• Aucun résultat trouvé

1 Partie théorique

1.3 Football et psychomotricité

1.3.2 Le tonus

1.3.2.1 Les différents types de tonus

Etymologiquement, le terme tonus vient du grec tonos qui signifie tension. Le tonus est un

« état de tension active, permanente, involontaire et variable dans son intensité en fonction des

10 diverses actions syncinétiques ou réflexes qui l’augmentent ou l’inhibent. » (Vulpian, 1874).

Le tonus est à la base du fonctionnement de chaque individu dans sa dynamique fonctionnelle, expressive et relationnelle. Il existe 3 types de tonus qui nous pouvons détailler :

❖ Le tonus de fond ou tonus de base est un état de tension minimal permanent et inconscient. Son lien avec le sens proprioceptif permet une cohésion des parties du corps et d’individuation constituant alors « une enveloppe tonique ».

❖ Le tonus postural maintient les différents segments corporels dans l’espace. Il soutient donc la posture. Cette posture garantit, par un niveau de contraction musculaire optimal, l’action. Également, le tonus postural maintient un niveau de vigilance nécessaire à l’activité perceptive. Il représente la manière d’être du sujet par sa tendance postural propre. Pour Wallon, le tonus est « sous-tendu par l’émotion. » (Robert-Ouvray, &

Servant Laval, 2015).

❖ Le tonus d’action par des contractions phasiques musculaires réflexes, automatiques ou intentionnelles permet le mouvement. Ses caractéristiques permettent de qualifier le mouvement spatialisé de manière implicite comme explicite.

Un développement adapté du tonus permet d’automatiser des schèmes moteurs et des coordinations efficientes. Ce développement suit les lois de maturation neurologique céphalo-caudale et proximo-distale. Il est aussi lié aux expériences sensori-motrices, psycho-affectives et relationnelles.

1.3.2.2 La régulation tonique

Qui dit variabilité du tonus, dit adaptation du tonus, dit régulation du tonus. De ce fait, on peut distinguer deux pôles dans la variabilité du tonus : l’hypertonie et l’hypotonie. Ces deux extrêmes peuvent faire entrer le sujet dans le pathologique dans la mesure où elles peuvent être sources ou conséquences de souffrances neuromotrices et/ou psychiques et/ou psycho-affectives. On peut facilement assigner un état hypertonique à la colère, l’angoisse, le stress, la culpabilité comme on peut assigner un état hypotonique à la fatigue, l’impuissance voire la dépression. La régulation tonique permet d’établir un équilibre mouvant entre ces deux pôles.

11 Si on aborde le mouvement et plus particulièrement le geste, la régulation tonique, par un jeu d’équilibre de la qualité de contraction entre muscles agonistes et antagonistes, d’équilibre postural et d’équilibre émotionnel, permet l’efficience du geste vers le but recherché. Pes (2017, p.214) développe « l’accommodation » motrice sous forme de trois phénomènes parmi de nombreux processus extra-pyramidaux : « la facilitation », « l’inhibition » et « l’adéquation ».

• La facilitation ou amplification permettrait « l’excitation du nombre adéquat de neurones nécessaires pour assurer l’efficacité du geste voulu ».

• L’inhibition permettrait l’adaptation de la force, de la distance, de la temporalité face à une situation précise grâce à « l’activation ou le blocage compensatoire des muscles antagonistes ».

• L’adéquation permettrait « la régularité et le bon fonctionnement de la succession » des deux processus précédents, on peut parler de fluidité. Mais pour que ces processus soient mis en œuvre, il faut intégrer les afférences sensorielles qui nous parviennent de l’intérieur du corps (sensations vestibulaires et proprioceptives) et celles qui nous viennent de l’extérieur du corps (perceptions visuelles, auditives…).

De plus, lors des différentes épreuves que nous réaliserons pour étudier le tonus. Divers signes pourront être relevés. Parmi eux nous pouvons retrouver les paratonies qui constitue « une anomalie de la contraction musculaire dans laquelle le muscle, au lieu de se relâcher sous l’influence de la volonté, se contracte plus ou moins et entre dans un état de tension qui a pour effet de maintenir le segment de membre intéressé dans une attitude cataleptoïde momentanée. » (Carric & Soufir, 2014, p. 167).

Ajoutons que lors de l’étude du tonus d’action, l’observation est dirigée sur la présence de syncinésies, leur forme, leur sens, leur direction et leur intensité. « Les syncinésies sont des mouvements involontaires qui s’effectuent dans une partie du corps au moment où ont lieu dans une autre partie des mouvements volontaires, automatiques ou réflexes. » (Carric & Soufir, 2014, p. 243). Elles peuvent être de différentes formes : les syncinésies tonico-cinétiques ou d’imitation correspondent à une reproduction complète ou partielle du mouvement effectué ; les syncinésies à diffusion tonique correspondent à une contraction (souvent un enraidissement en extension) d’un ou plusieurs membres ; les syncinésies axiales sont des syncinésies à

12 diffusion tonique présentent autour de l’axe corporel (souvent bucco-faciale) et sont en lien avec l’affectivité.

Le jeune joueur de football se doit d’adapter et de réguler son tonus dans toutes les situations qu’il rencontre. Prenons l’exemple de la passe en profondeur. Cette technique de passe est très efficace dans des phases d’attaques puisque, si elle est bien effectuée, permet de mettre le joueur lancé faisant l’appel de balle dans de bonnes conditions de vitesse, dans un espace libre créant alors un déséquilibre dans le dispositif adverse. Pour se faire, le joueur qui effectue la passe doit ajuster et réguler son tonus musculaire, pour prendre une information extérieure auditive ou visuelle, ajuster sa posture pour réaliser le geste souhaité, réguler sa force pour frapper le ballon afin qu’il rejoigne le deuxième joueur dans sa course lui permettant de conserver sa vitesse. Il peut également y avoir une régulation tonique durant le geste pour l’adapter suite aux afférences sensorielles internes (proprioceptives, vestibulaires).

Le tonus et toutes les variations qui peuvent en découler nous permettent de nous exprimer à travers la posture, la sensorialité et l’action. Une régulation tonique adaptée sera un facteur essentiel à l’efficience du geste qu’il soit simple, complexe ou sportif. De plus, le lien que le tonus entretient avec la sensorialité nous permet de nous sentir uni. Cette globalité est indispensable à l’intégration de la place qu’occupe notre corps dans l’espace-temps qu’offre le mouvement, autrement dit elle participe à l’intégration d’un schéma corporel adapté.