne peut se défendre et donc réagir. Ainsi, les enseignants sourds, surtout de Paris, se sont mués, par la force des choses, en représentants de la communauté, et leur évolution fait apparaître une nouvelle catégorie sociale en son sein que quelques auteurs ont désigné «Sourds-muets d’élite». Par leur position sociale, et leur contact avec des personnalités officielles, les enseignants sourds de Paris occupent une place croissante, voire incontournable pour ceux qui veulent s’informer sur la spécificité des Sourds. Cette position incontournable va entraîner des difficultés de succession, quand le temps sera venu de les remplacer.

D’autre part, des tentatives d’initiation à la langue des signes ont été réalisées, de même que des efforts d’information auprès des personnalités entendantes comme Victor Hugo, Chateaubriand, Alphonse de Lamartine, Auguste Ledru-Rollin et bien d’autre encore . Ces relations ont été initiées 99

par l’amitié entre Ferdinand Berthier et Eugène de Mongalve, une personnalité littéraire des années 1820-1850 . L’objectif de ces tentatives est de réduire l’isolement social des sourds, en permettant 100

à des entendants de pouvoir communiquer avec eux, mais pas par écrit, puisque la majorité des Sourds n’ont jamais fréquenté les écoles. Or, c’est également un moyen de préserver la langue, en diminuant les préjugés qui pèsent sur elle, que de la faire accepter auprès des personnalités, et ce faisant, de la faire reconnaître en tant que langue digne de ce nom. Les comptes-rendus des banquets annuels en l’honneur de l’abbé de l’Epée, organisés par la Société Centrale des

Sourds-Muets, puis par la Société Universelle des Sourds-Sourds-Muets, démontrent ce souci constant de préserver

et de promouvoir cette langue. Ce souci doit être mis en relation avec le grand débat de l’éducation des enfants sourds.

Ce débat, en principe méthodologique, sous-tend en fait la question du statut de langue du

Noétomalalien, et par conséquent, de l’enjeu de sa reconnaissance officielle. Ainsi, tenter de la Aux origines du mouvement sourd, Ferdinand Berthier, CLSFB, Louhans; 1999

99

Le rôle de Eugène de Moglave est central dans la structuration associative sourde au cours des années 1830-1850, et

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à la reconnaissance de Ferdinand Berthier. Ce rôle a été étudié en détail par Florence Encrevé dans sa thèse Sourds et la

société française, édité en 2012 sous le titre de Les sourds dans la société française au XIXe siècle, chez Creaphis

promouvoir auprès du plus grand nombre, pas nécessairement sourd, permet de sortir du cadre de débat habituel lié à la surdité, puisque cette fois-ci, le Noétomalalien peut être pratiqué par tous, et par conséquent, devient une langue à part entière. Les militants sourds des années 1830-1870 mettent également en avant son caractère universel puisque les sourds des différents pays ne sont pas en difficulté pour se comprendre, à la différence des langues orales. Or, ce caractère universel correspond à un mouvement de réflexion qui va donner naissance à des tentatives de développement de langues orales universelles comme l’Espéranto, ou le Volapunk, dans les années 1880.

Ce caractère universel du Noétomalalien devient nettement moins évident à la fin du XIXe siècle par rapport au début de ce siècle, où justement la langue des signes de Paris a été la langue mère des différentes langues des signes locales, implantées entre 1770 et 1815, au fil des fondations des écoles pour sourds, sur le modèle de l’école de Paris. Le Noétomalalien parisien s’est progressivement fusionné avec les idiomes gestuels locaux, pour aboutir à des langues des signes nationales, tels que l’American Sign Language qui est le produit d’une fusion entre la langue des signes parisienne, et celle de Martha’s Vineyard qui serait elle-même issue du Vieux Langage des Signes du Kent, région d’origine des premiers colons de Martha’s , mais également des dialectes 101

locaux et d’immigration. Cela fait diluer le rêve d’un Noétomalalien universel, porté par la génération de Berthier, dans le réalisme des années 1880 où le nationalisme influe fortement les relations entre les communautés sourdes des différents pays.

Une revendication visible

Dans tous les pays, on constate ce fort attachement, et, plus encore en France où l’on a particulièrement conscience d’être la nation où sont nées, et la première école pour sourds et la première société de sourds, au monde. On affiche par conséquent cette fierté sur des supports papier sur des cartes de visites écrites en alphabet manuel, comme celle de Pierre Pélissier (1814-1863) , professeur à l’institution des sourds-muets de Paris et surtout poète remarqué par Lamartine. Cette carte de visite, provenant

Peter Webster Jackson, A pictorial history of the Deaf Britain, 2001, Deafprint Winsford, 337 p.

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Illustration II-1 : Carte de visite de Pierre Pélissier 
 Collection privée

de la collection privée d’un particulier, est l’illustration de la volonté des Sourds d’afficher leur fierté d’avoir une langue spécifique et d’en faire la promotion.

On retrouve de semblables cartes dans les années suivantes, avec celles d’Eugène Née (1863-1907) et d’Alfred Boquin (1850-1924). Ces deux cartes, de même que celle de Pierre Pélissier, provenant de la même collection privée, présentent un compromis entre le français écrit, et la dactylologie. Ainsi, cette volonté d’afficher a été présente jusqu’au début du XXe siècle, en dépit du bannissement de la langue des signes dans les écoles, décidée en 1880 et concrétisée dès 1882.

La carte ci-contre présente un stade supérieur dans cette volonté d’affichage. C’est celle de Jacques Brillet, Sourd résidant à Tours. Sa carte est intégralement «dactylographiée», ce qui fait penser que cette carte s’adresse en priorité à ceux qui maîtrisent l’alphabet manuel. Il est intéressant de faire remarquer que seules deux cartes comportent un tableau de transcription au dos, celles d'Eugène Née, et la carte de visite d’un sourd américain, Edward D. Wilson, de Philadelphie. Comme on le voit, les cartes de visite représentent la face visible de ce qui constitue un Sourd : une personne fière de sa spécificité linguistique, jusqu’au point de faire imprimer sa dactylologie sur les cartes, et cet attachement est

Illustration II-3 : Carte de visite de Alfred Boquin Collection privée.

Illustration II-2 : Carte de visite de Eugène Née
 Collection privée.

Illustration II-4 : Carte de visite de Brillet
 Collection privée.

Illustration II-5 : Carte de visite de Wilson
 Collection privée.

universel.

Réaliser des cartes de visites en dactylologie, et non en alphabet latin, représente clairement une revendication publique de son usage au quotidien. Le fait que parmi les titulaires ces cartes, figurent trois personnalités parmi les plus connues de la communauté sourde française de la Belle Époque, laisse penser que son usage était nettement plus répandu. Ainsi, on peut mettre en relation la présence de la dactylologie sur ces cartes, avec certains menus de banquets annuels qui sont intégralement dactylographiées comme ce menu du banquet annuel en l’hommage de l’abbé de l’Epée de 1899 organisé par une association des sourds de Touraine, ce qui laisse penser à une certaine volonté de réserver à leurs initiés l’accès au contenu, et donc d’apporter un sentiment d’exclusivité par rapport à ceux qui ne connaissent pas la dactylologie.

D’autre part, le caractère unique du noétomalalien semble avoir donné quelques idées à certains Sourds pour avoir un moyen de gagner leurs vies. Ainsi, outre les classiques cartes dactylologiées où l’entendant peut s’initier à l’alphabet manuel, il existe également des brochures, ou des sortes de dictionnaires visuels de poche, transportables aisément partout. Ces ouvrages de facture moyenne sont vendues par des colporteurs sourds.

Une brochure, retrouvée dans la même collection particulière, datant de 1874 et imprimée à Nice, dispose d’un contenu assez intéressant, puisque c’est un dictionnaire de poche. Il comporte 32 pages, présentant chacune deux signes, ce qui fait un total de 64 signes-mots parmi les plus usuels. Elle est vendue pour 50 centimes. Sa particularité est qu’elle n’est recensée jusqu’à présent dans aucun corpus linguistique, d’autant que cette brochure est l’unique exemplaire connu à présenter un vocabulaire de la langue des signes des années 1870, vingt ans après les éditions de Pierre Pélissier en 1856 , et de Josephine Bouland 102

Pierre PELISSIER, Iconographie des signes faisant partie de l’enseignement primaire des sourds-muets,

102

Paris, 1856, Imprimerie Paul Dupont, 53 p. (Consultable en ligne : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/ bpt6k131991f.r=pélissier.langFR (Lien vérifié le 25 juin 2014)

Illustration II-6 : Dictionnaire de signes, vendu par un colporteur, des années 1870.

en 1853 . Elle présente une certaine uniformité lexicale avec le dictionnaire d’un certain 103

Clamaron, publié dans la même décennie . 104

Dans cette brochure, on voit deux personnages, un homme et une femme, présenter la manière d’utiliser le signe, et une explication en français au dessous des personnages. Si l’on fait une analyse linguistique des signes présentés, on constate qu’il y a peu de changements par rapport aux signes actuels usités, alors que ce document provient d’une région récemment devenue française, ce qui indiquerait, au niveau linguistique, une diffusion ancienne de la langue des signes Française, au cours du XIXe siècle sur tout le territoire, y compris dans les régions non françaises antérieurement tels que la Savoie et Nice.

Le texte de présentation de la brochure, aux pages 1 et 2, tente de convaincre de l’intérêt d’apprendre la langue des signes. Il insiste sur son caractère universel, permettant également de pouvoir aider les blessés et les malades à pouvoir s’exprimer quand ils seront dans l’impossibilité physique de parler vocalement. D’autre part, on remarque une phrase intéressante, appuyant sur le côté ludique d’apprentissage de cette langue :

«Du reste, nous devons le dire ici les premières notions du langage des gestes telles qu’on les trouve dans le petit livre, ouvre un vaste champ à l’imagination et à la conception. Cela n’a rien de trop profond. C’est utile, c’est gai et amusant.»

Avec cette phrase, on voit une certaine conscience de la richesse linguistique de leur langue, de la part des Sourds de cette période. Cette phrase rejoint en écho les propos de Pierre Desloges :

«Ce langage est vif : le sentiment s’y peint; l’imagination s’y dévelope (sic). Nul autre n’est plus propre à porter dans l’âme (sic) de grandes et de fortes émotions». 105

On retrouve le même regard du Sourd, à un siècle de distance, sur la langue des signes. La distance temporelle et géographique entre les deux ouvrages laisse indiquer l’existence d’une transmission informelle entre les communautés sourdes des différentes villes. D’autre part, le fait qu’il y ait une

Josephine BROULAND, Explication du tableau spécimen d’un dictionnaire des signes du langage mimique,

103

Paris, Boucquin, 1855, 23 p.

J. CLAMARON, Alphabet dactylologique, Paris, 1872, 65 p.

104

Pierre DESLOGES, Observations d’un sourd et muet, p 16-17

relative uniformité dans le vocabulaire, sur deux localités distantes, et à des dates différentes, laisse penser qu’il y a eu une certaine diffusion de la langue des signes sur toute le territoire français, au gré des déplacements de frontières tout au long du XIXe siècle. Ce point doit être étudié plus en profondeur, en linguistique historique, puisque l’influence de la langue des signes de Paris, sur toute la France reste encore à mesurer. Ainsi, de nombreuses langues des signes locales ont une origine française, principalement à la période napoléonienne où ces territoires étaient annexés, et où des professeurs français avaient établi des écoles pour sourds, en y important la méthode parisienne et donc son vocabulaire.

Les exemples de Pierre Pélissier, natif de Toulouse, qui s’est installé à Paris, de Bonnefous, originaire de Bordeaux, et qui a fondé une école à Besançon, ou d’Henri Toulouse, natif de la ville de Toulouse et qui est resté à Strasbourg, même après l’annexion allemande de 1871, démontrent une certaine mobilité géographique ce qui pourrait permettre une diffusion de la langue, son