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Chapitre 1 – Forme d’agencement des temporalités sociales en situation de retraite et

2. Vers une interprétation des modes d’agencements des temporalités sociales à la

2.2 Les modalités de transition travail-retraite

2.2.2 Une transition subie

D’autres enquêtés n’ont pas préparé temporellement, ni psychologiquement leur retraite. Dès lors, la désocialisation professionnelle anticipée (Caradec, 2008), à laquelle nous avons fait référence, n’existe pas ici. Ils n’ont mis aucune stratégie préparatoire en place en terme occupationnel, afin d’anticiper leur départ en retraite et leur horizon temporel. La seule dimension prévue est celle institutionnelle ou matérielle (Debrand, Sirven, 2009, Robichaud et al., 2000), à partir du moment où il a été décidé que les retraités devaient quitter leur vie professionnelle. Cette proposition de prendre leur retraite n’a pas été spontanément évoquée par ces retraités mais a été le fait d’une instance externe à eux. Bien souvent, l’entreprise pour laquelle ils travaillaient, pose cet arrêt définitif de cessation d’activité en raison de critères d’âge, comme c'est le cas majoritairement en France, où les mesures d’âge et le

119 cloisonnement par l’âge reflètent le contexte culturel national. A ce titre, Michel (fr), directeur de la gestion d’une banque privée, a dû quitter son entreprise à soixante-cinq ans, Pierre (fr), haut fonctionnaire de la fonction publique a été démis de ses fonctions à cinquante-cinq ans. Pour Rachel (qc), la transition a pu être abrupte en raison de mesures publiques :

On a fait une ouverture de départ, parce que le gouvernement voulait économiser sur le personnel, en mettant à pied du personnel, donc la façon de faire c’était d’offrir la retraite beaucoup plus tôt, le gouvernement s’est attendu à ce qui y ait des gens qui partent, mais il ne s’était pas attendu à ce qu’il y en ait autant, donc moi j’avais 53 ans, c’est jeune pour partir, je n’avais pas l’intention d’avoir une fin de carrière aussi abrupte, donc je n’étais vraiment, mais vraiment pas prête, je montais des projets dans le travail, j’avais encore un bon dix ans, mais là quand ils ont offert cela, je voyais toutes les copines qui partaient, et puis on avait un gros changement dans le réseau de santé ici, c’était énorme et donc j’avais un petit peu d’amertume et tout cela, et puis je me disais ‘‘est-ce que je reste ou est-ce que je pars ?’’, et puis on avait une date définie, on l’a su en janvier, et en juin il fallait savoir, c’était pas long de se positionner, de réfléchir à cela, et puis moi j’adorais mon travail, j’aimais mon travail, je suis une passionnée, fait que quand c’est arrivé le temps, j’ai signé le 30 juin, je n’arrivais pas à me décider de partir, pour moi c’était comme une coupure épouvantable, pour moi c’était un deuil épouvantable, j’avais encore le goût de faire autre chose, j’étais projetée pour dix ans... Je n’ai pas terminé tout de suite, parce qu’il y avait tellement de monde qui partait donc on avait deux jours, en donnant notre démission, dans les deux jours ils nous réengageaient, j’ai été réengagée, j’ai recommencé comme si c’était à zéro, pas dans l’expérience, mais comme une nouvelle employée jusqu’en octobre, pour donner le temps aux gens de tourner, de tourner dans le département, il n’y avait plus personne, c’était du nouveau monde, donc j’ai été comme un mentor pour aider ces gens là, et donc j’ai été à la retraite en octobre. Il y a eu des discussions beaucoup sur ce sujet là car la plupart étaient très contents de partir, mais nous on n’était pas contents, je n’osais pas en parler, fait qu’un jour on a décidé de faire un film sur les gens qui ne voulaient pas partir et on m’avait demandé pourquoi vous ne vouliez pas partir ?Eh bien parce que je n’avais jamais prévu de partir, je n’étais pas prête, je ne peux pas être à quelque chose que je n’ai pas prévu (Rachel, qc).

Rachel rapporte son incompréhension de cette sortie précoce du marché du travail, pour par la suite être rappelée en raison de la fuite non négligeable de compétences et d’effectifs. Guillemard (1991) note pour la France la négativité de cette « retraite couperet » :

120 « Quoi qu’il en soit, le ‘‘couperet’’ de la retraite est dénoncé comme une absurdité, comme un gâchis au niveau social, économique, culturel, en terme de non-utilisation des ressources humaines et des compétences. Il est vécu comme un non-sens, une solution ‘‘faute de mieux », une sorte de ‘‘politique du pire’’ pour le long terme. C'est aussi la critique qui est faite à l’égard d’une mesure qui porte préjudice à l’équilibre de la personnalité, à l’affirmation de l’identité individuelle » (Guillemard, 1991, p. 53).

Le caractère spontané et subi de ces préretraites n’a laissé aucune marge de manœuvre aux travailleurs afin de mener à bien une stratégie de « désocialisation professionnelle ».

Par ailleurs, des dimensions individuelles, comme la santé, peuvent jouer un rôle dans la prise précoce de la retraite (Debrand, Sirven, 2009, Park, 2010). A cet égard, Simone (qc) nous raconte qu’elle a dû cesser son activité professionnelle passée en raison de problèmes de santé qui la fragilisaient sur son lieu de travail, même si celle-ci était guérie.

Nous comprenons que ces retraités n’ont donc pas pensé, ni organisé leur prise de retraite. Ainsi, même si la croyance en la crise de la retraite est plus utopique qu’effective et que majoritairement les retraités sont pleinement satisfaits de leur entrée en retraite (Crenner, 2004, Brown, Lo, 1999) ; pour certains, le statut de retraité est intégré avec un sentiment de crise ou de perte. Cette crise peut être vécue comme une perte identitaire mais aussi comme une peur d’un espace temporel vide. Nous allons expliciter ces deux points.

« Tout changement est générateur de ‘‘petites crises” » selon Dubar, dès lors nous assistons à une « crise des identités » c’est-à-dire « une phase difficile traversée par un groupe ou un individu. » (Dubar, 2000, p. 9). La retraite va apparaître comme une rupture qui va remettre en cause tout l’univers social dans lequel évoluait l’individu qui se retrouve exclu du monde des actifs professionnels, espace, selon Dubar, qui demeure essentiel dans la construction d’une identité autonome (Dubar, 1991). Dubar (2000) écrit que : « chaque acteur social a une histoire, un passé qui pèse sur ces identités d'acteurs. Il ne se définit pas seulement en fonction de ses partenaires actuels, de ces interactions face à face dans un champ déterminé de pratique, il se définit aussi en fonction de sa trajectoire sociale » (Dubar, 2000, p. 11). En raison de la trajectoire sociale des enquêtés, cette définition met en exergue l’importance de l’ancienne identité professionnelle et la volonté de parfois pouvoir s’identifier à celle-ci.

121 Nous allons expliquer cette présence de la crise, ou plutôt de cette perte identitaire de certains retraités à partir de la pratique du pot de départ qui marque la césure réelle de la fin du statut de travailleur et de l’entrée dans le statut de retraité. Parce qu’il n’y a pas eu de désocialisation professionnelle anticipée, aucun signe n’avertit l’individu et le fait plus facilement prendre conscience abruptement de la perte de l’identité professionnelle : « Il arrive, en effet, qu’aucun signal ne vienne avertir le futur retraité de son prochain changement de statut et qu’aucune voix ne s’élève pour l’inviter à lever le pied » (Caradec, 2008, p. 33). « Le ‘‘saut dans la retraite’’ semble perturbant et déstabilisant » (Thierry, 2006, p. 65) pour les retraités qui n’ont rien connu d’autre que ce temps pivot du travail.

« Ces dirigeants illustrent particulièrement combien l’image sociale acquise dans le milieu de travail, mais aussi l’identification à une entreprise ou à une organisation à laquelle on a ‘‘appartenu’’ structurent la personne au plus intime de son identité. Par ailleurs, ces personnes, outre qu’elles bénéficiaient de signes extérieurs de reconnaissance sociale, étaient parfois de véritables assistés. […] C'est pour ces personnes que la transition est la plus difficile. L’épreuve du miroir est redoutable : elles passent du personnage social, entouré, envié, respecté, considéré, à la simple personne privée, et dans un premier temps privée de toutes ces béquilles affectives et sociales qui aident à vivre. Elles se découvrent plus ou moins brutalement dans leur plus simple appareil psychique et social, c'est-à-dire avec pour seules ressources celles qui leur appartiennent en propre : leurs valeurs, leurs goûts, leurs intérêts, leurs capacités créatives dans un monde nouveau » (Thierry, 2006, p. 65).

Au cours de cette transition, le quotidien de l’individu est bouleversé, il doit ainsi découvrir de nouvelles marques identitaires et en conservera d’anciennes. Ce changement « nécessite un travail sur soi, une modification de certaines habitudes, une perturbation des routines antérieures. Il faut apprendre à nouveau, parfois repartir de zéro » (Dubar, 2000, p. 166). Dans ce passage à la retraite, le nouveau retraité est contraint de délaisser ce qui structurait sa vie passée : un emploi du temps, contraint, un temps social pivot, polarisant et structurant tous les autres, une appartenance sociale, des responsabilités, des habitudes, une image sociale... (Thierry, 2006). Nous avons remarqué à partir des entretiens, que cette perte de l’identité professionnelle et des éléments qui la constituaient, apparaissent le plus souvent lors du pot de départ, évènement festif qui marque une prise de conscience de l’individu dans ce passage de la vie professionnelle à la retraite.

122 Dès lors, le pot de départ peut être considéré comme une pratique permettant de mesurer l’existence ou non de cette perte d’identité professionnelle. Nous souhaitons tenter d’analyser le pot de départ en tant que marqueur du passage entre deux états, et donc en tant que rite de passage d’un statut passé vers un statut futur, doté d’un caractère transactionnel. Afin de mettre en lien le pot de départ à un rite de passage, nous expliquons ce qu’est un rite.

Pour Durkheim, « les rites sont des règles de conduite qui prescrivent comment l’homme doit se comporter avec des choses sacrées ». Il indique que « le rite est une pratique périodique à caractère public assujettie à des règles précises, et dont l’efficacité s’exerce en particulier dans le monde de l’invisible ». Les rites sacrés peuvent être négatifs ou positifs (Durkheim, 1960), religieux ou magiques (Hubert, Mauss, 1929), mais également profanes. Les rites de la vie quotidienne, qui sont des rites d’interaction, sont des rites profanes (Goffman, 1974). Les rites sont donc un ensemble de comportements individuels ou collectifs, réglés et répétitifs. Ils sont visibles dans des gestes ou des postures caractéristiques ainsi que verbalement. Traditionnellement, le passage d'une saison à l'autre, d'un lieu à l'autre ou d'un âge de la vie à un autre étaient marqués par des rites (Van Gennep, 1909). Or, notre société postindustrielle est de plus en plus individualisée et les rites de passage, comme par exemple le service militaire, disparait (Giddens, 2000).

Le folkloriste Van Gennep (1909), a été l'un des premiers à s'intéresser à la notion de rites de passage. Dès 1909, dans son ouvrage, il repère un schéma ternaire de ces rites :

- Les préliminaires, avec les rites de séparation sont la période pendant laquelle l'individu ou l'initié est détaché de son état antérieur. L’un des plus fréquents concerne la rupture avec le monde de l'enfance dominé par la mère.

- Les liminaires, avec la période de marge, l'individu est en attente d'un nouvel état. Il ne conserve que peu d'attributs de son état antérieur, ce qui se traduit souvent par une sorte de dépouillement ou de mise à nu, mais n'a pas encore acquis les traits de l'état à venir. Nous trouvons de façon récurrente des mises à l'écart en des lieux où l'on se perd, tels les forêts, les marécages, les déserts... où le novice subit des épreuves qui le confrontent à sa propre mort.

- Les post liminaires, avec l’agrégation. Elle comprend des rites, où le sujet est initié aux pratiques ancestrales, où le monde se révèle à lui. Il devient ainsi un autre homme ou une autre femme et rejoint le groupe des initiés.

123 De fait, si nous souhaitons analyser le pot de départ d’un futur retraité en tant que rite de passage, à l’instar de Van Gennep (1909), nous pouvons voir que :

« Une tentative d’application du schéma ternaire des rites de passage, inspiré de Arnold Van Gennep, à la transition de la retraite conduit ainsi au constat de son caractère « structurellement incomplet » : si la séquence préliminaire de « séparation » est repérable (par exemple à travers les stages de préparation à la retraite), la phase liminaire de « marge » est de très courte durée (elle se réduit à l’ultime passage de la porte de l’entreprise et, dans le meilleur des cas, à un pot de départ) ; quant à la phase d’« agrégation », elle est laissée à la charge de l’individu, ainsi renvoyé « à lui-même et à son libre arbitre », conformément à l’idéologie contemporaine de la retraite qui enjoint à chacun de faire ce qu’il lui plaît » (Caradec, 2008, p. 162).

Aussi, plutôt que le schéma analytique des rituels, est-ce la notion de construction identitaire, explicitée théoriquement dans la sous partie-précédente, que nous allons mobiliser pour appréhender cette transition de la vie professionnelle à la retraite, et ce marqueur de passage, le pot de départ. Nous pouvons quand même insister sur le caractère très individuel de la transition emploi – retraite qui laisse l’individu à lui-même. Le pot de départ est pour certains enquêtés un évènement tranchant la césure entre une identité professionnelle forte et une identité de retraité à construire.

« Certains professionnels se montrent moins émus, qui s’étaient moins investis dans leur travail ou parce qu’ils étaient peut-être ‘‘déjà partis dans leur tête’’. Pour eux, le pot de départ n’est qu’une sympathique formalité. D’autres, en revanche, y sont très attachés et ont besoin de ces preuves de reconnaissance. La frustration serait grande si la cérémonie manquait ou ne répondait pas à leur attente. Certains s’y refusent, qui craignent ou marquent ainsi un règlement de comptes, ou qui pensent que la mise à la retraite est une mise au tombeau. Angoisse de la dislocation ou de l’effondrement, peur de ‘‘n’être plus rien’’. La formule est fréquente. L’insignifiance du soi, peut-être de la vie, l’inexistence, s’érigent en fantasme effrayant pour certains qui s’étaient tant investis dans leur travail… Ils perçoivent du rite de passage son seul aspect funèbre

Discours de bienséance, paroles chaleureuses, cadeau d’adieu et ‘‘pot de l’amitié’’… les collègues se pressent autour de la personne qui « part » à la retraite ou qui la ‘‘prend’’, et les chefs félicitent. On revient sur le passé, on promet un joyeux avenir et on offre un cadeau. Le partant remercie, souvent touché, parfois bouleversé, par tant de marques de sympathie dont il peut regretter qu’elles soient si tardives, dont il s’interdira d’en soupçonner quelque

124 exagération. Nous reviendrons plus loin sur ce moment qui peut être très fort et remplir maintes fonctions, dont la première est de soutenir le salarié dans son passage vers une autre étape de sa vie.

Un véritable travail de deuil va s’effectuer autour de ce passage, et ce processus qui peut être anodin pour certains est important pour d’autres, et plus ou moins facile selon l’attachement à la profession, les conditions du départ, ce qui attend le sujet après son activité professionnelle, mais aussi selon sa capacité de se transformer » (Baillauquès-Breuse, 2010, p. 33).

Le pot de départ est ainsi ponctué de félicitations, de remerciements, d’éloges, montrant à l’individu son ancien statut, tout en affirmant qu’il n’a plus son identité professionnelle, en lui ôtant tous ses attributs : voiture de fonction, badge, ticket restaurant, secrétaire, bureau… Toutes les analyses que nous venons d’effectuer sur cette perte d’identité professionnelle lors du marqueur temporel du pot de départ, est retranscrit dans la situation de Michel (fr), ancien cadre supérieur, qui avait une forte identité professionnelle, doté d’une image sociale importante. Sa citation montre que le pot de départ est révélateur des transformations en cela qu’il indique à l’individu les différentes pertes liées à son statut professionnel.

Michel : Cela aussi c’est important, vous avez un effet psychologique quand même énorme, le soir du 7 octobre j’ai mon pot de départ à la banque aux Champs Élysées, le grand ‘‘blabla’’ du président, vous êtes le plus beau, vous êtes le meilleur, tout le monde s’aime bien, on vous regrette bien, c’est terrible, vous partez à la retraite, mais enfin vous ferez plein de choses, je sors de là, je me retrouve sur un banc avenue Marceau, je sors un petit cigare, et je suis là sur mon banc tout seul avec mon sac, ça y est, c’est fini, cela fait un truc effroyable, cela fait une impression de vide, cela y est, c’est quarante ans derrière qui foutent le camp, on ne se rend pas compte, maintenant cela y est je suis reconstitué, si je puis dire, parce que je me suis remis ici avec des gens sympas, mais je n’avais rien signé à l’époque, c’était le soir du départ de ma retraite, donc pour ceux qui ne font rien… autre chose après, c’est quand même une sorte de gouffre, il y en a qui ne s’en remettent jamais, moi j’ai un copain, il est polytechnicien, il était patron d’une énorme boite, il avait un job énorme, il est parti à soixante ans, à soixante-trois ans il a cassé sa pipe, il n’a pas… Q : Comment avez-vous réagi par rapport au ‘‘gouffre’’ ?

Michel : C’est quand même angoissant, vous avez fait quarante ans le même métier, et puis tout d’un coup il n’y a plus rien, on vient de vous dire au revoir, cela y est, vous êtes là avec votre petit sac, tout seul, vous n’avez plus vos badges, vos clés, vos « machins », vos écrans, vous avez tout rendu, plus le droit d’aller au parking, plus le droit de ci, de la cantine, tout

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cela, on vous dépouille de tout, c’est comme si vous arriviez, vous vous faites contrôler par les flics et on vous « fout à poil », et vous vous retrouvez là, tout nu et y a plus rien.

Q : Quand vous vous êtes retrouvé sur le banc après votre pot de départ.... ? Michel : Je me suis retrouvé comme un gamin tout nu, quoi.

Au total, certains retraités, plus souvent ceux ayant développé une forte identité professionnelle, subissent donc une perte de cette identité lors de leur entrée à la retraite, marquée la plupart du temps par ce rite du pot de départ, bien explicité par la citation de Michel (fr).

Pour d’autres retraités, la crise de l’entrée à la retraite est surtout vécue comme quelque chose d’angoissant, amenant la peur d’un espace temporel vide. Jeanine et Agnès nous le précisent :

Il y a eu un moment de flottement, j’ai quand même eu un moment de flottement, c'est la rupture avec la vie économique, la vie réelle qui a été le plus dur, à tel point que les premiers temps j’avais honte de ne pas aller travailler, j’avais eu une vie de travail intense et d’un seul coup, cela a été dur de se dire tu ne vas plus travailler, j’avais honte, je n’osais plus sortir de chez moi que les gens voient que je ne travaillais pas, j’ai eu ce passage là, je me suis vite occupée à autre chose, il fallait réagir, mais cela a bien duré quelques mois quand même, cela a été, il faut dire qu’on ne peut pas changer toute une vie comme cela du jour au lendemain, le travail était quelque chose de tellement important, c'était l’aboutissement de la vie, donc on