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3. AUTONOMIE, QUALITÉ DE VIE ET SANTÉ

4.2. Les traitements pharmacologiques

La majorité des études portant sur les traitements pharmacologiques dans l'autisme s’intéresse aux enfants et adolescents. Les différences concernant le développement des réponses à la pharmacologie au cours de la vie rendent les résultats obtenus auprès des enfants difficilement transférables à la population adulte (Broadstock, Doughty, & Eggleston, 2007). Les prescriptions médicamenteuses chez les personnes atteintes de TSA ont pour symptômes cibles les troubles du comportement (agitation, agressivité, stéréotypies) insuffisamment améliorés par des approches psychoéducatives classiques (Baghdadli, Gonnier, & Aussilloux, 2002). Les médicaments sont également prescrits pour traiter les caractéristiques associées telles que l'anxiété, la dépression et l'insomnie (Rossignol, 2009). Les interventions pharmacologiques utilisées auprès des personnes autistes comprennent généralement les antipsychotiques, les anticonvulsivants et les hormones. L’échelle d’évaluation Clinical

Global Impression (CGI ; Guy, 1976) peut être utilisée pour mesurer la réponse et l'efficacité des traitements psychotropes chez les personnes présentant des troubles mentaux.

Robertson et al., (2000) rapportent un taux élevé de prescriptions de médicaments psychotropes chez les adultes ayant une DI. De plus, Tsakanikos, Sturmey, Costello, Holt et Boura (2007) montrent que les adultes atteints d'autisme et de DI sont plus susceptibles d’avoir une prescription de médicaments psychotropes, en particulier des antipsychotiques, que les personnes présentant une DI isolée. Les personnes présentant un TSA connaissent également une augmentation des prescriptions médicamenteuses au cours de leur vie. À ce sujet, Esbensen, Greenberg, Seltzer et Aman (2009) qui ont examiné l'utilisation des médicaments chez 286 adolescents et adultes atteints d'autisme sur une période de quatre ans et demi, ont retrouvé une prévalence croissante de la prescription des médicaments au fil du temps, à la fois en termes de nombre de médicaments psychotropes et non psychotropes et de la proportion de personnes prenant ces médicaments. Pour les participants âgés de plus de 20 ans, au début de l'étude, 77% prenaient des médicaments, 37% d’entre eux prenaient un antidépresseur, 26% un antipsychotique et 29% un anticonvulsivant. Ces chiffres ont augmenté au cours de la période d'étude. Au dernier temps d’étude, 88% prenaient des médicaments, 44% d’entre eux un antidépresseur, 38% un antipsychotique et 31% un anticonvulsivant.

Les médicaments antipsychotiques sont le plus souvent utilisés pour traiter les comportements difficiles chez les personnes présentant un autisme associé à une DI (Matson & Neal, 2009). Dans une étude menée auprès d’individus atteints d’autisme et de DI, Marshall (2004) a trouvé que les personnes recevant un traitement médicamenteux pour traiter les comportements difficiles consommaient dans 96% des cas des antipsychotiques. Par ailleurs, dans un autre échantillon de personnes ayant une DI, Dhuamad et Markar (2007) montrent que l’autisme était la raison de la prescription de médicaments antipsychotiques dans 20% des cas. Les antipsychotiques ont été associés à un certain nombre d'effets indésirables, tels qu’un gain de poids, l’apparition d’un diabète, de mouvements involontaires du corps (dyskinésie tardive) et de l’augmentation des taux de prolactine (Matson & Hess, 2011). Il existe une controverse concernant l’utilisation des antipsychotiques pour la gestion des comportements difficiles dans l'autisme et la DI (Spreat & Conroy, 1998). La majorité des recherches mettent en évidence des effets limités de ces traitements antipsychotiques (Matson & Neal, 2009).

Les anticonvulsivants qui sont couramment utilisés pour le traitement de l'épilepsie et du trouble bipolaire, sont également utilisés pour traiter les problèmes de comportement chez les personnes atteintes d'un TSA (non associé à une épilepsie). Certaines recherches suggèrent que les anticonvulsivants peuvent aider dans le traitement et la gestion des comportements difficiles, notamment sur les comportements agressifs et l’impulsivité (Hollander et al., 2003). Cependant, la littérature sur l'utilisation des anticonvulsivants pour traiter les comportements agités ou agressifs chez les individus sans trouble bipolaire provient principalement de rapports de cas isolés ou de petites séries rétrospectives de cas (Ruedrich, Swales, Fossaceca, Toliver, & Rutkowski, 1999). Par ailleurs, les anticonvulsivants ont également été associés à des effets indésirables, comme le gain de poids, la sédation, les troubles gastro-intestinaux, l'alopécie et des tremblements (Lubetsky & Handen, 2008). Bien entendu au vu de la prévalence élevée de l’épilepsie dans l’autisme, les anticonvulsivants peuvent être administrés pour traiter les symptômes de l’épilepsie plutôt que les comportements difficiles. Pour l’instant aucune preuve n’a encore été établie quant à l’efficacité des anticonvulsivants dans la gestion du comportement chez les adultes atteints d'autisme et de DI. Des preuves sont seulement disponibles chez les enfants. Par ailleurs, les résultats des études sont mitigés. Par exemple, Hellings et al. (2005) n'ont trouvé aucun effet significatif des anticonvulsivants sur le traitement des comportements difficiles, alors que Hollander et al. (2010) ont repéré des effets positifs sur le traitement de l’irritabilité. Cependant, dans cette dernière étude, les effets significatifs du traitement n’ont pas été retrouvés sur toutes les échelles de mesure de l’irritabilité.

Pour résumer, les prescriptions médicamenteuses chez les personnes atteintes de TSA ont pour symptômes cibles les troubles du comportement et d’autres troubles associés tels que l’anxiété et la dépression. Les personnes présentant une DI se voient administrer des taux élevés de psychotropes. Ces prescriptions augmentent au cours du temps chez ceux combinant un TSA. Ce sont les antipsychotiques et les anticonvulsivants qui leurs sont généralement administrés. Néanmoins, il existe actuellement un manque de preuves sur l’efficacité de ces traitements sur les troubles du comportement sachant que ces traitements provoquent un certain nombre d’effets indésirables secondaires.

4.3. Prise en charge des adultes handicapés en établissement médico-