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Deuxième partie : Le concept de développement durable

Chapitre 1 Théories et généralités (définition, principes, objectifs)

1.1.9 Le triomphe du petit geste quotidien

La réinterprétation des questions environnementales s’est produite en même temps que les français ont investi et domestiqué de nouvelles manières de pratiquer (le respect de l’environnement) ; passant des valeurs aux pratiques quotidiennes.

« Sauver la planète, qui s’y opposerait ? Personne ! Mais qui en a les moyens ? Certainement pas moi tout seul »…. [129]

Tel est le raisonnement qui a longtemps prévalu, dissuadant la plupart des français d’agir et dédouanant les plus indifférents, l’attitude du plus grand nombre se résumait donc à l’évitement ou la délégation. Les français se retranchaient en effet volontiers derrière les carences, les hésitations ou simplement l’inaction de (ceux qui pourraient ou devraient faire quelque chose), la plupart s’interrogeaient sur l’utilité de l’action individuelle quand les (gros pollueurs) n’agissaient pas, ou trop peu, le coût d’une correction des comportements était en effet jugé tel qu’il était plus facilement envisageable collectivement, par des mesures de régulation, contrôle ou sanctions imposées par l’État.

Au cours de ce siècle, la relation entre les êtres humains et la planète qui les soutient a subi une profonde mutation.

Les manquements des pouvoirs publics et des industriels étaient en outre une dispense pour les (passagers clandestins) de la protection de l’environnement : une majorité qui comptait bien profiter du bénéfice de l’action collective, en en payant le coût minimum, le raisonnement a permis à un certain nombre de relativiser leurs propres manquements et de composer avec leur conscience…sans mauvaise conscience. Ces stratégies d’évitement et de délégation n’ont pas disparu, mais elles sont aujourd’hui en fort recul.

Les passagers clandestins de l’environnement ne représentent plus qu’une fraction de la population (moins de 10%) quand ceux qui s’engagent et pratiquent activement et 

régulièrement des gestes pour l’environnement comptent désormais, quelles que soient les études, pour plus de la moitié des français. Les autres se situant dans une posture intermédiaire : sensibilisés, pratiquants potentiels ou irréguliers de gestes qu’ils mobilisent aléatoirement.

« Au début du siècle, ni les effectifs humains ni la technologie n’avaient le pouvoir d’altérer radicalement les systèmes planétaires. Non seulement les masses humaines se sont encore multipliées et ont acquis ce pouvoir de transformation de la planète, mais des modifications majeures, imprévisibles, se produisent dans l’atmosphère, dans les sols, dans les eaux, dans la flore et la faune, ainsi que dans les relations entre tous ces éléments. Le rythme auquel ces changements interviennent est si rapide que ni les disciplines scientifiques ni les capacités actuelles de nos évaluateurs et de nos conseillers ne parviennent à le suivre. Malgré leurs efforts, nos institutions politiques et économiques, nées dans un monde différent et plus fragmenté, sont impuissantes à s’y adapter. Il ne cesse d’inquiéter profondément de nombreuses personnes qui tentent de faire entrer ces préoccupations dans les programmes politiques. » [130]

Les menaces qui pèsent sur le monde ne sont pas l’apanage d’un seul groupe de nations. Les pays en développement sont confrontés aux dangers mortels que sont la désertification, la disparition des forêts et la pollution, et ce sont eux qui souffrent le plus de la pauvreté qu’engendre la dégradation de l’environnement. Toute la famille des nations aurait à pâtir des conséquences de la disparition des forêts tropicales, de la perte d’espèces végétales et animales et des modifications des régimes de précipitations. Les pays industriels sont menacés par d’autres dangers mortels : la présence des substances et de résidus toxiques ainsi que l’acidification. La totalité des nations peuvent avoir à souffrir des quantités de gaz carbonique et d’autres gaz que les pays industriels déversent dans l’atmosphère et qui réagissent avec la couche d’ozone, comme elles souffriraient toutes d’une guerre au cours de laquelle les pays qui en disposent se serviraient des armes nucléaires.

C’est donc à l’ensemble des nations qu’il appartient d’agir pour modifier les tendances actuelles et pour rectifier le système économique international de façon



qu’il n’ait plus pour effet d’augmenter, mais de diminuer les inégalités et le nombre de pauvres et d’affamés.

Les prochaines décennies auront une importance cruciale. Le moment est venu où il faut rompre avec d’anciens systèmes. Chercher à maintenir la stabilité sociale et écologique en conservant les vieilles approches par rapport au développement et à la protection de l’environnement ne ferait qu’accentuer le déséquilibre. La sécurité ne sera trouvée que dans le changement.

Les changements qu’elle préconise dans les attitudes humaines dépendent d’une vaste campagne d’éducation, assortie de débats et d’une participation du public. Cette campagne doit commencer dès maintenant si l’on veut qu’un progrès humain durable soit atteint.

« Ce changement est d’autant plus significatif qu’il ne s’est pas accompagné de la progression de la certitude d’être efficace pour autant. Les pratiques ne sont pas motivées par la croyance de (pouvoir changer le monde à soi tout seul) mais par l’exigence de participer, à son niveau et à sa façon, à la prise en charge d’une somme de problèmes dont la dangerosité et l’urgence sont acquises. » [131]

Une majorité de français affirment donc aujourd’hui pratiquer ou se disent prête à adopter des gestes individuels pour participer activement à la protection de l’environnement.

Concrètement, ils privilégient les efforts ordinaires et réguliers : le petit geste du quotidien. Ils puisent dans un répertoire d’actions (de base), comme à l’ensemble de la population, gestes pratiques dits de (bon sens), actions individuelles adossées à des comportements de consommation ou s’intégrant dans un comportement citoyen. L’exhaustivité n’est plus possible, tant le répertoire s’est élargi, mais retenons par exemple la réduction de la consommation d’eau ; les pratiques d’attention aux énergies : extinction du chauffage quand le logement est inoccupé, isolation, adoption de sources de chaleur alternatives, extinction des lumières, installation d’ampoules basse consommation, réduction de la fréquence des (machines) vaisselle et linge, acquisition d’un équipement basse consommation ; l’adoption d’une conduite plus 

souple, usage des transports en commun sur les petits parcours, covoiturage ; le tri des déchets ménager, l’adoption de sacs réutilisables et l’achat de produits peu emballés…..Et en 2009, un peu plus d’un français sur cinq déclarent renoncer ÀÁ × Ä Ä Ç Ð É Â ¿ À à l’achat d’un produit parce qu’ils pensent que ce produit ne respecte pas l’environnement (achats de consommation courante : alimentation, produit d’entretien, produit d’hygiène/beauté, etc.).

On enregistre bien évidement des écarts dans l’application de ces pratiques ou de ces arbitrages selon les cycles de vie, les structures familiales et, d’une façon générale, les modes de vie. Autant de variables qui composent et imposent la fréquence, l’ampleur et la nature des efforts consentis. Mais qu’on les pratique ou pas, on sait et on admet la pertinence de ces gestes, et même s’il y a encore loin de la parole aux actes, c’est un fait : le niveau d’engagement progresse.

1.1.10 Les français écolos? Non éconologistes! Alors les français seraient-ils