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Nous avons réalisé 20 projections situationnelles combinée à une émulation langagière. Elles duraient de 20 minutes à 1 heure 6 minutes. Leur durée moyenne était de 36 minutes. La durée totale des enregistrements était de 12h09min d’enregistrement. Les émulations langagières issues des projections situationnelles ont été intégralement retranscrites.

Ensuite, pour traiter les données recueillies, nous avons choisi de réaliser une analyse de contenu de chaque scénario. « Analyser le contenu (d’un document ou d’une communication) (…) c’est rechercher les informations qui s’y trouvent, dégager le sens ou les sens de ce qui

142 est présenté, formuler et classer tout ce que « contient » ce document ou cette communication» (Mucchielli, 1998, p. 23). Cette technique nous intéresse ici parce qu’elle constitue un outil permettant de traiter les données qualitatives d’une manière rigoureuse et systématique. Pour être utile et efficace, l’analyse de contenu nécessite de découper le contenu en tranches (Mucchielli, 1998).

Dans notre étude, la segmentation des retranscriptions a été réalisée en unités significatives de sens (Cf. tableau10). Seules les verbatim de l’interviewé(e) ont été découpés en unités. Autrement dit, nous nous intéressions aux « idées clés ». L’unité d’analyse sémantique comprenait l’idée exprimée par la personne. Chaque unité fournissait une information nouvelle sur l’activité. Les unités ont été repérées dans le texte à partir de tout ou d’une partie ou d’un ensemble de phrases. Ensuite, un codage manuel a été réalisé grâce à l’interface proposé par le logiciel MaxQDA qui a permis de traiter les données obtenues. Extrait d’un entretien, homme, 27 ans :

ERG : Ok. Donc arrivé sur place, comment tu procèdes alors, une fois que tu as le niveau ? INT : Euh bah en fait, j’y suis allé quelques fois (Unité 1) mais je ne connais pas par cœur non plus (Unité 2), je crois que c’est l’étage le plus bas où il y a le plus de trucs. Je crois que c’est peut-être là, Nature & Découverte, enfin peu importe, mais en gros, une fois que j’ai l’étage (Unité 3), il y a des plans un peu partout, à plusieurs endroits dans les Halles (Unité 4), et ce n’est pas pratique souvent parce que tu as pleins de monde devant (Unité 5), ou euh… Sinon je cherche un peu, un peu au hasard (Unité 6), même si il y a du monde ça peut être pénible, c’est vrai que ce n’est pas le meilleur moment pour flâner mais euh… (Unité 7) Ouais si je n’ai pas, enfin non. Je regarde un plan quand même (Unité 8), et puis après je connais un minimum pour me repérer et savoir dans quelle aile c’est, enfin quel accès (Unité 9).

ERG : D’accord, est-ce que tu aurais d’autres moyens de procéder pour trouver Nature & Découverte dans les Halles ?

INT : Comme je te disais, je crois qu’il y a une application pour se repérer (Unité 10). Que je ne vais pas assez aux Halles pour l’utiliser, et je n’utilise pas plus que ça mon téléphone avec les applications, donc euh, ce ne serait pas la première application que j’installerai (Unité 11). Euh mais à part ça peut-être qu’il y a des prospectus (Unité 12), ou des plans (Unité 13), je ne sais pas (Unité 14).

Tableau 10 – Exemple de découpage en unité de type « idées clés » d’un extrait d’entretien Avant de réaliser le codage, pour neutraliser l’effet de circularité mis en évidence par Binder et Coad (2011) (Cf. chapitre 1), une grille de lecture (Cf. Tableau 11) a été élaborée afin de distinguer les différents niveaux d’analyse de l’activité. Voici un exemple d’un effet

143 de circularité : si on considère le fonctionnement « faire du vélo », les ressources peuvent alors être « savoir pédaler » et « posséder un vélo », et les facteurs de conversion « l’existence d’une piste cyclable » ou « le droit de faire du vélo ». Cependant, « faire du vélo » peut aussi être considéré comme une ressource pour le fonctionnement « aller de la maison au centre-ville ». Ainsi, en proposant une grille définissant le niveau de fonctionnement observé, l’effet de circularité peut être évité. La projection situationnelle combinée à une émulation langagière a été menée telle qu’à chaque scénario, on retrouve pour chacun des participants le même niveau de description de l’activité simulée.

Cette grille illustre le découpage des scénarios en buts et sous buts. Chaque tâche ou sous-tâche se définissait par un but. De cette manière chaque scénario a été découpé en différentes phases. Une phase était un déplacement d’un point A à un point B. Elle commençait et se terminait par une activité qui ne concerne pas le déplacement (ex. être au restaurant, être dans un magasin, être à un rendez-vous médical). Ensuite, chaque phase était découpée en étapes, que nous nommions niveau. Un niveau correspondait à un sous objectif (i.e. une réalisation à atteindre) de l’objectif principal qui était de se rendre dans un lieu déterminé. Chaque niveau était introduit par une nouvelle question de l’intervieweur, où le sous-objectif apparaissait clairement.

DESCRIPTION

Scénario 1

Phase 1 Niveau 1 Préparer son départ Niveau 2 Aller à Châtelet Phase 2 Niveau 1 Trouver Nature &

Découverte Phase 3 Niveau 1 Aller aux Champs Elysées Phase 4 Niveau 1 Trouver le restaurant Scénario

2 Phase 1

Niveau 1 Préparer son départ Niveau 2 Aller à Montparnasse Scénario

3

Phase 1 Niveau 1 Aller à l'hôpital Phase 2 Niveau 1 Aller au restaurant

Tableau 11 – Grille de lecture

Dans l’exemple ci-dessous, apparaît en rouge le niveau d’analyse, et en noir et gras la mise en évidence du sous-objectif abordé dans le niveau d’analyse en question.

[Phase 1, Niveau 1 – Préparer son départ]

ERG : Alors au niveau de la préparation, est-ce que tu regardes quand même les

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• INT ; Oh, je regarderai les horaires des bus, oui.

• (…)

[Phase 1, Niveau 2 – Aller à Châtelet]

ERG : D’accord, alors quels sont les transports que tu utilises pour aller à Châtelet ?

• INT : Je prends un bus de chez moi jusqu’à la gare, et ensuite le RER.

• ERG : D’accord, est-ce que, donc le RER ensuite il est direct jusqu’à Châtelet ?

• (…)

[Phase 2, Niveau 1 – Trouver Nature & Découverte]

ERG : D’accord. Alors arrivée à Châtelet, comment tu procèdes pour trouver Nature

& Découverte ? Le magasin ?

• INT : Oh bah j’aurai regardé en ligne avant, où est-ce qu’il y a un magasin.

• ERG : D’accord. Alors c’est dans les Halles.

• INT : Ah, c’est dans les Halles, donc c’est sur place.

• (…)

[Phase 3, Niveau 1 – Aller aux Champs Elysées]

• ERG : D’accord. Donc tu arrives à Nature & Découverte, (…), tu sors, (…) là tu as un

appel sur ton téléphone, et un autre ami t’invite au restaurant, (…) Est-ce que tu lui demandes des informations déjà pour aller jusqu’aux Champs Elysées, ou tu raccroches et puis…

• INT : Bah je raccroche et je regarde mon plan.

• ERG : Tu as toujours un plan avec toi ?

• (…)

[Phase 4, Niveau 1 – Trouver le restaurant]

• ERG : D’accord. Arrivée aux Champs Elysées, tu sors de la station de métro,

comment tu t’y prends pour trouver le restaurant qui est sur l’avenue…

• INT : Bah j’aurai demandé à celui qui m’invite.

• (…)

Tableau 12 – Exemple de découpage en buts et sous buts du scénario 1, femme, 61 ans Ce découpage de la tâche en buts et sous buts permettait de limiter les confusions entre les ressources, les facteurs de conversion et les fonctionnements.