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5. ANALYSE DES DONNÉES RECUEILLIES

1.5.4. Évolution de Monsieur R sur trente ans

temps

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Aucun traitement psychotrope n’a été administré à Monsieur R à 17 ans. A partir de ses 27 ans, on constate l’administration de deux antipsychotiques différents.

In te n si d es e ff et s Age Effets thérapeutiques Effets secondaires Important Modéré Minime Nul

17 ans 27 ans 37 ans 47 ans

FIGURE 3 : évolution des effets thérapeutiques et secondaires du traitement médicamenteux administré à Monsieur R (CGI)

Depuis la mise en place du traitement médicamenteux, l’efficacité de celui-ci est qualifiée d’importante. Seuls des effets secondaires minimes ont été relevés lors de sa mise en place.

1.5.4. Évolution de Monsieur R sur trente ans 1

Concernant la communication, depuis son entrée à la MAS, sur le plan expressif, Monsieur R émet principalement des vocalisations. Il produit seulement quelques mots intelligibles comme « papa », « maman ». Ses productions ne sont pas toujours adressées aux autres et n’ont donc généralement pas valeur de communication. Il peut, néanmoins, les employer à certains moments pour faire des demandes. Les gestes sont également utilisés pour indiquer ce qu’il désire. Il montre par exemple le réfrigérateur pour faire comprendre qu’il a soif. Les gestes descriptifs et conventionnels n’ont jamais été employés par Monsieur R.

Des altérations dans les compétences sociales sont également relevées depuis que Monsieur R a intégré la MAS. Il a tendance à s’isoler du groupe et à ne l’intégrer que de manière ponctuelle. Il ne prend pas toujours en compte la présence des autres. Néanmoins, il partage des relations privilégiées avec certains résidents, notamment avec une résidente. Depuis une dizaine d’années, une relation amoureuse entre celle-ci et Monsieur R est décrite par les

éducateurs. Cette relation a récemment évolué puisqu’ils entretiennent aujourd’hui des relations sexuelles. Concernant les relations familiales, depuis ses 17 ans, il se rend généralement deux week-ends par mois chez ses parents où il peut également rencontrer certaines fois son frère.

Au niveau sensoriel, Monsieur R n’a jamais présenté de réponses sensorielles auditives particulières. En revanche, au niveau visuel, un manque de contact oculaire (regard périphérique) et des regards dans le vide apparaissant de manière plus ou moins fréquente selon les périodes sont présents depuis trente ans. Monsieur R a également présenté à certaines périodes des particularités tactiles et olfactives. Il pouvait par exemple renifler des objets ou les toucher avec insistance. Actuellement, Monsieur R ne se livre pas à ce type de comportements.

A son arrivée à la MAS, Monsieur R présentait des réponses émotionnelles très altérées. Il était particulièrement difficile de décrypter ses états émotionnels internes à partir de ses expressions faciales. Des rires immotivés apparaissaient dans des situations déplaisantes et il ne pouvait exprimer aucune manifestation de plaisir lors de situations agréables. Bien que des altérations perdurent, ses réponses émotionnelles sont relativement plus adaptées. Son niveau d’anxiété et de peur s’est également quelque peu amenuisé ces trente dernières années. A 17 ans, il se montrait craintif et parfois apeuré dans certaines situations qui ne paraissaient pourtant pas inquiétantes pour son entourage. Actuellement, une certaine anxiété est observée que de manière périodique. Les changements mineurs dans son quotidien sont généralement bien vécus par Monsieur R. En revanche, les changements impliquant un bouleversement de ses habitudes peuvent engendrer un « repli sur soi ». Par exemple, lorsqu’il s’est rendu dans un centre de loisirs pendant plusieurs jours.

Monsieur R n’a jamais présenté depuis ses 17 ans de comportements agressifs envers les autres. En revanche, actuellement, il peut mettre des coups de pied dans les objets ou déchirer ses vêtements. Ces comportements avaient pu être observés antérieurement. Depuis une dizaine d’années, il lui arrive de sortir seul de l’établissement sans autorisation et de quitter le groupe lors de moments de promenade. Parallèlement à des vocalisations répétées et inhabituelles, des mouvements stéréotypés de type piétinements et balancements, sont depuis toujours observés. Par ailleurs, une tendance à se gratter jusqu’à provoquer des lésions a souvent été observée chez Monsieur R.

Depuis ses 17 ans, Monsieur R est décrit comme une personne très passive, voire inactive. Son manque d’activité est encore plus important actuellement. Pour qu’il accomplisse les activités élémentaires de la vie quotidienne et cela de manière autonome, il est nécessaire de

le stimuler. Par ailleurs, il se montre très lent dans la réalisation de ces dernières. Les éducateurs rapportent qu’ils ont l’impression qu’il a toujours besoin d’un « top départ ». Une évolution a néanmoins été rapportée dans la réalisation des tâches de la vie quotidienne. Par exemple, à son arrivée à la MAS, ce sont les éducateurs qui devaient faire sa toilette ou l’habiller. Aujourd’hui, ils le guident verbalement ou gestuellement pour la réalisation de certains gestes comme lacer les chaussures. Plus aucune fuite urinaire accidentelle la nuit n’est également relevée depuis une dizaine d’années et Monsieur R se déplace, se rend aux toilettes et mange de manière autonome.

Au niveau médical, à 17 et 27 ans, Monsieur R souffrait de constipation. A 37 ans, une tumeur maligne des gencives a été diagnostiquée. Il a ensuite contracté à 47 ans une pleurésie, traitée par antibiotiques. Un trouble de la vision a également été diagnostiqué un peu avant 2006. Jusque-là, Monsieur R refusait de se faire examiner par un ophtalmologue. Il présente une myopie à l’oeil droit et une cataracte congénitale ne nécessitant pas pour le moment d’intervention chirurgicale. Il accepte le port de lunettes et bénéficie depuis de consultations ophtalmologiques de contrôle annuelle.

A partir de ses 27 ans, il est constaté la prescription de deux antipsychotiques : Nozinan et Loxapac. Leur posologie est restée stable au cours du temps. Il prend un comprimé le matin et le soir de Nozinan 25 mg et un comprimé trois fois par jour de Loxapac 50 mg. Les soignants relèvent un effet très positif de ces traitements médicamenteux sur le comportement de Monsieur R. Seules des démangeaisons avaient été constatées lors de la mise en place du traitement. Ce traitement a été proposé et maintenu en raison des troubles du comportement de Monsieur R.

1.6. Madame N

Madame N est née en 1963. Elle est l’aînée d’une fratrie de deux. La grossesse et l’accouchement ont été décrits comme difficiles par la mère. Son histoire développementale apparaît sans particularités jusqu’à ses 2 ans et demi. A partir de cette période, une régression importante au niveau de son langage et de son comportement a été relevée par l’entourage. Elle a été admise en Hôpital de jour et ensuite dans un IMP en 1977 où elle est restée trois ans pour ensuite intégrer la MAS en 1980. C’est le psychiatre de la MAS qui a posé le diagnostic d’autisme infantile.

1.6.1. Fonctionnement cognitif et socio-adaptatif actuel de Madame N