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1 Partie théorique

1.2 Education et profil psychomoteur

1.2.1 L’éducation en psychomotricité

L’intervention psychomotrice dans le domaine sportif telle que nous l’entendons dans cet écrit se place plutôt dans un registre éducatif. Les jeunes joueurs de football en centre de formation développent et améliorent leurs capacités. Dès lors qu’ils ne présentent pas de trouble engageant une intervention psychomotrice thérapeutique alors ces joueurs ne sont pas des patients. Lefranc (2015, p 116) justifie l’intervention du psychomotricien dans le domaine éducatif grâce à notre décret de compétence stipulant : « éducation précoce et stimulations psychomotrices ». Le but est alors d’envisager l’intérêt de stimulations psychomotrices auprès de ces jeunes joueurs dans un cadre pédagogique leur permettant d’optimiser l’apprentissage du football.

« Pour notre part, nous entendons par apprentissage, l’intégration complète et correcte des nouvelles informations de tous types […] Il s’agit aussi d’acquérir la conscience de l’activité

5 par ce qu’elle provoque en nous-même. » (Pes, 2017, p. 261). La pédagogie du psychomotricien ne sera pas la transmission d’une connaissance à l’enfant mais plutôt l’accompagnement du développement de ses capacités psychomotrices au service de sa performance footballistique.

« La psychomotricité aide donc les enfants à revenir à l’expérimentation et à la manipulation par le corps et le jeu, et ainsi repasser par la sensation, la perception, indispensables à la représentation et la compréhension. » (Lefranc, 2015, p.116).

Pour contextualiser cet écrit et l’intervention du psychomotricien auprès de jeunes sportifs, il paraît nécessaire de définir éducation physique, éducation motrice et éducation psychomotrice.

« L’éducation physique poursuit deux objectifs disciplinaires : l’amélioration des fonctions cardiovasculaires et musculaires et l’acquisition de la coordination motrice. » (Rigal, 2010, p.5). Il paraît alors nécessaire de prendre en compte l’importance du développement des capacités physiques ou athlétisation des jeunes joueurs de football. Une intervention psychomotrice pourra avoir une influence indirecte sur ce développement. « L’éducation motrice […] caractérise l’action éducative visant à assurer le meilleur développement possible de la coordination motrice des enfants ou l’acquisition d’apprentissages fondamentaux dans le domaine moteur. » (Rigal, 2010, p.2). Dans le football, et auprès de jeunes joueurs U12-U13, le développement moteur s’axe vers une spécialisation des coordinations et des performances motrices. « L’éducation psychomotrice envisage et utilise donc l’action motrice dans une perspective générale d’amélioration des connaissances et de facilitation des apprentissages scolaires. » (Rigal, 2010, p.9). L’éducation psychomotrice est un concept très spécifique qui semble s’attacher au domaine scolaire. Nous ne pouvons alors pas prétendre, dans le cadre sportif, proposer de l’éducation psychomotrice dans le but d’améliorer les performances. Il s’agira plutôt d’accompagner l’amélioration des fonctions psychomotrices qui semblent nécessaires à la performance footballistique grâce à des stimulations psychomotrices.

Néanmoins, notre vision globalisante nous permet d’envisager que « l’amélioration des fonctions perceptivo-motrices produise une amélioration des fonctions cognitives » (Rigal, 2010, p.2) nécessaires à l’apprentissage et à la performance footballistique. « Par l’intégration multi-sensorielle […] les concepts de similarité ou de différence, de forme, d’unité, de direction se forment chez l’enfant ». Ces principes guident le processus d’adaptation et de généralisation des capacités motrices du joueurs de football. Nous l’avons explicité dans la partie précédente, le football est un sport dont l’environnement génère beaucoup d’incertitude. Il s’agit alors au

6 joueur de s’adapter à chaque instant dans des situations non complètement différentes mais dont les réponses peuvent être différentes.

De plus, « la psychomotricité respecte la temporalité du développement psychomoteur de chaque enfant et adapte son intervention en fonction de leur « zone proximale de développement » sur le plan psychomoteur, affectif et cognitif. » (Lefranc, 2015, p.116). La zone proximale de développement est un concept développé par Vygotski (1896-1934).

« Chaque apprentissage est une source de développement qui réveille les processus qui, sans lui, ne peuvent apparaître ». (Venet & Correa Molina & Saussez, 2016). Le développement dépend dans un premier temps de « l’expérience socio-culturelle de l’enfant (plan interpsychique) ainsi que de l’appropriation par ce dernier (plan intrapsychique) de cette expérience. » Autrement dit, il s’agit d’accompagner l’enfant sur une habileté, une expérience qu’il peut réaliser avec de l’aide, à l’effectuer sans aide. Alors l’apprentissage est acquis et la zone proximale de développement « se décale » vers une habileté plus complexe. Nous pouvons extrapoler et diriger cette théorie qui vise le développement des fonctions psychiques supérieures au développement des capacités psychomotrices du jeune joueur de football. Il s’agit alors de proposer des conditions d’apprentissages propices et adaptées à la zone proximale de développement du joueur, c’est-à-dire ni trop accessibles ni trop complexes.

1.2.2 Le profil psychomoteur

Le profil psychomoteur fait l’état des lieux des compétences psychomotrices c’est-à-dire les capacités et les difficultés de l’enfant à un instant t. Etant donné que nous sommes dans un cadre pédagogique et qu’il n’y pas de prescription médicale, nous n’effectuons pas de bilan psychomoteur. Le but n’étant pas de participer à quelconques diagnostics mais de créer un repère des compétences psychomotrices du joueur. Le profil psychomoteur pourra être créer à partir d’épreuves ou de tests accompagnés des observations du psychomotricien visant les fonctions psychomotrices.

Le profil psychomoteur guidera alors l’intervention psychomotrice dans l’amélioration ou l’optimisation des fonctions psychomotrices nécessaires à la performance footballistique.

7 Différentes fonctions psychomotrices peuvent alors être observées et explicitées dans un profil psychomoteur. Le tonus et sa régulation, la latéralité, le schéma corporel, l’image du corps, les coordinations dynamiques générales, l’équilibre, les notions d’espaces et de temps en sont les principales. Les observations du psychomotricien peuvent également s’orienter vers les processus cognitifs supérieurs comme l’attention, la mémorisation ou la prise de décision. Une observation des émotions et de leur gestion sera aussi importante.