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Les origines des étudiants en médecine

I- Origine géographique

2. Présentation topographique des cinq diocèses

2. Présentation topographique des cinq diocèses

• Le Rouergue : diocèse de Rodez

Largement étendu, comprenant la moitié du département de l’Aveyron actuel, le diocèse de Rodez appartenait à la province de Haute-Guyenne, limitrophe à la province de Languedoc. Au sud du Massif central, l’antique province du Rouergue déroule une succession de plateaux rocheux et de monts délimités par de profondes vallées : Truyère, le Lot, l’Aveyron et le Tarn.49

Le diocèse de Rodez, plus communément appelé le Rouergue, se situe au nord des autres diocèses. On y trouve une topographie et des conditions climatiques plus hostiles : le climat y est très rude. Thomas Platter, lors de son voyage entrepris à l’aube du XVIIe siècle, dépeint un décor froid : « temps exécrable, les maisons y sont couvertes d’ardoises noires »50. Rodez est le diocèse le plus étendu de notre étude. Bordant le Quercy, il comprend toute la partie ouest de l’Aveyron actuel. Les guerres de religion ont fortement marqué la scission confessionnelle entre les diocèses de Vabres et de Rodez. Contrairement au diocèse voisin de Vabres, le catholicisme y est bien ancré.

49 Le Rouergue a été rattaché à la généralité de Guyenne dès 1759, dont le siège devint Montauban puis réuni au Quercy en 1779 pour former la province de Haute-Guyenne.

50 LE ROY LADURIE (Emmanuel), Le siècle des Platter (1499-1628), Paris, Fayard, t.1 : le mendiant et le

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Figure n°3 : Carte du diocèse de Rodez51

Au XVIIIe siècle, la région est fortement touchée par la pauvreté, les intempéries et les épidémies. Plusieurs hivers sont rudes, comme en témoignent les écrits des correspondants de la Société Royale de Médecine. Jean-Baptiste Bo relate dans l’une de ses lettres la rudesse de l’hiver 1776-1777 :

Dans l’epidemie qui a regné l’hyver passé j’ai été obligé souvent de faire le chirurgien lapothicaire et d’acheter les remèdes pour ne pas voir perir des malheureux52.

Les villes les plus importantes du diocèse sont Rodez53 et Millau54.

51 Carte de l’entière province du Rouergue, divisée en deux sénéchausées et présidiaux, l’un Rodez et l’autre

Villefranche, XVIIIe siècle, BNF, Gallica.

52 Jean-Baptiste BO, lettre du 26 août 1777, SRM 193, d°3, Académie nationale de médecine.

53 Concernant la ville de Rodez et son diocèse voir ENJALBERT (Henri), Histoire du Rouergue, Toulouse, Privat, 1979.

54 Concernant la ville de Millau voir ARTIÈRES (Jules), Documents sur la ville de Millau, Millau, 1930 ; ARTIÈRES (Jules), Millau à travers les siècles, Millau, Artières, 1943 ; FRAYSSENGE (Jacques), Millau, une ville du Rouergue sous l'Ancien Régime (1668-1789), Société catholique et société protestante, Millau, Librairie Trémolet, 1990.

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La ville de Rodez55 à la fois siège d’un évêché, d’un présidial, d’un sénéchal, d’une élection, d’une maîtrise des eaux-et-forêts, d’une justice royale et d’une justice seigneuriale, se trouve être le lieu de résidence de membres de l’administration de Haute-Guyenne. Ses origines sont lointaines et remontent à l’Antiquité56. Au XVIIIe siècle, la ville compte environ 6500 habitants.

Cette ville dispose d’une topographie particulière : haut perchée sur une montagne à 634 mètres d’altitude57, elle dispose de défenses naturelles, la rivière d’Aveyron l’entourant par trois côtés. La ville dispose d’un système administratif, hérité du IXe siècle, semblable à la ville de Carcassonne à savoir une division bourg/cité où s’oppose l’autorité de l’évêque face à celle du seigneur58. Extrêmement pieuse, la ville fait barrière au protestantisme. L’abbé Expilly en fait le constat dans son Dictionnaire géographique historique politique des Gaules

et de la France59 : « la fidélité de cette ville pour le Roy & son attachement à la religion, dont elle ne s’est jamais écartée, lui a fait donner cette devise Fidelis Deo & Regi 60».

Très bien équipée en matière d’éducation. Les ordres religieux y dispensent l’enseignement comme en témoigne la présence des Jésuites61.

La ville dispose d’un hôpital créé en 1676. Outre la dispense de soins, l’hôpital général62avait pour vocation la prise en charge des enfants63.

D’un point de vue économique, l’activité principale est d’abord agricole mais l’on compte également de nombreux artisans d’art, particulièrement à Rodez, réputée pour l’orfèvrerie. Les industriels et les commerçants protestants, surtout présents à Millau, forment quant à eux une classe à part et détiennent une grande partie de l’activité économique. En effet, il n’en a pas été fait mention plus haut mais la ville de Millau fut un bastion protestant durant les

55 Ville dont l’origine est avant tout gauloise baptisée Segodunum.

56 Sylvie Mouysset rappelle le caractère antique de la ville de Rodez, confirmé par les fouilles archéologiques menées en outre en 1986.

57 A ce sujet, voir l’introduction de Sylvie Mouysset, « De grès et de schiste : Rodez, capitale du Rouergue » in Le pouvoir dans la bonne ville. Les consuls de Rodez sous l’Ancien Régime, Toulouse, C.N.R.S., 2000, p.18.

58 La cité est limitée à l’espace cathédral tandis que le bourg est concentré autour de la vieille église Saint-Amans.

59 EXPILLY (Abbé), Dictionnaire géographique historique politique des Gaules et de la France, chez Desaint & Saillant, 1768.

60 EXPILLY (Abbé), Dictionnaire…, op. cit.

61 L’enseignement dans les collèges est très répandu sous l’ancien régime entre autres par le biais des ordres religieux enseignants comme les Jésuites ou les Doctrinaires.

62 Au Moyen-Age, la ville est équipée de 10 hôpitaux. Au début des guerres de religion, on n’en compte plus que 4. En 1676, l’hôpital général est créé suite à la fusion de l’ensemble des hôpitaux, à l’exception de l’hôpital Saint-Jacques.

63 Concernant la ville de Rodez voir ENJALBERT (Henri) (sous la dir.), Histoire de Rodez, Toulouse, ed. Privat, 1981 et plus particulièrement p.145 concernant l’hôpital.

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guerres de religion. Les fortifications furent « rasées en 1629 après que le roi Louis XIII l’eut réduite à son obéissance64 ».

Les cultures ont évolué : celle de la vigne cesse au XVIIIe siècle face à la concurrence de Bordeaux, de Gaillac et du Languedoc, moment où se développe alors la culture de la châtaigne pour compenser les mauvaises récoltes de blé. La culture apparue durant cette période prend son essor, mais l’activité reste surtout dominée par l’élevage ovin.

L’industrie du cuivre se maintient autour de Villefranche-de-Rouergue et de Dourbie, tandis que l’industrie drapière s’efface au profit de l’industrie du cuir, à Millau, après 1750.

• L’Albigeois : diocèse d’Albi

Situé au nord de l’actuel département du Tarn, le diocèse d’Albi est surtout constitué de plaines. En 1317, le diocèse d’Albi65 est amputé de sa partie méridionale, donnant ainsi naissance au diocèse de Castres66.

Le diocèse d’Albi est traversé par la rivière du Tarn. Son relief plutôt vallonné comprend une vaste forêt, la forêt de Grésigne.

64 EXPILLY (A.), op. cit.

65 Le diocèse d'Albi fut créé au Ve siècle.

66 Ce découpage fait suite au remaniement opéré par le Pape Jean XXII d’Avignon, donnant naissance à 17 nouveaux diocèses.

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Figure n°4 : Carte du diocèse d'Albi67

La ville d’Alby68, cité épiscopale, tire ses origines de l’antiquité sous le titre de « civitas

albiensium ». La cité de brique doit son nom aux Rutènes69, peuple ayant occupé la province quelques siècles avant les Gaulois.

Sous l'autorité de différents seigneurs au cours de la période médiévale, la ville d'Albi souffre de l'hérésie albigeoise mais aussi de la Guerre de Cent ans. Albi doit combattre ardemment l'invasion protestante aux portes de la ville. Les consuls albigeois veulent rejoindre la Sainte-Ligue.

67 Carte du diocèse d’Albi, Guillaume Sanson, 1714, BNF.

68 Concernant la ville d’Albi et son diocèse voir CABAYÉ (Olivier), GRAS (Guillaume), Cinq regards

d’Albigeois sur leur ville à travers les écrits du for privé, XVI°- XVIII° siècles, Albi, PCUC, 2012, 330p,

CABAYE (Olivier), GRAS (Guillaume), Histoire du diocèse et des paroisses du Tarn des origines à nos jours, Strasbourg, Ed. du signe, 2011, CROZES (Hippolyte), Le diocèse d'Albi, ses évêques et archevêques, Toulouse, 1878.

69 Terme aussi écrit Ruthènes dont l’étymologie renvoie aux Ruthénois ainsi à Rodez. Ce peuple antique s’était constitué un vaste domaine correspondant aux diocèses de Rodez et d’Albi. Leur capitale était la ville de Rodez.

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Figure n°5 : Plan de la ville d'Albi70

La ville épiscopale connaît un XVIIe siècle compliqué, assommée par les dettes cumulées durant la lutte contre les Huguenots et la pression fiscale liée au conflit contre les Habsbourg. Cette situation entraîne un déclin économique sur la ville et l'ensemble du diocèse. Découpée en 6 gâches71, la ville n’excède pas 10500 habitants en 1790. Majoritairement peuplé d'agriculteurs, le diocèse fait face à la disparition de la culture du pastel et du safran. Le premier quart du XVIIIe siècle se traduit par un effondrement commercial, cependant certaines activités s'installent en ville, comme la tuilerie et la briqueterie, aidées par l'élan de construction. L'industrie textile est plus prospère avec la culture du chanvre, la tannerie et le tissage. C'est aussi l'époque d'une nouvelle industrie émergente, au nord de la cité : la verrerie72 et l'exploitation minière, un essor que l’on doit au chevalier de Solages73. Il crée la

70 Plan de la ville et des faubourgs d’Alby, par La Roche, gravé à l’eau forte par Nicolas Chalmandrier et terminé par Pierre-Gabriel Berthault, 2 moitié du XVIIIe siècle, BNF, Gallica.

71 Les 6 gâches de la ville d’Albi : Sainte Martianne, Le Vigan, Les Combes, Saint Affric/Saint Etienne, Verdusse et Castelviel.

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première verrerie à charbon en 1751 et obtient du roi Louis XV la concession des mines houillères de Carmaux74 en 1752. Cette avancée permet l’apparition du verre noir dans le royaume de France. Afin de diversifier sa production, le chevalier de Solages encourage la production industrielle de chaux à des fins agricoles.

L’activité s’est déployée et diversifiée dans l’ensemble du diocèse. Le déploiement des voies de circulation a permis le développement de la production de l’industrie de terre cuite (briques, tuiles). L’industrie textile75 est présente sur l’ensemble du diocèse en particulier l’activité lainière. Des activités plus spécifiques y ont prospéré : la saboterie à Rabastens (30 artisans en 1786), la corderie de chanvre à Penne, la viticulture, tonnellerie à Gaillac et ses environs.

• Le Sud tarnais : diocèse de Lavaur

Situé au sud-ouest de l’actuel département du Tarn, le diocèse de Lavaur est lui aussi crée en 1317 et formé par le démembrement du diocèse de Toulouse. Il s’étend du Vaurais au sud Tarnais en passant par l’actuel Lauragais.

Autrefois pays de cocagne, caractérisé par la culture du pastel, le diocèse connaît une mutation de son activité économique rythmée par l’agriculture et l’activité textile très présente dans le secteur de Mazamet, en particulier l’activité lainière76.

73 Gabriel de Solages (1711-1799), dit le Chevalier, descendant d’une famille noble originaire du Rouergue. Il est député de la noblesse pour la sénéchaussée d’Albi durant les États généraux.

74 Concernant l’histoire de la ville de Carmaux voir PRAT (Frédéric), Histoire du paysage industriel du bassin

carmausin de la fin du XVIIIe siècle à nos jours, mémoire de maîtrise, Université de Toulouse II, 2000 ;

VAREILLES (Jean), Carmaux : des origines au XXe siècle, Andoca, Terral, 1992.

75 Concernant l’activité textile dans le diocèse d’Albi voir BOULTACHE (Karim), Les artisans du textile et

l’habillement au XVIIIe siècle à Albi, Université Toulouse II, 2001.

76CAZALS (Rémy), Cinq siècles de travail de la laine : Mazamet 1500-2000, Portet-sur-Garonne, Ed. Midi-Pyrénéennes, 2010, 237 p.

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Figure n°6 : Carte du diocèse de Lavaur77

La ville de Lavaur78, aux origines préhistoriques, prend le nom de Vaurum sous la conquête romaine. Placée sous la protection du castellum dès le VIe siècle, elle essuie la conquête wisigothique. Elle se constitue en agglomération à partir du XIe siècle. Ville portuaire et ville fortifiée, elle comprend six portes, Lavaur fut la scène des épisodes de la guerre de l’Albigeois. L’histoire de Lavaur est tristement marquée par l’histoire de Dame Guiraude79

martyrisée par les croisés en 1211. Secouée par ces évènements, la ville accueille dès 1226 les Cordeliers, un des premiers couvents franciscains de France. La ville forte de son statut d’évêché, devient au fur et à mesure une place catholique. Située entre Montauban et Castres, Lavaur la catholique doit faire face aux guerres de religion.

Dès 1220, la ville est dotée d’une administration consulaire, avec un consul pour chaque quartier. Des hôpitaux sont établis dès le XIIIe siècle et la ville accueille un temps le parlement de Toulouse fuyant la peste.

77 Carte du diocèse de Lavaur, Jean Trinquier, 1690, BNF.

78 Concernant l’histoire de la ville de Lavaur voir COLIN (Charles), Histoire de Lavaur jusqu’à la Révolution, Albi, Imprimerie des Orphelins, 1941, VANACKER (Céline), "Les transformations urbaines de Lavaur au XIXe

siècle, autour des plans d'alignement de Joseph Vitry" in Revue du Tarn, n°230, été 2013, p.321-333.

79 Dame Guiraude fut la victime la plus célèbre du massacre lié à la croisade contre les Albigeois. Châtelaine et opposante à la croisade, elle fut jetée au fond d’un puit et ensuite lapidée.

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Les congrégations religieuses y abondent tout au long du XVIIe siècle, certainement en opposition avec la religion réformée : le collège de Doctrinaires en 1642, les Capucins en 1613, les Clarisses en 1642 et les Sœurs de la Croix en 1686. Comptant 5625 habitants et une juridiction s’étendant à 24 communautés, la cité vauréenne est une place importante à la fin de l’ancien régime. Le XVIIIe siècle marque l’avènement de deux infrastructures importantes dans la ville : l’hôpital-hospice, édifié entre 1730 et 1733, a servi pendant un temps de Manufacture royale d’étoffes de soie, une activité très présente à Lavaur.

L’activité meunière est également très présente sur l’ensemble du diocèse puisque l’on dénombrait près de 149 moulins.

Autre grande réalisation de cette période : la construction du pont routier Saint-Roch. Le XVIIIe siècle est celui du remaniement urbain et des grands travaux. Les fortifications délaissées, dont l’entretien est trop onéreux, sont détruites sur décision des consuls pour réaménager la ville et laisser place à des esplanades.

• Le sud tarnais : diocèse de Castres80

Le diocèse de Castres est situé au sud de l’actuel département du Tarn, limitrophe au diocèse de Carcassonne, en bordure du lauragais. Sa topographie en fait un diocèse au relief varié avec les monts de Lacaune et la Montagne noire, les hauts-plateaux de Montredon-Labessonié et la plaine de Castres. Il convient de préciser que l'on ne peut pas véritablement parler de montagne comme le précise Romain Rouanet dans son ouvrage81. Ce terme reste dans l'esprit collectif car il s'agit d'un relief plus élevé et d'un milieu plus hostile. Rémy Cazals utilise la même terminologie. La tonalité climatique générale est celle d’un front montagnard frais, humide et nébuleux.

D'un point de vue économique, le diocèse vit principalement de l'activité textile mais aussi de l'extraction de minerai héritée de sa constitution géologique. Ainsi on trouve des zones d'activités liées à l'extraction du fer ou à la taille du granit.

80Sur l’histoire de Castres et du sud tarnais voir CAZALS (Rémy), Autour de la montagne noire au temps de la

Révolution (1774-1799), Carcassonne, CLEF, 1989. ; CAZALS (Rémy), Histoire de Castres, Mazamet, la montagne, Toulouse, Privat, 1992. ; ESTADIEU (M.), Annales du Pays Castrais, Castres, 1893.

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Figure n°7 : Carte du diocèse de Castres82

Au XVIIIe siècle, la ville de Castres arrive en 3e position par sa population83derrière Toulouse et Montauban. Située au débouché dans la plaine de la rivière Agout, sur une route reliant le Quercy et le nord de l’Albigeois au bassin méditerranéen, la ville de Castres est la plus ancienne et la plus peuplée de la région sous l’Ancien Régime. Bastion huguenot dès le XVIe

siècle, Castres atteint son apogée au XVIIe siècle et est ainsi dotée de toutes les infrastructures : chambre mi-parti ou chambre de l’Édit, Académie, collège, imprimerie, hôpital.

De passage à Castres au XVIe siècle84, voici comment Thomas Platter définit la cité :

Une bourgade cerclée de remparts, avec un beau château dedans, bien bâtie, ornée de jardins, une localité quand même, juchée sur une colline où l’on peut la voir bien en évidence 85.

82 Carte du diocèse de Castres, Alexis-Hubert Jaillot, 1700, BNF.

83 La ville de castres compte une population de 14000 habitants en 1790 devant les villes d’Albi et de Carcassonne. Chiffre tiré de NOWAK (Valérie), Les gradués albigeois aux XVIIe et XVIIIe siècles (1679-1790),

Mémoire de maîtrise, Université Toulouse II, 1998.

84 De passage le 7 octobre 1595.

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La description en est d’autant plus élogieuse au XVIIIe siècle. C’est une ville « considérable avec titre de comté86 » comprenant « un palais épiscopal et quantité de belles maisons. […] Le commerce qui se fait en cette ville est très considérable87 ». La production y est variée : on y trouve « des minionnettes en estame & en soie ; des burats unis, rayés en estames & en soie ; des serges en laine de toutes les façons ; des coutelines larges et etroites, reblanchies et à poils tirés ; de mazamets en couleur ; des bas pour hommes et pour femmes de poil de daim, faits au métier ; des bas de laine pour les femmes, faits à l’éguille […] en un mot cette ville est une des plus commerçantes, non seulement de la province de Languedoc, mais encore du royaume88». Cette description laissée par l’Abbé Expilly à la fin du XVIIIe siècle témoigne de l’importante activité textile du diocèse.

Figure n°8 : Plan de la ville de Castres fortifiée89

86 EXPILLY (Abbé), Dictionnaire, op. cit.

87 EXPILLY (Abbé), Dictionnaire, op. cit.

88 EXPILLY (Abbé), op. cit.

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• Corbières : le diocèse de Carcassonne

Le diocèse de Carcassonne s’étend sur une bonne partie des Corbières. Siège administratif et judiciaire, ce diocèse englobe un territoire s’étendant à environ 30 km de Carcassonne90. La ville de Carcassonne, dont les origines remontent à la période néolithique, doit son architecture à la période médiévale. Tout comme Rodez, la cité de Carcassonne est dotée d’un fonctionnement particulier : bourg/cité (ou cité/ville basse). Au cours du XVIIIe siècle, sa population est estimée à 11000 habitants91. Siège épiscopal, elle est aussi un haut lieu administratif en tant que chef-lieu la sénéchaussée. En 1776, on compte 30 officiers dans le milieu juridique. Sous Louis XIV, l’autoritarisme royal impose des consuls sélectionnés avec maire perpétuel. En 1700 sont créés des offices municipaux. La ville est dotée de 2 établissements médicaux : un hôpital général et un Hôtel Dieu. Peu perturbée par les guerres de religion, la cité connaît un grand essor industriel au XVIIe et XVIIIe siècles, spécialisé dans la draperie92. En effet, une grande partie de la population « est employée à la manufacture de draps 93». L’activité agricole y est peu développée, la « terre y est peu fertile, & à peine rapporte-t’elle ce qui est nécessaire à la subsistance des habitants 94».

90 Concernant l’histoire de Carcassonne et de son diocèse voir Histoire de Carcassonne, Toulouse, Ed. Privat, DEBANT (Robert), Guide des archives de l’Aude, Carcassonne, 1976, ; GUILAINE (Jean), FABRE (Daniel),

Histoire de Carcassonne, Toulouse, Privat, 1984, ; GUILAINE (Jean), FABRE (Daniel), Histoire de

Carcassonne, Toulouse, Privat, 1984, MAHUL (Alphonse), Cartulaire et archives des communes de l’ancien

diocèse et de l’arrondissement administratif de Carcassonne, Paris, 1857-1882, 6 vol. ; MOT (G. C.), Carcassonne, ville basse 1247-1962, Carcassonne, édition des études scientifiques de l'Aude, 1963.

91 FRÊCHE (Georges), op. cit.

92 MARQUIÉ (Claude), L’industrie textile carcassonnaise au XVIIIe siècle : étude d’un groupe social : les marchands-fabricants, Carcassone, 1993, 450 p.

93 EXPILLY (Abbé), op. cit.

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Figure n°9 : Carte du diocèse de Carcassonne95