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5. ANALYSE DES DONNÉES RECUEILLIES

1.1.4. Évolution de Monsieur A sur trente ans

temps

Depuis ses 22 ans, Monsieur A prend quotidiennement deux antipsychotiques différents.

In te n si d es e ff et s Age Effets thérapeutiques Effets secondaires Important Modéré Minime Nul

22 ans 32 ans 42 ans 52 ans

FIGURE 1 : évolution des effets thérapeutiques et secondaires du traitement médicamenteux administré à Monsieur A (CGI)

On observe qu’à 22 ans, les effets thérapeutiques et secondaires du traitement par psychotrope étaient minimes. En revanche, à 32 ans et ce encore actuellement, l’efficacité du traitement est décrite comme importante et le sujet ne présente plus d’effets secondaires.

1.1.4. Évolution de Monsieur A sur trente ans 1

Concernant la communication, à 32 ans, Monsieur A était en mesure de produire plusieurs mots de manière isolée. Toutefois, l’utilisation de ces derniers reste encore actuellement limitée en fréquence et ils sont essentiellement employés pour faire des demandes personnelles. Il persiste également des difficultés d’articulation rendant ses propos pas toujours compréhensibles par des personnes non familières, ainsi que la présence d’un langage idiosyncrasique. Par exemple, Monsieur A dit « mangué » pour dire madame, ou « dat » pour Claude. Par ailleurs, parallèlement à ce langage généralement adressé à un interlocuteur, des vocalisations répétées n’ayant pas valeur de communication sont relevées à certains moments du développement de Monsieur A. Au niveau non verbal, depuis son entrée à la MAS, une utilisation quelque peu réduite de la communication non verbale a été observée. Il ne parvient pas toujours à pointer précisément les objets qu’il désire et les gestes conventionnels et descriptifs ne sont pas présents.

A 22 ans, Monsieur A se montrait constamment en retrait par rapport au groupe et il ne prenait généralement pas en compte les sollicitations des personnes qui l’entouraient. Bien que ses relations sociales restent particulièrement déficitaires, depuis ses 32 ans, il interpelle (de manière minime) les autres résidents de la MAS et peut à de rares occasions intégrer le groupe. Il n’a pas entretenu de relation amoureuse ou sexuelle avec une partenaire. En revanche, il présente une activité sexuelle autocentrée depuis ses 22 ans. Concernant ses relations familiales, il a reçu pendant quelques années après son arrivée à la MAS des visites de sa mère et de sa fratrie, ces contacts ont ensuite diminué pour être inexistants entre ses 32 et 52 ans.

Au niveau sensoriel, Monsieur A n’a jamais présenté de réponses sensorielles auditives, tactiles, olfactives ou orales anormales. Au niveau visuel, on note une amélioration dans ses capacités à fixer ce qu’il est en train de faire ou à regarder directement les personnes dans les yeux. Ainsi, depuis ses 32 ans, le regard adressé est relevé.

Depuis toujours, Monsieur A se montre très excessif dans ses réponses émotionnelles, elles sont souvent disproportionnées à la situation. De plus, depuis une dizaine d’année, l’équipe de prise en charge a observé l’apparition de signes d’anxiété et de peur lors de certaines situations. Ces signes apparaîtraient de plus en plus souvent. Actuellement, il peut se montrer très anxieux dans le simple fait de porter un objet perçu comme fragile, il se met à crier et à paniquer. En revanche, Monsieur A s’est toujours aisément adapté aux changements pouvant se produire dans ses routines quotidiennes ou dans son environnement.

A son arrivée à la MAS et ce pendant les dix premières années, Monsieur A présentait de nombreux troubles du comportement mettant en grande difficulté l’équipe de prise en charge. Il se montrait régulièrement agressif physiquement ou verbalement envers les autres et détruisait régulièrement des objets, notamment en les utilisant comme projectiles. Les éducateurs étaient parfois amenés à le maîtriser physiquement. A partir des années 90 (32 ans), même s’ils constituaient encore un problème, la fréquence de ces troubles du comportement a nettement diminué et certains d’entre eux se sont complètements amendés. Il a par exemple cessé de s’automutiler en se grattant certaines parties du corps jusqu’au sang ou d’agresser les autres.

Monsieur A présente un niveau d’activité très important. Il est décrit comme toujours en mouvement et il a du mal à rester concentré quelques minutes sur une activité. Il ne se montre pas encore autonome dans la réalisation de nombreux gestes de la vie quotidienne tels que se laver, s’habiller, manger. Par exemple, il est encore nécessaire de régler la température de l’eau de sa douche, de l’aider à laver certaines parties de son corps, à sélectionner sa tenue

vestimentaire, à boutonner ses vêtements et de lui couper sa viande à table. Notons, toutefois, une fluctuation dans ses capacités, en effet, à certaines périodes, il était en mesure d’effectuer de manière autonome certaines activités. Par exemple, à 42 ans, plus aucune aide n’était nécessaire pour couper la viande, mais cette compétence n’a pas été retrouvée à 52 ans. Au niveau médical, Monsieur A est né avec une jambe plus courte que l’autre. Depuis ses 48 ans, il porte une semelle orthopédique pour corriger ce déséquilibre. Vers ses 26 ans, une hépatite B a été diagnostiquée (porteur sain).

Depuis ses 22 ans, il prend deux sortes d’antipsychotiques. A 22 et 32 ans, il lui était administré quotidiennement du Melleril 40 mg/ml et du Neuleptil 40 mg/ml en solution buvable. Il prenait 50 gouttes de Melleril 40 mg/ml matin et soir et 20 gouttes le midi et 30 gouttes de Neuleptil 40 mg/ml trois fois par jour. Ensuite, en 2005, lorsque le Melleril a été retiré du marché, son traitement médicamenteux a été modifié. Il lui est administré depuis un demi comprimé de Nozinan 150 mg le matin et un le soir et trois comprimés par jour de Largactil 100 mg. Depuis ses 32 ans, les soignants relèvent un effet très positif de ces traitements médicamenteux et l’absence d’effets non désirables. Ce traitement a été mis en place et maintenu en raison des troubles du comportement que présente Monsieur A.

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1.2. Monsieur P

Monsieur P est né en 1960. La grossesse et l’accouchement n’ont pas présenté de particularités. Son poids de naissance était de 3,500 kg. Il a été hospitalisé trois semaines à Montpellier en raison d’une encéphalopathie néonatale. La marche a été acquise à 3 ans et les premiers mots sont également apparus à cette période.

Son père, qui présentait un alcoolisme sévère est décédé dans les années 70. Il est le cadet d’une fratrie de trois : sa sœur est née et 1947 et son frère, en 1945.

A 6 ans, il a intégré un Institut Médico-Pédagogique (IMP), puis à 20 ans la MAS. A son entrée à la MAS, le diagnostic de psychose infantile déficitaire a été posé par le psychiatre de l’établissement.

1.2.1. Fonctionnement cognitif et socio-adaptatif actuel de Monsieur P (50