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1. RÉSULTATS DESCRIPTIFS DES PRATIQUES PROFESSIONNELLES

1.5. Les professionnels de santé et l’évaluation gériatrique

1.5.1. L’évaluation gériatrique standardisée

En pratique, médecins, infirmiers et kinésithérapeutes ont affirmé réaliser peu d’évaluation gériatrique.

« Non, évaluer ? Non. » P9

« Je dirais que je ne fais pas de bilan spécifique gériatrique » P8

Ils expliquaient qu’ils évaluaient de façon non standardisée, sans s’aider d’outils.

« je n’ai pas de connaissance par rapport à des tests rapides d’évaluation » P6

« alors ce n’est pas formel (…) c’est pas mis dans des tableaux et remplis avec des grilles » P10

Ils justifiaient cela par un manque de formation initiale ainsi qu’un manque de formation continue en gériatrie.

« ça nécessite d’avoir une certaine formation » P7

« je ne suis pas spécialisé gériatrie » P5

« formation qui date déjà de 10 ans » P6

La psychologue expliquait que les tests d’évaluation gériatrique étaient davantage réalisés par les neuropsychologues qui ont une formation adéquate pour réaliser des tests gériatriques.

« les évaluations gériatriques sont faites par les neuropsychologues » P13

« Il y a des psychologues formés en géronto » P13

Des médecins avaient mis en avant l’importance de l’expérience et de la pratique concernant l’évaluation gériatrique.

« C’est un peu intuitif, c’est mon expérience » P5

« j’ai beaucoup pratiqué » P7

Pourtant, une infirmière a confirmé la nécessité d’utiliser dans sa pratique des grilles d’évaluation gériatrique, spécifiques à sa profession lors du bilan de soins infirmiers.

« pour les personnes de plus de 90 ans, on est obligé de faire des bilans de soins infirmiers (…) il y a beaucoup d’échelles » P11

« les AIS (…) on fait toute l’évaluation globale du patient » P10

La psychologue également réalisait des évaluations gériatriques en EHPAD pour repérer des déficits et orienter ensuite vers la réalisation d’un bilan gériatrique plus spécialisé.

« J’en faisais dans le cadre de l’EHPAD, quand j’étais salariée en EHPAD » P13

« NPI (…) pour évaluer les troubles du comportement » P13

« c’était plus pour initier, voir s’il y a besoin de faire un bilan géronto » P13 1.5.2. L’évaluation des fragilités

1.5.2.1 Caractéristiques

L’évaluation des fragilités était variable selon la profession de l’évaluateur c’est-à-dire qu’elle variait en fonction de la demande pour laquelle le professionnel était impliqué.

« On ne regarde pas les mêmes choses dans nos professions » P8

« évaluation kinésithérapique (…) ciblée sur la pathologie (…) avec tout le bilan articulaire, musculaire, cutané. » P8

« On va plutôt se concentrer sur ce pourquoi on vient et pas forcément regarder non plus tout en globalité » P9

Pour les kinésithérapeutes, les fragilités n’étaient pas évaluées au sens propre du terme mais ces professionnels avaient les capacités de réaliser des bilans d’évaluation d’autonomie par exemple, demandés par le médecin traitant.

« Ils nous demandent souvent de faire un bilan d'autonomie » P3

« je fais toujours un bilan à la première séance mais pas avec des bilans comme ça assez exhaustifs » P12

En ce qui concernait les infirmières(ers), les actes de soins infirmiers à domicile leur permettaient de réaliser une évaluation globale des fragilités chez les personnes âgées, avec par exemple l’évaluation de l’alimentation, du sommeil, de la mémoire, par les échelles du bilan de soins infirmiers.

« Pas forcément à chaque fois (...) mais on fait des petites annotations sur ce qu’on remarque, (...) sommeil, (…) alimentation (…) éducation

thérapeutique » P10

« Est-ce qu’il tient sur un pied ? Au niveau fragilité cutanée, au niveau mémoire, au niveau autonomie. Y a plein d’échelles. Faut regarder les bilans soins infirmiers. » P11

Dans les EHPAD, des évaluations globales gériatriques étaient réalisées dans le cadre de la réalisation des coupes PATHOS, soit par le médecin coordinateur lui-même soit par la psychologue qui réalisait également ces évaluations.

« quand il fallait faire les PATHOS » P13

L’idée d’une évaluation globale réalisée par chaque profession était ressortie de nombreuses fois ainsi que la nécessité de la réaliser en plusieurs temps, au fur et à mesure du suivi du patient.

« je vais essayer d’avoir une prise en charge globale » P3

« Au fur et à mesure (…) sur plusieurs fois » P11

« progressivement et en discutant entre nous » P11

Plusieurs professionnels pointaient aussi l’importance du caractère pluridisciplinaire de l’évaluation des fragilités.

« la discussion pluridisciplinaire » P11

« c’est clairement plus les ergothérapeutes qui vont être plus à intervenir sur l’adaptation du logement » P8

1.5.2.2 Ressenti sur l’évaluation

Certains professionnels justifiaient l’intérêt d’une évaluation des fragilités par l’utilité de faire un premier bilan pour pouvoir mieux justifier un avis spécialisé.

« Faire un petit débrouillage quoi » P6

« Et surtout pouvoir demander un avis spécialisé » P1

L’intérêt d’une évaluation des fragilités a été justifié par l’apport d’un bénéfice pour le patient et l’observation d’un progrès dans sa prise en charge.

« Faut que je lui montre l’intérêt qu’il peut y avoir derrière, la conséquence que ça peut avoir dans son quotidien » P3

Le bénéfice qui a été clairement mis en avant par les professionnels était un suivi et une prise en charge personnalisés, avec une évolution favorable.

« Personnalisation de l’accompagnement, la prise en charge, voir l’évolution aussi. » P13

« La notion de progrès, c’est quelque chose qui a un impact important chez la personne âgée. » P3

L’objectif principal était le maintien de l’autonomie de la personne âgée à domicile et d’éviter au mieux l’entrée précipitée en institution.

« maintien de l’autonomie » P12

« prises en charge quand elles sont à la charnière entre la perte d’autonomie et l’arrivée en structure » P12

Les critères de réussite d’une évaluation étaient identifiés comme une bonne connaissance de la personne âgée, une adaptation au patient et une éducation de la personne âgée pour pouvoir avoir son adhésion au plan de soins.

« On apprend d’abord à connaître la personne » P11

« voir comment elle est et puis après on s’adapte » P11

« faut éduquer en disant « là, si vous n’êtes plus capable, il faudrait… » P11

Le principal frein nommé à l’évaluation des fragilités était le caractère chronophage de l’évaluation gériatrique. Seul le motif initial de consultation était traité en premier lieu lors de la consultation et l’évaluation n’était pas réalisée en l’absence de temps dédié rémunéré.

« hyper chronophage » P3

« si on avait le temps et que c’était un temps dédié pour évaluer ce dont elle a besoin au niveau médical, psychologique, aides à domicile et tout ça.

C’est sûr qu’on ferait quelque chose de plus global » P9

« les actes des personnes âgées sont mal côtés » P3

2. RÉSULTATS : LES PARCOURS DE PRISE EN CHARGE ET