• Aucun résultat trouvé

L. pneumophila est une bactérie à croissance fastidieuse et sa présence fréquente dans les

II. 3.2.4.2 Réglementation concernant les traitements de désinfection

Les produits et traitements de désinfection des réseaux utilisés en milieu thermal doivent faire l’objet de validations par le fabricant préalablement à leur commercialisation. Il s’agit de déterminer les couples concentrations d’utilisation/temps de contact efficaces pour l’élimination ou la réduction de micro-organismes pouvant être à l’origine de problèmes sanitaires. Ces produits ou substances actives doivent donc répondre à différentes normes, notamment des normes de phase 1, qui permettent de définir une activité désinfectante de base. En particulier, la norme NF EN 1040 vise à déterminer l’activité bactéricide de base contre P. aeruginosa et S. aureus et la norme NF EN 1275 l’activité fongicide contre Candida albicans et Aspergillus niger. D’autres normes, dites de phase 2, permettent de déterminer l’efficacité de ces produits dans des conditions proches des conditions d’utilisation (test d’efficacité sur d’autres micro-organismes, en présence de substances interférentes) ou simulant la pratique (sur des portes-germes…). Des normes de phase 3 sont également mentionnées (tests en conditions réelles), mais non standardisées à ce jour.

Dans le cas des désinfectants des réseaux d’eau, la détermination de l’activité bactéricide se base sur la norme NF EN 1040 qui concerne les bactéries P. aeruginosa et de S. aureus. Après un temps de contact déterminé, le produit biocide est neutralisé et le logarithme du nombre de bactéries éliminées par la désinfection déterminé (réduction logarithmique, RL). Le produit est considéré comme bactéricide, à la concentration, à la température et au temps de contact testés lorsque la RL est supérieure à 5 log, pour les deux micro-organismes tests. Ce test ne constitue qu’une première approche des conditions de traitements et est peu représentatif des conditions réelles de traitement, difficiles à reproduire in vitro.

Ainsi, malgré le respect des normes de phase 1 (voir de phase 2) et une utilisation correcte des produits désinfectants, de nombreux articles décrivent des échecs de traitements de désinfection dans des réseaux d’eau. La résistance ou diminution de sensibilité des micro- organismes, par rapport à leur sensibilité théorique, peut s’expliquer par plusieurs phénomènes. Entre autres :

 La présence de zones inaccessibles aux désinfectants (bras morts) où les flux sont faibles. Ces zones ne sont jamais en contact prolongé avec des doses efficaces de désinfectant et représentent donc des niches de développement ou de persistance pour les micro-organismes ;

 La colonisation des réseaux de canalisations par des biofilms qui jouent un rôle protecteur pour les bactéries, notamment vis-à-vis des biocides. Les biofilms sont souvent à l’origine de l’échec des traitements mis en œuvre dans les systèmes de canalisations d’eau, alors que ces mêmes protocoles de désinfection ont été validés in vitro par les normes de phase 1 réalisées sur cellules en suspension.

Clairement, la présence de biofilms dans les réseaux de canalisations est un élément-clef pour la compréhension de l’échec des traitements et qui n’est pas pris en compte par les normes actuelles sur l’évaluation des biocides des réseaux d’eau. De nouvelles méthodes mesurant l’activité bactéricide de biocides sur biofilms in vitro doivent être mises au point et validées afin de se rapprocher des conditions réelles d’utilisation.

De nombreux outils sont à disposition des gestionnaires de réseaux d’eau pour limiter la prolifération du biofilm : empêcher la colonisation bactérienne par protection de l’émergence, une conception bien pensée du réseau (choix du matériel constitutif, réalisation des plans de canalisations...). Malgré toutes ces précautions, le développement du biofilm à l’intérieur d’un réseau semble inévitable. C’est pourquoi des opérations de nettoyage et de désinfection sont régulièrement réalisées.

Les produits biocides utilisés pour les traitements font actuellement l’objet de validations qui permettent de démontrer une activité bactéricide à une concentration et un temps de contact donné. À l’heure actuelle, les normes d’évaluation des antiseptiques et désinfectants sont essentiellement réalisées sur des bactéries planctoniques. Or, au sein des réseaux d’eau, le problème majeur se situe dans la génération de biofilms sur les canalisations, qui s’accompagne de la diminution de l’efficacité de ces traitements.

L’objet de cette thèse était donc de comparer le pouvoir bactéricide de traitements utilisés pour la désinfection des réseaux d’EMN, à savoir un choc thermique, un choc chloré, un traitement par une combinaison de peroxyde d’hydrogène et d’ions argent (Sanosil ) et un traitement par le PHMB, sur cellules planctoniques et en biofilms.

Dans le but de compléter les normes existantes d’évaluation des biocides, les essais ont été réalisés in vitro, sur des biofilms monobactériens, formés par une méthode originale de croissance en milieu appauvri, ce qui permet de s’approcher des conditions de croissance environnementales. Les résultats ont ensuite été complétés par des essais in

situ, au sein d’un véritable réseau d’eau thermale pilote, afin de valider l’intérêt de la

méthode d’évaluation sur biofilms in vitro.

Ces travaux ont porté sur l’étude des deux bactéries problématiques au sein d’un réseau d’EMN : P. aeruginosa et L. pneumophila. Si l’ensemble des essais prévus a été réalisé pour la bactérie P. aeruginosa, les essais concernant L. pneumophila ont d’abord consisté à mettre en place un modèle de formation de biofilms mono-espèce in vitro. En effet, aucun modèle décrit dans la littérature ne satisfaisait nos objectifs de recherche. Cette partie de la thèse a fait l’objet d’une publication dans le journal « Biofouling », parue le 8 septembre 2010.

CHAPITRE III