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5. ANALYSE DES DONNÉES RECUEILLIES

1.2.4. Évolution de Monsieur P sur trente ans

temps

Depuis son entrée à la MAS, aucun traitement psychotrope n’a été administré à Monsieur P.

1.2.4. Évolution de Monsieur P sur trente ans 1

Concernant la communication verbale, depuis son entrée à la MAS, Monsieur P est décrit comme une personne qui s’exprime par des phrases complètes mais de manière très logorrhéique et stéréotypée. Il rencontre des difficultés pour entretenir des conversations avec les autres car il lui est difficile de prendre en compte les dires de ses interlocuteurs, il a tendance à suivre son “train de pensée”. Spontanément, Monsieur P interpelle généralement son entourage pour parler de sujets qui l’intéressent particulièrement comme les séries télévisées, les bandes dessinées. Il peut également poser des questions à son entourage mais ces dernières ont souvent un caractère quelque peu répétitif et il ne s’intéresse pas toujours aux réponses de ses interlocuteurs. Par ailleurs, ses propos ne sont pas toujours dirigés vers les autres. Sur le versant réceptif, depuis ses 20 ans, Monsieur P comprend des demandes simples, en revanche, il ne perçoit pas le second degré. Au niveau non verbal, depuis son entrée à la MAS, une utilisation réduite de la communication non verbale a été observée. Sa gestuelle apparaît quelque peu figée.

Depuis ses 20 ans, des anomalies dans ses relations interpersonnelles sont rapportées. Il se situe souvent en périphérie du groupe bien qu’à certains moments il puisse l’intégrer de manière adaptée. Par ailleurs, il peut entretenir des relations privilégiées avec quelques résidents. A contrario, il peut se montrer désobligeant envers d’autres. Ces comportements non adaptées avec certains résidents et des attitudes de retraits étaient particulièrement présents à ses 30 ans. Monsieur P n’a jamais entretenu de relation amoureuse ou sexuelle. Concernant ses relations familiales, à 20 ans, il se rendait fréquemment chez sa mère et son frère. Ensuite, sa mère vieillissante a diminué le rythme de sa venue à son domicile. Après le décès de cette dernière en 1990 (trente ans), Monsieur P se rendait chez son frère tous les 15 jours et pendant les vacances. Depuis ses 50 ans, il se rend soit chez son frère soit chez sa soeur, qui a depuis peu repris contact avec lui.

Au niveau sensoriel, Monsieur P n’a jamais présenté de réponses sensorielles tactiles, olfactives ou orales anormales. En revanche, à 20 ans, des réponses visuelles et auditives anormales et ce particulièrement au niveau visuel, avaient été repérées. Il ne regardait

généralement pas ses interlocuteurs et pouvait fixer dans le vide. Par ailleurs, il ne prenait pas toujours en compte les sollicitations verbales de son entourage. A partir de ses 30 ans, ces particularités n’ont plus été retrouvées par le personnel de la MAS.

Depuis toujours, Monsieur P se montre excessif dans ses réponses émotionnelles, souvent disproportionnées par rapport à la situation. Lors de ces situations vécues comme émotionnellement intenses par Monsieur P, des rires immotivés et des gestes parasites apparaissent. Il est par ailleurs décrit comme une personne anxieuse, vite apeurée, qui a parfois du mal à gérer les changements.

Depuis son entrée à la MAS, Monsieur P n’a jamais présenté de comportements destructeurs ou agressifs envers les autres. En revanche, des mouvements stéréotypés de type balancements et maniérismes des mains sont observés depuis ses 20 ans. Il se montre également très ritualisé. Certains de ses rituels ont pu avoir des conséquences négatives sur ses capacités d’autonomie et sur certains aspects physiques. Par exemple à 20 ans, ses rituels au moment de la toilette l’empêchaient complètement de se laver. Il pouvait se frotter une seule partie du corps pendant plusieurs minutes jusqu’à s’irriter la peau. Ces rituels et des difficultés praxiques entravent encore aujourd’hui la réalisation de sa toilette. Par ailleurs, le personnel encadrant doit encore l’aider pour s’habiller. Il ne distingue pas toujours l’endroit de l’envers des vêtements et il ne parvient pas à lacer ses chaussures. Les autres activités fondamentales de la vie quotidienne sont depuis ses 20 ans effectuées de manière autonome. Monsieur P est depuis toujours dépeint par l’équipe encadrante comme une personne présentant un niveau d’activité relativement important. Il peut néanmoins se concentrer sur certaines activités qu’il apprécie comme passer le balai ou donner à manger aux poules. Concernant les aspects médicaux, depuis ses 20 ans, Monsieur P porte des lunettes. Il est myope et astigmate. Il présente également au niveau moteur une hyperlordose lombaire. Une rhinorrhée chronique est également relevée depuis son arrivée à la MAS. Des reflux gastro- oesophagiens ont également été observés à 20 ans. Ils sont réapparus depuis peu. Aucun trouble psychiatrique associé n’a jamais été diagnostiqué. Par ailleurs, il n’a jamais été prescrit de traitement psychotrope à Monsieur P.

1.3. Madame M

Madame M est née en 1959. Elle est issue d’une fratrie de deux, elle a un frère. La grossesse et l’accouchement n’ont présenté aucune difficulté. Son poids à la naissance était de 3,700 kg. Son développement précoce est normal : la marche est acquise à 15 mois et les premiers mots apparaissent à 1 an. Mais une encéphalite d’origine inconnue se manifestant par des crises convulsives avec perte de connaissances et souffrance cérébrale se déclenche à l’âge de 2 ans. Elle subit une opération à la suite de laquelle elle est hospitalisée pendant quelques semaines en clinique. A la suite de cette hospitalisation une régression dans son langage et ses compétences cognitives a pu être constatée.

A 6 ans, elle intègre un IMP et à 14 ans, le service infantile d’un hôpital psychiatrique. En 1980, elle intègre la MAS où le diagnostic d’autisme infantile est posé.

1.3.1. Fonctionnement cognitif et socio-adaptatif actuel de Madame M