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Une typologie des marchés

C La compatibilité entre les recettes des entreprises et les valeurs attribuées par les acheteurs

B. Une typologie des marchés

Le modèle de White lui permet d’établir une typologie des marchés129. Plus précisément, il lui permet de déterminer dans quels cas ceux-ci sont viables ou ne le sont pas, i.e. de répondre à « la question fondamentale des circonstances factuelles qui permettent la viabilité d’un marché » (White, 1981a, p. 23).

Cette typologie constitue une « phénoménologie des contextes marchands » (White, 1981c, p. 522), ce qui signifie, pour White, que son modèle a une portée assez large :

« Notre modèle fournit les conditions mathématiques et conceptuelles pour l’étude des structures auto-reproductives et se donne ainsi la possibilité d’étudier un grand nombre de marchés observés » (Leifer et White, 1987, p. 102).

Pour réaliser sa typologie des marchés, White part de deux conditions du programme des producteurs :

la première condition est que le profit réalisé soit positif. Cette condition, que White désigne par l’abréviation « pos », est donc :

[10]130 Error! q Error! yError! > – K 131.

la seconde condition est que le profit réalisé soit maximum. Cette condition, que White désigne par l’abréviation « max », est donc :

[11] Error! q Error! yError! > – K Error!.

129 Pour une présentation claire et synthétique de cette typologie, On pourra consulter (Biencourt,

Eymard-Duvernay et Favereau, 2002).

130 Pour une démonstration de cette condition, voir annexe 1.

131 Les paramètres a, b, r et c, d, q apparaissent, rappelons-le, dans les fonctions de satisfaction du

consommateur S(y, i) = r y a i b et de coût de production C(y, i) = q y c i d ; θ = Error! et K est la

Ces deux conditions permettent de distinguer six « types » (1981a, p. 24) ou profils de marchés, selon les valeurs des paramètres a, b, c et d. Plus précisément, si l’on pose α = q Error!, comme q, r et θ sont positifs, les conditions [10] et [11] deviennent respectivement :

[10’] Error!yError!> –Error!.

et

[11’] Error!yError! > – Error!Error!.

Ce qui donne, si l’on pose λ = Error! , β = Error!etμ = Error! :

[10’] μy cβ> –Error!.

et

[11’] μy cβ> –λ Error!.

Les conditions [10’] — ou « pos » — et [11’] — ou « max » — dépendent donc des signes de λ, de β = 1 – λ, de μ (et de K, nous y reviendrons).

Les paramètres a, b et c étant strictement positifs, on peut d’ores et déjà distinguer deux cas : celui où d est positif et celui où d est négatif :

— 1er cas : d est positif.

Les signes de βet de μ dépendent de ceux de Error! et de Error!.

Si Error! > 0, alors Error! > Error!, 0 < λ < 1, 1 > β > 0 et μ est du signe de Error!. En revanche, si Error! < 0, alors Error! < Error! , λ > 1, β < 0 et μ est du signe de Error!.

Quatre cas sont donc ici possibles, que l’on peut récapituler dans le tableau suivant :

Tableau : d > 0 Error! < 1 Error! > 1 Error! < Error! λ > 1, β < 0 et μ > 0 [I] λ > 1, β < 0 et μ < 0 [II] Error! > Error! 0 < λ < 1, 1 > β > 0 et μ < 0 [IV] 0 < λ < 1, β > 0 et μ > 0 [III]

— 2nd cas : le paramètre d est négatif

Il vient ici immédiatement que λ < 0, que β > 1, que Error! < 0 et, en conséquence, que μ est du signe de Error!. On a donc ici deux cas supplémentaires que l’on peut, comme précédemment représenter dans un tableau :

Tableau : d < 0 Error! < 1 Error! > 1 Error! < 0 < Error! λ < 0, β > 1 et μ > 0 [V] λ < 0, β > 1 et μ < 0 [VI]

Ces deux cas, ainsi que les précédents, peuvent être représentés, comme dans la figure 2.15., dans un demi-plan Error! — Error! étant strictement positif —, dans lequel on aura tracé la droite d’équation Error! ainsi que la demi-droite d’équation Error! (autrement dit la première bissectrice). Avec l’axe des ordonnées, ces deux « droites » divisent le demi-plan en six zones, que nous avons numérotées de I à VI (ces numéros correspondant à ceux qui se trouvent dans les deux tableaux précédents).

1 0 Error! Error! I II IV III V VI Error! Figure 2.15

Ces six zones sont donc délimitées par l’axe des ordonnées, la droite d’équation Error! et la demi-droite d’équation Error!, divisant chacun le demi-plan en deux parties :

A droite de l’axe des ordonnées, le paramètre d est positif ; les coûts de production augmentent donc avec la qualité : « ce qui coûte le plus cher est préféré » (White, 1981a, p. 31). A gauche de cet axe, le paramètre d étant négatif, il existe une relation inverse entre la qualité produite et les coûts de production.

Le rapport Error! mesure la sensibilité relative des fonctions de coût et de valeur à la

quantité produite132. Le paramètre c indique l’impact, sur le coût de production, d’une variation de la quantité produite. Notamment, si c est supérieur à 1 (respectivement inférieur à 1), le coût moyen est croissant (respectivement décroissant). En revanche, si c est égal à 1, le coût moyen est constant. Le paramètre a indique, quant à lui, la sensibilité de l’échelle des estimations des consommateurs à une variation de la quantité produite. La droite d’équation Error! divise donc le demi-plan en deux zones : une première zone, située au dessus de la droite, où a > c, ce qui signifie que l’échelle des estimations des consommateurs est plus sensible que celle des coûts de production à une variation de la quantité produite ; une seconde zone, sous la droite, où c’est le contraire.

Le rapport Error! mesure la sensibilité relative des fonctions de coût et de valeur à la

qualité des produits133. Le paramètre d indiquant la mesure dans laquelle une firme doit (dés)investir pour modifier la qualité du bien qu’elle produit, et le paramètre

b, l’ampleur de l’impact d’une telle évolution sur la « désirabilité » de ce bien, le

rapport Error! donne le degré de convergence entre ces deux effets. S’il est égal à 1, c’est que entreprises et consommateurs réagissent avec la même intensité aux changements de qualité : si, par exemple, un producteur multiplie ses coûts par deux pour atteindre un niveau de qualité plus élevé, le consommateur

132 Leifer et White considère que « le rapport a/c compare l’impact d’une modification de la quantité

produite sur la valeur donné aux produits par les consommateurs à l’impact de cette même modification sur les coûts de production » (1987, p. 99).

confère, dans le même temps, une valeur deux fois plus importante à ce nouveau produit. La demi-droite d’équation Error! divise donc le demi-plan en deux zones : l’une, située au dessus de la demi-droite, où Error! , ce qui signifie que le consommateur et/ou les coûts de production sont relativement plus sensibles à la quantité qu’à la qualité ; l’autre, en dessous de cette demi-droite, où c’est le contraire (puisque Error!).

Ces six zones correspondent donc à des types de marchés différents, parmi lesquels, seuls certains sont viables.