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Toxicomanie et SDF : une bonne insertion partenariale

2. L’INSCRIPTION PARTENARIALE DES ÉQUIPES DE CORRESPONDANTS

2.2. LES CDN COMME PARTENAIRES OPÉRATIONNELS

2.2.4. Toxicomanie et SDF : une bonne insertion partenariale

Ces deux domaines (toxicomanie et sans domicile fixe) occupent des importances variables selon les sites d’intervention : si la question des toxicomanes est centrale dans le 18e, elle est quasiment absente des autres arrondissements ; si la question des sans-abri est présente dans tous les arrondissements, elle occupe nettement plus d’importance dans le 12e et le 10e que dans les autres. Pour ces deux domaines spécialisés (drogues et sans-abri), les missions des CdN sont relativement bien adaptées aux attentes des partenaires.

a) La question SDF : une bonne insertion

Il faut souligner d’abord que, pour les SDF, l’intervention des partenaires se situe en amont de la prise de poste, dès la formation initiale :

« Avec les CdN on a eu une bonne prise de contact d’office. Eux étaient intéressés pour qu’on intervienne dans leur formation initiale des responsables et équipiers CdN ; on a élaboré une convention de formation Samu-CdN. Pendant une matinée, on leur présente la régulation du Samu, le 115, nos maraudes. Il y a une formalisation de ces actions de formation. Une prochaine formation des CdN est prévue pour

bientôt. Les questions posées sont très opérationnelles : comment vous appelez tel service ? » (Samu social).

Les CdN ont pu profiter du réseau d’intervenants existant, ce qui a facilité leurs interventions auprès des SDF, particulièrement dans le 12e :

« Les CdN avaient besoin de nous par rapport au public SDF de la gare de Lyon. Nous on leur a

fait une réunion de présentation et de sensibilisation aux actions envers les SDF dans leur local du 12e »

(coordination maraudes).

« Nous on a fait connaître les CdN aux autres maraudeurs et gens de terrain et à nos écoutants permanenciers qui travaillent en temps réel, c’est le 115, et qui pour cela vont sur notre Intranet pour fournir

sur le moment une solution à celui qui appelle, nous du coup on a mis les CdN sur notre Intranet » (Samu

social).

La complémentarité de leurs interventions est reconnue. D’abord, ils ont une approche plus généraliste que les intervenants spécialisés, avec un ancrage territorial plus fort, ce qui leur permet de nouer des relations avec les SDF sur une autre base relationnelle que celle des professionnels du champ :

« Sur le 12e, ils rencontrent toujours les mêmes personnes… Ils nous ont aidés à faire partir un

SDF qui était en danger dans le 12e, on lui a demandé de se déplacer et il a accepté de se déplacer… Il est

maintenant sur le quartier Saint-Eloi… Je lis leurs trucs, et je sais qu’ils les suivent bien… Ils ont un contact répété, c’est pour cela que ça marche, ils ont 4-5 lieux qu’ils suivent régulièrement… Ce que je peux dire, c’est que le travail, ils le font sérieusement… Ils ont un bon contact avec les sans-abri… Ils les connaissent par leurs nom et prénom… Ils font du suivi sur des lieux sensibles… Parfois, ils font des

rapports sur des lieux sensibles… » (brigade d’accompagnement des sans-abri).

Par rapport à d’autres organisations, ils ont également un lien plus facile avec les SDF du fait de leur présence régulière, alors que d’autres organisations suscitent plus de résistance de la part des SDF :

« Nous on demande au CVO de faire le lien entre nous et les SDF qui parfois ont peur de nous… parce qu’on arrive en uniforme. Pourtant on n’est pas la BAPSA, on ne demande pas les papiers des gens, on n’est pas de la police, on travaille seulement sur du déclaratif. Eux ils arrivent à avoir une confiance réciproque, à force de passer tous les jours, ils ont la confiance des gens, ils sont vraiment la cheville ouvrière de

notre travail… la problématique des SDF c’est notre terrain commun » (Unité d’accompagnement des

sans-abri).

Ce qui est particulièrement apprécié par leurs partenaires, c’est la qualité du suivi individualisé, facilitée par la régularité de leurs passages et la relative délimitation de leurs

territoires d’intervention. Pour ce qui est du circuit de prise en charge, l’ensemble fonctionne plutôt correctement, même s’il est fortement soumis aux flux :

« Nous, on ne peut pas faire toujours des prises en charge, parce qu’on est souvent pleins… Le Samu social, ils les appellent plus souvent parce qu’il y a plus de place. Nous on a 99,54 % de remplissage à

Nanterre… Mais au Samu social aussi, il y a des refus… » (brigade d’accompagnement des

sans-abri).

À l’avenir, l’une des questions concerne l’intégration des données CdN dans les bases de données avec la mise en place d’un SIAO – service intégré d’accueil et d’orientation - par le Samu social :

« Le SIAO permettra de voir les parcours individuels des gens, de tracer leurs parcours d’un hébergement à un autre. Il aura aussi une mission de coordination des maraudes et là on va travailler avec Mme Stan Coordination maraudes, il y a 4 zones de maraudes à Paris. Pour cela, on va demander la

participation des CdN pour faire de la veille sociale, je vais faire la demande officielle vers mars (…) [au

chef de département] de pouvoir intégrer les données CdN dans le SIAO » (Samu social). b) La toxicomanie : l’insertion dans le réseau

Comme pour les sans-abri, les contacts existent en amont, dès la formation des CdN, ce qui favorise une familiarisation relativement précoce :

« On a été amenés à travailler de manière intense avec eux… on intervient dès leur formation initiale sur cette question de la réduction des risques, du partenariat… Au départ, qu’avec les CdN du 18, puis ça

s’est progressivement élargi, on participe à la formation des nouveaux… » (directeur association

coordination toxicomanies).

Nous avons déjà évoqué dans la partie concernant la production d’informations par les CdN, les relations relativement privilégiées qui existent avec les acteurs intervenant dans le monde de la toxicomanie. Rappelons-en deux des aspects principaux :

(i) l’information fournie par les CdN est considérée comme étant de qualité, car elle permet d’avoir un retour régulier sur les flux de toxicomanes dans le quartier. L’information des CdN est relativement précise (ils sont capables de déceler certains produits), régulière.

(ii) l’association coordination toxicomanie traite l’information que lui envoient les CdN, pour en faire une représentation cartographiée.

Ajoutons à cela qu’il existe dans ce domaine une relative intensité partenariale, tant les intervenants sur le quartier sont nombreux. Les CdN participent à des réunions de coordination hebdomadaires (auxquelles ils sont présents de façon irrégulière), réunions qui leur permettent d’être informés des intervenants sur le quartier et de se faire connaître des autres intervenants

comme du public (des usagers sont également présents). Les associations reconnaissent leur plus-value en tant qu’intermédiaires :

« Ils sont des intermédiaires avant la police. Ils permettent de ne pas tomber dans des situations extrêmes, eux et les conseils de quartier. Ils permettent de mieux mesurer les problèmes, ils ont un autre point de vue sur le quartier, c’est un maillon supplémentaire assez intéressant. C’est bien aussi de pouvoir faire

remonter des infos sans passer par la police. Ils sont vraiment des tampons, des modérateurs » (association).

Ponctuellement, les associations intervenant dans le domaine des toxicomanies peuvent d’ailleurs faire appel à des interventions spécifiques des CdN :

« Quand il y a des seringues dans certains territoires, on peut demander aux CdN de passer plus fréquemment, d’aller voir les gens, c’est ce qui s’est passé avec la crèche de la rue Richaume, on avait signalé

des seringues dans l’avant-cour… » (association).