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La méthode qualitative a été choisie car elle permettait d’étudier au mieux les représentations et les opinions des personnes interrogées. L’entretien qualitatif semi-directif permettait de poser des questions ouvertes laissant la possibilité de répondre en toute liberté et de développer les réponses. La vision qualitative permettait ainsi d’étudier les pratiques des professionnels et leurs expériences personnelles dans leur environnement. Les émotions et les sentiments étaient aussi mieux perçus avec cette méthode.

2. Méthodologie

Il s’agissait d’une étude qualitative réalisée à partir d’entretiens individuels semi dirigés, en face à face.

2.1. Elaboration et évolution du guide d’entretien

Les présuppositions du chercheur ont été justifiées par les références bibliographiques existantes sur le sujet. Elles sont principalement au nombre de quatre :

1) les professionnels de santé des MSP ont des difficultés dans le repérage et l’évaluation des fragilités chez les personnes âgées qu’ils rencontrent dans leur pratique professionnelle.

2) les professionnels de santé des MSP n’ont pas l’habitude d’utiliser des grilles de repérage des fragilités pour leurs patients de plus de 70 ans.

3) les professionnels de santé des MSP présentent des difficultés dans l’initiation d’une évaluation gériatrique en libéral.

4) les professionnels de santé des MSP présentent des difficultés dans l’orientation des patients repérés comme fragiles.

Un guide d’entretien écrit a été réalisé à partir des présuppositions du chercheur et des données de la littérature. Il a évolué au fil de l’analyse des données. En effet, la définition du terme « fragilités » ne semblait pas connue de tous les professionnels. C’est pourquoi, à partir du neuvième entretien, une définition brève des fragilités a été mentionnée au sein de la question portant sur les outils de repérage, adaptant ainsi le guide initial. La question portant sur les besoins des professionnels en MSP a été partagée en deux à partir du neuvième entretien. Ceci a permis de bien distinguer les besoins des professionnels concernant d’une part leurs activités et projets pluriprofessionnels au sein de leur MSP et d’autre part les besoins plus individuels concernant leurs consultations propres (Annexe 15).

2.2. Stratégie d’échantillonnage et modalités de recrutement

L’échantillon de personnes interrogées a été sélectionné à partir d’une population ciblée sur les professionnels de santé travaillant au sein de Maisons de Santé Pluriprofessionnelles (MSP) dans la subdivision sud du Maine et Loire (département 49).

La taille de l’échantillon a été fixée à priori à 15 personnes. Les entretiens se sont déroulés jusqu’à saturation des données, et ont été confirmés par un ou deux entretiens supplémentaires.

Les professionnels sélectionnés répondaient aux critères de variation maximale suivants : profession, âge, sexe, formations annexes en gériatrie.

Pour obtenir une variation maximale et une saturation des données, la répartition des professions a été fixée à priori : un minimum de six entretiens avec des médecins généralistes, de trois entretiens avec des infirmiers(ères), de trois entretiens avec des kinésithérapeutes, et d’un entretien avec un autre professionnel paramédical travaillant avec des personnes âgées (psychologue, assistante sociale). Les trois professions de médecins, kinésithérapeutes et infirmiers(ères) ont été sélectionnées car celles-ci étaient les plus représentées au sein des

En effet, les médecins exerçant dans une MSP sont regroupés en général avec d’autres médecins généralistes (en moyenne 4,7 équivalents temps plein), et pour la grande majorité d’entre eux (84 %), avec des professionnels paramédicaux (dont 77 % avec au moins un infirmier, 63 % avec un kinésithérapeute, 54 % avec un pédicure-podologue, 40 % avec un orthophoniste, et 33 % avec un psychologue ou un diététicien) (47).

Les professions choisies sont des professions qui par leur activité touchent aux différents domaines de la fragilité chez la personne âgée et perçoivent ainsi mieux les patients dans leur globalité. En effet, selon la HAS, trois professions interviennent principalement dans le repérage des fragilités en soins primaires : les médecins généralistes, les infirmières et les pharmaciens d’officine (48). Ce repérage peut être également réalisé par un autre soignant de premier recours : kinésithérapeute, aide-soignant (24).

Dans le livre blanc sur la fragilité, Bruno Vellas confirme également que les professionnels des MSP par leur proximité physique et leur travail en pluriprofessionnalité ont un avantage dans le repérage des fragilités et permettent une prise en charge plus en globalité de la personne âgée (9).

Les professions de sage-femme et orthophoniste n’ont pas été sélectionnées car leur patientèle est majoritairement jeune. De même, la profession de chirurgien-dentiste n’a pas été sélectionnée devant le caractère localisé de la prise en charge (sphère orale).

Les professions d’ergothérapeute, psychomotricien, prothésiste n’ont pas été sélectionnées car non présentes dans l’enceinte des MSP choisies.

Les MSP du territoire sud du Maine et Loire sélectionnées pour l’étude étaient les MSP Jean Bernard Nord et Jean Bernard Sud à Cholet, la MSP de Beaupréau, la MSP de Vihiers et la MSP de Bégrolles en Mauges.

Les professionnels des MSP ont été contactés par mail ou téléphone avec l’objectif de la thèse sans spécifier la thématique précise de la fragilité (afin de ne pas influencer leurs réponses aux

entretiens). Le déroulement de l’entretien leur a été expliqué et les entretiens ont été réalisés auprès des volontaires ayant répondu favorablement (Annexe 15).

2.3. Retranscription des données

L’intégralité des entretiens a été enregistrée avec un microphone, après accord de la personne interrogée, puis chaque entretien a été anonymisé et retranscrit dans son intégralité sur le logiciel WORD ®, en respectant le langage oral. Les professionnels étaient informés qu’ils pouvaient interrompre l’entretien à tout moment, et qu’une retranscription des résultats pouvait leur être adressée. Ils ont donné leur accord pour l’exploitation des données dans le cadre de cette thèse d’exercice en médecine. Aucune donnée personnelle n’a été conservée à l’issue de l’étude. Le chercheur n’avait pas de lien avec les personnes interrogées.

2.4. Analyse des données

L’analyse des verbatims s’est effectuée de façon manuelle à l’aide d’un tableur EXCEL®, avec tout d’abord une analyse inductive selon une théorisation ancrée où les données qualitatives collectées ont été analysées afin de faire ressortir les éléments les plus représentatifs des pratiques en matière de repérage et d’évaluation des fragilités en libéral. Pour cela, les données ont été codifiées par étape puis catégorisées et mises en relation. Le processus de codage ouvert a été utilisé : les fragments de texte ont été codés (étiquetés) avec le thème auquel ils se rapportaient le plus. Après ce codage ouvert, un codage axial a été réalisé : les codes ont été comparés entre eux pour obtenir des codes généraux (catégorisation). Puis une cartographie mentale a été construite en plaçant et en établissant des connexions entre tous les codes généraux : cette mise en relation a permis d’obtenir un codage sélectif. Il représente les résultats du travail (Annexe 16). Un double codage et une triangulation des données ont été réalisés avec la co-directrice de thèse.

Dans un second temps, la méthode déductive a été utilisée permettant de confirmer ou infirmer les hypothèses préalables du chercheur. Celles-ci avaient permis l’élaboration du guide d’entretien ; par conséquent les réponses des participants ont permis de les valider ou les invalider. Les conclusions obtenues ont pu compléter celles obtenues par théorisation ancrée.

L’étude a été conçue pour répondre à un maximum de critères de qualité de la grille COREQ (Annexe 17).

RÉSULTATS

1. RÉSULTATS DESCRIPTIFS DES PRATIQUES