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L. pneumophila est une bactérie à croissance fastidieuse et sa présence fréquente dans les

II. 3.2.4.1 Traitements utilisés en milieu thermal

Lors de ces traitements, la quantité de désinfectant introduite doit être telle que la concentration cible soit atteinte dans tout le réseau, notamment aux points d'usage et au niveau de toutes les purges et robinets, et ce pendant toute la durée du traitement. Ce point implique de vérifier la concentration résiduelle du désinfectant dans le réseau pendant le traitement (mesure du pH ou réactions spécifiques), si possible, et de la réajuster si nécessaire. Suite au traitement, un rinçage efficace doit être effectué pour éliminer toutes traces de désinfectant dans l’EMN en circulation. Cette élimination est également validée par des mesures de la concentration en biocide.

Plusieurs types de traitements ont été proposés par le Conseil Supérieur d’Hygiène pour la désinfection mais dépendent essentiellement de la nature du matériau constitutif du réseau de l’établissement (Tableau II-14 (CSHPF et al., 1999)).

Tableau II-14. Compatibilité des matériaux constitutifs des réseaux et traitements de désinfection (CSHPF et al., 1999). Traitement thermique Soude Chlore (2 ppm) Chlore (10 à 150 ppm) Chloramines (100 à 150 ppm) H2O2 ± ac. peracétique (1000 ppm) Fonte ancienne (joint plomb) - - + + + + Fonte ductile (nouveaux réseaux) + + + + + + Acier galvanisé - - + + + + Cuivre + + + + + + Inox 304 ou 316L + + + - + + PE - + + + + + PVC - + + + + + PP A vérifier + + + + +

Parmi les différentes méthodes, on distingue les désinfections par choc thermique des désinfections chimiques (CSHPF et al., 1999).

Le choc thermique est réalisé par l’introduction dans le réseau d'eau (potable ou EMN) à une température d'environ 80 °C, de manière à ce que la température dans l’ensemble du réseau soit toujours de 70 °C. L’utilisation de vapeur d'eau basse pression (à 115 °C environ, pendant une demi-heure) peut aussi être envisagée, si la nature du réseau le permet. Un des avantages de ce traitement est que le suivi peut être réalisé facilement en équipant le réseau de thermomètres. D’autre part, aucun résidu chimique ne persiste après le choc. Toutefois, le rinçage du réseau est nécessaire pour ramener la température à celle de l'EMN.

Les traitements chimiques sont différenciés en traitements oxydants et non-oxydants (soude).

Les traitements oxydants restent les plus communément utilisés :

• Les composés chlorés sont utilisés depuis plusieurs décennies à des fins de désinfection (fin XVIIIème, début XIXème siècle). Plusieurs dérivés existent : dioxyde de chlore, hypochlorite de calcium, de lithium, de potassium et de sodium (ou eau de

Javel).

o Le chlore et ses dérivés ont pour particularité d’être hydrolysés en solution pour donner de l’acide hypochloreux (HClO), du chlore élémentaire (Cl2) et l’ion hypochlorite (ClO-), l’ensemble de ces molécules constituant le chlore actif. Le chlore est un oxydant fort qui peut être utilisé à des fins curatives, à des doses allant de 10 ppm jusqu’à 100 voire 150 ppm. Son action est immédiate sur les micro-organismes libres. Un rinçage est indispensable, notamment à de fortes concentrations (50 à 100 ppm). Il est à noter que le chlore n’est pas compatible avec certains matériaux comme l’acier inoxydable. o Les chloramines sont des oxydants faibles qui ne réagissent que faiblement

avec les polysaccharides du biofilm et peuvent donc théoriquement pénétrer à l'intérieur de celui-ci et le détruire. Les concentrations d’usage sont de 100 à 150 ppm pour un temps d'action de 12 heures. L'opération de désinfection doit être suivie d'un rinçage très soigneux et dont l'efficacité aura été vérifiée. Ce procédé n'est, à ce jour, pas en usage en France.

• Le peroxyde d’hydrogène peut être utilisée seul ou combiné à l’acide peracétique. Les traitements préconisés sont de 1000 ppm en H202, avec des temps de contact de 2 à 3 heures en cas de traitements préventifs à espace de temps régulier. Si l'eau oxygénée utilisée seule a l'avantage de ne produire aucun sous-produit de désinfection, le mélange eau oxygénée et acide péracétique conduit à la formation d'acide acétique qui doit être éliminé par rinçage puisqu’il constitue une source de carbone biodégradable.

Pour terminer, le traitement à la soude (pH 12, temps de contact 30 min) est aussi proposé en tant que technique de désinfection non oxydante. Cette méthode est efficace contre tout type de micro-organismes et l’élimination du produit peut facilement être suivie par mesure du pH dans l’EMN en circulation. Toutefois, compte tenu de la difficulté de manipulation, ce produit est peu utilisé.

Devant le manque d’efficacité de certains traitements, voire la réduction de sensibilité de certains micro-organismes dans les réseaux, les établissements thermaux sont en demande de

nouvelles formulations ou protocoles d’utilisation. Ainsi, des formulations comme le peroxyde d’hydrogène associé à des ions argent (Sanosil ) sont de plus en plus proposées et utilisées en désinfection de réseaux. L’association de ces deux composants permet d’obtenir un effet biocide considéré comme synergique et donc une meilleure élimination des micro- organismes. D’après les données du fournisseur, le Sanosil  agit sur de nombreux micro- organismes (bactéries à Gram positif et négatif, virus, spores, levures, amibes) et aurait aussi une activité sur le biofilm. Son usage est ainsi répandu dans de nombreuses industries (agroalimentaires, cosmétiques) ou structures (hôpitaux, tours aéroréfrigérantes...) ainsi qu’en établissement thermal. Dans le secteur du traitement de l’eau, il est proposé aussi bien pour la désinfection de l’eau que des surfaces en contact avec l’eau (canalisation, stockage, robinets et fontaines) et connaît un fort succès lié à sa biodégradabilité (www.sanosil.com). Le fournisseur préconise une utilisation de 1,5 à 250 ppm d’H2O2 pendant 30 à 240 min.

Récemment, le PolyHexaméthylène Biguanide (PHMB) a été proposé par le fabricant (Mareva) pour la désinfection des réseaux d’eau. Au départ, cette molécule a été développée et commercialisée par deux firmes : l’ICI (Imperial Chemical Company) et sa filiale, Mareva. En 1988, ce produit a été autorisé pour la désinfection des piscines et rapidement Mareva a obtenu le monopole de la fabrication. Le PHMB appartient à la famille des biguanides, comme la chlorexidine (un bis-biguanide). L’enchaînement de plusieurs fonctions biguanides (Figure II-18) au niveau du PHMB aurait pour conséquence une meilleure efficacité par rapport aux bis-biguanides.

Figure II-18. Formule chimique du PHMB.

Les biguanides sont des molécules qui peuvent avoir deux effets bactéricides sur les micro- organismes en fonction de leurs concentrations :

• De 20 à 50 ppm, les biguanides adhèrent aux membranes ou parois, entraînant des lésions et la fuite des éléments cytoplasmiques (ions, cations bivalents puis molécules organiques dont l’ADN).

• À des concentrations supérieures à 100 ppm, on observe plutôt une coagulation du cytoplasme et la précipitation des protéines et des acides nucléiques (Fleurette et al., 1995).

Des activités bactéricide, sporicide, virucide et fungicide ont été décrites, ainsi qu’une activité sur certains protozoaires (Naegleria et Acanthamoeba). Il est à noter que le PHMB n’est à ce jour pas agréé pour la désinfection des réseaux d’eau, ni d’EMN.