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Partie 2 Matériel et méthodes Matériel et méthodes

2. Échantillonnage au sein des séries

Afin de réduire le temps d’analyse, d’augmenter le nombre de pièces analysées portant des traces d’utilisation par rapport à ce temps, et d’adapter l’étude aux problématiques définies, nous avons eu recours à un échantillonnage pour chaque série, les caractéristiques de chacune entraînant des procédés de sélection différents.

La sélection (ou exclusion) d’éléments est intervenue à différents niveaux (Tableau 3) :

- à l’œil nu, dans un premier temps, un choix s’est opéré sur les types de supports susceptibles d’être étudiés : tous les bifaces et éclats de taille de biface, parfois l’ensemble de l’industrie en silex pour Chez-Pinaud et Fonseigner. Les éléments en matières premières autres que siliceuses -souvent peu représentés, sauf à Fonseigner-, et les productions par débitage, pour les séries de La Graulet et La Conne de Bergerac, ont été exclus. En effet, les productions par débitage à La Graulet ne relèveraient pas d’un assemblage cohérent et unique, en raison d’un effectif très réduit, de la dispersion, de l’état de conservation varié et de l’hétérogénéité technologique. L’impossibilité de comparer les résultats éventuels sur les éléments issus du débitage de la Conne de Bergerac avec les autres sites bergeracois a fait que nous avons préféré ne pas étudier ces supports, et que nous nous sommes concentrés sur les pièces bifaciales, objets principaux de ce travail.

- pour les deux séries dont les éléments autres que propres au façonnage (bifaces et éclats de taille) ont fait l’objet de recherche de traces d’utilisation, Chez-Pinaud et Fonseigner, des observations à la loupe binoculaire ont été réalisées afin de sélectionner des pièces de cette catégorie à étudier au microscope et à renseigner dans la base de données. Ainsi, seuls les éléments portant des traces d’utilisation visibles à la loupe binoculaire ont été sélectionnés dans le cas de Fonseigner, car les supports retouchés étaient trop nombreux pour être tous étudiés, alors que pour Chez-Pinaud, l’ensemble des éclats retouchés (sauf ceux dont la conservation était très médiocre), peu nombreux, ont été intégrés à l’étude, tout comme les éclats bruts portant des traces d’utilisation.

Pages suivantes :

nom du site et localisation couche collection ou responsable des fouilles années des fouilles topographie faciès typologique

ou chrono-culturel chronologie bifaces ?

Combe Brune II (24) série 61000 M. Brenet et M. Folgado 2006-2007 plein air indéterminé

Paléolithique moyen récent (60-80 ka ?) / morphologie des bifaces oui (5)

Combe Brune I (24) séries 8000 et

9000 P. Bidard 2004 plein air MTA datations en cours oui (2)

Cantalouette I (24) IV base M. Brenet 2004 plein air indéterminé indéterminée oui

Le Vieux Coutet (24)

séries 20000, 22000 et

23000

I. Ortega 2003 plein air MTA

Paléolithique moyen récent (postérieur à 60 ka)

oui (11)

La Graulet (24) niveau 3 M. Brenet 2002 plein air MTA ?

Paléolithique moyen récent ? / position stratigraphique oui (5) La Conne de Bergerac

(24) / M. Brenet 2002 plein air MTA ?

Paléolithique moyen récent ? / industrie oui (5) Croix de Canard (24) secteur 2, locus 3, 5 et hors locus

L. Detrain 2001 plein air MTA (de type B ?) indéterminée oui

Chez-Pinaud (17) SW-US06 et SW-US07 J. Airvaux puis J. Jaubert, J.-J. Hublin, S.-P. McPherron et M. Soressi

depuis 1998 abri sous roche MTA 39 ± 3 ka / TL oui

Fonseigner (24) niveau Dsup J.-M. Geneste 1977 pied de falaise MTA (?) 50,2 ± 5,4 ka / TL oui (7)

Les Fieux (46) couche KS F. Champagne 1966-1999 aven MTA

passage de OIS 4 à 3 ? / biostratigraphie

non

Quinsay (86) ensemble

gris-clair F. Lévêque 1968-années 80 grotte Castelperronien archaïque "interstade Würm II-III" / sédiments oui

Abri Brouillaud (24) couche C Bourrinet, Darpeix,

Peyronny 1907-1928 pied de falaise MTA de type A indéterminée oui

Pech de l'Azé I (24) couche 4 et 7 R. Vaufrey, F. Bordes, M. Soressi 1909, 1929-1930, 1949-1951, 1970-1971, 2002-2005

abri sous roche MTA de type A et B

c. 7 : 41-58 ka / U/Th et ESR, c. 4 : antérieure à 44 ka / C14 AMS, 42 ka / C14 non calibré oui

Toutifaut (24) / J. et G. Guichard années

1960-1970 plein air MTA de type A ? oui (44)

Corbiac (24) couches M1

et M2 F. Bordes ? plein air MTA ? "Würm II" ? oui (1)

Le Moustier (24) abri inférieur

couche G D. Peyrony

1910-années

1930 abri sous roche MTA de type A

50,3 ± 5,5 ka et 55,8 ± 5 ka / TL et

43 ± 2,3 ka et 47 2,5 ka / ESR

oui

La Rochette (24) couche 7 H. Delporte années 1960 pied de falaise MTA de type A

36 ± 0,5 ka et 30,7 ± 0,4 ka /C14 et 52 ± 3,4 ka / C14 AMS

oui

La Plane (46) locus 1 J. Guichard puis A. Turq

1975, 1976-1977 et

1984-1985

plein air Paléolithique moyen à bifaces

environ 70 ka /

sédiments oui (4)

Gare de Couze (24) Moustérien

supérieur D. Peyrony début Xxème grotte ? ? oui (10)

éclats de taille

de biface ? échelles d'observation

qualité de

conservation modifications post-dépositionnelles observées

expertise ou étude tracéologique

antérieure

lieu de dépôt ou conservation

non loupe binoculaire et

microscope moyenne

patine brillante et émoussé naturel assez intense, esquillements

naturels et accidentels rares non

oui (19) loupe binoculaire moyenne

zones exposées brillantes parfois, pas d'émoussé naturel macroscopique, rares esquillements naturels, esquillements accidentels sur les éclats

oui (J. Rios Garaizar, rapport en

cours) oui loupe binoculaire et

microscope mauvaise

patine blanche sur une des deux faces assez intense, patine brillante, spots brillants et stries fréquentes, émoussés et esquillements naturels marqués

oui (niveau 5 : J. Rios, Brenet 2004)

oui (1) loupe binoculaire

moyenne et hétérogène sur la série (de mauvaise à

bonne)

des pièces avec surfaces et tranchants émoussés et brillants, une patine blanche , des esquillements naturels nombreux et d'autres (notamment série 23000) pour lesquelles esquillements, émoussés et brillance absents ou peu intenses

oui (J. Rios Garaizar, rapport en

cours)

non loupe binoculaire et

microscope moyenne

patine brillante et émoussé assez intense, patine blanche sur une face, rares esquillements naturels et accidentels, cupules et fissures liées au gel

non

oui (11) loupe binoculaire et

microscope moyenne

patine brillante et émoussé peu intense, patine blanche sur une face, rares esquillements naturels et accidentels, cassures accidentelles, fissures liées au gel

non

non loupe binoculaire et

microscope moyenne à mauvaise

Patine blanche et brillante, stries et émoussés microscopiques et

microscopiques naturels marqués, esquillements naturels rares non

INRAP Grand-Sud-Ouest, Pessac (24)

oui loupe binoculaire et microscope

moyenne mais hétérogène sur la série (de mauvaise à

très bonne)

patine brillante, abrasion, spots brillants, esquillements d'intensité

variable non

Laboratoire PACEA à Talence

oui loupe binoculaire et

microscope bonne

patine blanche et brillante peu intense, rares spots brillants, rares

esquillements et cassures naturels non

Centre National de Préhistoire de

Périgueux oui loupe binoculaire et

microscope

moyenne à mauvaise et hétérogène

patine brillante et émoussé naturel d'intensité variable, patine blanche peu intense, fractures, esquillements et écrasements naturels marqués

non Conseil Général du Lot non loupe binoculaire et

microscope mauvaise

lègère patine blanche, arêtes et tranchants émoussés et brillants à

l'échelle macro- et microscopique, spots brillants non

domicile de F. Lévêque oui loupe binoculaire mauvaise patine blanche marquée, arêtes brillantes et émoussées,

esquillements accidentels nombreux non Musée de l'Homme

oui loupe binoculaire et

microscope moyenne à mauvaise

patine brillante et blanche assez intense, cassures et esquillements naturels parfois importants, arêtes parfois brillantes et émoussées

oui (Anderson-Gerfaud 1981) Musée Nationnal de Préhistoire des Eyzies et laboratoire PACEA oui loupe binoculaire moyenne à mauvaisepatine blanche d'intensité variable, faible brillance, esquillements

accidentels très fréquents non

oui (une

vingtaine) loupe binoculaire moyenne

patine blanche sur une des deux faces parfois marquée, légère brillance des arêtes, quelques esquillements accidentels

oui (P. Anderson-Gerfaud 1981)

oui loupe binoculaire mauvaise patine blanche et brillante d'intensité variable, esquillements

accidentels fréquents, brillance et émoussé des arêtes non

oui loupe binoculaire mauvaise esquillements et écrasements naturels et accidentels très fréquents

et intenses, arrondi et brillance des arêtes non

non loupe binoculaire moyenne à mauvaisepatine blanche assez marquée, quelques esquillements naturels et accidentels non

non loupe binoculaire moyenne à mauvaise et hétérogène patine blanche d'intensité variable, esquillements naturels et accidentels fréquents non

INRAP Grand-Sud-Ouest, base de Pringorieux (24) Musée Nationnal de Préhistoire des Eyzies

Enfin, si tous les éclats de taille de biface disponibles ont été examinés et intégrés dans la base de données, ceux du site de Chez-Pinaud, nombreux, ont fait l’objet d’examens au microscope seulement lorsqu’ils portaient des traces d’utilisation macroscopiques ou bien lorsque leur partie proximale était constituée par le tranchant d’un biface, afin de rechercher d’anciennes traces propres à l’utilisation du biface. En effet, après un test sur une cinquantaine d’éclats bruts (présentant un bord fonctionnel), il s’est avéré qu’aucun éclat dépourvu de traces d’utilisation macroscopique ne portait de poli d’utilisation microscopique, tous les éclats en portant montrant des évidences d’usure à la loupe binoculaire, le faible grossissement étant donc une échelle d’observation à privilégier, dans un premier temps au moins, pour ces supports.

Ce matériel, ainsi sélectionné et échantillonné, nous a permis d’aborder les questions posées dans la première partie, à savoir les modes de fonctionnement des bifaces et des éclats de taille de biface dans leur contexte, par rapport au reste de l’outillage et aux statuts des sites.

Tableau 3. Échantillonnage des éléments étudiés en fonction des séries.

sites et niveaux composition de l'industrie échantillonnage à la

loupe binoculaire

examen aux deux échelles d'observation : loupe et

microscope

remarques

Combe Brune II - série

61000 5 pièces façonnées 5 pièces façonnées

La Graulet - niveau C

5 pièces façonnées + débitage brut et retouché en silex

5 pièces façonnées

La Conne de Bergerac

5 pièces façonnées, 11 éclats de taille de biface + débitage brut et retouché en silex

5 pièces façonnées éclats de taille de biface momentanément indisponibles Fonseigner - niveau Dsup

7 pièces façonnées, une 40aine d'éclats de taille de biface + débitage brut et retouché (nombreux outils), nucléus, débris en silex et quartz/quartzite

débitage brut et retouché, débris

(1) tous les bifaces, (2) tous les éclats de taille de biface, (3) les supports issus du débitage bruts ou retouchés portant des traces d'utilisation macroscopiques

4 bifaces égarés non étudiés

Chez-Pinaud - US-SW06 et 07

48 pièces façonnées, plusieurs centaines d'éclats de taille de biface + débitage brut et retouché (peu d'outils), nucléus et débris en silex

débitage brut, nucléus, débris

(1) tous les bifaces, (2) les éclats de taille de biface portant des traces d'utilisation macroscopique ou dont la partie proximale correspond au tranchant du biface, (3) les éclats bruts issus du débitage portant des traces d'utilisation, (4) tous les éclats retouchés sauf les plus altérés

III.A

PPROCHE TECHNOLOGIQUE

:

ETUDE DES MODALITES DE PRODUCTION ET CONFECTION Nous entendons ici par « technologie » une définition stricte, c’est-à-dire réduite aux schémas de production et confection : la fabrication et les transformations subies par les outils, indépendamment de leur éventuelle utilisation. Nous avons eu recours à des « éléments » de technologie dans le cadre de l’étude de la construction dynamique des bifaces, et afin de caractériser les éclats de taille de biface par rapport aux autres éclats et aux étapes successives de façonnage.