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Certains critères peuvent-ils nous permettre de définir, clairement, ce qu'est une communauté sourde ? Il n’y a pas de réel consensus théorique en ce qui concerne cette définition. De nombreux débats sont encore en cours, pour définir ce qu'est une communauté, ou une minorité . Paddy Ladd 19

explique la difficulté de trouver un consensus pour définir une communauté : 20

«But still a nagging voice holds us back. ‘What exactly are Deaf communi- ties? What exactly are the salient facts of their existence? Individual hearing-impaired people, that we can comprehend. But communities? And Deaf nations?’ Thus before we can begin the process of journeying in search of this mythical landscape called ‘Deaf Culture’, and the mythical inhabit- ants of ‘Deafhood’, we must first understand in which direction we must set out, and why all those millions of people walking around with hearing aids, some of them our own grandparents, are as far removed from the real- ities of Deaf community as Camelot is from Shangri La.»

«Mais là une voix lancinante nous retient. «Que sont exactement les communautés sourdes? Que sont exactement les faits saillants de leur existence? Des personnes ayant une déficience auditive, que nous pouvons comprendre. Mais les communautés? Et les nations sourdes? » Ainsi, avant de commencer le processus de cheminement à la recherche de ce paysage mythique appelée «culture sourde», et les habitants mythiques de 'Deafhood', nous devons d'abord comprendre dans quelle direction nous devons partir, et pourquoi tous ces millions de gens qui se promènent avec les appareils auditifs, certains d'entre eux nos propres grands-parents, sont aussi éloignés des réalités de la communauté des sourds que Camelot l’est de Shangri La.»

Par conséquent, la surdité habituelle, celles des personnes devenues-sourdes, est assez distincte de celle de la communauté sourde dont le vécu, le parcours, et donc, comme l’a noté Ladd, les faits

Bernard VOUTAT, René KNUESEL, « La question des minorités. Une perspective de sociologie politique. », Politix.

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Vol. 10, N°38. Deuxième triestre 1997. pp. 136-149 Paddy LADD, Understanting Deaf Culture, p. 32

saillants de leur existence sont très différents. La comparaison entre deux lieux mythiques issus de

deux cultures différentes, celui de Camelot qui est d’origine celtique et de Shangri La, issu de la mythologie bouddhique, est une excellente comparaison de la distinction fondamentale qui existe du point de vue d’un Sourd, entre un sourd et un Sourd.

Or, qu’est-ce qui définit une communauté à la base? Loin de trouver un consensus parmi les anthropologues et les sociologues, on peut retenir des critères basiques qui permettent d’identifier la présence ou non d’une communauté dans le passé. En 1964, Charles Wagley et Marvin Harris, anthropologues américains, ont listé ces quelques critères basiques de ce qui peut définir une communauté afin de comprendre la structure des sociétés tribales sud-américaines : 21

➡ Caractéristiques physiques ou culturelles ➡ Expérience d’une inégalité de traitement ➡ Pratique de l’endogamie

➡ Sentiment d’appartenance à un groupe ➡ L’adhésion non volontaire

Ces quelques points méritent une attention puisqu’ils permettent justement d’attester de l’existence ou non d’une communauté à un moment donné, et donc, d’avoir des éléments nécessaires pour pouvoir continuer plus en avant. D’autre part, le choix de ces critères, assez simples au premier abord, permet à un historien non formé à l’anthropologie de pouvoir ainsi confirmer ou infirmer, dans un premier temps, la présence des communautés, et dans ce cas, de la communauté sourde à la Belle Époque. Certes, il existe d’autres critères d’identification d’une communauté beaucoup plus poussés, plus précis, mais ils exigent une maîtrise d’analyse en anthropologie ce qui est loin d’être le cas actuellement avec la communauté sourde. Par conséquent, la grille Wagley-Harris est retenue dans ce cas pour pouvoir affirmer ou infirmer l’existence d’une communauté sourde à la Belle Époque, en France.

De la difficulté d’identifier une communauté sourde

En effet, en dépit de nombreuses études, en France, aux États-Unis et au Royaume-Uni, il est loin d’être aisé de trouver ce qui peut permettre de définir ce qu’est une communauté sourde. En effet,

Charles WAGLEY, Marvin HARRIS, Minorities in the new world, New York, Columbia University Press, 1958, 320

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les enjeux entourant ces études entraînent rapidement des crispations d’ordre idéologique, dues à l’opposition entre le regard médicalisé et le regard social et culturel. Cette opposition rend aléatoire toute possibilité de compréhension claire et objective de la présence d’une communauté sourde et des éléments qui ont conduit à son existence ou non.

Officiellement, pour la médecine, la surdité est un handicap et il existe des traitements pour pallier les effets de cet état. Mais, comme l’a clairement remarqué Harlan Lane, la surdité est un ensemble général qui n’éclaire en rien les caractéristiques des différentes surdités. Il n’y a rien de commun entre la surdité tardive d’une personne âgée, devenue sourde, et celle d’un enfant né sourd. Et encore plus dans le cas où l’enfant sourd est issu d’une famille de sourds. C’est pourquoi Harlan Lane insiste sur l’importance de la présence d’une ethnie sourde, afin de se démarquer du regard médicalisé de la surdité, et donc de sa distinction par rapport au mouvement des Disability:

«Priorities of the disabilities rights movement include better medical care, rehabilitation services, and personnal assistance services. Deaf people do not attach particular importance to any of these services and instead campaign for acceptance of their language and better more interpreters.»

«Les priorités du mouvement des droits des handicapés comprend une meilleure protection médicale, des services de réhabilitation, et des services d’assistance personnalisés. Le peuple sourd n’attache pas d’importance particulière à tous ces services et fait plutôt campagne pour l’acceptation de sa langue et pour avoir plus d’interprètes.» 22

Par conséquent, aux États-Unis, et au Royaume-Uni se développe toute une nouvelle réflexion qui a entraîné la naissance d’un nouveau terme : Deafhood. Ce terme, difficilement traduisible en français puisqu’il n’existe pas d’équivalent, peut signifier par le fait d’être Sourd, le sentiment d’appartenance, le typiquement sourd. Or, il s’oppose clairement au terme anglais Deafness (Surdité) qui va dans le sens de la déficience, du manque, d’un état physique inférieur.

Le concept de Deafhood insiste sur une inversion des valeurs concernant la surdité. Au lieu de la considérer comme une déficience, c'est la prendre comme un atout, ce que les Sourds anglo-saxons appellent le Deaf Gain, l’avantage sourd, et surtout, la fierté d’avoir une différence, le refus de la normalisation médicalisée. Mais, ce concept qui est en vogue aux États-Unis et au Royaume-Uni ne

Harlan LANE, «Ethnicity, ethnics» p 305.

semble ne pas avoir trouvé un écho en France. En effet les travaux de Bernard Mottez ont démontré l’existence d’un sentiment d’appartenance déjà présent en France :

«C’est là, d’une part, qu’on apprend à devenir un Sourd.» 23

Voici ce qu’a remarqué Mottez dans ce qui constitue la base de la vie de la communauté sourde. En effet, bien que la surdité soit un état physique, acquis ou inné, le fait d’être un Sourd passe obligatoirement par la fréquentation, non pas de ceux qui se considèrent comme handicapés, mais de ceux qui se disent Sourds, avec le grand «S». Le concept de Pi-Sourd montre bien que le fait 24

d’être sourd dépend fortement du vécu et de la culture reçue. Ainsi, le Pi-Sourd présente un regard culturel sur la spécificité sourde, alors que le regard médical ne le fait pas.

Or, le concept de Deafhood, aussi séduisant soit-il, n’est pas utilisable, en l’état en Histoire, par son aspect anachronique. En effet, ce concept s’est construit sur la notion d’opposition entre une communauté et la médecine. Cette opposition repose justement sur le phénomène de médicalisation croissante de l’éducation des enfants sourds dans la seconde moitié du XXe siècle. Bien que les médecins soient présents depuis Gaspard Itard (1774-1838) connu pour s’être occupé d’un enfant sauvage, Victor, et avoir mis en place les bases de l’oto-rhino-laryngologie, au sein des institutions de sourds-muets, c’est avec les progrès de l’orthophonie et de la technologie de l’amplification auditive que l’on assiste à des crispations croissantes de la part de la communauté sourde, plus particulièrement avec l’implant cochléaire. La crispation résulte du sentiment d’être en danger et de la crainte de voir la communauté disparaître du fait de l’absence de renouvellement de générations. Cette crainte a entraîné l’émergence du Deaf Power ou du Deaf Pride, à l’image des Black Power. Or, cette cristallisation est une caractéristique typique de la fin du XXe siècle, ce qui n’est pas transposable au début du XXe siècle, ou même au XIXe siècle. C’est pourquoi le concept de

Deafhood est un concept qui est approprié à ce contexte particulier de crispation, de médicalisation

de la surdité, et de la question de l’identité Sourde, sur l’influence du concept de défense postcoloniale des nations autochtones, le postcolonial nationhood.

Bernard MOTTEZ in Andréa BENVENUTO Les Sourds existent-ils ?, Paris, L’Harmattan, 2006, p 78.

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Il s’agit d’un essai de trouver un terme en français le concept de deafhood, le Pi-sourd est l’abréviation du

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typiquement sourd, et donc, de ce qui est caractéristique à la communauté, de ce qui la constitue, par rapport à l’idée de l’handicap auditif.

La question du concept de Deafhood en Histoire

Néanmoins, le Pi-Sourd nécessite que l’on soit effectivement sourd pour comprendre ce que peut vivre un Sourd. D’où la question qui est soulevée à propos des enfants entendants de parents sourds. Ces personnes, bien qu’entendantes, peuvent revendiquer le fait d’avoir une culture sourde qui est distincte du Pi-Sourd. C’est pourquoi la culture sourde peut se transmettre entre générations et englobe par conséquent les Sourds et leurs proches, plus ou moins influencés par cette culture. Pour l’anthropologue Edward Tylor, la définition d’une culture, c’est :

« Un ensemble complexe incluant les savoirs, les croyances, l’art, les mœurs, le droit, les coutumes ainsi que toute disposition ou usage acquis par l’homme vivant en société. » 25

Cela rejoint la position de Bernard Mottez :

«[…] une manière spécifique de sentir, de voir le monde, d’organiser sa vie et ses rapports aux autres et à l’environnement que partagent les membres d’un groupe en raison d’une condition sociale commune. » 26

Par conséquent, dans notre cas, on peut voir la présence d’une culture dite sourde, au même titre que les autres cultures. Sauf qu’elle s’est structurée en fonction de ses rapports avec la société dite entendante :

« Si la conscience d’une distinction entre deux identités, l’une sourde et l’autre entendante, c’est-à-dire deux mondes aux « us et coutumes » différents, est présente depuis plus d’un siècle, l’expression « culture sourde » émerge à une époque particulière et est utilisée par des acteurs définis » . 27

Or, le regard sur la culture sourde, entre les deux côtés de l’Océan Atlantique diffère. Pour les Sourds américains, il s’agit d’un élément qui englobe la personne dans son ensemble, alors qu’en France, on définit la culture, au sein de la communauté sourde, comme un élément personnel, qui fait la personne. Cela se reflète dans la langue des signes.

Edward TYLOR, Primitive culture. Researches into the development of mythology, philosophy, religion art and

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custom, Londres, Murray, 1871 in Nathalie LACHANCE, Territoire, transmission et culture sourde   : perspectives historiques et réalités contemporaines, Québec; Presses de l’Université Laval, 2007, p. 2.

Bernard MOTTEZ, Les Sourds existent-ils ?, Op. Cit. p 351

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Nathalie LACHANCE, Op. Cit p. 4

Cette conception de la culture donne une grille d’analyse sur la définition d’une communauté légèrement distincte, et par conséquent, les analyses faites sur la communauté sourde américaine des années 1990-2000 sont très difficilement transposables pour la communauté sourde française de la même période, du fait des conditions sociales et culturelles très différentes. Tout d’abord, par la facilité d’accès aux services, par l’accessibilité, aux États-Unis, d’où l’impression que ce pays semble être un paradis social pour les sourds français. En effet, pour les Sourds français, les États-Unis représentent le modèle de l’accessibilité sociale, avec une présence massive d'interprètes, de services de relais téléphoniques, financés non pas par les sourds, mais par tout le monde à travers une taxe spécifique de quelques centimes sur les communications téléphoniques.

Il est intéressant de faire remarquer que le Réveil Sourd, en France, s'est fait suite aux visites des délégués Sourds français organisées par Bernard Mottez entre 1977 et 1979 à l’Université Gallaudet de Washington, aux États-Unis,. En effet, frappés par tant de facilités dans la vie sociale des Sourds américains, les Sourds français prennent nettement conscience du contraste avec la vie sociale française : absence d’interprètes, pas de sous-titrages, difficultés sociales et professionnelles, dénigrement de la langue des signes.

Illustration I.1 : Le signe « Culture »

Source : N. Lachance, Territoire, transmission et culture sourde..., p 9. à gauche, le signe québécois et américain et à droite, le signe français.

Le poids de l’Histoire a imprimé sa marque sur les deux communautés, les faisant fortement diverger. Effectivement, l’impact de l’exclusion de la langue des signes dans les écoles de sourds, proposée lors du congrès pour l’amélioration du sort des sourds-muets, organisé à Milan en septembre 1880, et adoptée en France dès 1881-1882, est beaucoup plus dilué aux États-Unis où le choix repose plus sur les écoles qui peuvent toujours continuer à enseigner la langue des signes, alors qu’en France, les écoles voulant continuer à utiliser la méthode traditionnelle se voient souvent forcées de changer ou de fermer.

Il est vrai qu’aux États-Unis, l’éducation orale a failli cependant évincer la méthode traditionnelle au cours du XXe siècle, et l’influence de Graham Alexander Bell a entraîné une campagne de stérilisation des personnes sourdes , campagne qui a inspiré le régime nazi, entre 1933 et 1945 28

pour stériliser à son tour plus de 40 000 personnes sourdes, et ceci dans l’objectif d’empêcher le développement des familles sourdes . 29

L’impact de la réforme de Milan a donc été différemment ressentie du fait des divergences sociales, culturelles, mais également sur les choix des actions associatives sourdes tout au long du XXe siècle. Ces choix ont clairement influencé les analyses des chercheurs des deux côtés de l’océan. Cela peut expliquer pourquoi les analyses d’Harlan Lane sur l’ethnie sourde peuvent sembler surprenantes pour la France.

Les travaux du Britannique Paddy Ladd pourraient convenir dans la compréhension de cette spécificité. Effectivement, l’histoire de la communauté Sourde anglaise présente un aspect relativement proche de celle de la France, une interdiction généralisée de l’usage de la langue des signes dans les écoles des îles britanniques durant la même période . Mais, la limite de la théorie 30

du Deafhood de Ladd repose sur une analyse des oppositions entre la communauté sourde et la vision médicalisée de la surdité. Le Deafhood, c’est justement le droit à la différence, et le droit à se constituer comme une communauté, et au final de rejeter le postulat médical qui généralise la surdité comme un état physique : ne pas ou mal entendre.

Harlan LANE, « Do deaf people have a disability ?», in Dirksen L. BAUMAN, Open your eyes : Deaf Studies

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Talking , Washington, Gallaudet University Press, 2008, p. 286

Donna F. RYAN, «Deaf People in Hitler's Europe: Conducting Oral History Interviews With Deaf Holocaust

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Survivors», The Public Historian, Vol. 27, No. 2 (Spring 2005), pp. 43-52

Une analyse d’un film de promotion oraliste a été effectuée dans un carnet de recherches Analyse du film «Triumph

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Deafhood, c’est le fait que cet état physique, on l’a remarqué plus tôt, n’est pas généralisable, et que

l’usage d’une langue spécifique fait apparaître une nouvelle caractéristique culturelle : une communauté sourde qui n’est pas qu’un simple regroupement de personnes ayant des intérêts communs. La principale difficulté de l’utilisation de la grille de lecture du Deafhood en Histoire, c’est justement son opposition constante vis-à-vis de la position médicale qui est une spécificité de la pensée militante sourde depuis la seconde moitié du XXe siècle.

Comment alors, dans ce cas, utiliser cette grille de pensée pour pouvoir définir une communauté des temps passés, et dans notre cas, celle de la Belle Époque, antérieure d’un siècle, dont le contexte est justement celui d’une émergence de la médicalisation de la surdité ? L’argumentaire des militants sourds des périodes antérieures aux années 1920 est orienté sur la question de la place de la langue des signes et de l’égalité sociale du Sourd, alors que celui du XXIe siècle est particulièrement porté sur la question de l’intégrité physique et de la liberté de choix, dans un contexte où l’implant cochléaire entraîne des débats fortement polémiques, entre la communauté sourde et les médecins, mais également entre les Sourds eux-mêmes.

Il existe certes des débats et des discussions entre les Sourds et les médecins à l’image de la réponse de Ferdinand Berthier au médecin Gaspard Itard, en 1852 . Mais, fondamentalement, le combat des 31

militants Sourds du XIXe siècle tourne principalement sur la préservation et de la diffusion de la langue des signes, alors que ceux des années postérieures à 1970 se concentre sur le droit à la différence physique, et même à l’intégrité physique, face au développement de l’implantation cochléaire.

Par conséquent, le choix des critères de Wagley et d’Harris semble plus que pertinent, puisqu’ils prennent des caractéristiques les plus communes aux différentes communautés et minorités culturelles. Comme les deux chercheurs se sont particulièrement intéressés aux tribus de la jungle amazonienne, et aux groupements culturels d’Amérique latine, il est pertinent de prendre en compte les caractéristiques d’une communauté dite « première », afin d’observer les éléments constituant une communauté, avant qu’ils deviennent plus complexes. Avec ces éléments remarqués par Wagley

Ferdinand BERTHIER, Sur l’Opinion de feu le docteur Itard, Médecin en chef de l’Institution Nationale des

Sourds-31

Muets de Paris, relatif aux facultés intellectuelles des Sourds-Muets, réfutation présentée à l’Académie de médecine et des Sciences, Paris, Michel Levy frères, 1852, 108 p.

et Harris qui constituent, en reprenant un terme de la biologie, les « briques élémentaires » de la communauté, on peut ainsi comprendre ce qui constitue une communauté, et par extension, une communauté sourde.

En effet, bien que les recherches linguistiques sur la langue des signes ne s’y soient guère aventurées, il est fortement probable que la langue des signes française actuelle soit la fille d’une langue qui s’est développée à Paris, au cours des XVe-XVIIIe siècles, et qui s’est enrichie d’apports de signes monastiques , et de la dactylologie au cours des XVIIIe et XIXe siècle, avant de 32

connaître un fort repli entre 1880 et 1980, sur le coup d’une stigmatisation consécutive à l’adoption d’une éducation exclusivement orale. La langue des signes française a été une langue-mère pour de nombreuses langues des signes locales et nationales : American Sign Language (dès 1817), Langue des signes italienne (début XIXe siècle), Langue des signes brésilienne (mi-XIXe siècle), Langue des signes mexicaine (mi-XIXe siècle) pour n’en citer que quelques-unes . 33

Ainsi, les caractéristiques définies par Wagley et Harris, restant en dehors des débats qui parcourent la communauté sourde, peuvent apporter une analyse distanciée au possible, afin, comme on l’a