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Le capital social dans les configurations familiales

4.3 Les analyses

6.1.1 Le capital social dans les configurations familiales

Il s’agit ici d’observer les effets de composition des configurations familiales sur le capital social. J’ai fait l’hypothèse dans le chapitre « Problématique et hypothèses » que le type de liens de parenté (liens intergénérationnels vs « affinitaires ») (« H3 ») ainsi que le sexe des membres significatifs de la famille (« H4 ») s’associent à différents types de capital social. Pour tester ces différentes hypothèses, j’ai procédé à des analyses de variance (ANOVA). Le tableau suivant 6.1 affiche les scores moyens des six indices du capital social selon les six configurations familiales. Le test de Duncan indique – par des lettres de l’alphabet différentes – les scores moyens qui se distinguent significativement les uns des autres lorsque les modalités comparées sont supérieures à deux. Les lettres ici doivent être comparées en colonne (et non en ligne). Dans les grandes lignes, les résultats révèlent que le capital social varie significativement selon les configurations familiales

considérées. Observons pour chacune d’elles ce que les indices nous enseignent quant au volume et au type de capital social qu’elles produisent.

Taille Densité Réciprocité In-degree Out-degree Centralité % (N) Total 3.39 (1.73) 0.37 (0.29) 0.39 (0.33) 2.11 (1.67) 1.50 (1.35) 0.15 (0.22) 100% (563) Configurations familiales

Conjugal 3.50 (1.38) 0.46 (0.29) 0.45 (0.34) 2.26 (1.53) 1.58 (1.24) 0.15 (0.22) 39% (222)

(c) (a) (a,b) (b,c) (b,c) (a,b)

Fils 4.58 (0.70) 0.44 (0.25) 0.43 (0.23) 2.74 (1.58) 2.35 (1.62) 0.17 (0.18) 8% (43)

(a) (a) (a,b) (a,b) (a) (a,b)

Fille 4.55 (0.86) 0.34 (0.20) 0.35 (0.24) 2.34 (1.47) 1.65 (1.27) 0.12 (0.18) 11% (62)

(a) (b,c) (b) (b,c) (b,c) (b,c)

Fratrie 4.02 (1.13) 0.41 (0.26) 0.47 (0.32) 2.89 (1.64) 1.93 (1.36) 0.22 (0.24) 15% (87)

(b) (a,b) (a) (a) (a,b) (a)

Parenté 3.96 (1.09) 0.31 (0.23) 0.41 (0.36) 1.98 (1.57) 1.47 (1.16) 0.16 (0.25) 8% (45)

(b) (c) (a,b) (c) (c) (a,b)

Isolés 1.16 (1.76) 0.16 (0.28) 0.17 (0.32) 0.82 (1.45) 0.55 (1.03) 0.08 (0.19) 19% (104)

(d) (d) (c) (d) (d) (c)

F (5,557) 81.99*** 19.03*** 12.84*** 21.38*** 18.30*** 4.08**

Kruskal-Wallis 185.37*** 107.22*** 71.48*** 100.37*** 110.16*** 37.75***

Table6.1 – Indices du capital social par configurations familiales, F-test et Kruskal-Wallis test. Notes : ANOVA, Moyennes (Écart-types),: Test de Duncan, * p<0.05 ; ** p<0.01 ; *** p<0.001

Les configurations familiales de type «Conjugal » qui se composent du partenaire et des enfants du répondant affichent une taille plutôt moyenne (M=3.50 vs Mtot=3.39), avec des liens de soutien denses (M=0.46 vs Mtot=0.37) et réciproques (M=0.45 vs Mtot=0.39). Elles font partie des configurations les plus denses et les plus réciproques de l’échantillon. Quant à l’engagement du répondant, on observe que le nombre moyen de membres que le répondant soutient (Degré rentrant (In-degree): M=2.26 vs Mtot=2.11) et le nombre moyen des membres qui le soutiennent (Degré sortant (Out-degré): M=1.58 vs Mtot=1.50) ne dépassent que légèrement les moyennes de l’échantillon. Le répondant est donc moyennement actif dans les échanges mais aussi moyennement central, son score sur la centralité n’excédant pas le score moyen total (M=0.15 vs Mtot=0.15). Les pro-priétés structurelles de ce type de configurations (fortes densité et réciprocité, centralité moyenne du répondant) révèlent qu’il produit plutôt du capital social de type chaîne.

Ce résultat vérifie donc que, conformément à l’hypothèse « H3 », la présence du par-tenaire et des enfants dans la configuration tend à y densifier les liens d’interdépendance et de soutien. Il est probable que la réciprocité « généralisée » – qui caractérise généra-lement les liens conjugaux et intergénérationnels – ait contribué à tisser des liens forts d’interdépendance entre les divers membres de la configuration. Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, la « remise en couple » ne favorise pas l’émergence du capital social de type pont. Dans ce type de configurations en effet, le partenaire actuel est dans 58%

des cas issus d’un remariage, n’étant pas le parent (biologique) des enfants cités par le répondant. Par conséquent, la remise en couple – ou plutôt le remariage puisqu’il s’agit ici surtout de répondants mariés dans ce type de configurations – n’entraîne pas une plus grande centralité du répondant. Autrement dit, ce dernier n’est pas davantage amené à servir d’intermédiaire entre ses enfants et son partenaire que lors d’une première union. Il semblerait ici que l’engagement que représente le « mariage » suffise à consolider les liens

d’interdépendance entre les différents membres de la famille significative, qu’ils soient liés ou non entre eux par des liens de sang.

Les configurations familiales de type «Fils », qui incluent le fils, la belle-fille (femme du fils) et les enfants du fils, se caractérisent en moyenne par une grande taille (M=4.58 vs Mtot=3.39), une forte densité (M=0.44 vs Mtot=0.37) et forte réciprocité des liens de soutien (M=0.43 vs Mtot=0.39). Comme le révèlent les indices degré rentrant etdegré sortant, le répondant dans ce type de configurations est particulièrement actif : il donne en effet du soutien à plusieurs membres de sa configuration (Degré rentrant : M=2.74 vs Mtot=2.11) et en reçoit de la part d’un grand nombre (Degré sortant : M=2.35 vs Mtot=1.50). Le faible écart entre les membres soutenus et soutenants indique que le ré-pondant est actif autant dans la provision du soutien que dans sa mobilisation, ce qui est loin d’être le cas dans la plupart des autres configurations. En moyenne en effet, on note un décalage entre membres aidés et aidants, les premiers étant perçus par les répondants comme nettement plus nombreux que les deuxièmes (Degré rentrant=2.11 vs Degré sor-tant=1.50). Outre son engagement dans ce type de configurations, le répondant se perçoit comme moyennement central au sein des échanges, sa centralité excédant légèrement celle de l’échantillon (M=0.17 vs Mtot=0.15).

Au vu de la forte densité et réciprocité des liens de soutien, les configurations fami-liales «Fils » produisent, à l’instar des configurations «Conjugal », du capital social de type chaîne. Comme je l’ai postulé (« H3 »), la présence des enfants et celle des petits-enfants renforcent les échanges au sein de la configuration, ceux-ci sont en effet perçus comme denses et réciproques. Les pratiques communes (réunions, fêtes,) mais, surtout, les normes de réciprocité « généralisée », indirectes – qui sont particulièrement prégnantes dans les liens intergénérationnels – contribuent à consolider les liens d’interdépendance entre les différentes générations. Cependant, contrairement aux configurations « Conju-gal », le répondant se démarque par son engagement particulièrement actif au sein de sa configuration. Il se peut ici que la présence de petits-enfants stimule son engagement et qu’il soit davantage sollicité dans les échanges que dans la configuration précédente.

Quant aux configurations familiales de type «Fille », elles reposent, comme les pré-cédentes, sur des liens intergénérationnels mais elles affichent une composition différente.

Ce sont en effet la fille du répondant et les enfants de cette dernière – majoritairement les petites-filles – qui constituent ce type de configurations. Les configurations de type

«Fille » sont aussi grandes que les configurations précédentes (M=4.55 vs Mtot=3.39).

Toutefois, elles se distinguent de ces dernières par leur faibles scores de densité (M=0.34 vs Mtot=0.37) et de réciprocité (M=0.35 vs Mtot=0.39). Si l’on s’intéresse maintenant à l’engagement du répondant, on constate que ce dernier donne du soutien à un nombre élevé de membres (M=2.34 vs Mtot=2.11) alors qu’il n’en reçoit que d’un nombre res-treint (M=1.65 vs Mtot=1.50). Plus encore, le répondant ne se perçoit pas du tout au centre des échanges puisque sa centralité est l’une des plus basses de l’échantillon (M=0.12 vs Mtot=0.15). Contre toutes attentes, les configurations familiales de type «Fille» gé-nèrent, en moyenne, un faible volume de capital social, que ce soit de type chaîne ou de type pont. Elles se différencient donc des configurations familiales de type «Fils » qui se composent aussi de liens intergénérationnels. Dans les configurations «Fille », la pré-sence des enfants et des petits-enfants – dont les échanges sont soutenus par des normes de réciprocité « généralisée » – ne contribue pas – contrairement à l’hypothèse « H3 » – à activer la densité et la réciprocité des échanges. Ces résultats sont encore d’autant plus surprenant que les configurations familiales de type «Fille » sont constituées

majoritai-rement de femmes, notamment des filles et des petites-filles. Les femmes – qui, plus est, dans leur rôle de «Fille» – sont décrites dans la littérature comme responsables des liens et des échanges et perçues comme les principales prestataires de soutien dans la famille ; elles devraient soutenir les liens et les échanges familiaux et contribuer à la production du capital social chaîne (« H4 »). Or, les faibles densité et réciprocité qui caractérisent cette configuration réfutent cette hypothèse.

Ceci dit, j’ai suggéré dans une hypothèse alternative que les femmes – étant amenées à jouer une multitude de rôles de soutien dans la famille – sont surchargées par les tâches et les responsabilités qui leur incombent, situation qui, à la longue, peut être créatrice de tensions, de conflits et d’ambivalence au sein de la famille. La composition différente des configurations familiales «Fils» et «Fille» vérifie cette hypothèse. Dans la configuration de type «Fils », la mention du fils va de pair avec celle de la belle-fille. Et comme le montre la forte densité et réciprocité des échanges, la belle-fille est aussi active dans la configuration que les autres membres significatifs de la famille. Alors que le fils peut compter sur son épouse pour soutenir les échanges au sein de la configuration, la fille – dans la configuration «Fille» – est seule, sans partenaire pour l’épauler. Les petits-enfants sont certes mentionnés, mais ils semblent – comme le montre l’écart entre les indicesdegré rentrant etdegré sortant – plus bénéficiaires que prestataires. Dans une telle situation, la fille, surchargée, ne peut répondre adéquatement à toutes les attentes des autres membres de la famille, ce qui expliquerait la faiblesse du capital social qui est généré au sein de ce type de configurations. Une gestion difficile de l’ambivalence structurelle pourrait, comme je le montrerai plus loin, être à l’origine de ce faible capital social.

Les configurations familiales de type «Fratrie » – composées majoritairement des membres de la fratrie, de sœurs notamment – sont plutôt de taille moyenne (M=4.02 vs Mtot=3.39), denses (M=0.41 vs Mtot=0.37) et particulièrement réciproques (M=0.47 vs Mtot=0.39). C’est surtout l’engagement actif dont fait preuve le répondant dans ce type de configurations qui rend celle-ci particulièrement intéressante. Il donne en effet du soutien au plus grand nombre de membres de sa configuration (Degré rentrant : M=2.89 vs Mtot=2.11). Bien qu’il soit aussi soutenu par un grand nombre (Degré sortant : M=1.93 vs Mtot=1.50) – ce qui expliquerait la forte réciprocité qui caractérise cette configuration – il n’en demeure pas moins que l’écart important entre ces deux scores met en exergue le rôle actif du répondant en tant que prestataire au sein de sa configuration familiale. Cet engagement prononcé se reflète aussi dans la position centrale qu’il occupe au sein des échanges ; son score de centralité est en effet le plus élevé de tout l’échantillon (M=0.22 vs Mtot=0.15). Intermédiaire, il jouit d’une grande autonomie structurelle, pouvant gérer à sa guise le flux des échanges entre les différents membres de sa configuration.

Au vu des propriétés structurelles qui la caractérisent, la configuration familiale de type « Fratrie » offre aux répondants qui s’y insèrent un capital social de type pont. Il s’agit surtout de célibataires qui s’insèrent dans ce type de configurations. Sans enfant et sans partenaire, ils se sont liés au cours de leur vie avec certains membres de leur fratrie, avec lesquels ils ont noués des relations affectives, dyadiques, chaleureuses, motivées par un plaisir commun d’être ensemble. Bien qu’étant des liens de sang, les membres de la fratrie sont à l’âge adulte des interlocuteurs « choisis » avec qui l’on maintient une relation positive, « équilibrée », gratifiante, mais qui, n’étant pas soutenue par des normes de réciprocité « généralisée » et un fort sentiment de redevabilité, requiert des protagonistes une certaine volonté, engagée, de l’entretenir. Conformément aux hypothèses (« H3 »), les configurations familiales composées de liens « affinitaires » produisent – parce qu’elles ne

reposent pas sur des liens fort d’interdépendance – du capital social de type pont.

Les configurations familiales «Parenté » sont composées aussi de liens « affinitaires », mais elles se démarquent des configurations «Fratrie » par leur composition particuliè-rement diversifiée, comprenant majoritaiparticuliè-rement des membres issus du réservoir de pa-renté (famille de la fratrie, famille du partenaire ou encore papa-renté élargie). L’analyse révèle qu’elles sont plutôt de taille moyenne (M=3.96 vs Mtot=3.39), avec une faible den-sité (M=0.31 vs Mtot=0.37) mais une réciprocité relativement importante (M=0.41 vs Mtot=0.39). Le répondant est peu actif dans les échanges comparé aux autres répondants de l’échantillon. Ses faibles scores sur les indices degré rentrant (M=1.98 vs Mtot=2.11) et degré sortant (M=1.47 vs Mtot=1.50) signalent en effet que le répondant ne donne ou ne reçoit du soutien qu’à et/ou d’un nombre restreint de membres au sein de sa confi-guration. Ceci dit, il se décrit comme moyennement central (M=0.16 vs Mtot=0.15). Au vu de ces résultats, on peut conclure que les répondants dans ce type de configurations familiales bénéficient d’un faible capital social aussi bien de typechaîne que de typepont.

Ceci dit, les scores moyens sur la réciprocité des échanges et sur la centralité du répondant laissent à penser qu’un engagement accru de sa part pourrait le conduire à davantage de capital social de type pont. Ces résultats suggèrent toutefois que la forte diversité des membres qui constituent ce type de configurations familiales rend le rôle d’intermédiaire particulièrement difficile ; un tel rôle est exigeant et requiert une bonne santé aussi bien physique que cognitive. Ces résultats mettent en évidence que, dans ce type de configurations aussi diversifiées, les répondants peinent en raison sans doute de leur âge à préserver leur position centrale et à y entretenir le capital social de type pont.

Autrement dit, les configurations familiales composées de liens « affinitaires » – parce qu’elles sont exigeantes en termes d’entretien des liens – ne produisent pas toujours du capital social de type pont, ce qui réfute d’une certaine manière l’hypothèse « H3 ».

Comparées aux autres configurations familiales, celles de type «Isolés» se distinguent sur de nombreux aspects. Il s’agit ici, généralement, d’individus âgés ayant un faible réservoir de parenté qui ne désignent soit personne soit qu’un nombre très limité d’amis comme faisant partie de leur famille significative. Par conséquent, ces configurations sont de petite taille (M=1.16 vs Mtot=3.39), de faibles densité (M=0.16 vs Mtot=0.37) et réciprocité (M=0.17 vs Mtot=0.39). Le répondant y est très peu actif ; il ne donne du soutien qu’à un nombre très limité de membres (Degré rentrant=0.82 vs Mtot=2.11) et ceux-ci ne le soutiennent pas davantage (Degré sortant=0.55 vs Mtot=1.50). Son score sur la centralité est le plus faible de tout l’échantillon (M=0.08 vs Mtot=0.15). Cette analyse montre que ce type de configurations ne produit qu’un très faible, voire aucun, capital social.

Bien que les membres cités soient des amis proches de longue date, de même génération et habitant à proximité, ils ne permettent pas – lorsqu’ils constituent majoritairement la configuration familiale – de garantir au répondant âgé un solide soutien. Ils ne sont pas ou peu connectés entre eux, ce qui rend toute coopération impossible. L’âge avancé des amis proches et les problèmes de santé qu’ils rencontrent fragilisent grandement les liens – même investis affectivement – au point que ceux-ci sont amenés à progressivement disparaître. Alors que, dans les populations plus jeunes, les amis favorisent l’émergence du capital social de type pont dans les configurations familiales, il n’en est rien dans la vieillesse, s’associant plutôt – lorsqu’ils sont majoritaires dans la configuration – à un faible capital social. Rappelons cependant que les amis sont parmi les membres significatifs de la famille les plus cités. Or, la plupart d’entre eux se combinent à d’autres types de

membres familiaux, contribuant à « renforcer » les configurations familiales. Cependant, lorsqu’ils en constituent la composante principale, ils sont plutôt synonyme d’instabilité et de fragilité du soutien. A nouveau, ce résultat nuance quelque peu l’hypothèse « H3 » puisque les configurations familiales composées de liens « affinitaires » – comme les amis

— ne produisent pas toujours du capital social de type pont.

Cette première série d’analyses montre que la composition des configurations familiales a un impact clair sur le volume et le type de capital social qui s’y produit. Cependant, ses effets ne vont pas toujours dans le sens attendu. Je vais ici reprendre les résultats qui me semblent les plus importants. Premièrement, les mentions du partenaire, des enfants et des petits-enfants comme membres significatifs de la famille s’associent à l’émergence du capital social de typechaîne, comme le montrent les résultats concernant les configurations familiales de type «Conjugal » et «Fils ». Interconnectés les uns aux autres, partenaire, enfants et petits-enfants sont prometteurs d’un soutien collectif important et efficace, pouvant être mobilisés rapidement. Deuxièmement, l’absence de partenaire, d’enfants et de petits-enfants dans les configurations familiales se corrèle soit à du capital social de type pont soit à un faible capital social. Dans les configurations de type « Fratrie », les individus âgés, actifs prestataires de soutien, tendent à jouer le rôle d’intermédiaire entre les membres de leur configuration familiale qui ne sont pas connectés. Occupant une position centrale dans les échanges, ils disposent d’un capital social de type pont.

L’analyse montre cependant que le capital social de typepontest fragile, requérant des individus des compétences tant physiques que cognitives qui s’émoussent avec l’âge. Pour preuve, une composition trop disparate – comme celle dans les configurations de type

«Parenté » – rend difficile, par le nombre plus important de « trous » qu’elle implique, le maintien du capital social de type pont. Plus encore, il devient compliqué dans la vieillesse de rester connecté avec l’ensemble de ses amis et de maintenir avec tous des liens de soutien engagés et équilibrés (réciprocité). Par conséquent, le soutien dyadique s’évapore au fur et à mesure que progresse le processus de fragilisation. Troisièmement, la présence exclusive de femmes au sein de la configuration familiale ne garantit pas

« forcément » l’émergence du capital social de type chaîne, comme en témoignent les résultats concernant les configurations familiales de type «Fille». Elle s’associe même à un faible volume de capital social, et cela quel que soit son type. L’hypothèse alternative semble se vérifier : les femmes – surchargées par les tâches et les responsabilités familiales qui leur sont dévolues – ne parviennent pas « seules » à remplir leur rôle de « kinkeeper » et de « caregivers », entraînant au sein de la configuration familiale des tensions et un certain désengagement relationnel.

Ces premiers résultats mettent en évidence que l’identité des membres de la famille que les individus âgés désignent comme significatifs a des conséquences sur le capital social auquel ils accèdent. Cependant, ces résultats ne vérifient que partiellement les hypothèses

« H3 » et « H4 ». En effet, les liens intergénérationnels/conjugaux ne produisent pas

« toujours » du capital social de type chaîne puisque les configurations de type «Fille » s’associent à un faible capital social. De même, les liens « affinitaires » ne génèrent pas sys-tématiquement du capital social de type « pont ». Certaines configurations s’y associent, certes, alors que d’autres se conjuguent plutôt avec un faible capital social. Finalement, la composition majoritairement féminine des configurations familiales n’engendre pas – et cela contrairement à l’hypothèse « H4 » – du capital social de type chaîne.

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