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2. RÉSULTATS : LES PARCOURS DE PRISE EN CHARGE ET L’ORGANISATION EN MAISONS DE SANTÉ

2.4. Fonctionnement de l’hôpital de jour gériatrique du CH de Cholet

Le questionnement des professionnels sur la contribution de l’hôpital de jour gériatrique de Cholet dans le parcours de prise en charge des personnes âgées fragiles a motivé la visite de cette structure. La description du déroulement d’une journée permettait ainsi d’identifier la contribution de l’hôpital de jour gériatrique à l’évaluation gérontologique et à l’organisation du

Le patient se présente dans le service « hôpital de jour gériatrique » avec un accompagnant, qui est la plupart du temps un enfant ou le conjoint, souvent l’aidant principal.

La matinée se déroule en quatre parties dont l’ordre est alterné pour chaque patient.

1) Une évaluation de 45 minutes est réalisée par une kinésithérapeute où plusieurs aspects sont étudiés. Initialement, l’interrogatoire questionne sur l’utilisation d’aides techniques à la marche, le périmètre de marche, la présence d’escaliers à domicile, le nombre de chutes et la capacité à se relever. Plusieurs exercices d’évaluation sont réalisés avec par exemple un testing moteur minimum, le test « get up and go », le test de Tinetti, la marche de six minutes avec mesure de la saturation et la capacité à se relever seul après une chute.

2) Une évaluation de 45 minutes est ensuite réalisée par une ergothérapeute. Une enquête complète est réalisée sur le domicile comprenant l’agencement de la maison, la présence de marches, de tapis et l’isolement par rapport aux commerces de proximité. L’agencement de la chambre avec le lit est pris en compte avec aussi celui de la salle de bain, la proximité des toilettes et la présence d’aides techniques pour éviter les chutes. L’autonomie à domicile du patient est interrogée avec la réalisation des repas, des courses, des lessives, de la toilette et l’utilisation d’un téléphone ou d’une téléalarme. L’ergothérapeute interroge également le patient sur la présence d’aides humaines familiales et professionnelles pour les actes de la vie quotidienne. La conduite automobile est aussi abordée ainsi que les loisirs et l’activité physique.

3) Le médecin réalise ensuite l’entretien médical avec une mise au point sur les antécédents, les traitements et également le mode de vie. Une recherche étiologique des chutes est effectuée si le patient est chuteur. Puis sont étudiés par interrogatoire et examen clinique : l’appareil cardio-respiratoire, l’appareil digestif, l’état nutritionnel et les troubles de la déglutition, l’appareil urinaire et les troubles de la continence, les troubles de l’humeur et du comportement, l’audition et la vision.

4) Pour finir, le patient et son accompagnant rencontrent l’infirmière qui poursuit l’interrogatoire. Elle questionne le patient et son accompagnant sur la préparation et la prise des médicaments à domicile, la texture de la prise alimentaire, la surveillance du diabète si le patient est diabétique. L’infirmière réalise un électrocardiogramme, mesure le poids et la taille du patient, vérifie la dernière prise de sang réalisée avec notamment l’albumine (marqueur de dénutrition biologique) et la vitamine D, et réalise un test d’hypotension orthostatique. Enfin, elle réalise des tests de mémoire à la recherche de troubles cognitifs : MMS, test des cinq mots de Dubois et test de l’horloge sont réalisés.

Puis, un repas thérapeutique est réalisé à midi : les patients et leurs accompagnants mangent en présence de l’infirmière et de l’ergothérapeute ce qui leur permet ainsi d’observer les attitudes et les habitudes alimentaires de chaque patient.

En début d’après-midi, les patients et leurs familles rencontrent la diététicienne qui les sensibilise à l’équilibre alimentaire et leur donne des conseils pour enrichir leur alimentation en cas de dénutrition.

Par la suite, les patients et les familles rencontrent l’assistant(e) social(e) de l’hôpital, individuellement, pour discuter des démarches sociales à réaliser et de la mise en place d’un plan d’aides à domicile (ou son amélioration).

Pendant ce temps, l’équipe pluridisciplinaire (médecin, ergothérapeute, kinésithérapeute et infirmière) se réunit pour discuter du plan de soins personnalisé à proposer au patient et à sa famille.

Pour clôturer la journée, le patient et son accompagnant rencontrent toute l’équipe pluriprofessionnelle pour faire un bilan de l’évaluation gériatrique standardisée réalisée au cours de la journée et discuter du plan de soins proposé. Différentes orientations et propositions peuvent être faites à cette occasion :

- pour les troubles cognitifs : une consultation mémoire et/ou un bilan neuropsychologique peuvent être proposés au sein même de l’hôpital. Une orientation vers l’équipe spécialisée Alzheimer est aussi possible pour évaluer l’autonomie de la personne à domicile en fonction de ses troubles cognitifs, pour proposer des séances de stimulation cognitive à domicile et pour aider au mieux l’aidant proche. Un accueil de jour existe aussi et propose des ateliers de stimulation cognitive dans une structure spécialisée.

- des propositions d’aides à domicile sont faites par l’assistant(e) social(e) de l’hôpital avec une possibilité d’intervention du CLIC.

- des inscriptions par anticipation en EHPAD ou des demandes de mesures de protection sont aussi proposées.

- la mise en place d’aides techniques par l’ergothérapeute peut être nécessaire avec, par exemple, la mise en place de barrières de lit, d’une potence, d’un système de téléalarme.

L’ergothérapeute de l’hôpital ne réalise pas d’évaluation directement à domicile, cependant un relais est possible en libéral auprès de l’ergothérapeute du CLIC ou par l’ÉQuipe d’Appui en Adaptation Réadaptation (EQAAR) qui offre un accompagnement personnalisé aux personnes âgées fragiles par l’intervention d’un ergothérapeute, d’une psychologue ou d’une diététicienne à domicile.

- Une orientation qui a toute son importance est également proposée aux patients : il s’agit de l’accueil de jour en HDJ Soins de Suite et de Réadaptation (SSR). Cette structure au sein de la polyclinique de Cholet propose un accueil de journée, deux jours par semaine pendant trois mois avec des ateliers de stimulation cognitive, de kinésithérapie pour troubles de la marche ou de l’équilibre, afin de lutter contre la désadaptation à l’effort et les chutes à répétition. Une prise en charge par une diététicienne et une psychomotricienne est aussi proposée. Cet HDJ SSR permet ainsi de mettre en pratique le plan de soins proposé par l’HDJ gériatrique de Cholet en ce qui concerne la prise en charge kinésithérapeutique, diététique et cognitive, qui peut

être parfois difficilement réalisable en libéral par manque de disponibilité des professionnels libéraux.

- Des consultations avec des spécialistes sont aussi proposées dans le plan de soins pour la prise en charge de problématiques somatiques.

Depuis l’ouverture effective de l’HDJ gériatrique en septembre 2020 : 86 demandes de prise en charge ont été effectuées. 28 demandes provenaient du médecin traitant du patient, 25 provenaient de la filière gériatrique de l’hôpital de Cholet (service de gériatrie et SSR), 17 provenaient du service des urgences de Cholet, 7 provenaient d’autres services hospitaliers de médecine de l’hôpital de Cholet, 5 provenaient du service de chirurgie de l’hôpital et 5 provenaient d’EHPAD.

Sur les 86 demandes, 29 ont été annulées par refus ou absence du patient. Sur les 28 demandes de médecins traitants, aucun médecin n’avait utilisé de grille de repérage des fragilités pour adresser le patient en hôpital de jour. Le principal moyen de demande d’évaluation se faisait par téléphone ou fax au service de gériatrie.

L’adressage en hôpital de jour gériatrique n’est pour le moment pas possible par les professionnels paramédicaux ; toute demande doit passer par le médecin traitant ou un médecin hospitalier.

L’importance de l’aidant est prise en compte dans l’évaluation réalisée lors de cette journée : son avis est intégré dans les différentes problématiques et dans la réalisation du plan de soins.

La proposition et la coordination avec l’HDJ SSR de la polyclinique permet de proposer un plan de soins concret au patient ce qui lui permet ainsi d’éviter d’être pénalisé par le manque de disponibilité sur son territoire géographique des professionnels libéraux réalisant ce type de prise en charge.

DISCUSSION