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CHAPITRE 4 : METHODOLOGIE DE RECHERCHE

4.2. Démarche et justification de la stratégie de recherche aux réponses des différents questionnements

4.2.3. Approche par traces et théorie de l’activité

4.2.3.1. Traces d’interactivité et mode de codage

Le traçage a comme objectif principal d’observer et de collecter les informations signifiantes concernant les activités des étudiants pendant leur communication. Vu que les dispositifs MASTEL & MASSICO reposent plus sur des échanges en mode synchrone et asynchrone, notre démarche de codage par traces d’interactivités va faire appel à l’analyse du discours et des actes de langage que nous classerons par catégorie d’unités de sens comme le suggère les auteurs (Ecuyer, 1990 ; Quintin, 2008, De lièvre et al., 2009).

La notion de « trace » reste encore un sujet assez complexe et ouvert interrogeant en permanence le statut sémiotique de l’objet en soi même ((Larose et Jaillet, 2009, Peraya et al., 2006). Pour analyser les traces, Lund & Mille (2007 : P.9) définissent la trace comme « une

inscription volontaire dans l’environnement informatique d’empreintes d’interactions entre un utilisateur et son environnement informatique ».

Autour d’un environnement numérique d’apprentissage, la trace se traduit par les empreintes laissées par les utilisateurs sur la plateforme. L’intervention des interlocuteurs dans une plateforme pouvant se faire en mode synchrone ou asynchrone, se traduit tout aussi par l’interaction collaborative et le niveau d’échange mesurable dans la relation pédagogique. Pour Jaillet, le concept d’interactivité est en soi-même le « cœur de la relation pédagogique ». Il montre qu’il n’a pas seulement le sens de « support à l’interaction, mais revêt un caractère

mesurable. En plus de ce caractère, il lui confère la dimension « processus » (Jaillet, 2006 : P.

955 repris par Njingang Mbadjoin, 2015). C’est ce caractère mesurable de l’interactivité qui va permettre de caractériser les comportements des étudiants et enseignants dans le contexte d’apprentissage à partir des « EAIH ».

Nous allons nous intéresser aux paramètres qualitatifs que nous intégrerons comme symbole de l’acte langagier en se focalisant des unités de sens dans la relation pédagogique en contexte

d’apprentissage. Ces paramètres découleront des analyses des contenus des cours, des fiches de présentation du cours et des activités, des dépôts, des chats et des forums de discussion. Pour analyser les traces issues des forums, Njingang Mbadjoin et Jaillet (2013) ont étudié la fréquence des unités de langage dites initiatives, réactives, évaluatives et auto-réactives. Grâce à cela, ont pu apprécier leur niveau d’apparition en fonction du type des forums pré-structurés ou non en fils conducteurs. Pour ces deux auteurs, il apparaît que plus le forum est fortement structuré, mieux l’apprentissage est efficace et positivement impacté par la pertinence des interventions au regard du niveau élevé d’interaction et d’unités initiatives ou réactives. En particulier, il convient que les forums soient structurés en fonction des compétences visées par le dispositif en mettant clairement en évidence leur apport spécifique mais aussi leur articulation avec d’autres modalités d’interaction ou de mise à disposition d’informations.

Par l’approche par traces, nous comptons donc enrichir le regard spontané du chercheur sur la compréhension du sentiment des étudiants, de leur propre activité et de celle focalisant la collaboration, ainsi que la pertinence qui se dégage en termes de performance, de développement des compétences professionnelles et de productivité. En effet, développement social et acquisition de compétences cognitives sont intimement liés et profitent l’un de l’autre (Depover et al., 2006). Comme le soulignait déjà (Vygotsky, 1962 : P. 104) « Ce qu’un enfant

peut faire aujourd’hui en collaborant avec autrui, il peut le faire seul demain » (op. cit). De

plus, en affirmant que les interactions inter-individuelles sont à l’origine des coordinations intra-individuelles, cet auteur met clairement en évidence le fondement social de tout apprentissage. Comme le souligne (Dillenbourg, 2006), la construction d’une vision commune exige que les participants puissent accéder au même espace d’information. Pour cela, il est souvent utile de s’appuyer sur plusieurs moyens de communication à distance disposant chacun de leurs propres spécificités. Ainsi, des outils permettant la communication synchrone comme le Chat pourront apporter un complément utile notamment pour soutenir certains processus de négociation.

Les traces produites par le déroulement d’une activité sont importantes pour évaluer l’aspect comportemental de l’utilisateur. Ces traces sont capturées lors des différentes actions et interactions des utilisateurs sur/via un outil de communication synchrone appelé ici le « Chat ». Dans la présente recherche, nous souhaitons savoir comment un étudiant participe au tutorat, le type de message posté (message lié au contenu, à l’activité, à un logiciel ou à l’actualité en milieu socioprofessionnel), etc. Toute communication engendrant des résultats (produits), le message posté par un étudiant est considéré comme un produit de son activité. En plus des

traces issues des tutorats, nous avons les traces laissées par les documents échangés sur la plateforme.

Les documents que les étudiants partagent sur les espaces de dépôt de la plateforme et qui participent à la réalisation du projet sont également considérés comme des ressources externes (partagées) ou internes si elles sont produites par d’autres activités que cette communication. L’interprétation des traces peut s’enrichir en prenant en compte d’autres types de produits tout au long d’une activité de communication.

Les traces prennent donc des formes très différentes d'un outil à l'autre, ce qui rend difficile leur exploitation systématique. Il y a alors une nécessité de structuration, de codage et une méthode efficiente d’analyse des traces propre à l’outil de communication utilisé. Afin de construire des indicateurs pertinents d’analyse des traces, nous proposons de classer les traces produites en ne se focalisant que sur des informations signifiantes et pertinentes filtrées à l’aide d’une granularité fine sur les activités de communications mobilisées. Le fait de tracer finement les activités de communication minimise la perte d’information sur une interaction. Notre préoccupation est de collecter un maximum d’informations afin d’identifier toutes les composantes d’une activité. Pour cela, nous avons commencé par l’identification des types de traces à collecter, de l’étude des différentes caractéristiques des outils de communication, de l’identification du processus de traçage et de production des traces. Ce travail préalable nous a aidés à élaborer nos grilles d’analyse des traces. Nous avons ensuite mené plusieurs expérimentations semi-contrôlées à l’aide des produits recensés à partir des différents outils de communication.

4.2.3.2. Codage par traces des actes de langage en contexte d’échange synchrone et