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I – UNE NOUVELLE ARTÈRE MARITIME ENTRE CAEN ET LA MER

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 71-82)

UN CANAL QUI TIENT SES PROMESSES

I – UNE NOUVELLE ARTÈRE MARITIME ENTRE CAEN ET LA MER

L’inauguration du canal le 23 août donne lieu à des fêtes grandioses comme le rappor-tent les journaux de l’époque. Le lyrisme est même présent avec cette ode adressée à M. Bertrand, le maire de Caen.

1 Arch. dép. Calvados, S 1480, Lettre de l’ingénieur en chef des Ports et du Canal de Caen à la Mer au préfet du Calvados : M. Tonnet.

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L’ode est beaucoup plus longue, nous n’avons retenu que les strophes directement liées à Caen et à son port. Elles constituent une bonne présentation du Caen du milieu du

2 L’auteur fait ici référence à la ville de Liverpool.

3 Arch. dép. Calvados, S 1284, poème de Bellivet : vers adressés à M. Bertrand le 29 aout 1857, à l’occasion de l’inauguration du Canal. On trouvera l’intégralité de ce poème en annexe 5.

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XIXe siècle, à la jonction de deux époques. L’évocation de l’Athènes du Nord avec son passé glorieux rappelle la ville du savoir, intellectuelle et universitaire, avec de nombreuses Sociétés Savantes. Les dernières strophes consacrées au nouveau canal symbolisent l’autre côté d’une ville qui veut s’ouvrir vers d’autres horizons sous la houlette de son maire.

En dehors des nombreuses allusions à Caen et à son "art de vivre" évoqué plus haut cette ode exprime l’engouement provoqué par le nouveau canal dont les travaux furent chaoti-ques et durèrent vingt ans. Il était certainement attendu.

De nombreux journaux relatent l’évènement. On a même des gravures de l’époque. Les deux reproduites ci-dessous permettent de visualiser le côté grandiose de cette journée his-torique pour Caen et son avenir.

Illustrations 3 et 4 : Inauguration du canal de Caen à la mer le 23 août 18574

Cette première gravure montre l’embouchure du canal dans le bassin Saint–Pierre. On note la nombreuse assistance sur les quais et même sur l’eau avec les embarcations décorées. Le navire à roues est peut-être l’Orne, un des navires de la Compagnie qui assure le trafic entre Le Havre et Caen. Pour cette occasion il a été affrété pour le transport des Autorités civiles et religieuses qui descendent l’Orne de Caen vers la mer puis remontent le canal vers Caen et le bassin Saint-Pierre.

4 Gravures de l’inauguration du canal. La première gravure est d’après un croquis envoyé par G. BOUET, L’Illustration, Journal Universel, n° 758, Paris, 5 septembre 1857, p. 153, disponible sur http:// projetbabel.org/

fluvial/rica_caen-canal.htm, consultation du 20/01/2015.

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Cette seconde gravure montre encore l’entrée du canal dans le bassin Saint-Pierre. Elle visualise le pont tournant sur lequel les estrades sont dressées pour tous les fonctionnaires invités. On distingue également les militaires sur les deux rives du canal chargés de tirer les salves d’honneur. On voit également deux grands voiliers avec leur mâture décorée, attendant peut-être de faire leur entrée dans le bassin.

Les archives conservent la lettre d’invitation rédigée par le préfet : « L’administration départementale et l’administration municipale de Caen ont, de concert, fixé au dimanche 23 de ce mois, l’inauguration du canal de Caen à la mer, qui sera consacrée par la bénédiction solennelle de monseigneur l’évêque de Bayeux et Lisieux et suivie de fêtes publiques. Les Autorités civiles et militaires s’assembleront à dix heures, à l’hôtel de la préfecture, pour, de là, aller s’embarquer sur les bâtiments mis à leur disposition, descendre l’Orne et revenir par le canal. J’ai l’honneur de vous inviter, au nom du département et de la ville, à vous réunir au cortège pour assister à la cérémonie »5.

La contribution de la ville au financement du canal s’exprime dans le caractère conjoint de l’invitation. Elle affirme le lien de la ville avec son port, tout au moins au niveau des élus, dont M. Bertrand, son maire. En revanche le panégyrique rédigé par MM. Julien Travers et Alfred Campion, lu à la séance de l’Académie nationale des sciences, arts et belles-lettres de Caen, le 26 novembre 1875, peu après la mort de M. Bertrand ne fait pas référence à son action pour le port. Stéphanie Louiche, dans le mémoire de maîtrise qu’elle lui consacre, parle d’une inauguration en grandes pompes mais elle écrit dans la conclusion « La pensée

5 Arch. dép. Calvados, S 1480, Texte de la lettre d’invitation à l’inauguration rédigée par le préfet Tonnet.

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du maire voulait qu’en améliorant les infrastructures, en particulier le port, le canal et le chemin de fer, le commerce et l’industrie se développassent. Les dettes accumulées n’auraient alors été qu’accessoires. Mais l’industrie est restée secondaire à Caen, constituée principalement d’un artisanat dispersé et le transit maritime de son port étouffé par celui du Havre ou de Cherbourg »6. La ville s’est endettée à hauteur de 700 000 francs pour contribuer au financement du canal. Cette dette fait partie des emprunts qui ont contribué à faire tomber M. Bertrand en 1870. Derrière la liesse populaire lors de l’inauguration, jusqu’où les caennais étaient-ils sensibles au canal, au port et surtout aux possibilités de développement qu’il était susceptible d’apporter ? L’avenir se chargera de répondre à cette question. Cependant parmi les reproches faits à M. Bertrand lors de sa chute en 1870, le poids de l’endettement de la ville pèse d’une façon significative. Cet endettement n’a pas pour seule explication la contribution de la ville au financement des travaux de construction du canal, mais cette part est importante.

L’affiche préparée par les services de la ville pour inviter les caennais aux festivités de l’inauguration en donne le programme. La ville a voté une somme de 10 000 francs pour le financer, d’après l’Illustration, les armateurs et négociants de la place ont contribué à hauteur de la même somme, ainsi « la fête a-t-elle été magnifique »7 avec des milliers de spectateurs « massés le long des quais et sur les deux rives du fleuve »8.

6 Stéphanie LOUICHE, François-Gabriel Bertrand (1797-1875) : La vie et l’œuvre d’un Haussmann caennais, mémoire de maîtrise en histoire contemporaine sous la direction de Jean-Pierre Daviet, Université de Caen, 2004, 120 p. (dactyl.), p. 99.

7 L’Illustration, Journal Universel, n° 758, vol. XXX, Paris, 5 septembre 1857, p. 153.

8 Alexis BOINET, Inauguration du canal de Caen à la mer, Le Moniteur du Calvados, Caen, 30/08/1857, archives du Musée de Normandie, divers, port de Caen.

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Illustration 5 : Affiche « Fête de l’inauguration du canal de CAEN À LA MER le dimanche 23 août 1857 »9

Le spectacle de théâtre, gratuit, les illuminations en ville et autour du bassin, le grand feu d’artifice tiré par l’artificier de la ville, les régates organisées en présence du Cutter de l’État et du Mirmidon de la Marine impériale montrent la volonté de faire de cette journée, une grande réussite populaire.

Le Monde illustré dans son édition du 12 septembre 1857 parle d’une foule de 30 000 personnes qui « couvraient les rives, les estrades et toutes les hauteurs d’où l’on pouvait assister à la cérémonie »10.

9 Arch. dép. Calvados, S 1480, Canal de Caen à la mer-Construction-Marche de l'entreprise-Crédits-Inaugu-ration.

10 Fulgence GIRARD, Le Monde Illustré, n° 22, le 12/09/1857, p. 12, disponible sur file:/// C:/Users/pc/

Documents/Articles %20num %C3 %A9ris %C3 %A9s %20pour %20ma %20th %C3 %A8se/Inauguration %20 du %20canal %20de %20Caen %20 %C3 %A0 %20la %20mer.htm, consultation du 25/09/2014.

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Certains historiens parlent d’une inauguration en présence de l’Empereur Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie. Cette présence n’est pas avérée, aucun des journaux qui relatent l’évènement n’y fait allusion.

La remontée de l’Orne « où les navires de 200 tonneaux éprouvaient des difficultés insurmontables pour pénétrer »11 est remplacée par le canal, le port s’ouvre désormais à des navires de 200 à 300 tonneaux pouvant aller jusqu’à quatre mètres de tirant d’eau.

B – Le nouveau canal

Si on en juge par les discours tenus lors de l’inauguration de canal, les contemporains sont enthousiastes. Pour monsieur Debleds, du Corps municipal de Ouistreham, « Caen verra, dans un avenir prochain, décupler son commerce. Ainsi par l’activité maritime qui va y régner, Ouistreham pourra se rappeler que sous les successeurs de Guillaume le Conquérant il était un des ports les plus fréquentés de Normandie »12, David Beaujour, président du Tribunal de Commerce, porte un toast « À l’avenir commercial de notre cité ! À cet avenir, qui permettra de joindre au titre de ville de Sapience […] celui de cité industrielle »13. Le préfet s’écrie : « Oui, Messieurs, nous pouvons désormais envisager l’avenir avec sécurité, car désormais notre ville de Caen est un port véritable. À nous la mer, à nous les navires de fort tonnage, à nous l’entrepôt des mers du nord, de la Méditerranée et de l’Océan ; à nous les marchés du Centre que la vapeur va bientôt nous livrer dans toutes les directions »14. Pour l’évêque de Bayeux et Lisieux « Caen s’élève à toute l’importance d’une ville maritime.

Désormais elle étendra ses deux bras, l’un sur le continent, qui lui apporte les richesses de la capitale et des provinces, l’autre sur les eaux, qui la mettent en communication immédiate avec le nord de l’Europe et au besoin avec le nouveau monde »15. La constante de tous ces discours est le futur développement du commerce et l’affirmation de Caen port et ville maritime.

11 L’Illustration, Journal Universel, n° 758, vol. XXX, Paris, 5 septembre 1857, p. 153, extrait d’un article du Journal du Havre.

12 Alexis BOINET, Inauguration du canal de Caen à la mer, Le Moniteur du Calvados, Caen, 30/08/1857, Archives du Musée de Normandie, divers, port de Caen.

13 Ibid.

14 Ibid.

15 Ibid.

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Le plan ci-dessous permet de visualiser la nouvelle voie navigable.

Plan 8 : La rivière d’Orne et le Canal16

Le cours de l’Orne avec ses nombreux méandres montre ses limites face au canal creusé sur sa rive gauche avec un tracé assez rectiligne. Le chenal et l’avant-port servent pour l’entrée dans le canal et le bras qui part vers la gauche, montre son cours qui contourne la pointe du Siège.

Le creusement de ce canal est une œuvre remarquable comme l’écrit l’ingénieur général des Ponts et Chaussées Jean Gayet « C’était une belle réalisation pour l’époque. Long de 14 kilomètres, large de 15 mètres au plafond17, il communiquait avec l’avant-port de Ouistreham par un bassin muni de portes d’èbe et de flot18 à chacune de ses extrémités. Le canal était alimenté à l’amont – il l’est toujours – grâce à un barrage dans l’Orne permettant de maintenir le plan d’eau à un niveau constant »19. Il a une profondeur de quatre mètres sur toute sa longueur avec trois parties bien distinctes : « La première comprenant le bassin de Caen et tous les ouvrages qui en dépendent, forme la tête du canal maritime et une des parties les plus importantes du port de Caen.

La seconde se compose du canal proprement dit, avec tous ses ouvrages accessoires depuis la sortie du bassin jusqu‘au point où il atteint l’avant-port de Ouistreham.

16 Arch. dép. Calvados, S 13471, Port de Caen-Ouistreham Limites de salure des eau, plan général de la rivière d’Orne et du Canal daté du 02/04/1862.

17 Fond du canal.

18 Voir glossaire (annexe 1), on y trouve une définition du terme « porte d’èbe et de flot ».

19 Jean GAYET, « Notice sur le port de Caen», pp. 158-164, Les ports maritimes de France, Service de presse, édition, information, Paris, 1971, p. 159.

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Enfin la troisième est formée par le port de Ouistreham, servant à la fois d’embouchure au canal et de port de relâche pour les navires qui seraient contraints d’y chercher un refuge pendant les gros temps »20.

La première partie, à savoir le bassin Saint-Pierre, comporte « une gare de quarante mètres de largeur sur cinquante mètres de longueur servant d’entrée au canal et pratiquée environ au milieu du côté nord du rectangle. La longueur des quais du bassin est de 1 321 mètres y compris les têtes des écluses et une cale de 150 mètres de longueur, destinée au débarquement des bois et à l’abattage des navires. Le tirant d’eau réglemen-taire du bassin est de 4,5 mètres »21. Le bassin communique avec l’Orne « au moyen d’une écluse (dite du rond-point en raison de son emplacement) à sas avec portes d’èbe et de flot, qui permettent de la manœuvrer dans les deux sens. Un pont tournant sur cette écluse permet la communication entre les deux côtés du bassin »22.

Le canal proprement dit « ne présente sur son parcours aucune station, aucun port recevant ou exportant des marchandises. Tous les bâtiments qui sortent du bassin Saint-Pierre ou qui venant de la mer, franchissent l’écluse d’Ouistreham le parcourent dans toute son étendue »23. Son tirant d’eau est uniforme à quatre mètres. Ce tirant d’eau est la seule limite pour les navires qui le fréquentent. Le canal a une longueur de 13.985 mètres, avec trois parties, dont l’une épouse l’ancien lit de l’Orne sur 2 500 mètres. La première partie communique avec le bassin Saint-Pierre par une écluse simple avec portes d’èbe et de flot.

« Cette écluse dite de la Fonderie est placée dans l’axe de la gare »24. Le profil transversal du canal constitue une cuvette de 15 mètres au plafond et de 27 mètres à la gueule25. « Dans cette partie, le canal est traversé par trois ponts tournants établis sur les chaussées de Calix, de Colombelles et de Blainville »26.

20 Arch. dép. Calvados, S 13494, Statistiques, renseignements divers : rapport de l’ingénieur ordinaire daté du 04/10/1865.

21 Ibid.

22 Ibid.

23 Ibid.

24 Ibid.

25 Le plafond d’un canal est le fond du canal, la gueule d’un canal correspond au total constitué par la largeur du plan d’eau à laquelle on ajoute la largeur du chemin de halage le long du canal.

26 Arch. dép. Calvados, S 13494, Statistiques, renseignements divers : rapport de l’ingénieur ordinaire daté du 04/10/1865.

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La troisième section du canal commence au lieu-dit le Maresquier. À partir de là « le canal rentre dans les terres pour aboutir en ligne droite à l’écluse du port d’Ouistreham »27. L’accès des navires dans l’avant-port de Ouistreham se fait par un couloir maritime délimité par des jetées qui « laissent entre elles un chenal de quarante mètres »28. L’accès dans l’avant-port des navires venant du chenal est régulé par une écluse simple, terminée en 1857. « Cette écluse se compose de deux têtes ou écluses simples avec portes d’èbe et de flot séparées par un grand sas intermédiaire (de cent mètres de longueur) servant de bassin de marée et même de bassin à flot »29.

Des chasses faites à Caen « ont pour but d’entretenir le plus possible et à la même profondeur que le fond de l’Orne le chenal d’entrée de l’écluse du rond-point »30 ; celles fai-tes à Ouistreham permettent « de nettoyer l’avant-port et d’entretenir en bon état le chenal entre les jetées »31.

La remontée du canal dure cinq à six heures. Elle nécessite une organisation complexe, les stationnements le long du canal sont interdits. « En 1858, les navires entrent dans le sas de Ouistreham de jour, pendant toute la période de vives eaux, et peuvent remonter à Caen après la marée. Les bâtiments sont expédiés après la fermeture des portes de l’écluse lorsque la traversée peut s’effectuer dans la journée ; les navires allant de Caen à Ouistreham sont envoyés aux heures fixées par l’officier de port en fonction de la marée par laquelle le départ a été demandé »32. Certains navires peuvent attendre de longues heures dans le sas de Ouistreham avant de pouvoir s’engager dans le canal. Enfin la navigation de nuit est interdite. Seuls les voiliers de 300 tonneaux de jauge au maximum sont autorisés à remonter le canal. Les ingénieurs craignent que les remous provoqués par les hélices ou les roues des steamers provoquent des éboulements des berges, c’est la raison pour laquelle les vapeurs qui font la traversée Le Havre-Caen ne peuvent emprunter le canal. Il est praticable 360 jours par an, le mode de traction usité est le halage au moyen de chevaux à la vitesse de cinq kilomètres à l’heure. maîtrise d’histoire sous la direction du professeur Dominique Barjot, Caen, [s.d.], p. 310.

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Notre descriptif du canal, présenté dans les lignes ci-dessus, est constitué de nombreuses citations. C’est volontaire, elles ont l’avantage d’une présentation assurée par des profes -sionnels.

La mise en œuvre du canal appelle une extension du domaine maritime auquel sont atta-chées les limites de l’Inscription maritime pour le service des marins dans la marine impé-riale. Le 16 août 1863, l’Empereur Napoléon III décrète : « Les limites de l’Inscription mari-time et de la salure des eaux du canal de Caen à la mer, quartier marimari-time de Caen, départe-ment du Calvados, sont fixées ainsi qu’il suit, savoir :

1° celles de l’Inscription maritime au pont de la Fonderie à Caen ;

2° celles de la salure des eaux aux portes d’aval du sas d’Ouistreham »33.

Avec le canal l’Inscription maritime atteint les limites de Caen. Cette décision fait suite à une interrogation du ministre de la Marine, à l’occasion d’une adjudication relative au droit de pêche dans le canal de Caen à la mer en décembre 1860. Le ministre rappelle « ce canal communiquant par ses deux extrémités avec les eaux salées, devait être compris dans les limites de l’Inscription maritime, et que la lacune qui existe à cet égard, dans le tableau annexé à l’article 46 du décret du 4 juillet 1853, provenait de ce que, le canal n’ayant été terminé qu’en 1857, on n’avait pas eu à s’en préoccuper à l’époque où il a été procédé, par les fonctionnaires des Ponts et Chaussées et de la Marine à la fixation des limites de l’Inscription maritime et de la saline des eaux dans les rivières et cours canalisés. Son excellence le Ministre de la Marine demande que cette lacune soit comblée »34.

Ce débat n’est pas totalement anodin, en effet la question sous-jacente à cette décision est la délimitation des eaux marines et des eaux fluviales, il en découle le champ d’application de la pêche maritime et de la pêche fluviale. Concrètement cette décision sous-entend que le canal est soumis aux règles de la pêche maritime. Un autre aspect touche cet arrêté, en mettant la limite de salure des eaux aux portes de Caen, le législateur, contribue en termes d’image ou de perception, à en accentuer la "maritimité" aux yeux des caennais.

33 Arch. dép. Calvados, S 13471, Port de Caen-Ouistreham - limites de salure des eaux.

34 Ibid.

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L’ode reproduite plus haut montre un réel engouement pour le projet et pour sa réali-sation. La ville de "Sapience" comme l’avait écrit Robillard de Beaurepaire a son Pirée. Les très nombreux spectateurs, à l’occasion de l’inauguration, sont aussi le signe d’un engoue-ment populaire. Certains journaux vont jusqu’à parler de 50 000 spectateurs alors qu’en 1856 la ville ne compte que 41 000 habitants. Les discours des Autorités civiles et religieuses vantent non seulement l’activité commerciale de Caen, qui va pouvoir se développer, mais aussi l’ouverture de Caen vers les grands horizons marins, comme l’exprime le préfet dans son allocution. Caen est désormais une ville maritime reconnue si on en juge par les discours et les réactions des caennais !

Le nouveau canal est en service. Il affirme la "maritimité" de Caen. À quoi sert-il ?

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