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1 Partie théorique

1.3 Football et psychomotricité

1.3.3 Schéma corporel et Image du corps

Le Schéma corporel et l’image du corps empruntent communément leurs concepts à la neurologie et à la psychanalyse. Indissociables, ils se rejoignent et sont conjointement indispensables au bon fonctionnement des autres fonctions psychomotrices.

1.3.3.1 Le schéma corporel

« Le schéma corporel correspond à un ensemble de représentations pour l’action et répond donc à la fameuse question « Où ? » mais aussi à la question « Comment ? », fournissant les

13 informations sur la posture et les coordonnées spatiales des différentes parties du corps qui déterminent ce que l’on appelle aussi le référentiel égocentrique. » (Albaret, 2015, p216). Le schéma corporel « se base sur une cartographie corticale, cérébelleuse et sous-corticale où sont intégrées les sensations et perceptions kinesthésiques, articulaires, musculaires, labyrinthiques, tactiles, visuelles, dans une organisation spatialisée en trois dimensions. » (Saint Cast &

Boscaini, 2012, p. 26). Albaret rajoute que le « référentiel égocentrique » que constitue le schéma corporel « est mis à jour au cours de l’action », et « opère en dehors de toute conscience du sujet ». On comprend alors comment le schéma corporel « est une nécessité pour localiser des points de l’espace extérieur ou du corps propre et pour s’orienter, a fortiori pour pouvoir effectuer un mouvement d’un point de l’espace à un autre sans le recours de la vue. » (Albaret, 2015, p. 219).

Une intégration complète et adaptée du schéma corporel est indispensable pour un sportif de haut niveau. Pour illustrer de manière explicite l’importance du schéma corporel dans le football nous pouvons penser à la conduite de balle. Cette coordination permet de progresser dans l’espace tout en conservant le ballon proche de soi, elle se distingue de la passe car elle est individuelle. Il s’agit alors d’utiliser son corps et sa posture, ses membres inférieurs de manière adéquate et adaptée à l’incertitude de l’environnement. Au football, la conduite de balle n’est pas une action finale, elle précède toujours une action plus spécifique comme une passe qu’elle soit longue, courte ou en profondeur ou un tir… Pour effectuer un tel geste il est nécessaire d’avoir pris l’information adaptée de l’environnement. Une information visuelle est plus adéquate pour analyser la position, le trajet, la vitesse de la course du coéquipier qui demande le ballon. Pour cela, il est nécessaire d’avoir une posture adaptée et un regard horizontal. Il s’agit donc de ne pas regarder systématiquement le ballon. Il faut alors savoir dans quelle configuration posturale on se trouve sans contrôle visuel. Une adaptation est également nécessaire durant l’acte moteur. Ces processus sont possibles seulement s’il y a une bonne intégration du schéma corporel.

1.3.3.2 L’image du corps

L’image du corps, s’inscrit plutôt dans une dynamique psychanalytique. « L’image du corps, étant pour Schilder, la synthèse d’un modèle postural du corps, d’une structure libinale et d’une

14 image sociale. » (Albaret, 2015, p. 228). « L’image du corps est toujours inconsciente, constituée de l’articulation dynamique d’une image de base, d’une image fonctionnelle et d’une image des zones érogènes où s’exprime la tension des pulsions. » (Dolto, 1984). Pour Albaret, on retrouve dans l’image du corps « des évaluations portant sur la satisfaction ou l’insatisfaction de l’image du corps, mais aussi un investissement de cette image du corps qui aura des conséquences à la fois comportementales, cognitives et affectives […] Elle est, par définition, consciente. » Nous nous retrouvons ici avec deux points de vue qui se confrontent sur le fait que l’image du corps serait consciente ou inconsciente mais qui se rejoignent quant à l’aspect psycho-affectif et fonctionnelle qu’elle incombe. Il s’agit de l’investissement corporel de la personne, la manière dont elle incarne le mouvement dans toute sa subjectivité.

La dominance psycho-affective retrouvée dans le concept d’image du corps amène J. Lacan à développer l’image du corps liée au stade du miroir comme ayant « le rôle le plus important dans la genèse de la personnalité ». L’image du corps serait donc indispensable à la construction de l’individuation et de la narcissisation du sujet.

1.3.3.3 Schéma corporel et image du corps dans le sport

Un sportif de haut niveau qui est soumis à de nombreux facteurs de stress, de pression et d’exigence doit avoir une image du corps valorisante, narcissisante. Un jeune joueur de football en centre de formation est lui aussi soumis à la pression de la réussite qu’elle soit sportive ou scolaire avec tous les changements psychocorporels qui découlent de l’adolescence. Une image du corps valorisante lui donnera alors la motivation et l’abnégation nécessaire pour réussir.

Claire Calmes, chercheuse à l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP) a mis en évidence la récupération et l’optimisation du retour de blessure d’un sportif de haut niveau grâce à l’imagerie motrice et à l’observation d’action motrice effectuée par une tierce personne. Calmes fait le lien entre perception et action, chose que nous ferons un peu plus tard dans cet écrit. Elle développe le fait « qu’une altération des entrées sensorielles provoquait en quelques secondes une distorsion du schéma corporel et de la perception posturale via l’application de vibrations musculaires générant des informations proprioceptives erronées sur la position des segments corporels. » (Calmels, 2017, p. 33). Également, « l’athlète blessé, momentanément dans l’incapacité de s’entraîner c’est-à-dire de réaliser des gestes

15 sportifs d’ordinaire effectués quotidiennement, sera privé d’un certain nombre d’entrées sensorielles et par conséquent ne percevra plus les sensations périphériques habituellement générées lors de la réalisation de ces gestes. » La méthode décrite par Calmels semble s’appuyer sur le processus d’intégration du schéma corporel à travers l’imagerie motrice.

Le psychomotricien peut aider le sportif de haut niveau à étayer son schéma corporel de manière plus précise et revaloriser son image du corps, grâce à la conscientisation de ses sensations et perceptions, à travers la relaxation par exemple, dans le but d’accompagner l’amélioration des performances.

En lien étroit avec le tonus et la sensorialité, un schéma corporel finement intégré et une image du corps valorisée aideront le jeune joueur à l’apprentissage de schèmes moteurs et de coordinations complexes qui enrichiront sa capacité d’adaptation sur le terrain de football.