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Troisième partie : La Culture chinoise et le développement durable

Chapitre 1 La culture chinoise Communique vers le Développement sociale et économie durable en Chine

1.1 La relation DD et culture chinoise dans la littérature

1.1.2 De quoi s’agit-il?



« Une société harmonieuse est une société démocratique régie par le principe de primauté du droit, d’égalité et de justice dans laquelle les divers éléments du système social concordent ; une société solidaire, stable, ordonnée et énergique dans laquelle les hommes vivent en harmonie avec eux-mêmes et avec la nature.[197] Quatre conditions au moins doivent être réunies : la pleine efficacité et intégration des pouvoirs de l’État (législatif, exécutif, judiciaire) ; des valeurs sociales et culturelles de base cohérentes ; la satisfaction des besoins des différents groupes d’intérêt ; la liberté et la possibilité de passage d’une couche sociale à une autre. Le concept de société harmonieuse est donc un guide pour bâtir une société qui place l’homme avant tout. C’est une incitation constante à comprendre les caractéristiques d’une société à un moment donné afin de détecter les facteurs de disharmonie et de proposer des solutions pour assurer un meilleur développement sociale. Elle donne un sens aux principes et aux objectifs que nous nous fixons. Elle implique non seulement le développement économique, social et environnemental mais aussi des valeurs philosophiques et culture.

« Le gouvernement chinois a été amené à analyser sa situation actuelle au prisme de ce nouvel objectif. Ce travail de remise en cause a abouti à la fixation de principes et d’objectifs prioritaires. Il a aussi mis en place des instruments de mesure nouveaux, comme le PIB " vert ", qui prennent en compte des aspects autres qu’économiques, tels que la préservation de l’environnement ou la corruption. La Chine a désormais un programme qui vise bien plus que le concept occidental de développement durable. Il a une philosophie qui vise un développement harmonieux et intègre toutes les facettes de la vie des individus. Quel est le contenu du programme que le gouvernement a adopté pour construire une société harmonieuse? » […]

« Tout d’abord, six principes ont été fixés : l’homme avant tout ; le développement scientifique ; la réforme et l’ouverture ; la démocratie et la primauté du droit ; l’équilibre entre réforme, développement et stabilité ; enfin, la participation de toute la société sous la direction du Parti. Dans ce prolongement, des objectifs ont été mis 

en place tels que le développement du régime socialiste démocratique et du système législatif ; la réduction de inégalités de développement entre les différentes régions et entre les zones urbaines et rurales ; l’établissement d’un taux d’emploi élevé et d’un système de sécurité social performant et bénéficiant à tous ; l’amélioration du service public, notamment administratif ; le développement à la santé nous tous; le développement idéologique, moral, scientifique, culturel ainsi que le développement d’une atmosphère stable et confiante et des relations humaines harmonieuses ; la garantie d’un ordre social ; l’utilisation des ressources en vue d’une amélioration notable de l’environnement écologique ; l’établissement d’une société modérément prospère, dans laquelle l’ensemble des Chinois jouiront d’un niveau de vie plus élevé, se développant au mieux, selon leurs compétences et talents, dans un cadre de vie harmonieux. » [198]

Face cette stratégie nouvellement définie, deux constats s’imposent. Premièrement, la Chine vient de lancer un nouveau défi qu’elle compte gagner pour le pays. De même qu’elle a su répondre au défi de la mondialisation en répondant à la logique de marché par une croissance durable à deux chiffres, de même elle a réussi à s’imposer comme l’atelier du monde et comme un exportateur de premier plan, la Chine compte gagner son combat pour garantir le développement harmonieux de sa société.

« Jean Philippe Béja, est un grand spécialiste de la Chine, il est connu pour ses publications sur les transformations de la société chinoise et son système politique. Son article È

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Æ ÃÄ Ä Æ ¿ Ê Â Í ÌÐ ¿ ¿ Æ ÀÃÇ ¿ Æ Ëô Ê Ç ¿ Ï Ð Ê ÃÆ ¿ ÃÄ Ô Â é » a été écrit au milieu des années 90 en France alors qu’il était directeur de la rédaction de Perspectives chinoises. Dans celui-ci, il montre comment la Chine en est venue à renouer avec son passé confucéen. » [199]

« Au début du 20e siècle, la Chine était donc divisée entre ceux qui voulaient protéger la culture traditionnelle et ceux qui la dénonçaient. Les partisans du ÀÃ

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Ç ¿ Ü voulaient préserver la culture chinoise, considérée comme supérieur, ainsi qu’utiliser le savoir- faire occidental. L’objectif de ce courant de pensée était de faire de la Chine, un État  H P Q R E@ C D ES E T U R E@ C D ES E T V ?  R

 E B W  T D   T G  X D @ YE », le développement durable, un bon choix sur l’harmonie entre l’homme et la nature, chapitre 6, 1999. Hunan renmin chubanshe.

riche possédant une puissance militaire importante et capable de s’imposer sur la scène internationale. Les opposants au « ÀÃ

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Ç ¿ Ü Ö , croient, pour leur part, que la culture sous-tend au système économique et qu’il faut alors adopter les valeurs occidentales afin de pouvoir les concurrencer. Par contre, agir de la sorte bouleverserait profondément la population chinoise. La Chine doit donc choisir entre privilégier son développement économique ou protéger sa culture plus que millénaire.

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Elle choisira finalement la voie du développement puisque depuis la révolution, les gouvernements successifs de la Chine ont montré leur intention de suivre le modèle de développement occidental. Ils ont tenté plusieurs méthodes pour se moderniser et en même temps se montrer protecteur de ladite culture chinoise. Alors qu’une minorité de lettrés défend encore cette culture traditionnelle, les jeunes, quant à eux, la dénoncent plutôt comme étant la source de tous les maux que connaissait la Chine depuis sa rencontre avec l’Occident, en particulier son arriération sur le plan économique.

Bien que Confucius dans ses écrits se réfère essentiellement aux travaux des champs, on peut considérer que sa pensée est exportable à d'autres domaines d'activité, en particulier à l'activité industrielle, qui est prédominante aujourd'hui. La société industrielle entretient bien sûr des rapports étroits avec la nature.

Selon Jean Philippe Béja, « un changement de cap s’effectue en Chine vers les années 80. Les intellectuels et conseillers des dirigeants sont convaincus que la culture confucéenne n’est pas une entrave au développement puisqu’elle permet à la Chine d’éviter les problèmes qu’a connus l’Occident. De leur côté, les jeunes modernistes, ayant étudié en Amérique et en Europe, critiquent le système démocratique et chantent les vertus d’un système néo-autoritaire, un pouvoir central fort qui permet une stabilité primordiale à la dynamisation de l’économie d’un pays. Pendant les années 90, â ÃÆ ¿ Ü ã Â Ô Ã¿ doit trouver une légitimité de rechange étant donné une corruption généralisée au sein de l’appareil de l’État sous le gouvernement de 

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Þ ÃÆ Ç Ò Ã¿ Ü . Il recourra aux vertus de la culture et de la morale traditionnelle afin de limiter les conséquences de la décadence morale du précédent dirigeant. Afin d’assurer un développement harmonieux et de faire de la Chine un État puissant, l’identité chinoise devra être remise en avant et c’est là ou le confucianisme entre en jeu. »

Selon â Â Æ ¿ û Ó ÃËÃÒ Ò Â Béja, « le retour de cette culture traditionnelle permet un objectif qui est double puisqu’il permet la recomposition de la société en rendant fiers tous les Chinois de vivre sous la République populaire ainsi que de redonner une identité au peuple en crise. Même si les jeunes Chinois ne rêvent pas de musique ou d’art traditionnel, mais bien du mode de vie occidental, cela n’empêche pas le confucianisme de se présenter en tant que fondement de la culture chinoise. » David Ownby, « La Chine ne cessera jamais de nous étonner. Après le virage capitaliste pris par un parti communiste qui n'a jamais officiellement renié ses orientations marxistes, voici que ce même parti, favorise le retour du confucianisme, considéré naguère comme une doctrine décadente et réactionnaire ». [201]

Il y aurait même à l'heure actuelle un véritable engouement pour le confucianisme dans l'empire du Milieu, selon David Ownby, directeur du Centre d'études de l'Asie de l'Est. Le professeur en a fait le thème central de son cours portant sur l'économie politique de la Chine moderne: È ç Æ Áð Ã Ä Ô Â Â À Ê Ç ¿ Ï Ð Ê ÃÆ ¿ ÃÄ Ô Â Ò Â Ð É Â ¿ Àô ÃËÄ Ï Æ ÃÁ Â ê Ç ¿ Ô Ø ¿ Æ Ü Â é Ö propose-t-il comme piste de réflexion.

Vide idéologique « Si le confucianisme est réhabilité aujourd'hui, c'est parce que la révolution maoïste a échoué et que le pays se trouve face à un vide idéologique et moral, » affirme David Ownby. Mais le Parti communiste chinois est toujours au pouvoir; après l'instauration d'une économie de marché, il doit assoir sa légitimité et son autorité sur de nouvelles bases et se tourne, pour cela, vers le confucianisme. Le Parti veut conserver le contrôle et l'exercer à la façon chinoise.

Pour atteindre leur but, les dirigeants chinois misent d'une part sur certains points fondamentaux du confucianisme qui peuvent leur être favorables, tel le respect de l'autorité et de la hiérarchie comme gage de l'harmonie sociale. È Î Â ÀÓ × Ô Â Í Â 

Í ÃÄ Ê Ç Ð Á Ä Ö Ú souligne le professeur.

Selon David OwnbyÚ « comme le confucianisme est basé sur une morale traditionnelle (obéissance à ses supérieurs, importance de la famille, vertus intérieures à cultiver, possibilité que tous deviennent des citoyens moraux), sa réhabilitation peut être vue comme une solution à la corruption et au cynisme qui, d'après ç ½ Ownby, sont omniprésents en Chine.

Bien que la pensée de Confucius soit un système métaphysique (les rituels devaient mettre l'humain en harmonie avec l'énergie cosmique), elle visait d'abord et avant tout une éthique sociale, ce qui se prête assez bien à une philosophie d'État qui cherche à écarter les références au surnaturel. Confucius est ainsi présenté comme le père de l'humanisme chinois.