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INTRODUCTION DU CHAPITRE 4

4.1 L’utilisation de la méthode des cas

Nous exposons dans cette section les choix méthodologiques effectués pour conduire notre enquête empirique. Après avoir décrit la démarche empirique retenue (4.1.1), nous précisons les caractéristiques de la méthode des cas et les raisons de son choix (4.1.2). Nous détaillons enfin le design de notre recherche (4.1.3).

4.1.1. La démarche empirique retenue

La figure, ci-dessous, reprend les différentes étapes de la construction de notre démarche empirique au service d’une question de recherche émergeant progressivement.

Figure 4.1.

Rappel de la question de recherche

Champ de recherche L’ancrage territorial

Visée générale Explicative : pourquoi et comment une entreprise s’ancre ?

Etat de la connaissance

Pourquoi l’entreprise s’ancre ? Pour des raisons stratégiques.

Comment ? En optimisant des coordinations qui prennent appui sur différentes proximités.

Observation

. L’ancrage semble rattaché à des aspects humains, non stratégiques (RSE, priorité donnée au local, …)

. Les préférences de l’entrepreneur influent sur le choix de localisation. Notre logique

Abductive : la décision d’ancrage est, peut-être, à rapprocher de la décision de localisation : la prise en compte du lien personnel entrepreneur/territoire influe peut-être aussi sur l’ancrage.

Question de recherche…

Comment le lien personnel entre l’entrepreneur et le territoire influence l’ancrage territorial d’une PME ?

… qui nous conduit aux interrogations suivantes :

Comment le lien personnel entre l’entrepreneur et le territoire influence : 1°) la nature de l’ancrage territorial de la PME ?

2°) les parties prenantes prises en compte dans l’ancrage territorial de la PME ?

3°) les modes de coordination utilisés dans l’ancrage territorial de la PME ?

Nous apportons ci-après quelques commentaires sur la nature abductive de notre démarche, ainsi que sur le paradigme constructiviste retenu.

Une démarche abductive

Notre situation est la suivante. Nous disposons d’une « règle »50, aux contours en partie flous, et dont nous ne connaissons pas l’étendue générale. Cette règle, établie notamment à travers l’étude de phénomènes de localisation, dit que les préférences personnelles du dirigeant peuvent influer sur des décisions spatiales. Ces préférences personnelles lient le dirigeant au territoire. Par ailleurs nous pouvons identifier des résultats ou « conséquences » qui nous intéressent particulièrement. Ce sont des situations d’ancrage territorial. Leur nature est variable, complexe, imprégnée d’aspects humains peut-être étrangers à des considérations purement stratégiques. Ces situations sont imparfaitement définies dans la littérature. Entre cette règle, dont nous ne connaissons pas l’étendue générale, et des situations d’ancrage, dont nous ne savons pas si elles sont influencées par cette règle, nous allons analyser des « cas », qui nous permettront peut-être d’établir des hypothèses reliant une règle et des conséquences observées. Notre démarche n’est pas inductive. Nous ne faisons pas « table rase » de la connaissance acquise et en particulier nous prenons en compte des règles proposées par la littérature. Notre démarche n’est pas non plus déductive en cela que les liens entre les variables qui nous intéressent (lien entrepreneur/territoire d’une part et ancrage territorial d’autre part) ne sont pas assez bien définis pour que nous puissions bâtir des hypothèses et les soumettre à une tentative de falsification. Notre démarche est abductive. Elle consiste à effectuer une observation empirique reliant une règle générale à une connaissance (David, 2012). Lorsqu’on observe un fait dont on connaît une cause possible, on conclut à titre d'hypothèse que le fait est probablement dû à cette cause.

Encadré 4.1

Notre démarche abductive

La « conséquence » constatée est la suivante : les situations d’ancrage semblent imprégnées d’aspects humains multiples dont les seules approches stratégiques ne rendent peut-être pas compte.

L’ancrage est, peut-être, explicable par une extension aux situations d’ancrage de la « règle » suivante : Les décisions de localisation des entrepreneurs sont affectées par des préférences personnelles liées au territoire.

Nous recherchons des « cas » correspondant à la situation suivante : les décisions d’ancrage peuvant être comparées aux décisions de localisation en cela qu’elles sont aussi influencées par les préférences personnelles du dirigeant.

Cette approche est complémentaire de démarches inductives ou déductives selon une boucle récursive proposée par Pierce (David, 2012).

50

Nous employons les termes de « règle », « conséquence » et « cas » à la suite de David (1999), qui reprend lui-même de Pierce.

Abduction déduction induction

Si la démarche d’abduction permet de proposer des hypothèses venant compléter la règle, alors il sera ultérieurement possible de soumettre ces hypothèses à une démarche hypothético-déductive et de valider la pertinence de la règle énoncée pour expliquer des situations d’ancrage. Dans le cas où les hypothèses seraient rejetées, il pourrait être nécessaire de proposer, par induction, une nouvelle règle.

L’abduction fait une large part à l’interprétation, voire à l’intuition, et utilise fréquemment l’analogie (Thiétard, 1999). C’est d’ailleurs par analogie entre des situations qui nous semblent proches que nous envisageons de transposer une règle définie dans les décisions de localisation à des situations d’ancrage. Comme le mentionne Koenig (1993, p.7) : « L’abduction est l’opération qui, n’appartenant pas à la logique, permet d’échapper à

la perception chaotique que l’on a du monde réel par un essai de conjecture sur les relations qu’entretiennent effectivement les choses. Alors que l’induction vise à dégager par l’observation des réalités indiscutables, l’abduction consiste à tirer de l’observation des conjectures qu’il convient ensuite de tester et de discuter ».

Une connaissance de nature constructiviste

Nous retenons les principes fondant l’épistémologie constructiviste tels que définis par Le Moigne (1990), Koenig (1993), Charreire et Huault (2001), David (2012). Notre approche est conforme à ces principes en différents points.

La finalité de notre travail est de permettre de mieux comprendre la décision d’ancrage pour éclairer des choix managériaux ultèrieurs et pour pouvoir, du côté des décideurs publics, mieux identifier les leviers favorisant l’ancrage. Il est important que nous puissions communiquer nos observations sur les processus étudiés, en restituer une représentation, et utiliser celle-ci à des fins pratiques.

Nous devons faire émerger une réalité qui soit un ensemble le plus cohérent possible, liant des motivations et des actes passés. Notre travail est d’inciter les entrepreneurs rencontrés à formuler des éléments de justification pouvant, après coup, expliquer des choix antèrieurs. Le risque de rationalisation a posteriori est important. Nous devons le réduire en permettant aux entrepreneurs de garder une réflexivité sur l’histoire qu’ils nous livrent. Nous ne pourrons que nous arrêter à un ensemble d’explications, que nous admettrons être réalistes et satisfaisantes, pour décrire des évèvements passés. Notre intention est de restituer à l’objet que nous étudions toute la complexité de sa construction. Nous savons, avant même le début

de notre travail empirique, que cette complexité est importante et que la décision intègre des aspects hétérogènes : des éléments analytiques issus de réflexions stratégiques, des influences liées à une imprégnation par le territoire, des aspects affectifs liés à l’histoire du dirigeant ou à sa socialisation sur le territoire, l’expression de choix moraux, des règles collectives… L’important n’est pas tant de mettre à jour « la réalité du Réel », que de construire une modélisation d’un processus cognitif qui permette de rendre compte de l’ensemble du processus de façon convenable.

Les acteurs ne sont pas toujours eux-mêmes conscients de leurs propres motivations et de la façon dont leurs décisions ont été construites. Avant notre intervention, une partie de ces motivations n’aura être pas été mise au clair par les acteurs eux-mêmes et ce seront peut-être nos échanges qui permettront d’élaborer ces explications. Ce faisant, un tel travail peut ne pas être neutre sur la représentation que les entrepreneurs se feront après coup de leur parcours d’ancrage. Notre intention n’est pas d’agir sur un processus en cours mais il se peut que, de facto, nous influencions la compréhension que les entrepreneurs auront de leurs choix. La recherche empirique peut constituer pour eux aussi un exercice contribuant à organiser le réel.

Les difficultés à faire émerger cette représentation du réel, nécessiteront d’être dans une relation interactive, supposant de la confiance, une mutuelle compréhension des intentions de chacun et de l’empathie. Nous devons également nous imprégner de l’environnement professionnel et local de nos interlocuteurs pour contextualiser leurs propos.

4.1.2 Le choix de la méthode des cas

4.1.2.1 La méthode des cas au sein des études qualitatives

Nous envisageons d’effectuer une observation détaillée de situations naturelles sans retenir préalablement de modèle théorique, même si nous disposons d’un cadre et d’un outillage conceptuel. Ces deux modalités, selon Van Maanen, Dabbs, et Faulkner, cités par Yin (2009), constituent l’essence des études qualitatives. En effet, la littérature ne nous propose pas un cadre théorique intégrateur de l’ensemble des composantes liées à la décision d’ancrage. En outre, le champ d’investigation demeure large et les observations porteront sur des aspects nombreux, hétérogènes, dont nous ignorons les articulations et qui sont difficilement mesurables.

Nous envisageons que certains faits ne puissent valoir que par l’interprétation qui en sera faite. Ainsi, les relations d’un entrepreneur avec des représentants institutionnels locaux

ne sont pas nécessairement en soi des éléments explicatifs d’un ancrage. L’analyse de leur fonction dans le processus étudié relève d’une interprétation menée conjointement avec l’entrepreneur. C’est ce que Hlady Rispal (2002, p.47) met en évidence en exposant les situations conduisant à prescrire une approche qualitative : « (…) les comportements humains

ne s’expliquent pas par une simple relation de cause à effet. Ils révèlent un ensemble de significations et de valeurs qui donnent un sens aux faits qui sont observés. »

La décision d’ancrage devra être comprise comme émergente d’un ensemble foisonnant de variables interreliées. Nous essayons d’avoir « une compréhension holiste du

contexte de l’étude », celui-ci étant perçu comme un système complexe dont les éléments ne

peuvent être analysés de façon isolée (Miles et Huberman, 2003, p.21).

En nous référant aux mêmes auteurs, d’un point de vue opérationnel, nous devons : - avoir « un contact prolongé avec un terrain » de façon à saisir des données nombreuses et variées ;

- avoir une « compréhension empathique » des entrepreneurs rencontrés afin d’analyser non des faits énoncés mais la vision intime que ces acteurs ont de la réalité ;

- pouvoir comprendre comment « les personnes dans des contextes particuliers

comprennent progressivement, rendent compte, agissent » (Miles et Huberman, 2003, p.21).

Parmi les différentes méthodes qualitatives utilisées en Sciences de Gestion, nous mentionnons ci-après celles qui nous semblent les plus significatives et les principales raisons pour lesquelles nous les avons écartées avant de retenir la méthode des cas.

Tableau 4.1

Inadéquation entre certaines méthodes qualitatives et notre question de recherche

Principales caractéristiques Principales inadéquations avec notre projet de recherche

Recherche action Nécessite une collaboration entre

entreprise et chercheur. Ce dernier suscite des actions dans le cadre de la résolution d’un problème de gestion.

. Présence impérative dans l’organisation durant le déroulement du processus étudié . Interférences inopportunes entre influence du dirigeant et du chercheur sur le

phénomène étudié Récit de vie Regard d’un acteur sur des faits passés et

présents. Approche introspective.

La nécessaire prise en compte de l’organisation dans notre projet de recherche est exclue par cette méthode. Phénoménologie L’étude porte sur les significations

accordées à un phénomène donné. Elle repose sur le vécu des acteurs.

La signification accordée aux faits et le vécu des acteurs nous intéressent, mais pas de façon exclusive.

Ethnographie Attachement aux faits observés dans une perspective interactionniste

Une immersion complète du chercheur dans l’organisation étudiée n’est pas possible.

Grounded Theory Méthodologie et technique fondée sur la codification, la catégorisation et la comparaison de données empiriques.

Méthode inductive dans laquelle la théorie émerge de la démarche empirique. Dans notre cas, notre démarche repose sur une théorie.

Etude de cas Exploration ou recherche compréhensive permettant au chercheur de conserver une distance.

Possibilité de prendre en compte la signification accordée aux faits par l’entrepreneur mais de considérer aussi des faits objectifs extérieurs (par exemple sur l’organisation)

Source : D’après Creswell (1998), Hlady Rispal (2002)

4.1.2.2 La méthode des cas : nature et adéquation avec notre projet de recherche

Il est largement admis que l’étude de cas puisse constituer une stratégie de recherche à part entière (Hlady Rispal, 2002 ; Miles et Huberman, 2003 ; Yin, 2009).

Nous retenons la définition de la méthode des cas proposée par Yin (2009, p.18). Même si des divergences apparaissent entre auteurs notamment sur les conditions de scientificité de la méthode des cas, les termes de cette définition semblent conformes à l’appréciation générale. « Une étude de cas est une recherche empirique qui :

- étudie un phénomène contemporain en profondeur et dans un contexte réel ; particulièrement lorsque

- les limites entre le phénomène et le contexte ne sont pas clairement tracées. »51

51

Traduit par nous. Le texte original est : « A case study is an empirical inquiry that :

- investigates a contemporary phenomenon in depth and within its real-life context, specially when

Dans notre contexte de recherche, ces critères s’appliquent. Les ancrages observés sont des ancrages réels que nous analyserons en prenant en compte le contexte territorial et organisationnel de l’entreprise. L’entrepreneur sera également pris en compte dans un contexte large (histoire, famille, socialisation, …). Les limites entre les éléments qui sont liés à la problématique étudiée et des aspects anecdotiques extérieurs à cette problématique ne nous sont pas connues. Stake (2000) insiste également sur ce point. Ainsi, nous prendrons en compte le cadre familial des entrepreneurs sans savoir si celui-ci a un quelconque rôle sur le processus d’ancrage territorial. Enfin, nous aurons la possibilité de multi-anguler nos sources d’informations, démarche nécessaire à la validité du construit.

Stake (2000) différencie trois sortes d’études de cas. Un cas intrinsèque est celui qui présente un intérêt en soi. Il n’intervient pas comme une situation illustrant un phénomène plus général. Il est étudié dans une démarche qui ne vise pas à faire émerger une théorie. C’est

en lui que se situe la connaissance recherchée. A l’inverse, un cas instrumental est celui qui

vaut par sa capacité à illustrer une situation plus générale. Son étude vise à comprendre une règle dépassant les aspects anecdotiques du cas lui-même. Le cas n’a pas d’intérêt en soi. C’est derrière lui que se situe la connaissance recherchée. Enfin, une étude de cas collectifs (ou multi-sites) vise également à étudier un phénomène de portée générale à partir de plusieurs situations emblématiques de ce phénomène. Il s’agit d’une étude instrumentale s’appuyant sur plusieurs cas. David (2005) relativise toutefois la portée de la distinction entre cas intrinsèques et instrumentaux dans la production de la connaissance scientifique, même s’il en retient l’utilité sur le plan analytique. Dans notre recherche, nous nous situons dans la catégorie de cas « collectifs ». Les cas ne nous intéressent pas tant en eux-mêmes que pour comprendre des fonctionnements de portée plus générale. La multiplication des cas permet de nous assurer de la prise en compte de situations différentes, afin d’identifier toutes les variables méritant d’être saisies. La finalité est de comprendre une logique processuelle commune à partir de cas de figure différents.

David (2005), s’interrogeant sur les conditions de la généralisation de résultats issus d’études de cas, souligne que les rapports à la théorie ne sont pas les mêmes selon les types de cas retenus. Le cas « illustratif » suppose l’existence d’une théorie bien arrêtée. Le cas n’a pas de valeur démonstrative. Le cas « test » permet de valider ou falsifier des propositions théoriques qui ont été formulées en amont et qui demeurent incertaines. Le cas « typique » s’efforce d’être le plus près possible du cas général. Il permet de disséquer un phénomène dans ce qu’il a de plus commun. Il a une valeur statistique particulière qui fonde sa

représentativité. Enfin, le cas « inédit » ou « exemplaire » est, à l’inverse du cas précédent, un moyen de s’immiscer au sein d’une situation nouvelle, atypique et de mettre en lumière des phénomènes peu ou pas traités par la théorie. Il permet notamment d’élaborer des concepts nouveaux. Dans le continuum existant entre ces différentes catégories de cas, nous nous situons plus près de la dernière (le cas exemplaire) que des autres. En effet, nous cherchons à identifier des situations nouvelles, insuffisamment décrites par la littérature, sans nous intéresser (à notre étape de la recherche) à leur fréquence d’apparition. Pour cette raison, nous porterons une attention particulière à la variété de notre échantillon (voir plus avant).

4.1.2.3 Ce qui fait la qualité scientifique de la méthode des cas

Les études des cas sont reconnues et adoptées par les Sciences de Gestion. Hlady-Rispal et Jouison-Laffitte (2014) montrent l’usage actuellement fait dans la recherche en entrepreneuriat des méthodes qualitatives en général, et de l’étude de cas en particulier. S’appuyant sur les articles publiés par le Journal of Business Venturing (JBV),

Entrepreneurship Theory & Practice (ET&P) et Entrepreneurship and Regional Development

(E&RD) entre 2007 et 2012, elles montrent qu’un tiers de ces recherches ont adopté une approche qualitative (voir Tableau 4.2) et que, parmi elles, la méthode des cas a été retenue majoritairement (plus d’un tiers des fois).

La scientificité de l’utilisation des études de cas en Sciences de Gestion a été montrée et les conditions de mise en œuvre pour s’assurer de cette scientificité ont été décrites dans la littérature (Yin, 2009 ; Miles et Huberman, 1994 ; Stake, 2000 ; Eisenhardt et Graebner, 2007). La scientificité de la démarche tient à la capacité du chercheur de critiquer la qualité des données collectées ainsi qu’aux conditions de leur interprétation. Hirschman (1986) retient, dans une approche constructiviste, les critères de « crédibilité, transférabilité,

confirmabilité et fiabilité52» qui font le pendant à ceux de « validité interne, validité externe, fidélité, fiabilité » qu’elle réserve au positivisme. Nous notons toutefois que d’autres auteurs

les emploient de façon interchangeable (Miles et Huberman, 2003).

52

Tableau 4.2

Publications de JBV, ET&P, E&RD de 2007 à 2012

Méthodologie adoptée

Quantitative Qualitative Conceptuelle Autres

732 articles 49,71% 32,16% 17,54% 0,58% Méthode qualitative retenue 111 articles Nbre d’articles JBV, ET&P et E&RD 2007/2012 Méthode qualitative retenue Nbre d’articles JBV, ET&P et E&RD 2007/2012

Etudes de cas 42 Ethnographie 4

Interviews 20 Protocoles verbaux 3

Quali / Quanti 14 Recherche historique 2

Grounded theory 13 Phénoménologie 2

Narratives 5 Multi-méthodes 1

Recherche action 4 Observation 1

Source : Hlady-Rispal et Jouison-Laffitte (2014, pp.13-15)

La crédibilité : l’objectif est de savoir si le chercheur a bien saisi les données qui lui ont été données à voir, c'est-à-dire s’il a bien restitué les avis, opinions, les interprétations des acteurs rencontrés. A-t-il été le témoin attentif des subjectivités rencontrées ou sa propre subjectivité l’a-t-elle conduit à transfigurer celle de ses interlocuteurs. « Pour déterminer la

crédibilité d’une interprétation particulière, une approche utile est, pour le chercheur, de soumettre l’interprétation à l’examen minutieux des individus sur lesquels elle repose, afin de recueillir leurs réactions quant à son authenticité. »53 (Hirschman, 1986, p.244). Un premier outil de crédibilité sera constitué par la précision apportée à la saisie des données de terrain (enregistrement des échanges, retranscription écrite). Un second outil sera constitué par les synthèses de ces échanges, la mise par écrit de notre interprétation, et la validation de celle-ci par les personnes rencontrées.

La transférabilité : l’objectif est de savoir si le résultat pourra être de nouveau rencontré dans des contextes différents de celui dans lequel on vient de l’étudier. Toutefois, il ne s’agit pas, comme dans une approche positiviste, de savoir si le résultat est généralisable, parce qu’il reposerait sur une loi fondamentale et que cette loi s’affranchirait des

53

Traduit par nous. Le texte original est : « To determine the credibility of a particular interpretation, one useful

approach is for the researcher to submit the interpretation to the scrutiny of those individuals upon whom it is based, and seek their responses as to its authenticity. »

particularismes du contexte de l’étude. Il s’agit plutôt de savoir si un phénomène étudié peut