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RECOMMANDATIONS : ASSURER UNE MEILLEURE PRÉSENCE TERRITORIALE

- Mener une réflexion sur l’adaptation des créneaux horaires des CdN : sont

apparues à plusieurs reprises des critiques quant aux horaires d’intervention des CdN. Ceux-ci seraient trop précoces, en été notamment. Gardiens, locataires regrettent que les CdN ne puissent intervenir plus tardivement ; le départ des CdN se traduisant par un surcroît de nuisances. Certains ne manquent pas de se moquer en disant qu’il s’agit de correspondants de soirée plus que de correspondants de nuit. Faut-il songer à élargir les horaires d’intervention des CdN, voire à les déplacer en soirée pendant la période estivale (avec des horaires qui s’étendraient entre 18 h 00 et 2 h 00 du matin par exemple) ? La réponse à la question n’est pas évidente, tant il apparaît que les heures tardives (la dernière maraude actuellement pour les CdN – après 21 h 00)

sont des heures où ils ont des contacts plutôt limités. Il est vrai également que les activités de rappel à la loi (et notamment la diminution des nuisances sonores) sont des activités dont on a dit la difficulté pour les CdN. Ce changement, s’il doit être effectué doit l’être prudemment, à partir par exemple d’expérimentations ciblées pendant l’été.

Pour d’autres encore, pour une efficacité renforcée du dispositif, il faudrait une présence des CdN au moins l’après-midi, dès 13 h 00, le mercredi, le samedi et pendant les vacances scolaires.

Les modes d’occupation de l’espace public, les modes de sociabilité et les problématiques sociales étant différentes d’un arrondissement à un autre, il serait aussi judicieux en terme d’efficacité du dispositif, de moduler les horaires d’intervention des CdN en fonction des quartiers. L’uniformité de mise en œuvre actuelle du dispositif ne prend pas suffisamment en compte les spécificités territoriales locales. C’est d’ailleurs toute la difficulté d’adapter « opérationnellement », sur le terrain, un dispositif unique : ses déclinaisons d’application doivent être pensées très étroitement avec les caractéristiques du local. Ainsi, par exemple, dans le 18e, une présence des agents après minuit serait plus adaptée, tout comme, dans le 15e arrondissement, dès 13 h 00.

- Renforcer l’inscription territoriale des bases :la seule base localisée dans son territoire

d’intervention profite d’une visibilité accrue dans le quartier. Dans les autres bases, les agents souffrent parfois de la distance quand ils sont sollicités. Tant pour des raisons de visibilité que de rapidité de l’intervention, il paraît souhaitable que les bases ne soient pas à l’extérieur mais dans le quartier.

- Favoriser l’accessibilité géographique des CdN en révisant la sectorisation : dans

chaque arrondissement, les secteurs (grand et petit) de maraude sont fixés lors de la création de chaque base, et ne changent pas. Cette rigidité des secteurs d’intervention est souvent critiquée par les CdN comme par les acteurs locaux et certains riverains investis dans la vie de l’arrondissement. Pour eux, la sectorisation devrait être revue en fonction des déplacements des groupes de jeunes « difficiles » et de l’évolution des nuisances dans les quartiers.

- Revoir leur tenue de travail :L’image des CDN est indissociable du regard des gens sur

eux dans la rue. Or, les discours recueillis et les observations effectuées montrent qu’il y a parfois une confusion des CdN avec les forces de police, du fait de leur tenue bleue sombre et de la mauvaise lisibilité de l’inscription « Mairie de Paris » sur leur veste. Cette dernière est souvent cachée par un sac à dos ou une capuche. Il arrive ainsi qu’ils doivent expliquer aux gens qu’ils ne sont pas de la police ou du GPIS ou tout simplement « agents de sécurité ». C’est essentiellement

cette tenue d’hiver qui doit être modifiée pour mieux faire apparaître la spécificité des CdN par rapport à d’autres institutions.

- Améliorer la visibilité du dispositif : la présence dans l’espace public est l’un des

éléments contribuant à la connaissance des CdN par la population. Pour renforcer cette dimension, il apparaît essentiel d’utiliser d’autres outils de connaissance. De ce point de vue, la mise en place d’un site Internet paraît constituer un outil important : un tel site permettrait la mise à disposition de connaissances pratiques sur les CdN de la part de personnes qui les croisent sans nécessairement savoir à quoi ils servent.

Plusieurs autres outils de communication peuvent être mobilisés : le « boîtage », les affichages, la distribution de plaquettes, la visite systématique de tous les gardiens du secteur de maraude, les reportages télés, les articles dans les journaux de quartiers municipaux, la tenue de stand CdN dans les fêtes de quartiers, les conseils de quartiers… L’enquête montre que le public des seniors est le moins informé sur l’existence et les services proposés par le dispositif. Il serait judicieux de cibler particulièrement ces personnes âgées, lors d’une campagne d’information.

- Renforcer l’accessibilité relationnelle des CdN : la critique de CdN insuffisamment

orientés vers le public, trop peu proactifs, a été effectuée à plusieurs reprises. Elle renvoie à une activité à la fois au cœur de leurs missions (le contact avec le public) mais en même temps particulièrement difficile à mettre en œuvre (car supposant d’aller systématiquement vers les gens). Les CdN doivent cependant investir nécessairement cette dimension pour éviter les critiques d’un dispositif replié sur lui-même. Leur présence dans l’espace public suppose qu’ils soient identifiés par le maximum de personnes, qui seront susceptibles de faire appel à eux, y compris pour de petits services. Cette identification par autrui dans l’espace public est essentielle compte tenu de leur statut de « généraliste » du service public. Ils ont une pluralité de missions, sont un contact des services publics de proximité, leur identification par la population est donc essentielle.

Cette meilleure identification passe selon nous par une transformation de la présence : les CdN doivent renforcer leur accessibilité. Ils doivent se montrer disponibles dans l’espace public, notamment auprès du public « ordinaire » qui marque une interrogation à leur égard (sans que ce public aille jusqu’à faire la démarche d’aller les voir).

- Favoriser des équipes plus réduites : une réduction de la taille des équipes devrait

favoriser cette accessibilité. Moins nombreux, ils sont à la fois plus souples dans leurs déplacements (ils n’ont pas besoin d’entrer à 3 ou 4 dans une structure, avec un ou deux qui parlent pendant que les autres attendent) et sont plus enclins à s’ouvrir sur l’extérieur plutôt qu’à engager des discussions entre eux.

CO N C L U S I O N G É N É R A L E

Au terme de ce rapport d’évaluation des activités des correspondants de nuit, nous examinerons trois points qui nous sont apparus fondamentaux. Premièrement, nous évoquerons la nature de la structuration du dispositif des CdN (entre institutionnalisation et risque de bureaucratisation). Deuxièmement, nous analyserons la contribution du dispositif aux enjeux de tranquillité publique qui nous est apparue ici multiforme et variable. Enfin, troisièmement, nous reviendrons sur les activités quotidiennes des CdN, marquées par une présence continue dans l’espace urbain.

1. LA STRUCTURATION D’UN DISPOSITIF : INSTITUTIONNALISATION