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Troisième fondement de l’ancrage : le rôle du territoire

INTRODUCTION DU CHAPITRE 1

1.3 Troisième fondement de l’ancrage : le rôle du territoire

Toutes les tentatives de définition du territoire font apparaître le constat de la polysémie du terme (Lévy, 2003). Les emplois du mot prolifèrent à tel point que certains en viennent à s’interroger sur sa pertinence et à se demande si, à avoir été trop sollicité, il n’est pas victime d’un « éreintement » (Pecqueur, 2009). Sans dresser une revue exhaustive de toutes les définitions rencontrées, nous allons distinguer les grandes différences selon les approches disciplinaires afin de mettre en évidence les principaux points de clivage. Nous conclurons en présentant la définition sur laquelle nous nous appuyons et justifierons notre choix.

1.3.1 Le territoire : un concept polymorphe

Le concept de territoire a été historiquement développé par les géographes. En partant de la notion d’espace, on pourrait dire, en première approche, que le territoire est un espace habité. Pour reprendre l’expression de Benko cité par Pecqueur (2009, p.57) : « L’apparence

fait le paysage, l’appartenance fait le territoire ». Bien qu’aujourd’hui fortement différencié

de la notion d’espace, le territoire a conservé de cette dernière certaines dimensions. En particulier, un territoire peut être caractérisé par une surface géographique, par des distances et par des lieux. Il peut être délimité, mesuré et centré. Toutefois, c’est la socialisation de cet espace qui est la marque dominante du territoire en géographie. Colletis et Rychen (2004, p.217) en donne une définition générale : « Une portion de surface terrestre appropriée par

un groupe social pour assurer sa reproduction et la satisfaction de ses besoins vitaux ».

Les économistes se saisissent plus tardivement de la notion de territoire. La crise du fordisme engage ceux-ci dans la recherche de nouveaux modèles de développement et le « local » fait son apparition. La découverte du développement endogène (ou peut-être faut-il parler d’invention tant le concept traduit aussi une volonté de mise en place d’une logique économique alternative) est le nécessaire préalable à une nouvelle définition du territoire. Colletis et Rychen (2004, p.218) soulignent qu’une définition économique part non plus d’une délimitation physique, comme dans le cadre d’une approche géographique du territoire, mais des besoins des acteurs. Ils précisent que le territoire est alors « l’ensemble des lieux

nécessaires à la satisfaction des besoins et à la reproduction de l’agent économique ». Mais

cette définition peut également être élargie en considérant que le territoire n’est plus seulement une affaire d’espace mais aussi un mode de développement. L’analyse territoriale suppose l’émergence de ressources locales, non seulement données mais aussi construites et une certaine utilisation des interrelations entre les entreprises et leur proche environnement.

« Les territoires n’existent pas comme tels, comme support de ressources disponibles ou ressources transférables (…) Les territoires sont révélés ou produits lors de processus interactifs générant la création de ressources nouvelles » (Colletis, 2010, p.236).

La double portée de ce concept (un cadre spatial et un mode de développement) a entrainé une dissociation des termes de local et de territoire. Le local, comme le souligne notamment Pecqueur (2009), renvoie à une échelle. Il s’agit de l’espace proche, celui qui est en concurrence avec des espaces périphériques, qui bénéficie d’une cohésion interne forte. Le territoire renvoie davantage à un mode de développement. Aucune échelle particulière n’est spécifiée. Une particularité du terme de territoire est qu’il peut aussi bien être invoqué dans le

cas du développement local d’une petite commune rurale que pour désigner une vaste région, voire un pays, par simple opposition à un ensemble plus vaste encore (Cheshire et Malecki, 2004). Le territoire, en tant qu’expression d’un mode de développement, est l’antithèse de la globalisation.

Pour les économistes, la différenciation entre espace et territoire est maintenue et enrichie. L’espace est doté d’actifs, qui peuvent être génériques ou spécifiques. Ce sont des objets identifiés et activés tels que des matières premières, des infrastructures, un savoir-faire, etc. En revanche, le territoire est le pourvoyeur de ressources latentes, c'est-à-dire de moyens dont des entreprises pourront se saisir mais qui demeurent inactivées. Ces ressources peuvent être génériques ; par exemple des informations issues d’un laboratoire, peuvent être valorisées mais aussi transférées. Elles peuvent être spécifiques ; tel est par exemple le cas de « l’atmosphère » industrielle d’un district, réservoir de valeurs latentes non transférables. (Colletis-Wahl et Perrat, 2004).

La définition politique du territoire ne peut pas être dissociée des découpages administratifs de celui-ci (Lacoste, 2004), mais sans pouvoir y être réduite. La notion d’approche territoriale, c'est-à-dire du territoire comme levier d’action économique et politique, repose sur le présupposé que chaque territoire est une forme organisée au sein de laquelle se nouent des synergies et des coopérations. Un tel présupposé ne va pas de soi et l’absence de dynamique territoriale de certains espaces le démontre. Comme le souligne Callois (2007) en s’appuyant sur le concept de « rayons de confiance », seuls certains territoires constituent des « entités organiques cohérentes ». D’autres présentent une forte hétérogénéité et une faible cohésion organisationnelle. De la même façon que tous les territoires politiques ne peuvent pas devenir attractifs, ils ne reposent pas non plus sur les mêmes mécanismes endogènes.

D’une façon générale, l’approche politique du territoire se caractérise par le fait qu’elle met l’accent sur le sujet de la gouvernance mais aussi en ce qu’elle repose autant sur une vision idéologique qu’analytique. Le territoire apparaît comme le nouveau cadre idéalisé d’une organisation sociétale, à l’abri des menaces de la mondialisation. Des solidarités nouvelles viennent se substituer aux anciennes solidarités nationales de l’après-guerre.

Les sociologues, les chercheurs en géographie sociale, les acteurs du marketing territorial introduisent la notion de territoire symbolique (Di Méo, 1987 et 1998). Il s’agit de cerner des aspects non objectivables de ce qu’est un territoire mais qui peuvent constituer des facteurs identitaires forts, réduisant les distances internes au territoire et accroissant les

distances vis-à-vis de l’extérieur. Cette identité symbolique imprègne notamment les villes et leur donne une dimension immatérielle constitutive de leur attractivité. Celle-ci est notamment prise en compte dans l’estimation de l’attractivité des territoires en géomarketing (Baray, 2008). Mais la dimension symbolique du territoire peut également s’analyser du point de vue de l’acteur individuel. Reix (2008) prend en compte les facteurs d’attachement liés à des histoires personnelles. Il y a alors un risque de dilution du concept territorial dans un océan de considérations individuelles.

L’approche sociologique introduit également les travaux sur l’encastrement (Granovetter 1973 et 1985). Le territoire est le lieu d’encastrements multiples des individus (encastrement relationnel, familial, …) dans des structures sociales multiples. Cette approche permet une vision fortement socialisée de l’espace mettant l’accent sur la dimension interrelationnelle et sur le rapport aux institutions. Mais dans cette approche également il y a un risque d’éclatement du concept. La vision du territoire est discontinue et ses frontières se diluent. La « force des liens faibles » est de faire éclater les limites d’un système replié sur lui-même, privé d’interfaces avec l’extérieur.

En Sciences de Gestion, Lauriol et al., (2008, p. 187), conçoivent le territoire « comme

une forme d’organisation de l’action collective spatialisée et territorialisée ». Le territoire est

défini par les décisions qui y sont prises. Colletis et Rychen (2004, p.218) précisent que

« l’entreprise (…) ne revendique pas nécessairement un territoire continu, (…) son entité territoriale se compose d’une succession de portions de territoires formant un véritable archipel ». Ces définitions permettent de dissocier, pour une même entreprise, différents

terrains d’action : le territoire commercial (la zone de chalandise), le territoire de production (défini par la localisation des sous-traitants, des fournisseurs, des supports logistiques), le territoire des salariés (bassin d’emploi), etc. Cette vision morcelée et sans cesse redéfinie du territoire ne répond pas aux exigences d’une gouvernance territoriale publique. L’ancrage territorial, en mettant en évidence un collectif de parties prenantes, apparaît comme une rencontre entre la vision microéconomique des gestionnaires et la vision des politiques pour lesquels le territoire est un niveau mésoéconomique de coordination (Pecqueur, 2009).

1.3.2 Les limites de la capacité opératoire du concept

Etablir une comparaison systématique des points de divergence entre les différentes définitions du territoire proposées dans la littérature conduirait simplement à montrer

l’éclatement de cette notion. En revanche, il nous semble utile de pointer les ambiguïtés et points de divergence qui limitent la capacité opératoire du concept.

Deux difficultés principales apparaissent. La première tient à l’insuffisante prise en compte des échelles. La seconde tient à des divergences majeures dans la possibilité d’objectiver ou non un territoire.

1.3.2.1 Le territoire et ses dimensions

De quelle échelle parle-t-on ? Du point de vue politique et économique, le recours au territoire traduit notamment la crainte inspirée par la globalisation. Celle-ci ne peut être rejetée en tant que fait économique et politique. Toutefois, une alternative apparaît dés lors que l’on peut combiner deux processus conjointement à l’œuvre : d’une part, un processus de déterritorialisation par lequel les entreprises s’émancipent des contraintes locales, par exemple en délocalisant des productions, en les rapprochant de zones de marchés ou de bassins d’emploi à faibles coûts ; d’autre part, une organisation géographique des entreprises donnant à ces dernières un accès privilégié à des ressources construites localement. Le néologisme de

« glocal » est ainsi une façon de conjuguer ces deux mouvements d’apparences

contradictoires. La région peut alors apparaître comme une dimension à part entière, porteuse de richesses, de perspectives de développement et s’émancipant de l’échelon national. « Ces

régions qui gagnent » (Benco et Lipietz, 2000) apparaît autant comme un plaidoyer politique

que comme une nouvelle échelle d’analyse. De nouvelles cartographies des régions apparaissent. L’Union Européenne par exemple modifie ses critères de découpages régionaux dans le temps : durant la période 2000-2006, les régions soutenues relevant de l’objectif 2 étaient identifiées au cas par cas, notamment en fonction de leur histoire industrielle (déclin, reconversion, …). Sur la période 2007-2013 les régions soutenues au titre de l’objectif

« convergence » sont définies de façon systématique comme celles qui disposent d’un PIB par

habitant inférieur à 75% de la moyenne communautaire. Mais définir politiquement le territoire en contrefeu du phénomène de globalisation ou en l’émancipant des tutelles nationales ne suffit pas à en préciser l’échelle. Les dimensions extrêmement variables données au mot territoire compliquent l’opérationnalisation du concept.

Les travaux empiriques réalisés portent sur des objets territoriaux d’échelles très variables. Il s’agit souvent de la ville, parfois de la région ou même un espace à l’échelle de la

nation, ou bien au contraire de simple territoires ruraux. Mais comme le soulignent Gaschet et Lacour (2007), les lieux centraux retenus ne sont parfois même pas cités dans les travaux.

Cette insuffisante clarification des échelles géographiques dans les travaux de recherche (où souvent les chercheurs se limitent à évoquer les termes d’agglomération, de région, de territoire sans préciser leurs dimensions) entraîne des problèmes pratiques multiples pour exploiter les connaissances acquises. L’identification des zones d’activités devant être privilégiées dans les décisions d’aménagement régional constitue un exemple de difficulté non résolue. Ainsi, certains conseils régionaux ont pris l’initiative de privilégier des zones « d’intérêt départemental » aux dépens des zones industrielles de proximité. Cette politique apparait notamment dans les différences de taux de subvention accordés aux différentes zones. Une zone dite d’intérêt départementale est plus fortement subventionnée qu’une zone de proximité. Ce choix repose sur des hypothèses multiples. L’hypothèse est notamment faite qu’une zone, en étant vaste et plus visible, est automatiquement plus attractive. Une autre hypothèse est que le regroupement d’entreprises sur un même lieu débouchera sur la production d’externalités. Les entreprises croiseront des savoir-faire, partageront des ressources, enrichiront leurs compétences. Cette vision suppose implicitement que les économies d’agglomération ou de localisation peuvent être transposées à de petites échelles territoriales. Mais jusqu’à quelle dimension territoriale est-il possible de transposer les phénomènes décrits par la littérature ? Il est possible de montrer globalement que des entreprises bénéficient d’externalités ; il est plus difficile d’en monter l’origine et les limites du périmètre activant ces externalités.

1.3.2.2 Territoire postulé versus territoire défini du point de vue des acteurs

Une deuxième difficulté tient aux approches distinctes pouvant être faites du territoire, selon que l’on postule celui-ci ou qu’on le définisse du point de vue des acteurs.

Le premier point de vue est par exemple développé par le GREMI (Crevoisier, 2010) qui défend l’idée de formes territoriales préexistantes à l’innovation. Le point d’entrée d’une telle approche peut être immédiatement le territoire. L’analyse porte alors sur les caractéristiques de ce territoire et l’influence de ses caractéristiques en tant que facteurs d’innovation. L’entreprise est la résultante issue de la combinaison de ces facteurs. Certains territoires pourront ainsi être analysés comme des milieux innovateurs et d’autres seront considérés comme des territoires présentant des insuffisances, par exemple structurelles, qui les rendent peu innovateurs (Fourcade, 2004). Mais dans tous les cas, le cadre de l’action politique et économique est défini. Il est celui du territoire qui, dans une analyse

mésoéconomique, semble témoigner d’une communauté d’intérêts. Sans nécessairement adopter la vision abstraite et simplificatrice des découpages administratifs, il est possible de définir les conditions d’une gouvernance territoriale quand le périmètre d’action est clairement établi. Ainsi, les fonds d’intervention européens reposent explicitement sur une définition spatiale stricte de territoires supposés avoir une identité et des problématiques communes.

A l’inverse, le point de vue du groupe Dynamique de proximité réfute ce « présupposé

localiste » (Gilly et al., 2004). Comme le précisent Gilly et Torre (2000, p.26) « [le territoire] doit être considéré comme un construit, issu des représentations et des pratiques des agents économiques et institutionnels (…) et non comme une hypothèse de départ ». Le territoire

devient plus ou moins assimilable à un réseau localisé, c'est-à-dire un objet discontinu (Lauriol et al., 2008). Les échelles spatiales pertinentes ne peuvent pas être postulées à l’avance. De plus, le fait qu’une entreprise soit localisée, ne signifie pas qu’elle appartienne à un territoire. Elle peut s’en extraire en s’appuyant sur des formes organisationnelles qui lui donneront les moyens d’une coordination à distance. L’entreprise n’est pas seulement

localisée dans ces espaces mais elle est située, c'est-à-dire présente à la fois ici et ailleurs. Les

territoires avec lesquels elle est en interrelation traduisent un enchevêtrement complexe (Alcaud et Brillet, 2007).

Ne concevoir le territoire que du point de vue des acteurs rend l’action politique difficile, voire impossible. Comment assurer la gouvernance d’un objet diffus, insaisissable ? Les actions de développement local seraient limitées à des actions ponctuelles, en faveur d’entreprises différenciées et présentant des niveaux variables d’ancrage. De plus, une définition du territoire du seul point de vue des acteurs rend difficile la compréhension des mécanismes collectifs et des interactions multiples s’exerçant au sein d’un système complexe, non réductible à un réseau.

Pour notre part, désireux de prendre en compte des aspects spécifiques de l’entreprise (l’entrepreneur et ses liens) nous devons observer le territoire de son point de vue. Cette approche est nécessaire pour retracer et comprendre un processus entrepreneurial. La définition que l’entrepreneur se donne de son (ou ses) territoire(s) est d’ailleurs susceptible d’évoluer dans le temps. Toutefois, ce choix d’une définition du territoire du point de vue des acteurs n’est pas pour nous une position radicale. Il tient en partie à un choix de méthode et à l’individualisme méthodologique de notre approche. Nous admettons volontiers la pertinence d’une vision politique du territoire, du simple fait que les entreprises sont en partie

dépendantes de choix de gouvernance territoriale et de politiques institutionnelles. Par ailleurs, comme nous le verrons, nous mobilisons l’économie des conventions. Or, certaines conventions s’exercent dans un espace collectivement déterminé (conventions territoriales). Bien qu’abordant le territoire du point de vue de l’entrepreneur et de son entreprise, nous prenons en compte les formes territoriales définies d’un point de vue extèrieur, notamment celles qui regroupent des entreprises ayant un fort taux d’ancrage.

1.3.3 Les principales formes territoriales à fort ancrage

Depuis la fin des années 80, la recherche en sciences régionales, et notamment en économie industrielle, a permis de mettre en évidence un certain nombre de formes territoriales agglomérant des entreprises. Ces formes sont la traduction de l’influence réciproque exercée par territoire et entreprise. Ces formes captent non seulement les entreprises et leurs interrelations mais également les formes institutionnelles qui sont à l’œuvre. Nous entendons par formes institutionnelles aussi bien des institutions formelles (organismes publics, …) que des institutions informelles (des usages locaux par exemple). Du point de vue de la gouvernance territoriale, une partie de la difficulté tient à ce que le territoire est animé à la fois d’institutions formelles et d’institutions informelles. Si les premières sont censées être sous la tutelle du pouvoir politique, la gênèse des secondes est mal connue. Elles échappent largement au contrôle politique (Chabaud et al., 2005).

Comme il est fréquemment souligné dans la littérature, les définitions des formes territoriales sont instables, et les auteurs peuvent en donner des lectures spécifiques ou englobantes. Cette instabilité n’est pas préjudiciable à notre travail car nous avons retenu une approche de l’ancrage par les acteurs et non par les territoires. Les différentes formes territoriales que nous allons rapidement présenter nous intéresse du point de vue taxinomique, par l’identification des mécanismes communs et les différences qui les sous-tendent. Toutes ces formes territoriales ont en commun d’héberger des entreprises présentant un ancrage territorial.

Les Systèmes Productifs Localisés (SPL)

Le concept reçoit des définitions multiples et parfois divergeantes. Si on s’en tient à la définition proposée par Courlet (2000), les SPL constituent des regroupements d’entreprises, ayant des rapports d’échange de formes diverses et présentant des intensités plus ou moins fortes. Ces échanges peuvent porter sur des biens, des services, des connaissances. Dans cette optique, les districts industriels et les milieux innovateurs sont des formes englobées dans les

SPL. Dans une optique plus restrictive, d’autres auteurs (Mérenne-Schoumaker, 2002 ; Alcaud et Brillet, 2007 par exemple), précisent que les entreprises regroupées dans un SPL sont essentiellement des PME et qu’elles sont regroupées autour d’un même secteur industriel. Dans cette approche, le degré d’innovation demeure modeste.

La Datar24 s’est saisie du concept afin d’en tirer une labellisation de certains territoires. Pour sa part, elle reconnaît aux entreprises qui y sont implantées une capacité d’innovation. Celle-ci est davantage mise à profit pour renforcer la compétitivité du territoire, que pour renforcer la compétitivité d'une filière au niveau mondial. Gillio et Ravalet (2009, p.19), dans une publication du CERTU25 les définissent en précisant : « Même si les

regroupements d’entreprises dont il s’agit peuvent s’être développés spontanément, les SPL sont des outils de planification territoriale de la production ».

La division du travail, comme critère de définition des SPL, est inégalement retenue selon les auteurs. Courlet (2000) et Lescure (2006) estiment que l’existence d’une division du travail n’est pas nécessaire à l’identification de cette forme territoriale. La Datar, à l’inverse, souligne qu’il s’agit là d’une des dimensions intrinsèques des SPL.

Les districts industriels

La redécouverte des travaux de Marshall (1890), notamment par Becattini (1992), marque l’avènement des districts industriels dont les formes archétypales correspondent en large partie à celles observées en Italie. La terminologie est celle de Becattini mais les grandes caractéristiques de ces organisations territoriales demeurent celles observées par Marshall qui parlait pour sa part « d’industrie localisée ». Un district constitue « Une entité

socio-territoriale caractérisée par la présence active d'une communauté ouverte d’individus et d’une population segmentée d’entreprises >@ chacune d’entre elles se spécialisant dans l’accomplissement d’une ou plusieurs phases » (Becattini, 1992, p.159).

Les districts sont établis dans la durée, ils sont la marque de l’histoire d’une région. Suire (2003) les considère comme une forme plus stable que le cluster. Il parle de « bien

d’expérience » pour souligner que leur construction est le fruit d’une histoire industrielle

partagée. Ils regroupent essentiellement des PME organisées selon une logique de partage du