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Même si l’utilisation récurrente de pointes lithiques comme projectiles n’a pas été attestée en Europe au Paléolithique moyen17, nous avons profité de la réalisation d’une expérimentation réalisée dans le cadre du thème « Les éléments triangulaires au Paléolithique moyen » du PCR, coordonné par Aude Coudenneau18, pour lancer sur une carcasse de mouton deux petits bifaces emmanchés au bout d’une hampe en bois et collé par un adhésif à base de résine de pin, ocre et cire d’abeille. La taille et la morphologie générale de ces bifaces, taillés par S. Maury, correspondent à un biface de Chez-Pinaud présentant une fracture en flexion à son extrémité distale (fracture simple et de terminaison fine). Le lancer s’est effectué en utilisant un fusil de chasse sous-marin, afin de contrôler la force exercée et que celle-ci soit constante.

Ceux-ci ont bien percé la peau de l’animal, déchiré les muscles et se sont arrêtés dans l’humérus, dont le contact a intensément esquillé la partie proximale. Un des bifaces, ayant des bords convergents convexes en plan et par conséquent une pointe plus ouverte et donc certainement une capacité de pénétration moindre, a du être lancé deux fois, car à la première celui-ci a « rebondi » sur la peau.

Figure 77. Biface expérimental utilisé en projectile. b. état général de la pièce avant

désemmanchement, notez la présence d’une grande esquille retenue par l’adhésif, a. détail macroscopique du bord esquillé.

17 Soulignons la présence sporadique de quelques pointes ayant été considérées comme de probables ou possibles projectiles attribués au Paléolithique moyen en Europe Occidentale : La Cotte de Saint Brelade (Callow 1986), Bettencourt-Saint-Ouen (Caspar in Locht et al. 2002), Bouheben (Villa et Lenoir 2006) Asolo (Mussi et Villa 2008) et Angé (Soressi in verbis). Le Paléolithique moyen d’Europe de l’Est, du Proche-Orient, d’Afrique du Sud et de l’Est semble présenter plus d’évidences de la présence de projectiles lithiques (Shea 1988, 1993, Boëda et al. 1999, Kay 1999, Hardy et al. 2001, Donahue et al. 2002-2004, Lombard 2005, 2008, Villa et Lenoir 2006, Brooks et al. 2006), bien que certains résultats à propos de l’interprétation des pointes proche-orientales aient été discutés (Holdaway 1989, Plisson et Beyries 1998).

18 Dont l’objectif est de caractériser les traces liées à l’utilisation des pointes en projectiles et à rechercher leur présence dans les collections archéologiques

Les deux pointes de bifaces portent des esquillements partant des bords latéraux et/ou de la pointe, qui sont très développés car nombreux, superposés (entre 2 et 4 générations) et de très grande taille (Figure 77). Ils laissent le bord complètement irrégulier, car le contact avec l’os, très bref, n’a pas régularisé les denticules des esquillements formés. Ils sont situés sur une des faces, discontinus, de morphologie semi-circulaire ou trapézoïdale, terminaison en escalier marqué, d’initiation en cône ou en flexion, plutôt courts, obliques et de forte profondeur. Un ou deux très grands esquillements étendus et rasants se forment au départ puis sont recoupés par d’autres plus petits. Ces usures se distinguent nettement de la fracture observée sur le biface de Chez-Pinaud.

Les deux pièces ne portent aucun stigmate microscopique.

• Le travail de la peau

Les études fonctionnelles antérieures ont montré que le travail de la peau était une activité qui avait été pratiquée au Paléolithique moyen, sur certains sites intensément (La Combette et Grotta Breuil, Lemorini 2000, La Cotte Sainte Brelade, Frame 1986), et qu’elle se caractérisait parfois par une chaîne opératoire complexe impliquant des états de peau différents (frais, sec ou humide) et des étapes successives : écharnage et « proto-tannage », à l’aide d’additifs gras comme la cervelle ou le foie (Lemorini 2000). Les études ethnographiques montrent une grande variabilité dans la chaîne opératoire du traitement des peaux (voir par exemple Robbe 1975, Hayden 1990, Beyries 2002, Ibanez et al. 2002, Hincker 2002). Celle-ci dépend notamment de la taille de la peau, de la saison, du produit fini recherché, des connaissances techniques et des produits actifs à la disposition des artisans, ou encore des conditions sociales de la production. Il existe plusieurs étapes dans le traitement des peaux, et la variabilité se trouve dans leur réalisation ou non, et dans leurs modalités : temps consacré, outils utilisés, position, état de la peau, présence d’additifs.... Une étape est indispensable : celle du nettoyage des peaux par écharnage, qui consiste à retirer les chairs restant accrochées sur la peau afin d’empêcher sa putréfaction. Elle est réalisée même dans le cas d’un traitement « élémentaire » des peaux (Hayden 1990), simplement écharnées et séchées : elles sont destinées à des productions domestiques chez des chasseurs-cueilleurs non sédentaires et ne disposant pas des bases économiques d’une accumulation de richesses ou bien à des productions spécifiques dans des sociétés maîtrisant des techniques plus élaborées. Le « pseudo-tannage » (Robbe 1975) désigne des cuirs de qualité supérieure ayant fait l’objet de traitements plus complexes comme l’application de graisses, le fumage ou l’assouplissement : selon le temps consacré, la spécialisation des outils et la qualité des cuirs obtenus (souplesse, résistance, imperméabilité), on peut distinguer des productions « améliorées » ou bien « de luxe » (Hayden 1990).

Certaines opérations peuvent ne nécessiter aucun outil, ou faire appel à des outils en matières périssables, comme le bois végétal, ou de simples galets (Adams 1988, Plisson 1993). Les Néandertaliens ont également pu avoir recours à d’autres objets que ceux en silex taillés, et nous devons donc garder à l’esprit qu’en l’absence de traces caractéristiques d’une étape du traitement des peaux sur l’industrie lithique, on ne peut affirmer son absence.

o La pratique expérimentale

Les populations néandertaliennes étant nomades, nous avons seulement expérimenté les traitements mécaniques et à base de graisses animales, les bains chimiques, incluant par exemple le confitage et le tannage végétal ou minéral (Gassin 1996) nécessitant des temps de trempage longs a priori incompatibles avec ce mode de vie.

De nombreuses expérimentations correspondant à différents traitements, états de peaux (fraîche ou humide, mi-sèche, sèche, reverdie) et modes d’action ont été pratiquées. Des peaux de lapin, chèvre, mouton, sanglier, chevreuil et cerf ont été traités. Environ 60 pièces expérimentales ont été utilisées, les morphologies des outils et des tranchants employés sont variées, et ont globalement été choisies en fonction du mode d’action : les racloirs sur outils unifaciaux ou bifaciaux (bord latéral ou base) pour racler ; les éclats bruts, ou retouchés en racloirs et les bords latéraux des bifaces pour couper, et la pointe de bifaces pour percer. Une expérimentation comparative a néanmoins nécessité l’utilisation de tranchants bruts pour racler de la peau sèche avec de l’ocre, en rapport avec des traces observées sur plusieurs

tranchants bruts du site de Fonseigner. Les objectifs de production étaient divers : tapis, contenants (sacs, fourreaux), gaines et ligatures. Nous détaillons ci-dessous les expérimentations réalisées selon chaque étape du travail de la peau.

ƒ L’écharnage

Il s’agit de supprimer les lambeaux de chairs et de graisse restant éventuellement accrochés à la fleur de la peau, pour permettre à la peau soit de sécher, soit d’être « tannée » et ainsi éviter la putréfaction. Ce travail peut être réalisé sur peaux fraîches, rapidement après le dépouillage de l’animal, pour empêcher que ces tissus ne s’amalgament entre eux en séchant. Les portions de peaux abîmées, trouées, ont parfois à ce moment là été supprimées en utilisant à même le sol des éclats bruts et des racloirs fins à retouche rasante (Figure 78 a.). Nous avons écharné plusieurs peaux tendues sur le sol en coupe tangentielle avec des outils à tranchants fermés (éclats bruts, racloirs, bifaces, Figure 78 b.). Les tranchants longs, réguliers, rectilignes en profil et convexes en plan se sont révélés au cours des nos expérimentations très pratiques pour couper de grands lambeaux de chairs sans risquer de percer la peau (Plisson 1985b).

Des éclats bruts, parfois emmanchés, et des racloirs fins à retouche rasante ont été utilisés pour créer les boutonnières (entailles), servant à fixer la peau au sol grâce à des piquets en bois.

Quand les chairs commençaient à coller et qu’il devenait difficile de couper les lambeaux restant, nous avons :

- soit travaillé la peau transversalement (en coupe positive) avec des racloirs de type Quina et demi Quina : le travail s’est révélé très physique et très long, ce qu’ont également souligné Plisson (1985b) et Lemorini (2000),

- soit disposé la peau tendue sur un cadre pour la faire sécher. Quand la peau avait été stockée dans un environnement humide (grange), nous avons préféré utiliser des agents censés faciliter le séchage, comme la cendre et l’ocre, que nous avons appliqué sur la fleur de la peau. Dans le cadre d’une expérimentation comparative, la surface plane d’un biface a par ailleurs été utilisée pour appliquer en frottant l’ocre sur la peau : le maintien de la pièce, qui devient vite grasse, est assez difficile dans cette configuration, car la main, à plat sur la face convexe, glisse.

Le travail d’écharnage a donc parfois été repris plusieurs semaines après, sur peaux sèches disposées au sol sur leur cadre ou détachées, avec ou sans additif (Figure 78 c.). Il a été réalisé grâce à une coupe négative et positive combinée, avec des racloirs et une partie proximale de biface. Cette opération permet assez rapidement de retirer tous les restes de chairs et d’obtenir une fleur très régulière. L’utilisation d’un long tranchant rend le travail plus rapide. Ce dernier, s’il est régulier et convexe en plan, évite de strier la peau, de la fragiliser pour les étapes suivantes ou même de la trouer. La plupart des pièces utilisées pour travailler les peaux à la Combette sont d’ailleurs des racloirs portant des zones actives convexes en plan (Lemorini in Texier et al. 1996 et 1998), de même que les grattoirs ethnographiques présentent classiquement cette même morphologie de bord (Beyries 2002).

ƒ L’épilage

Cette étape a été réalisée sur quelques unes de nos peaux écharnées, selon deux méthodes :

- dans le premier cas, nous avons fait tremper une peau de biche dans l’eau quelques jours, afin de provoquer un début de putréfaction et pour que les poils se détachent plus facilement. En fait, il semble que la réaction attendue ne se soit pas produite, peut être en raison des températures fraîches (autour de 5 degrés) de l’environnement où reposait la peau : les poils ont été retirés en raclant en coupe positive l’épiderme, ce qui a représenté un travail laborieux. Plusieurs racloirs Quina ont été utilisés, dont un de très grande taille (environ 20 cm de longueur, plus de 10 de largeur et 8 d’épaisseur), qui s’est avéré être trop lourd et difficilement maniable.

- dans le deuxième cas, la peau de mouton a été reverdie après séchage, et les poils ont été recouverts de cendres, qui, associées à l’eau résiduelle forment une pâte facilitant l’opération (Hincker 2002), cette préparation devant reposer une douzaine d’heures. Cette réaction a bien fonctionné, mais sur une partie de la peau seulement, la zone au niveau de la ligne du dos ayant conservé des poils solidement accrochés. Nous avons donc dû racler longuement cette partie en coupe positive, les racloirs étant donc en contact avec l’épiderme et les cendres humides (Figure 78 d.).

ƒ Le « pseudo-tannage »

Cette opération permet de rendre les peaux imputrescibles et résistantes à l’eau tout en conservant la structure fibreuse leur conférant flexibilité et résistance. Le « tannage » à la graisse résulte de la combinaison du collagène et des composés provenant de l’oxydation des graisses (Chahine 2002). Il consiste à appliquer la graisse sur la peau mouillée et à la travailler pour qu’elle perde son eau et absorbe la graisse. Nous avons eu recours à deux types de graisses animales riches en acides gras insaturés : la cervelle et le foie.

Les peaux ont donc tout d’abord été reverdies, car préalablement séchées, et rincées de toute trace d’ocre ou de cendres (qui empêcherait la combinaison entre graisse et collagène, Plisson in verbis). De la cervelle fraîche a été appliquée sur une peau de mouton et une peau de biche : une fois étalée, celle-ci a été raclée en coupe positive et négative avec un racloir pendant quelques minutes. Puis la peau a été soigneusement rincée. La peau de chèvre a été traitée avec une bouillie de foie chauffé : la préparation a été étalée sur la fleur, puis la peau a été refermée et mise à l’écart pendant une douzaine d’heures en attendant la macération, indispensable pour que le tannage soit effectif (Plisson in verbis). Des moisissures s’étaient effectivement produites ; la préparation a été retirée par raclage, et la peau rincée abondamment.

Cette étape est de nature plus chimique que mécanique, les qualités des zones actives utilisées pour appliquer ou retirer la graisse étant donc peu importantes.

ƒ L’assouplissement

C’est une opération longue, qui consiste en l’écrasement et l’étirement des fibres du derme durant toute la durée de séchage de la peau après l’application d’agents tannants. Cette phase ne nécessite pas forcément l’utilisation d’outils tranchants, mais nous avons retenu la possibilité que certains outils en silex soient intervenus pour corroyer la peau au cours de son séchage, et choisi de réaliser des expérimentations dans ce sens : les peaux ont été tendues sur un cadre et raclées une ou deux heures avec des tranchants de racloirs réguliers et convexes en plan, ce qui a contribué à expulser l’eau et à déformer la peau (Figure 78 e.). Puis les peaux ont été décrochées et assouplies sans outils, en les étirant, les battant et les frottant à des arbres ou des rochers.

ƒ La finition et confection

La finition correspond aux derniers travaux sur peau sèche avant la fabrication d’objets : il s’agit de rendre la peau plus régulière, plus douce, de l’amincir, et éventuellement de la colorer. Pour cela, elles ont été raclées avec des racloirs toujours convexes et réguliers parfois en présence d’abrasifs colorants (ocre, Figure 78 f.). Une expérimentation comparative a également consisté à utiliser la surface plane d’un biface pour cette opération : les nombreux dièdres formés par les arêtes sur la surface sont autant de contacts actifs et le fait de « tenir » la pièce à plat par la face convexe permet un travail très stable et régulier. Nous avons également détouré la peau pour supprimer les parties périphériques irrégulières et épaisses, car difficiles à écharner et à assouplir.

Enfin, les peaux ont été découpées et/ou assemblées pour fabriquer divers objets : lanières pour faire des ligatures d’emmanchement, sacs, ou encore gaines. Des éclats bruts, racloirs fins et bifaces ont été utilisés à cette occasion. Afin de composer des sacs, certaines zones périphériques ont été trouées par incision ou perçage avec la pointe de bifaces, puis des tendons séchés ou des ficelles en lin y ont été glissés pour assembler les pans.

o Les traces d’utilisation

ƒ La peau fraîche, semi sèche ou reverdie

La peau fraîche est celle qui vient juste d’être retirée de l’animal : elle est très souple et riche en eau. L’état que nous appelons « mi-sec » correspond à une peau qui est encore très souple mais qui a perdu un peu d’eau , ce qui est le cas pour une peau retirée de l’animal et conservée repliée jusqu’au lendemain. Une peau reverdie se réfère enfin à une peau qui a séché et que l’on a trempée dans l’eau en lui redonnant sa souplesse. Ces trois états de peaux ont donc comme dénominateur commun la présence d’eau et la souplesse, et produiront des traces assez homogènes et distinctes de la peau sèche.

Les actions longitudinales La découpe

Cinq pièces brutes et un racloir ont été utilisés, pendant dix à trente minutes, pour couper de la peau fraîche ou mi-sèche, afin de supprimer des lambeaux de peau que nous ne souhaitions pas conserver. Dans deux cas les esquillements sont absents, et dans un cas ils sont très probablement liés au support en bois utilisé. Les tranchants portant des esquillements ont un angle de coupant fermé. Ils sont bifaciaux, discontinus, alignés ou isolés, jamais superposés et peu nombreux (toujours moins de 20). Leur morphologie est semi-circulaire, en demi-lune, ou triangulaire, leur terminaison fine ou en escalier peu marqué, leur initiation souvent en flexion et leur orientation oblique ou perpendiculaire. Ils sont souvent peu profonds, très petits, d’allongement variable et leurs denticules sont intacts (Figure 79 a.).

L’émoussé est absent, sauf sur le racloir qui a servi à couper la peau par terre : les particules abrasives de la terre associées à la peau ont créé un émoussé macroscopique bifacial et d’intensité moyenne.

Figure 79. Photographies des macro- et micro-traces expérimentales liées à la coupe de peau fraîche ou mi-sèche, en contact ou non avec la terre.

Des usures microscopiques sont présentes sur quatre zones actives. Quand aucun contact avec la terre n’a eu lieu, le poli a les caractéristiques suivantes : très brillant, de luisance grasse, de coalescence fluide à douce grenue et de trame serrée (Figure 79 b.). Il est bifacial, distribué sur le tranchant et le fil souvent de manière discontinue, d’étendue modérée, de contour flou et d’orientation parallèle. Les stries sont très souvent absentes, parfois présentes mais très rares, courtes, fines, profondes, à fond rugueux et parallèles au tranchant. Le micro-émoussé est faible et les stries absentes.

Le racloir qui a servi à découper la peau mi-sèche par terre porte des traces différentes (Figure 79 c. et d.) : le poli est également bifacial, continu sur le tranchant, envahissant, brillant, de coalescence douce

grenue, de trame serrée et de limites floues mais le micro-émoussé, bifacial, est fort et les stries à fond rugueux, fréquentes, courtes, larges et profondes, orientent clairement le poli parallèlement au tranchant. Des cratères (zones arrondies, en creux et non polies) ponctuent de plus le poli.

Les traces formées par la coupe de peau fraîche ou mi-sèche sans contact avec la terre sont donc peu développées et assez identiques à celles liées à la découpe de viande, exceptées la présence d’un micro-émoussé de faible intensité et des esquillements de plus petite taille.

L’écharnage en coupe

Neuf outils (sept tranchants bruts, deux tranchants retouchés de biface) ont servi à écharner peaux fraîches et mi-sèches en coupe tangentielle pendant 20 à 75 minutes.

Les esquillements, peu développés, sont présents sur huit pièces. Ils sont bifaciaux, discontinus, alignés, jamais superposés et souvent peu nombreux. Leur morphologie est semi-circulaire, en demi-lune, ou trapézoïdale, leur terminaison fine ou en escalier peu marqué (abruptes dans le cas de cassures en forme de demi-lune sur des tranchants extrêmement fins), leur initiation souvent en flexion et leur orientation oblique ou perpendiculaire. Ils sont souvent peu profonds (sauf les cassures en forme de demi-lune), très petits ou petits, d’allongement variable et leurs denticules sont intacts. L’émoussé est absent ou faible, à peine perceptible (les reliefs sont très légèrement arrondis), et associé à une brillance macroscopique. Un tranchant retouché de biface porte seulement un très petit esquillement sur sa face inférieure, alors que l’autre n’en porte aucun. Les deux sont légèrement marqués par le très faible émoussé associé à la brillance évoquée ci-dessus. Pour ces pièces, l’échelle microscopique est donc beaucoup plus informative que l’échelle macroscopique.

Toutes les zones actives portent des traces microscopiques. Il s’agit d’un poli brillant (moins brillant dans le cas d’une peau mi-sèche), de luisance grasse, de coalescence douce grenue à lisse et de trame serrée à unie (Figure 80 a. et b.). La coalescence douce lisse a été observée sur un tranchant utilisé longuement (75 minutes) sur une peau fraîche (Figure 80 b.). Il est bifacial, modéré à étendu, distribué sur le tranchant et le fil de manière continue, de contour flou et d’orientation parallèle. Le micro-émoussé est bifacial et de faible à moyenne intensité. Dans le cas d’une usure microscopique bien développée, des cratères sont visibles au sein du poli, surtout au sein de la coalescence douce lisse. Aucune strie n’a été observée. Les actions transversales

L’écharnage en raclage

Cinq tranchants retouchés en racloir ont servi à travailler des peaux fraîches ou mi-sèches en coupe positive, négative ou en utilisant une combinaison des deux, pendant 20 à 60 minutes.

Presque tous (sauf un) portent des traces macroscopiques, peu développées :