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3 Discussion

3.3 Apports et limites du protocole d’évaluation

3.3.1 Les apports

Nous pouvons extraire de nombreux apports au protocole d’évaluation des fonctions psychomotrices des joueurs. Premièrement, très ciblé, le protocole permet l’objectivation de certaines fonctions psychomotrices des joueurs et notamment la régulation tonique permettant le contrôle moteur et postural.

Deuxièmement, la création du profil psychomoteur spécifie et indique un repère dans les compétences psychomotrices du joueur. Ce repère constitue alors un outil pour le psychomotricien et les éducateurs pour construire leurs séances créant ainsi une complémentarité intéressante et servant l’intérêt du joueur et de l’équipe.

Troisièmement, le protocole, grâce aux 2 phases de retest, renseigne des avancées et des évolutions individuelles. Ce suivi individuel permet de replacer le joueur dans une unité corporelle importante dans la pratique de sport collectif comme le football. Les phases de retest sont temporellement proches. Cela permet d’apprécier une évolution chez des joueurs soumis à de nombreux changements psychocorporels induits par l’adolescence et pouvant influencer leur développement psychomoteur. Certains changements peuvent être fulgurants comme les poussées de croissance qui peuvent perturber la perception corporelle, le schéma corporel et l’image du corps, la mise en place des coordinations dynamiques générales et le contrôle moteur.

Par ailleurs, ce protocole prend en compte l’hétérogénéité des performances entre joueur. Il s’appuie sur des tests objectifs et des épreuves subjectives dont les observations cliniques sont aussi importantes que la performance.

Plus spécifiquement à l’Epreuve de Régulation Tonique par la Passe, les critères de notation ont été pensés à partir de la méthodologie d’un test aujourd’hui encore reconnu pour sa pertinence. Dès lors, il s’agit de les adapter à la coordination demandée et à la tranche d’âge appréciée. Ces critères permettent une exploration tant objective que subjective de la régulation tonique corporelle et du contrôle moteur du joueur. Ils ne s’appuient pas essentiellement sur la performance mais également sur l’organisation corporelle permettant la performance.

74 Enfin, l’intervention psychomotrice individuelle et collective pourrait permettre d’améliorer les fonctions psychomotrices nécessaires à la performance durant les entraînements en envisageant le joueur dans toute sa subjectivité. En effet, les coordinations dynamiques générales pourraient être améliorées. L’exécution du mouvement pourrait être plus efficiente : la vitesse d’exécution augmenterait avec la précision, le contrôle postural serait plus adapté permettant une certaine économie d’énergie. Le placement du regard pourrait être plus horizontal permettant une meilleure stabilité et une prise d’informations visuelles plus efficiente. La régulation tonique pourrait être globalement mieux répartie dans le mouvement. Le schéma corporel pourrait être affiné : les membres supérieurs pourraient soutenir davantage l’action. Les notions spatio-temporelles du mouvement pourraient être également plus efficaces. La discrimination et le changement de rythme pourrait être plus facilement observable. L’espace corporel pourrait se développer davantage, les joueurs pourraient mieux appréhender l’espace arrière dénué de contrôle visuel.

Par ailleurs, l’intervention psychomotrice basée sur l’accompagnement spécifique et individuel pourrait permettre au joueur une sensibilisation à la conscience corporelle. Les verbalisations concernant les ressentis corporels pourraient être plus précis et plus localisés. De plus, en donnant de l’autonomie et de la responsabilité, les joueurs pourraient être acteurs de leur progression.

L’intervention psychomotrice est intéressante en complémentarité avec les éducateurs qui apportent leur expertise sur le développement footballistique des joueurs. Un gain de temps est observé pour les éducateurs qui peuvent alors se concentrer davantage sur la partie technico-tactique importante à développer chez des joueurs U12 et U13.

3.3.2 Les limites

Lors de cette étude, de nombreuses limites peuvent être identifiées, non pas comme des freins mais plutôt comme des indications d’amélioration pour de futures recherches. Le contexte sanitaire constitue une des premières limites. En effet, une pression temporelle modifiant l’organisation et le plan de recherche est présente.

75 De plus, nous avons développé le fait que la performance footballistique n’est évaluable qu’en situation de match, or l’arrêt prématuré des compétitions n’a pas permis d’apprécier un réel impact de l’intervention psychomotrice sur la performance des joueurs. L’amélioration semble tout de même observable lors des ateliers et des séances d’éducations psychomotrices, néanmoins certains joueurs peuvent performer sur ces temps et être en difficulté en match et inversement. Cette évaluation se base seulement sur des observations subjectives conjointes du psychomotricien et des éducateurs.

Le protocole d’évaluation est très ciblé autour de la régulation tonique. Bien que cela en constitue un apport, cela peut en être une limite. En effet, des fonctions psychomotrices comme l’organisations spatio-temporelles et l’image du corps ne sont pas directement observées.

Certains processus cognitifs, comme l’attention, la planification, le traitement d’informations et la prise de décision sont laissés volontairement de côté. En effet, le facteur temporel oblige à sélectionner les objets d’étude. Néanmoins, une recherche en psychomotricité ultérieure à ce sujet peut être envisagée. Certains outils technologiques spécifiques développés grâce aux neurosciences sont déjà utilisés dans certains centres de formations.

Par ailleurs, la psychomotricité envisage le sujet dans sa globalité. Ici, la relation empathique sera moteur de notre intervention. Néanmoins, un entretien préalable avec le joueur et la famille pourrait constituer une réelle ressource d’informations à valeurs systémiques permettant d’envisager le joueur dans sa globalité. L’accompagnement et l’implications de la famille dans le projet de l’enfant constitue un facteur important pour les éducateurs dans le développement du joueur.

Ensuite, le protocole s’inspire des méthodologies de recherche pour apprécier et récolter des données probantes. Encore une fois, un facteur temporel entre en jeu pour discuter de la pertinence des données. De ce fait, le nombre de sujet restreint constitue un biais à cette étude.

En effet, une recherche ultérieure visant à évaluer l’intérêt du protocole aujourd’hui élaboré serait pertinente, permettant également l’étude sur un échantillon plus étoffé. Également, la présence d’un autre examinateur aurait permis de croiser les observations subjectives.

Plus spécifiquement à l’Epreuve de Régulation Tonique par la passe qui permet d’isoler et d’apprécier la régulation du tonus global dans un mouvement spécifique tente seulement de recréer une situation de match. En situation de compétition, d’autres facteurs interviennent dans

76 le choix de la praxie et dans la régulation de cette dernière. En effet, l’environnement est en constante évolution et ne sera jamais statique comme les conditions créées dans l’ERTP. Une pression spatio-temporelle, émotionnelle et biophysique rendent l’environnement changeant et riche d’informations à prendre en compte dans l’acte moteur.

Enfin, le fait que les phases de retest soit temporellement proche peut également constituer une limite à l’étude. Un effet d’apprentissage pourrait être observé biaisant ainsi l’objectivation des résultats.

3.4 Autres perspectives possibles du psychomotricien auprès de