Le codage comme étape essentielle à l’analyse qualitative des enregistrements vidéo

ont choisi le codage des données comme modalité de traitement des données. Le codage consiste à traiter, à transformer par découpage et étiquetage (au moyen des codes) des segments significatifs appelés alors des unités de sens (Deslauriers, 1991 ; Huberman & Miles, 1991, 1994 ; Miles & Huberman, 2003 ; Van der Maren, 1995). Elle est aussi perçue par d’autres chercheurs comme le moyen de faire face à la richesse des données qualitatives et de conduire une analyse systématique des données ( Miles & Huberman, 1991).

Les temps 1, 2, 3 et 4 évoqués précédemment de la démarche incluent préalablement le moment de collecte des données auquel fait recours notre démarche méthodologique. Ces moments de collecte des données qualitatives ont consisté aux enregistrements vidéo et aux entretiens semi- directifs. Le recueil systématique des données recueillies nous a permis de recourir au codage des données à posteriori. Le temps 1 a été précédé par la sélection des données pertinentes pour construire la base de données qui fera l’objet du codage. Nos choix ont porté sur la qualité des images, du son, des unités de codage (mots, phrase, sentiment de satisfaction, etc.) et le choix des TPs à considérer (les activités en rapport avec l’objet de la recherche). Au temps 2, un travail de visionnage a permis de réduire le volume des vidéos à traiter. Il s'agit de sélectionner en regard de la question de la recherche les enregistrements et passages pertinents qui feront

l’objet du codage. Il s’agit donc d’éliminer les passages sans rapport avec la question de recherche, appelés « déchets » par Huberman et Miles (1991).

La base de données constituée, qui réunit chronologiquement les données relatives aux cas étudiés, permet une première mise en forme du processus et rassemble dans un tableau de synthèse (§ Annexe 6) les informations essentielles au codage. Elle permet de reconstituer finement les processus de savoir-faire observés.

Nous avons choisi de présenter la base des échanges entre les acteurs sous la forme d’une matrice chronologique parce que le temps est une variable centrale dans l'étude du processus d’apprentissage. L'objectif est de comprendre rapidement et aisément ce qui s'est passé lors de la réalisation d’une activité proposée par l’enseignant au cours du TP. L’unité d’analyse utilisée pour la construction de la base chronologique des échanges est la séquence d’interactions autour d’une même thématique ou question.

La grille de transcodage constituée (§ Annexe 6) correspond à la liste des catégories et des codes, qui vont permettre de suivre l’évolution du processus d’interaction entre les différents acteurs. La définition de la grille de codage des données est conduite en trois étapes : le choix d’une méthode d’élaboration des codes, la définition des catégories de codes et l’émergence des codes.

Etape 1 : Choix d’une méthode d’élaboration des codes

Il existe trois méthodes d’élaboration des codes : codage « préétabli », « émergent » et « établi par un plan général ». Ses méthodes diffèrent par le moment où le chercheur établit sa grille de codage par rapport à la phase de recueil des données. Dans la présente recherche, les deux premières techniques ont été utilisées. Nous avons opté pour ces deux techniques pour des raisons qu’au regard de la nature de la recherche qui est de type exploratoire, nous disposions d’une part, certains codes avant le recueil des données tirés du cadre conceptuel et d’autre part certains codes qui émergeaient directement des données collectées.

Etape 2 : Définition des catégories de code

Les catégories de codes ont émergé directement des données collectées d’une part et de la littérature d’autre part. Le tableau 4.9 donne quelques catégories et sous catégories de codes émanant des échanges entre enseignants et étudiants.

Tableau 4. 5: Les catégories et sous catégories de codes émanant des interactions

enseignants-étudiants

Référence : Ngunu(2013) ; Njingang Mbadjoin (2015) ; Mukamurera et al. (2006)

Acteurs Catégories Sous catégories de codes

émergents

Enseignant

Discipline (nous cherchons à savoir si l’enseignant a des réactions immédiates, différées voire tardives face aux mauvais comportements des élèves.)

- structuration de l’activité ; - rythme l’activité entre simulation et manipulation réelle ;

- la voix reste détendue ; - la voix devient ferme ; - félicite le bravo des étudiants ayant réussi ; - note progressivement

Style d’enseignement (nous avons focalisé notre observation sur quelques points caractéristiques de la façon d’enseigner)

- donne des consignes verbales ;

- donne des consignes écrites ;

- parle la plupart du temps ; - mène une leçon collective ou individualisée ;

- utilise des supports comme des photocopies ou des tutoriels ;

- parle avec une voix calme ; - parle avec une voix haute ; - parle avec une voix détendue ;

- parle avec une voix sérieuse ;

- parle avec une voix aigüe ; - fait des gestes ;

- utilise un langage formel ou informel.

Interaction (nous observons le climat sociocognitif et interactionnel entre l’enseignant et les étudiants)

- l’enseignant est accueillant ;

- l’enseignant introduit son activité ;

- l’enseignant répond aux questions posées ;

- pose des questions à propos de l’activité ;

- l’enseignant crée un environnement ou émerge des conflits sociocognitifs ; - l’enseignant est très participatif, intervient en complément du logiciel ;

- l’enseignant propose des activités très dépendantes du logiciel.

Etudiant

Attention (nous observons à travers cette catégorie le niveau d’assiduité de l’étudiant)

- écoute l’enseignant ;

- parle en lien avec le logiciel ;

- est distrait ;

- discute avec ses camarades ;

- prend des notes

Participation (nous

observons ici l’implication de l’étudiant à réaliser les tâches définies par l’enseignant)

- répond aux questions ; - pose les questions ;

-crée un environnement ou émerge des conflits sociocognitifs) ;

- réalise les tâches demandées par l’enseignant;

Interaction (nous observons ici le niveau d’intervention des étudiants avec l’enseignant et les outils utilisés au cours de la séance de TP)

- interagit avec ses camarades ;

- interagit avec l’enseignant ; - interagit avec le logiciel ; - interagit avec un matériel.

Sentiment (nous observons à travers cette catégorie l’appréciation et le pressenti

de l’étudiant au

développement d’une compétence ou d’un savoir- faire avérer)

- l’étudiant est heureux ; - l’étudiant est triste ou inquiet ;

- l’étudiant est satisfait ; - l’étudiant est motivé ; -l’étudiant manifeste sa satisfaction.

Nous nous intéressons également aux usages des logiciels et leurs effets en contexte de formation des élèves ingénieurs. Ce qui nous a également conduit à coder les données sur les catégories «usages des logiciels » et « effet des usages des logiciels sur les étudiants ». Le tableau 4.10 illustre un extrait des catégories de codes des logiciels et du sentiment des acteurs.

Tableau 4. 6: Extrait des catégories et sous catégories de codes émergents des usages des

logiciels et leurs effets en formation des élèves ingénieurs

Usages et effets des logiciels en formation Sous catégories de codes émergents

Usages Echange d’outils/logiciels ;

Utilise un logiciel en situation d’apprentissage ;

Exécute une activité à l’aide du logiciel ; Utilise un simulateur d’analyse ;

Manipulation d’un outil en plus du logiciel ; Dessine architecture réseau ;

Etc.

Effets des logiciels en formation Emergence de conflit sociocognitif ; Développer un processus métacognitif ; Motivation d’apprentissage des apprenants ; Satisfaction des apprenants ;

Etc.

Etape 3 : Emergence de codes

Un codage émergeant des données est déduit de chacune des catégories énoncées. Selon Belmondo (2002), « un codage émergeant consiste à repérer des régularités dans les données

de terrain et à en faire émerger des catégories qui sont ensuite utilisées comme code ». Le

tableau 4.11 illustre un extrait de la catégorie effets des logiciels en formation.

Tableau 4. 7: Extrait du tableau de la catégorie « effets des logiciels de simulation en

formation

Codes Définition Commentaires

ECSC Emergence de Conflit

sociocognitif

L’émergence de conflit sociocognitif signifie une discussion née d’un accord ou d’un désaccord autour d’un concept par les étudiants entre eux ou entre étudiants et enseignant. 4.2.4.3. Stabilisation de la grille de codage

La grille de codage définie doit « résister » au codage de l’ensemble des données de chacun des cas pour être stabilisée. Plusieurs allers et retours ont été effectués entre la définition d’une grille de codage et le codage des données jusqu’à stabilisation complète de la grille de codage. Elle se prête aussi à un travail collectif, ne fut-ce que pour la fiabilité du codage et la validation inter-juges progressive de la signification des données. La grille n’est stabilisée que lorsque le double codage a permis de la valider. La synergie développée entre les membres de l’équipe conduit alors vers l’intercompréhension et l’intersubjectivité pour une vision commune de la signification des données et pour une compréhension élargie (complémentarité de points de vue) du phénomène à l’étude (Mukamurera et al., 2006).