PAR-1 PAR-2 Facteurs de coagulation
5. LA TRANSMISSION DU SIGNAL
Ce point permet d’aborder deux aspects envisagés et analysés dans ce travail :
- en premier lieu, la relation dose-dépendante de l’activation du récepteur et ce malgré son mécanisme d’activation particulier ;
- ensuite, la description des cascades intracellulaires activées par le récepteur permettant
d’interpréter les résultats obtenus en termes de signalisation.
5.1. L
A RELATION ENTRE LA CONCENTRATION EN LIGAND ET LA RÉPONSE CELLULAIRELa nature catalytique de l’activation de PAR-1 signifie que même une très petite concentration d’une protéase pourrait activer l’ensemble des récepteurs présents à la surface cellulaire, après un temps suffisamment long. Cependant, les expériences ont montré que l’activation des récepteurs PAR est dose-dépendante. Ainsi, contrairement aux récepteurs qui ne nécessitent pas d’hydrolyse pour l’activation et pour lesquels l’intensité de la réponse dépend du nombre de récepteurs activés, les cellules stimulées via les récepteurs PAR sont sensibles à la vitesse d’activation des récepteurs, mécanisme lié à la concentration en protéases. Cela s’explique par le fait que chaque clivage de récepteur génère un "quantum" de
second messager, le récepteur étant actif durant un intervalle de temps fini[157]. L’activation
temporelle limitée du récepteur est causée par un mécanisme de désensibilisation (mécanisme exposé plus loin) et ce, malgré la présence continuelle du "tethered-ligand". Dès lors, seule une concentration suffisamment élevée en protéases, entraînant un clivage simultané de nombreux récepteurs, permet de générer une quantité suffisante de seconds messagers
nécessaires à une réponse cellulaire[154].
5.2. L
A SIGNALISATION INDUITE PARPAR-1
Lors de leur activation, les récepteurs PAR subissent des changements de conformation qui facilitent le couplage aux protéines G au niveau de la membrane
plasmique[109, 145]. Grâce à l’utilisation de récepteurs chimériques, des expériences ont montré
que les protéines G interagissent avec la seconde boucle intracellulaire du récepteur PAR-1[158].
A l’image de beaucoup d’autres récepteurs liés aux protéines G (GPCRs), les récepteurs PAR sont couplés à de multiples voies de signalisation et peuvent dès lors réguler de nombreuses fonctions cellulaires. Ainsi, PAR-1 interagit en particulier avec les sous-unités α suivantes[105, 109, 159, 160]
:
- αi2, de la famille des sous-unités Gαi/o, inhibitrice de l’adenylate cyclase ;
- α12 et α13, de la famille des sous-unités Gα12 activant Rho et les SRE ("serum
response elements") ;
- αq11, de la famille de sous-unités Gαq activant la phospholipase C-β.
Il est à noter que le couplage de PAR-1 à ces différentes protéines G dépend fortement
du type cellulaire et de la relative abondance de ces protéines G[102].
5.2.1. LA VOIE GαQ
La voie de signalisation principale passe par le couplage à αq11, qui active la
phospholipase C-β1 (PLC-β1). Cette dernière active à son tour la protéine kinase C-α (PKC-α)
et est aussi responsable de l’augmentation de la concentration en calcium intracellulaire.
Ensemble, Ca2+ et PKC activent de nombreuses voies de signalisation, incluant les
Ca2+/Calmoduline kinases (CaM) et les protéines kinases activées par les mitogènes (MAP
kinases)[105, 109].
5.2.2. LA VOIE Gα12
Le récepteur PAR-1 est également couplé aux protéines Gα12 et Gα13 qui provoquent
l’expression de gènes induite par AP-1 ("activating protein 1") dont l’activation dépend de
Ras, notamment dans les plaquettes et les cellules d’astrocytome[161, 162, 163]. Cette voie joue un
rôle majeur dans la migration cellulaire et dans l’apparition de pseudopodes lors de
l’activation des plaquettes, grâce à l’interaction de Gα12/13 avec les facteurs d’échange de
nucléotide guanine (GEFs, "guanine-nucleotide exchange factors") qui activent Rho, agissant
sur la forme cellulaire, et Rac, participant au remodelage du cytosquelette, notamment[163, 164,
165]
5.2.3. LA VOIE GαI/O
Les récepteurs PAR-1 sont également couplés aux protéines Gαi, induisant une
inhibition de l’adenylate cyclase et de l’AMPc[166, 167]. On ne retrouve actuellement que très
peu de documentation sur cette voie dans la littérature scientifique.
5.2.4. Les sous-unités βγ
Il apparaît aujourd’hui que les sous-unités βγ des protéines G, dont le rôle initial les
cantonnait au couplage des sous-unités α aux récepteurs[160]
, semblent activer certaines voies de signalisation. Ainsi, les sous-unités βγ induisent l’activation de la phosphatidylinositol-3
kinase (PI 3-kinase)[168]. Les sous-unités βγ sont également couplées à d’autres voies, telles
celles menant à l’activation des récepteurs kinases liés aux protéines G (GRKs), des canaux
potassium (Ki) et des tyrosines kinases non récepteurs (TK)[109]. Bien qu’en général, les
sous-unités βγ des récepteurs couplés aux protéines Gi activent les phospholipases-C β2 et β3[169]
,
aucune donnée sur ce sujet n’existe pour les récepteurs PAR-1[112].
5.3. L
A SIGNALISATION INDUITE PARPAR-2
Contrastant avec le grand nombre d’études menées sur la signalisation intracellulaire induite par l’activation du récepteur PAR-1, très peu d’études ont porté sur les mécanismes liés au récepteur PAR-2. La raison en est probablement la faible expression des récepteurs PAR-2, par rapport à PAR-1, dans les cellules couramment utilisées pour l’étude des voies de signalisation (fibroblastes, cellules endothéliales …) Malgré cela, certaines voies de signalisation ont pu être caractérisées.
Bien qu’il n’y ait pas d’évidence directe liant PAR-2 à l’activation des protéines G, de nombreuses études démontrent que l’utilisation d’agonistes sélectifs pour PAR-2 induisent
l’apparition de seconds messagers typiques de l’activation de Gαq, Gαi et probablement
G12/13[145].
Il a également été montré que PAR-2 active diverses voies kinases, telles la voie p38
MAP kinase[170] et la voie ERK 1/2, mais d’une façon particulière. En effet, l’activation de
PAR-2 provoque le recrutement de la β-arrestine qui va servir d’intermédiaire pour le recrutement et l’organisation des kinases Raf-1, MEK 1/2 et ERK 1/2, dans un "module de signalisation MAP kinase", situé dans un puits mantelé ou des endosomes précoces (figure 16)[171]. Cette structure permet à ERK 1/2 d’agir sur des cibles cytosoliques et l’empêche pénétrer dans le noyau.
Figure 16. Module de signalisation MAP kinase suite à l’activation de PAR-2[109]
PAR-2 active également la voie de NFκB dans les kératinocytes et les myocytes[172,
173]
et les protéines tyrosine phosphatases intervenant dans la régulation de la phosphorylation
de Src[174]. Enfin, des études récentes suggèrent le couplage de PAR-2 à JNK et p38 MAP