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Les origines des étudiants en médecine

III- Origine confessionnelle

1. Une aire marquée par une bi-confessionnalité

Si le protestantisme est présent dans l'ensemble du Languedoc104, les cinq diocèses constituant notre aire géographique ne sont pas concernés de façon homogène. Bien que majoritairement catholique, notre aire compte plusieurs bastions huguenots plus ou moins importants, dont les zones coexistent en opposition. En Rouergue, par exemple, le diocèse de Vabres est un fief protestant, à l'inverse de celui de Rodez. L'Albigeois, plus précisément le sud tarnais, forme un bastion de la religion dite réformée. Bien souvent les communautés protestantes se situent au cœur d’un diocèse catholique.

Les villes de Millau, Castres, Mazamet ou encore Villefranche de Rouergue sont les dignes représentantes du protestantisme en Languedoc. Ajoutons à cela que le protestantisme n’est pas un phénomène exclusivement urbain. Si l’on retrouve les Protestants en ville, les campagnes forment elles aussi un territoire huguenot.

104Concernant le protestantisme en Languedoc voir BOST (Charles), Les prédicants protestants des Cévennes et

du Bas-Languedoc, Paris, 1912, 2 vol. ; GARRISSON (Janine), L’Édit de Nantes et sa révocation. Histoire d’une intolérance, Paris, Point Seuil Histoire, 1985 ; GARRISSON (Janine), Protestants du midi,

MARTINAZZO (Estelle), La Réforme catholique dans le diocèse de Toulouse (1590-171), Thèse de doctorat, Université Montpellier III Paul Valéry, 2012 ; MICHELET (Jules), De la révocation de l'Edit de Nantes à la

guerre des Cévennes, Montpellier, Presses du Languedoc, 1985 ; POTON (D.), CABANEL (Patrick), Les protestants français du XVIe au XXe siècle, Paris, Nathan, collection 128 Histoire, 1994.

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Figure n°11 : La population protestante en Languedoc à la fin de l’Ancien Régime105

• De fortes places catholiques : les sièges épiscopaux

Notre aire géographique compte parmi ses chefs-lieux de diocèse, des villes historiquement fidèles au catholicisme, sauf la ville de Castres. Rappelons que les villes de Rodez, Albi et Carcassonne sont des forteresses catholiques. La ville d’Albi a été marquée dès le Moyen-Age par l’épisode cathare. Ainsi le sud-Tarnais, une infime partie du Lauragais et le sud du Rouergue forment une partie protestante enclavée au sein de remparts catholiques.

En Rouergue, le diocèse de Rodez est partagé : la ville de Rodez est reconnue pour sa foi inébranlable face au sud du diocèse.

Le diocèse de Carcassonne, bien secoué pendant les guerres de religion, semble fidèle à la foi catholique.

En Albigeois, en revanche, la situation est plus mouvementée. Le diocèse d'Albi reste une forteresse catholique, siège épiscopal.

105 PÉLAQUIER (Élie), Atlas historique des Etats de Languedoc, de la Fronde à la Révolution, 2014, en ligne sur le site pierresvives.herault.fr.

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Le diocèse de Lavaur comprend une vaste zone protestante dans sa partie ouest. La ville de Lavaur, plusieurs fois emprise durant les guerres de religion106, reste forte de sa position catholique, comme en témoignent les différentes institutions religieuses présentes dans la ville, dont l’essor a été marqué au cours du XVIIe siècle.

Le diocèse de Castres, longtemps berceau protestant, semble avoir suivi l’élan de la contre-réforme. Comme le souligne Estelle Martinazzo107, les membres de la chambre mi-partie ont tous abjuré et rejoint le Parlement de Toulouse108. Il est vrai que la vague d’abjuration est importante. Mais tout comme le diocèse voisin de Lavaur, le diocèse de Castres est l’un des foyers les plus dynamiques de la foi protestante.

Pour faire face à la religion réformée, le clergé, allié aux autorités, va engager une répression dès la révocation de l’Édit de Nantes, renforcée au XVIIIe siècle.

• Une aire au cœur du croissant huguenot : entre résistance et persécution

1679 marque le début d'une période de persécution intensive. Entre 1679 et 1685, ce sont pas moins de dix-neuf mesures majeures qui sont prises à l'encontre du culte réformé. Dès 1679, l'Édit de juillet supprime les chambres mi-parties. A la suite de la révocation de l'Édit de Nantes, en 1685, des lois répressives sont édictées par le pouvoir royal: défense d'assister aux assemblées, mariages, baptême et funérailles sont interdits et impossibilité d'exercer des fonctions publiques ou électives ainsi que des professions libérales. S'en suit une période de répression (qui touche également les Jansénistes) entre 1685 et 1715, date de la mort du roi Louis XIV. L'année 1715 est un tournant dans le monde protestant avec la tenue du premier synode du Désert; dessinant ainsi les débuts de la réorganisation des Églises réformées, sous la houlette d'Antoine Court (1695-1760). La résistance huguenote persiste au cours du XVIIIe

siècle malgré une émigration massive. Il faut attendre 1787 pour voir l'Édit de tolérance promulgué.

Dans l'ensemble de notre aire géographique, cette période de tumulte est vécue différemment. L'émigration commence dès 1669 en Albigeois et en Languedoc plus généralement et le remplacement de l'intendant d'Aguesseau par Lamoignon de Basville n'arrange rien. Ce dernier a pour ambition de stopper les "hérétiques" et de les convertir de force. Parallèlement

106 Comme précisé plus haut la ville de Lavaur fut fortement exposée aux dissidences religieuses et ce, dès l’époque cathare.

107 MARTINAZZO (Estelle), La réforme catholique…., op. cit.

108 La chambre mi-partie créée au XVIe siècle siégea d’abord à L’isle sur Tarn avant d’être transférée à Castres. Elle fut déplacée à plusieurs reprises pour des raisons politiques ou conjoncturelles comme l’épidémie de peste. De nouveau à Castres, elle fut rattachée au parlement de Toulouse peu de temps avant la révocation.

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aux persécutions, cette zone rebelle participe à la guerre des Camisards (1702-1710). Dans les Cévennes et en Haut-Languedoc, les actions restent sporadiques et n’ont pas l’effet escompté. Cependant la résistance reste omniprésente dans le sud tarnais. Malgré une opposition active, l’émigration et les abjurations ont été fortes, si bien que l’autorité royale, en la personne de l’intendant, a dû renforcer ses actions dans cette partie tenace de l’Albigeois. Dès la moitié du XVIIIe siècle, les églises protestantes de Réalmont ou de Vabre se sont reformées.

• Les places huguenotes

En opposition à la ville de Rodez, on retrouve les villes de Millau et de Saint-Antonin. Le millavois fut le foyer protestant le plus dynamique du Rouergue. Une certaine tolérance se fait ressentir dès les années 1740-1750.

Les diocèses de Lavaur et de Castres forment de forts bastions huguenots109. Le périmètre s’étend de Puylaurens jusqu’à Mazamet comprenant Castres. Dans le diocèse de Lavaur, de nombreuses communautés sont présentes à Puylaurens, Revel ou encore Sorèze.

L’est et l’extrême sud du diocèse de Castres représentent la zone huguenote en lien avec le millavois et le diocèse de Saint-Pons.

Dans le diocèse d’Albi, seule la ville de Réalmont compte une communauté protestante.