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ƒ Les actions longitudinales Dépouiller

Sur les six pièces utilisées pour cette opération (entre 20 et 75 minutes), quatre présentent des traces macroscopiques, deux racloirs en étant dépourvus. Les esquillements sont bifaciaux, discontinus, isolés ou alignés, en faible nombre (toujours moins de 20) et jamais superposés (Figure 73 a.). Leur morphologie est semi-circulaire, en demi-lune et parfois triangulaire, leur terminaison est souvent fine, parfois en escalier (marche peu marquée) et leur initiation souvent en flexion. Ils sont peu profonds, de taille très petite à petite, leur allongement est variable, leur direction également, et les denticules sont intacts. L’émoussé est généralement absent, il est présent sur un des racloirs ne présentant pas d’esquillements : celui-ci est bifacial et très faiblement développé.

Un bord latéral de biface a été utilisé pour cette opération pendant trente minutes : il présente un seul esquillement triangulaire à terminaison en escalier et initiation en flexion, sa profondeur est nulle et sa direction oblique (Figure 73 b.). Sur les tranchants retouchés (racloirs et bifaces), cette opération laisse donc aucun ou très peu d’esquillements. Un très faible émoussé, touchant le fil de manière discontinue, est susceptible de nous renseigner sur l’utilisation d’un bord.

Toutes les zones actives expérimentales présentent des usures microscopiques. Elles consistent en un poli très brillant de luisance grasse, de coalescence fluide à grenue et de trame serrée à unie (Figure 73 c.). Il est bifacial, distribué sur le tranchant et le fil de manière discontinue, d’étendue modérée à couvrante, de contour flou, et d’orientation parallèle. La coalescence grenue, la trame unie et l’étendue couvrante s’observent sur les pièces les plus longuement utilisées. Les stries sont très souvent absentes, parfois

présentes mais très rares, courtes, fines, profondes, à fond rugueux et parallèles au tranchant. Le micro-émoussé est absent ou faible à moyen, dans le cas des pièces les plus longuement utilisées.

Couper la viande

Une vingtaine de tranchants ont coupé de la viande sans être impliqués par ailleurs dans la désarticulation : ils ont servi à décarniser et à couper la viande en filets, pendant une durée variant entre 15 et 105 minutes.

Toutes les pièces, sauf une, portent des macro-traces. Les esquillements sont bifaciaux, discontinus, isolés, alignés ou superposés (une ou deux générations seulement) et en nombre variable (Figure 73 e.). Leur morphologie est très hétérogène : semi-circulaire, en demi-lune, quadrangulaire, trapézoïdale et triangulaire. Leur terminaison est également variable : fine, en escalier, réfléchie ou transverse. Leur initiation est en flexion ou en cône. Ils sont peu profonds, de taille très petite à petite, leur allongement est moyen à fort, leur direction souvent oblique, et les denticules sont généralement intacts.

Cette forte variabilité, enregistrée entre les pièces mais aussi sur un même tranchant, est très probablement liée à la présence ou l’absence de contacts avec les matières plus ou moins dures (os, cartilage), leur fréquence et leur intensité, et également à l’orientation du tranchant qui peut varier par rapport à la matière (angle de 90° ou plus fermé). D’ailleurs, les deux pièces qui ont servi à découper de la viande déjà prélevée de la carcasse, ce qui implique l’absence de contact avec l’os, présentent soit une absence d’usure, soit des traces plus homogènes, illustrant un contact avec des matières tendres uniquement. Elles sont en conséquence moins caractéristiques : un éclat brut ayant servi pendant 15 minutes ne montre aucun esquillement, et un biface utilisé pendant 30 minutes porte des esquillements rares, courts à moyennement longs, semi-circulaires, de terminaison fine et de direction perpendiculaire. Des esquillements en demi-lune à terminaison transverse (sortes de cassures) se produisent enfin dans le cas d’un tranchant très fin et fragile (angle de coupant autour de 10°). Aucun émoussé n’a été enregistré. L’intensité des traces dépendant du nombre et de la force des contacts avec les os, elle variera selon l’attention portée à la conservation des tranchants (découpe précise, contrôlée ou sans précaution) et la « chance » de toucher un os au cours de la découpe. En effet, pour un même temps d’utilisation, nous avons trouvé qu’un tranchant utilisé sur un animal de grande taille s’esquillait moins qu’un tranchant utilisé sur un animal plus petit : le tranchant doit couper plus de masse musculaire avant de parvenir à l’os pour un boeuf ou un cheval, et l’os est si volumineux qu’on peut facilement éviter les contacts accidentels.

Sept bifaces à bords latéraux convergents retouchés en racloirs ont été utilisés pour cette opération : ils portent tous des macro-traces caractéristiques. Les esquillements ont globalement les mêmes propriétés (Figure 73 f.), mais la morphologie en demi-lune n’a jamais été observée, tout comme sur les racloirs, certainement en raison du bord trop ouvert et résistant pour que de tels stigmates se forment. Leur taille est souvent très petite, et nécessite des observations à un grossissement de 25 fois. Ils sont présents sur les deux faces, même si leur reconnaissance est plus simple sur celle ne portant pas les dernières retouches d’affûtage. Les esquillements emportent les parties les plus saillantes des tranchants (irrégularités), rendant la délinéation en plan du bord plus régulière. Un enlèvement burinant a parfois été observé à la pointe, qui porte souvent, en raison de contacts privilégiés avec les os, quelques écrasements associés aux esquillements, qui n’excédent pas deux générations et qui n’arrondissent jamais le tranchant. L’ensemble des macro-traces est concentré dans le tiers distal du tranchant, notamment au niveau de la pointe. Le biface emmanché porte des esquillements plus développés (plus nombreux et plus grands) par rapport à d’autres bifaces tenus à mains nues et ayant servi sur un animal équivalent (bœuf) pendant un temps similaire ou supérieur (50 minutes contre 105) : la préhension à deux mains, qui nous a autorisé plus de force, est vraisemblablement responsable de cette plus forte intensité d’usure.

Les bifaces utilisés peu longuement (30 minutes), portent des esquillements moins nombreux que les bifaces utilisés jusqu’à ce que l’efficacité décroisse nettement, stade auquel nous avons cessé l’activité (entre 80 et 105 minutes). Un des bifaces utilisés pendant trente minutes pour décarniser porte des traces suffisamment caractéristiques pour être interprétées dans un cadre archéologique, au contraire d’un autre, utilisé pendant le même temps, mais pour découper de la viande déjà prélevée de la carcasse (cf. ci-dessus).

Figure 73. Photographies des macro- et micro-traces expérimentales liées au dépouillage et à la décarnisation avec des tranchants bruts et retouchés (bifaces).

L’utilisation d’un biface pendant au moins trente minutes (voire peut être moins) pour couper de la viande sur une carcasse laisse donc suffisamment de macro-traces caractéristiques pour que le tranchant soit reconnu comme une zone active et qu’une interprétation fonctionnelle soit proposée.

Toutes les zones actives expérimentales présentent des usures microscopiques. Elles consistent en un poli brillant de luisance grasse, de coalescence fluide et de trame lâche à serrée (Figure 73 d.). Il est bifacial, distribué sur le tranchant et le fil de manière discontinue (les points les plus saillants étant affectés seulement), d’étendue marginale à envahissante (selon l’intensité de l’usure et la zone du tranchant concernée), de contour flou, et d’orientation parallèle. Les stries sont très rarement présentes, peu nombreuses, courtes, fines, profondes, à fond rugueux et parallèles au tranchant. Le micro-émoussé est absent, le fil et les arêtes restent vifs, même s’ils sont parfois soulignés par l’usure et prennent la forme de fines lignes brillantes. Ils portent dans quelques cas et sur les zones les plus saillantes des spots de polis liés aux contacts avec l’os : il s’agit de petites plages de poli très brillant, de luisance glacée, de coalescence dure et nappée, d’étendue marginale, de contour net irrégulier et de trame unie.

Désarticuler

17 tranchants ont servi à désarticuler en coupant, entre 15 et 60 minutes : ils ont été en contact avec les tendons, le cartilage, l’os et parfois la viande.

Tous portent des traces macro et microscopiques.

Les esquillements présentent globalement les mêmes caractéristiques que celles observés dans le cas de la décarnisation, sauf qu’il existe une plus grande variabilité au niveau de leur taille (entre très petits et grands), leur nombre (entre 5 et 10 et plus de 20) et le nombre de générations (1, 1 à 2, 1 à 3). En fait, ces nuances viennent en grande majorité du soin apporté au moment de l’utilisation de la pièce :

- dans le cas où la pièce est manipulée avec précision, en prêtant attention à éviter les contacts avec les matières dures pour l’ « économiser », les esquillements sont semblables à ceux observés dans le cas d’une utilisation pour décarniser : ils sont de petite taille, assez rares (moins de 20), et une seule voire deux générations de manière discontinue sont observées (Figure 74 a.).

- dans le cas d’une utilisation plus « en force », celle-ci étant moins contrôlée dans son intensité et sa direction, et où le tranchant n’est pas épargné des contacts avec l’os, les esquillements sont de taille petite à grande (Figure 74 b.), ils sont plus nombreux (supérieurs à 20), et ils sont toujours superposés de manière discontinue, atteignant parfois 3 générations. Les esquillements de taille moyenne à grande sont pour la plupart trapézoïdaux ou triangulaires avec une terminaison en escalier marquée.

Il faut souligner que même une pièce utilisée quinze minutes pour désarticuler et décarniser un petit animal (blaireau) sans « économiser » le tranchant a produit des traces très développées (esquillements nombreux, superposés, de taille moyenne à grande), d’où la difficulté à évaluer le temps d’utilisation en fonction de l’intensité des traces…

Aucun émoussé n’a été observé.

Les usures sur les tranchants des bifaces répondent au même facteur de variation : les traces sont plus ou moins développées selon le soin apporté lors de leur utilisation (Figure 74 c. et d.). Nous avons remarqué que la morphologie des esquillements pouvait être différente selon la face sur laquelle ils se trouvent, ce qui paraît logique au vu du caractère non symétrique de la section (plano-convexes) et de la présence de retouches d’affûtage sur une des faces seulement, à l’image de la plupart des bifaces archéologiques. Les faces inférieures, planes et ne portant pas de retouches, présentent souvent des esquillements plus fréquents, de plus grande taille, très obliques, leur morphologie étant trapézoïdale ou triangulaire et leur terminaison en escalier. La face supérieure, plutôt convexe et portant les retouches d’affûtage, montre des esquillements plus rares, plus petits, moins obliques (parallèles ou légèrement obliques), leur morphologie étant plutôt semi-circulaire ou quadrangulaire et leur terminaison fine, réfléchie ou en escalier. Les mêmes remarques que précédemment dans le cadre de la décarnisation, quant à la possible présence d’écrasements sur le fil et la distribution des stigmates dans le tiers distal, peuvent être également formulées ici. Par contre, si dans le cadre de la décarnisation les esquillements touchent les irrégularités saillantes du bord et contribuent à rendre la délinéation plus régulière, lors d’une utilisation avec peu de précautions pour désarticuler, les esquillements rendent le bord irrégulier.

Les denticulés (à denticulations de taille moyenne, cf. Thiébaut 2003), portent des traces concentrées uniquement sur les zones saillantes, qu’ils rendent plus arrondies en plan.

Les pièces retouchées en racloirs et bifaces utilisées pendant 20 minutes, même avec précaution, portent des traces permettant de repérer la zone active et de proposer une interprétation fonctionnelle. Les bifaces utilisés avec peu de précaution ont fonctionné pendant 45 minutes, au bout desquelles le mordant, capital pour couper les tendons, avait beaucoup diminué.

Le poli a les caractéristiques suivantes : il est brillant, toujours de luisance grasse, de coalescence fluide (parfois fluide à douce grenue), et de trame serrée à unie (Figure 74 e. et f.). Il est bifacial, distribué sur le tranchant et le fil de manière discontinue (les points les plus saillants étant affectés seulement), modéré à envahissant (selon l’intensité de l’usure et la zone du tranchant concernée), de contour flou, et d’orientation parallèle.

Figure 74. Photographies des macro- et micro-traces expérimentales liées à la désarticulation avec des tranchants bruts et retouchés (bifaces).

Les stries sont très rarement présentes, peu nombreuses, courtes, fines, profondes, à fond rugueux et parallèles au tranchant. Le micro-émoussé est absent, le fil et les arêtes restent vifs, et portent souvent sur les zones les plus saillantes des polis liés au contact avec l’os, en spots ou plus étalés le long du tranchant, mais restant toujours marginaux.

Peu de différences existent donc entre ce poli et celui lié à la décarnisation : une trame parfois unie, une coalescence parfois douce grenue et une association plus fréquente et marquée avec des polis d’os.

Ainsi, les différences ne sont pas très marquées entre les usures produites par décarnisation et par désarticulation, la fréquence et l’intensité des contacts avec les matières dures comme l’os étant déterminantes dans les deux cas pour le développement des esquillements. Globalement, une désarticulation en force produira les esquillements les plus nombreux et les plus grands.

Le cas des pièces à utilisation mixte

Les quelques pièces ayant été utilisées tout au long de la boucherie, pour dépouiller, décarniser et désarticuler, ne présentent évidemment pas les trois types de traces mais une superposition, qui fait que les stigmates les plus marqués sont visibles. L’usure est donc composée d’esquillements formés par les contacts avec l’os, plus ou moins intenses, d’un poli à coalescence fluide à douce grenue associé avec des spots de poli d’os, d’étendue modérée à couvrante, et parfois d’un émoussé de faible intensité.

ƒ Les actions verticales : percussion lancée directe Trancher la viande et désarticuler

Des bifaces à tranchant distal transversal, similaires à ceux des séries de la déviation de Bergerac, ont été utilisés pour trancher la viande et pour désarticuler une portion de carcasse de bœuf en percussion lancée directe. Les esquillements sont équivalents pour ces deux opérations, car les contacts avec les os sont assez intenses, même s’ils sont plus fréquents dans le cadre de la désarticulation.

Les esquillements, toujours présents, sont bifaciaux, discontinus, souvent superposés (une à trois générations) et en grand nombre. Leur morphologie est trapézoïdale, semi-circulaire ou triangulaire, leur terminaison est en escalier et leur initiation en cône (Figure 75 a. et b.). Ils sont peu profonds, de taille moyenne à grande, leur allongement est variable, leur direction souvent oblique, et les denticules sont intacts. L’émoussé est toujours absent.

Le poli n’a pas été recherché sur ces pièces car leur taille est trop importante pour être observée au microscope et le silex (bergeracois de couleur beige) est sec et enregistre difficilement les polis.

Fracturer les os frais Le sternum

Un racloir à dos cortical et deux bifaces à bords latéraux convergents ont été utilisés pour fracturer le sternum d’un sanglier et d’un mouton. Le contact entre l’os et le tranchant est souvent oblique. Les esquillements, très marqués et toujours présents, ont des caractéristiques similaires à ceux décrits précédemment, mis à part quelques nuances (Figure 75 c., d. et e.) :

- des portions de tranchants montrant parfois trois voire quatre générations superposées, - des terminaisons en escalier marquées mais aussi réfléchies,

- certains esquillements peuvent être très grands et profonds, - un écrasement des denticules, sans arrondi,

- la présence de cassures : un biface présente en partie distale une fracture transversale, en flexion, simple et à terminaison transverse.

Ces esquillements, intenses et nombreux, rendent la délinéation en plan irrégulière. Le racloir, qui est nettement plano-convexe, présente beaucoup plus d’esquillements, plus étendus, sur la face plane ; la face convexe se prêtant moins au développement de tels stigmates.

Les tranchants portent un poli d’os, bifacial, marginal, situé sur le fil et les arêtes les plus saillantes. La coalescence est dure nappée, la trame unie, la luisance glacée, le contour net et irrégulier, et l’orientation plutôt parallèle. Quelques stries à fond rugueux, courtes, étroites et profondes marquent le poli. Le micro-émoussé est complètement absent. Sur un biface très esquillé, un poli de coalescence dure plate et de luisance mate est présent, associé à des stries à fond lisse : il est lié au contact avec des esquilles de silex restées coincées dans le sternum.

Figure 75. Photographies des macro-traces expérimentales liées à l’utilisation de la percussion lancée directe de tranchants de bifaces et de racloirs pour décarniser, désarticuler et fracturer des os.

Les os longs

Quelques nucléus et galets aménagés utilisés dans le cadre du PCR pour fracturer des os afin d’en extraire la moelle peuvent compléter la caractérisation des traces macroscopiques liées à la percussion avec l’os frais. Les esquillements sont plus développés : ils sont très nombreux, continus, superposés, le nombre de générations allant de 2 à 5 (Figure 75 f.). Leur morphologie est surtout semi-circulaire, dans les premiers

temps, pour devenir plutôt trapézoïdale ensuite, leur terminaison en escalier marqué, et leur initiation plutôt en cône (pour celles qui sont encore visibles). La taille des plus grands esquillements est très importante, car elle atteind le centimètre, leur allongement moyen à fort et leur direction perpendiculaire. Malgré quelques écrasements, les denticules restent vifs et le fil n’est jamais arrondi ni émoussé.

ƒ Les actions transversales

Des actions de raclage ont été effectuées dans le but de récupérer des restes de viande sur les os et de retirer le périoste des os à fracturer.

Douze tranchants, dont deux de bifaces, ont été utilisés pour cette opération, en coupe positive ou négative. Tous présentent des macro-traces, sous la forme d’esquillements uniquement, aucun émoussé n’étant présent.

Les esquillements sont caractéristiques du travail transversal d’une matière dure organique : ils sont plus développés sur une des faces (la face de dépouille), face sur laquelle ils sont continus, superposés (3 ou 4 générations) et nombreux (Figure 76). Leur morphologie est semi-circulaire, quadrangulaire ou trapézoïdale, leur terminaison est souvent en escalier, parfois fine ou réfléchie, et leur initiation et profondeur souvent masquées par les superpositions. Ils sont de taille et d’allongement variable, et leur direction perpendiculaire. Les denticules sont écrasés, mais pas arrondis. La morphologie des esquillements évolue pendant le travail au fur et à mesure que le tranchant se stabilise : au départ ils sont plus grands, semi-circulaires ou quadrangulaires, courts, leur terminaison est fine, réfléchie ou en escalier ; puis ils deviennent trapézoïdaux, plus petits, plus longs et leur terminaison est en escalier ; enfin, l’usure se termine par de très petits enlèvements assimilés à des écrasements (Figure 76 a.). Ces caractéristiques s’observent dès le début du travail dans le cas d’un tranchant à angle moyennement ouvert ou ouvert, sur lequel les grands esquillements ne se développent pas en raison de la stabilité du bord. De la même manière, un tranchant très aigu, même s’il est instable vis-à-vis du travail, n’autorise pas le développement d’esquillements de grande taille : les premiers esquillements, semi-circulaires mais de taille petite à moyenne, et de terminaison fine, rabattent le bord de manière abrupte (Figure 76 d.). Sur la face d’attaque, quand les esquillements sont présents, ils sont moins nombreux, discontinus et plus petits (Figure 76 b.). Lorsque le travail dure peu (10 minutes), une distribution discontinue et moins de générations (2) sont observées. Les usures liées à la coupe négative sont assez envahissantes et reculent le tranchant assez régulièrement, la délinéation de la zone usée étant régulière (pas de zones saillantes), contrairement à la coupe positive, où les usures, moins envahissantes et moins superposées, laissent un bord usé plus irrégulier, avec des zones saillantes (Figure 76 c.).

Les mêmes règles d’usure s’appliquent aux tranchants des bifaces utilisés : leur angle moyennement ouvert et la présence de retouches induisent un développement moindre des esquillements. Ils sont petits à moyens, moyennement allongés à allongés, quadrangulaires ou trapézoïdaux, de terminaison en escalier, et associés à des écrasements ne rendant jamais le bord arrondi (Figure 76 g.).

Seul le tranchant utilisé peu longuement ne porte pas de traces d’utilisation microscopiques. Le poli observé est mixte, l’un est caractéristique du contact avec l’os, l’autre du contact avec les tissus animaux tendres (viande, tendons, périoste) :

- le premier est de coalescence dure ondulée ou nappée, de luisance glacée, de trame unie, de contour net régulier, d’étendue marginale (Figure 76 f.), et marqué de craquelures orientées parallèlement au tranchant,

- le deuxième est de coalescence fluide à douce grenue, de luisance grasse, de trame serrée, de contour flou et d’étendue modérée (Figure 76 e.).

Ils sont discontinus et plus développés (plus fréquents et plus étendus) sur une des deux faces, celle qui est la plus proche de la matière travaillée : la face de dépouille dans le cas de la coupe positive, et la face