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5. ANALYSE DES DONNÉES RECUEILLIES

1.3.4. Évolution de Madame M sur trente ans

temps

Depuis ses 21 ans, Madame M prend quotidiennement deux antipsychotiques différents et un anxiolytique a été introduit à 51 ans.

In te n si d es e ff et s Age Effets thérapeutiques Effets secondaires Important Modéré Minime Nul

21 ans 31 ans 41 ans 51 ans

FIGURE 2 : évolution des effets thérapeutiques et secondaires du traitement médicamenteux administré à Madame M (CGI)

On observe qu’à 21 ans, les effets thérapeutiques étaient minimes, ensuite ils ont été qualifiés par le personnel encadrant d’importants. Aucun effet secondaire n’a jamais été relevé par les soignants.

1.3.4. Évolution de Madame M sur trente ans 1

Concernant la communication verbale, à son entrée à la MAS, Madame M s’exprimait essentiellement par des mots isolés pour faire des demandes en lien avec des besoins personnels. Son lexique s’est ensuite enrichi et à 31 ans, l’utilisation de courtes phrases employées de manière quotidienne a pu être observée. Depuis, ses propos restent relativement succincts. L’utilisation de phrases stéréotypées et de questions répétitives est observée et son discours n’est pas toujours adressé aux autres. Au niveau non verbal, bien qu’elle puisse indiquer certains de ses besoins par des gestes (pointer), elle utilise peu les gestes descriptifs, conventionnels et émotionnels.

A 21 ans, Madame M se montrait constamment en retrait par rapport au groupe et elle ne prenait généralement pas en compte les sollicitations des personnes qui l’entouraient. Bien

que ses relations sociales restent particulièrement déficitaires, depuis ses 31 ans, elle se montre davantage intéressé pour interagir avec les membres du personnel et peut à de rares occasions intégrer le groupe. Madame M n’a pas entretenu de relation amoureuse ou sexuelle. Concernant ses relations familiales, depuis son arrivée à la MAS, elle a des contacts avec ses parents et son frère plusieurs fois par mois. Elle se rend par exemple actuellement chez ses parents tous les quinze jours où elle voit également son frère et sa belle sœur en visite.

Au niveau sensoriel, Madame M n’a jamais présenté de réponses sensorielles olfactives, orales ou tactiles particulières. En revanche, on note une évolution dans ses réponses visuelles sur ces trente dernières années. Alors qu’à 21 ans, le regard adressé aux autres n’était généralement pas présent et qu’elle avait tendance à regarder dans le vide, aujourd’hui le contact oculaire est possible et elle parvient à fixer son regard sur ce qu’elle est en train de faire. Par ailleurs, une amélioration dans ses réponses auditives a également été observée. A 21 et 31 ans, elle ne répondait pas toujours à certaines sollicitations et pouvait se montrer au contraire trop réactive à d’autres stimulations.

Depuis toujours, Madame M se montre très excessive dans ses réponses émotionnelles, elles sont souvent disproportionnées par rapport à la situation. Qu’elle ressente des émotions positives ou au contraire négatives, elle a tendance à se montrer trop démonstrative. Par ailleurs, elle peut présenter très rapidement des états émotionnels opposés. Par ailleurs, une anxiété, particulièrement les premiers temps de son arrivée à la MAS, est décrite chez Madame M. Elle se montre particulièrement anxieuse lors de consultations médicales. En revanche, elle s’est toujours aisément adaptée aux changements pouvant se produire dans ses routines quotidiennes ou dans son environnement.

A son arrivée à la MAS et ce pendant les dix premières années, Madame M était décrite comme une personne imprévisible, très agressive envers les autres et qui cassait beaucoup d’objets. Elle pouvait par exemple donner des claques aux autres résidents et aux membres du personnel et se mettre à rire ou à pleurer. Ensuite, ces comportements ont disparu mais depuis quelques années, elle peut à nouveau agresser ou hurler sur les autres.

Par ailleurs et depuis toujours, Madame M produit des vocalisations répétées non adaptées et se livre à des comportements auto-préjudiciables. Elle peut par exemple se frotter jusqu’à s’entamer la peau sans raison somatique évidente ou se mettre des claques. Des mouvements stéréotypés, de type balancements de la tête, sont également observés quotidiennement depuis une trentaine d’années.

Depuis ses 21 ans, Madame M présente un niveau d’activité très important. Elle est décrite comme une personne souvent en mouvement qui peut néanmoins se concentrer quelques

minutes sur une activité. Lors de ses temps libres, elle a tendance à déambuler dans les couloirs ou à l’extérieur, en parlant.

Au niveau de l’autonomie, mis à part pour se déplacer, Madame M est encore dépendante de manière plus ou moins importante de l’autre pour réaliser les activités fondamentales de la vie quotidienne. Des progrès sont toutefois rapportés par l’équipe depuis ces dernières années. Elle participe davantage à ces activités et se montre par exemple aujourd’hui autonome pour manger. La guidance apportée par le personnel est devenue plus verbale et visuelle que physique. Il est par exemple nécessaire de lui indiquer les vêtements à enfiler ou de lui rappeler d’aller aux toilettes ou les parties du corps à laver.

Au niveau médical, Madame M a une jambe plus courte que l’autre et elle présente depuis ses 21 ans, une constipation chronique. De plus, des reflux gastro-oesophagiens ont été observés aux deux premiers temps de l’étude. Notons toutefois que certains examens médicaux, comme un bilan ophtalmologique, n’ont pu être réalisés auprès de Madame M du fait de son comportement.

Depuis son arrivée à la MAS, Madame M prend deux sortes d’antipsychotiques. Depuis ses 21 ans, Madame M prend 1 comprimé matin et soir d’Haldol 1 mg. De plus, de 21 à 41 ans, il lui était administré du Melleril. On note une augmentation au fil du temps de la posologie de ce traitement. A 21 ans, elle prenait 1 comprimé de Melleril 20 mg le matin, à 31 ans, 1 comprimé le matin et le soir de Melleril 20 mg et à 41 ans 1 comprimé le soir de Melleril 50 mg. Ensuite, en 2005, lorsque le Melleril a été retiré du marché, il lui a été proposé du Risperdal 2 mg à raison de 1 comprimé matin et soir. Du Temesta 25 mg a également été introduit à cette période (un demi comprimé matin et soir). Ce traitement a été mis en place et maintenu en raison des troubles du comportement que présente Monsieur M.

1.4. Monsieur G

Monsieur G est né en 1959. Il a été retiré de son milieu familial à moins de 1 an. Son père présentait un alcoolisme sévère. Après être resté dix-huit mois dans un service hospitalier, il a été confié en 1961 à une Maison d’enfants spécialisée pour déficients physiques et mentaux. En 1966, il intègre un IMP puis en 1980 la MAS. Le diagnostic de psychose infantile déficitaire a été retenu par le psychiatre de l’IMP. Une première famille d’accueil le reçoit régulièrement de 1969 à 1973. L’accueil cesse du fait de difficultés matérielles ne permettant

plus à la famille de le recevoir. Rapidement, une autre famille est trouvée. Il s’y rend jusqu’en 1992.

1.4.1. Fonctionnement cognitif et socio-adaptatif actuel de Monsieur G