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Football & Psychomotricité : Place du psychomotricien auprès de jeunes joueurs issus d un centre de formation

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Institut de Formation en Psychomotricité 25 rue Balzac - 61000 Alençon

Association Pierre NOAL – Loi 1901 – FEHAP

Football & Psychomotricité :

Place du psychomotricien auprès de jeunes joueurs issus d’un centre de formation

Mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme d’État de Psychomotricité Par : Laviale Lucas

Référent de mémoire : Messé Gwénaël

Session juin 2021 Promotion : Bergès

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Je souhaite remercier le centre de formation du Stade Malherbe Caen pour leur chaleureux accueil et plus particulièrement Jérôme Leneveu, Stéphane Pilard, Paul Martin et Olivier Joba pour leur confiance, leur professionnalisme et leur accompagnement me permettant de construire cette recherche.

Je remercie également les membres du staff de l’US Alençon Dimitri Hubert, Emmanuel Mauger, Christophe Desmarres, Alexandre Machado, Mehdi De Roeck et David Tissandié.

Je remercie aussi Gwénaël Messé. Son accompagnement, son soutien et ses conseils ont joué un rôle particulier dans ce mémoire.

Je remercie tous les joueurs qui ont croisé ma route sans qui cet écrit n’aurait pas été possible.

Je remercie tous mes proches pour leur soutien et leur écoute.

Enfin, je remercie l’ensemble des professionnels qui ont eu un rôle de près comme de loin à cette recherche.

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1 Partie théorique ... 3

1.1 Le football, qu’est-ce que c’est ?... 3

1.1.1 Point historique ... 3

1.1.2 Les règles... 4

1.2 Education et profil psychomoteur ... 4

1.2.1 L’éducation en psychomotricité ... 4

1.2.2 Le profil psychomoteur ... 6

1.3 Football et psychomotricité ... 7

1.3.1 Comment définir la performance ? ... 7

1.3.2 Le tonus ... 9

1.3.3 Schéma corporel et Image du corps ... 12

1.3.4 Les coordinations ... 15

1.3.5 Equilibre et posture ... 19

1.3.6 Latéralité et latéralisation ... 21

1.3.7 Espace et temps ... 23

1.3.8 La sensorialité et la Boucle Sensori-Psycho-Motrice ... 25

1.3.9 L’attention ... 32

1.3.10 Les émotions ... 33

1.3.11 La notion de groupe ... 36

2 Partie Recherche ... 38

2.1 Introduction ... 38

2.2 Problèmes de recherche et hypothèses opérationnelles ... 39

2.3 Matériel et méthode ... 41

2.3.1 Population... 41

2.3.2 Procédure ... 42

2.3.3 Matériel ... 51

2.3.4 Chronologie de passation ... 52

2.3.5 Procédure des interventions psychomotrices... 54

2.4 Résultats ... 57

3 Discussion ... 60

3.1 Discussion des résultats ... 60

3.1.1 Epreuve de Régulation Tonique par la Passe phase statique (figure 4)... 60

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2.2 Les séances collectives ... 62

3.2.2 Posture et accompagnement ... 64

3.2.3 Apport de la conscience corporelle ... 66

3.2.4 Intervention psychomotrice avec Antoine ... 67

3.3 Apports et limites du protocole d’évaluation ... 73

3.3.1 Les apports ... 73

3.3.2 Les limites ... 74

3.4 Autres perspectives possibles du psychomotricien auprès de footballeurs ... 76

3.4.1 L’imagerie motrice : imaginé un mouvement sans l’exécuter. ... 76

3.4.2 Apport de la relaxation dans la gestion du stress ... 78

Conclusion... 80

Bibliographie ... 1

Annexes ... 6

Annexe 1 : Cahier de passation ERTP ... 6

Annexe 2 : Schéma de mise en place de l’ERTP ... 15

Annexe 3 : Tableaux vierges des résultats à l’ERTP ... 16

Résumé ... 17

Abstract ... 17

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1

Introduction

Jouer au football a toujours suscité chez moi un engouement tel, qu’il en est devenu une passion.

Passion que je pratique encore aujourd’hui et qui me constitue. Passion qui m’a construit.

Passion qui a contribué à mon développement psychomoteur. Passion qui me suit encore chaque jour et dont le lien avec la psychomotricité m’est apparu dès les premiers mois de formation.

Ce lien, implicitement évident, s’est construit au fur et à mesure et ma réflexion s’est spontanément portée sur son explicitation.

Les valeurs sportives que cette pratique collective transmet en créer une certaine universalité.

Parsemé de rencontres, mon parcours suit aujourd’hui la voie de la psychomotricité. Cette discipline appréhende l’individu dans son unicité et sa globalité. Elle emprunte ses théories et ses concepts à la neurologie, la philosophie, la psychologie et la psychanalyse, appréhendant ainsi le développement corporel, cognitif et affectif du sujet. La psychomotricité peut s’inscrire dans une dynamique thérapeutique, rééducative et éducative. Le chemin sur lequel nous nous dirigeons sera celui d’une intervention éducative.

La psychomotricité est ancrée et intégrée involontairement dans le parcours footballistique des jeunes joueurs. Il s’agira alors de mettre en lumière ce qui est implicite. Cet écrit incarne donc une proposition d’une nouvelle perspective de la psychomotricité et s’inspire des méthodologies de recherche action.

Nous tenterons alors d’établir un lien entre la psychomotricité et le football. Pour se faire, notre étude portera sur l’influence d’une intervention psychomotrice dans l’amélioration des performances sportives de jeunes joueurs de football issus d’un centre de formation. Par quels moyens le psychomotricien peut-il accompagner les jeunes joueurs dans leur quête de performance ? L’élaboration préalable d’un profil psychomoteur individuel du joueur guidera- t-elle l’intervention psychomotrice ? Les fonctions psychomotrices nécessaires à la performance footballistique s’amélioreront-elles suite à cette intervention ?

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2 Dans une première partie, après une brève présentation du football, nous détaillerons le cadre éducatif dans lequel notre intervention se place. Ensuite, nous définirons la notion de performance pour enfin tenter d’intégrer les concepts psychomoteurs à la pratique du football.

La deuxième partie, s’inscrivant dans une dynamique de recherche, abordera l’élaboration d’un protocole d’évaluation de certaines fonctions psychomotrices nécessaires à la performance footballistique. Puis, les résultats d’un joueur seront présentés et traités. Ensuite, nous détaillerons l’intervention psychomotrice collective et individuelle effectuée auprès des jeunes joueurs.

La dernière partie sera une analyse des résultats récoltés pour ensuite aborder les apports et les limites du protocole d’évaluation et de l’intervention psychomotrice. Nous réfléchirons enfin à d’autres perspectives d’intervention du psychomotricien auprès de sportif de haut niveau.

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1 Partie théorique

1.1 Le football, qu’est-ce que c’est ?

1.1.1 Point historique

Le football trouve ses origines il y a plus de 2000ans en Asie où le cuju est pratiqué dont l’objectif est de mettre le ballon dans un petit but en hauteur sans utiliser les mains. Les Mayas, eux, pratiquaient le pok ta pok et les Romains l’épiscyre ou la phéninde. Or, ces peuples ne se sont pas rencontrés pour transmettre leur culture. La présence de l’objet ballon est alors universel et intemporel. Des théories développent le fait que le ballon représenterait le soleil.

En Europe et plus particulièrement dans le Nord-Ouest de la France, la soûle est pratiquée. Dans ce sport en apparence violente, deux villages s’affrontent dans le but d’amener le ballon dans le village adverse. Cette pratique traverse rapidement la Manche pour s’installer en Angleterre où elle sera interdite. C’est en 1880 que le football professionnel anglais né.

Le football contemporain apparaît au 19ème siècle avec l’uniformisation des règles à l’Université de Cambridge. En 1886, l’International Football Association Board (IFAB) est créée dans le but d’établir les Lois du jeu permettant l’uniformisation et le cadre de la pratique du football contemporain.

La Fédération Internationale de Football Association (FIFA) est créée à Paris en 1904 est permet une instance pérenne à l’organisation de ce sport qui s’universalise et traverse les continents et les classes sociales.

Depuis 2016/2017 et la modification des Lois du jeu, l’IFAB se concentre sur « l’équité, l’intégrité, le respect, la sécurité, le plaisir et l’apport des nouvelles technologies » (IFAB, Lois du jeu, 2019/2020). Il s’agit aussi d’inciter « tout un chacun » à pratiquer ce sport quel que soit son sexe, son origine, son âge, son handicap, sa culture etc…

Malgré qu’il soit régi par des lois et des règles, le football garde un sens de subjectivité et

« d’esprit du jeu ». Cette subjectivité est observable dans sa configuration spatiale. En effet, bien qu’il soit cadré par les limites du terrain, l’espace change constamment, influencé par le

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4 comportement et les actes de chaque joueur. L’environnement étant imprévisible, le football est un sport d’adaptation et d’anticipation.

1.1.2 Les règles

Un point rapide sur les règles du football semble nécessaire pour débuter cet écrit. Certaines règles seront développées dans la partie dédiée aux fonctions psychomotrice permettant de faire un lien et de comprendre l’importance de la psychomotricité dans le football.

Le football est un sport opposant deux équipes de 11 joueurs composées d’un gardien, de défenseurs, de milieux et d’attaquants. Chaque poste présente des caractéristiques et des exigences différentes. Le but pour chaque équipe est de faire franchir entièrement le ballon rond derrière la ligne du but de 7,32 mètres de long et 2,44 mètres de hauteur. Les joueurs peuvent toucher le ballon avec toutes les parties du corps sauf le membre supérieur (de l’épaule à la main). Le terrain mesure entre 90 et 120 mètres de long et 45 à 90 mètres de large.

Le match dure 90 minutes soit deux mi-temps de 45 minutes. Dans ce laps de temps, l’équipe ayant marqué le plus de buts remporte le match.

1.2 Education et profil psychomoteur

1.2.1 L’éducation en psychomotricité

L’intervention psychomotrice dans le domaine sportif telle que nous l’entendons dans cet écrit se place plutôt dans un registre éducatif. Les jeunes joueurs de football en centre de formation développent et améliorent leurs capacités. Dès lors qu’ils ne présentent pas de trouble engageant une intervention psychomotrice thérapeutique alors ces joueurs ne sont pas des patients. Lefranc (2015, p 116) justifie l’intervention du psychomotricien dans le domaine éducatif grâce à notre décret de compétence stipulant : « éducation précoce et stimulations psychomotrices ». Le but est alors d’envisager l’intérêt de stimulations psychomotrices auprès de ces jeunes joueurs dans un cadre pédagogique leur permettant d’optimiser l’apprentissage du football.

« Pour notre part, nous entendons par apprentissage, l’intégration complète et correcte des nouvelles informations de tous types […] Il s’agit aussi d’acquérir la conscience de l’activité

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5 par ce qu’elle provoque en nous-même. » (Pes, 2017, p. 261). La pédagogie du psychomotricien ne sera pas la transmission d’une connaissance à l’enfant mais plutôt l’accompagnement du développement de ses capacités psychomotrices au service de sa performance footballistique.

« La psychomotricité aide donc les enfants à revenir à l’expérimentation et à la manipulation par le corps et le jeu, et ainsi repasser par la sensation, la perception, indispensables à la représentation et la compréhension. » (Lefranc, 2015, p.116).

Pour contextualiser cet écrit et l’intervention du psychomotricien auprès de jeunes sportifs, il paraît nécessaire de définir éducation physique, éducation motrice et éducation psychomotrice.

« L’éducation physique poursuit deux objectifs disciplinaires : l’amélioration des fonctions cardiovasculaires et musculaires et l’acquisition de la coordination motrice. » (Rigal, 2010, p.5). Il paraît alors nécessaire de prendre en compte l’importance du développement des capacités physiques ou athlétisation des jeunes joueurs de football. Une intervention psychomotrice pourra avoir une influence indirecte sur ce développement. « L’éducation motrice […] caractérise l’action éducative visant à assurer le meilleur développement possible de la coordination motrice des enfants ou l’acquisition d’apprentissages fondamentaux dans le domaine moteur. » (Rigal, 2010, p.2). Dans le football, et auprès de jeunes joueurs U12-U13, le développement moteur s’axe vers une spécialisation des coordinations et des performances motrices. « L’éducation psychomotrice envisage et utilise donc l’action motrice dans une perspective générale d’amélioration des connaissances et de facilitation des apprentissages scolaires. » (Rigal, 2010, p.9). L’éducation psychomotrice est un concept très spécifique qui semble s’attacher au domaine scolaire. Nous ne pouvons alors pas prétendre, dans le cadre sportif, proposer de l’éducation psychomotrice dans le but d’améliorer les performances. Il s’agira plutôt d’accompagner l’amélioration des fonctions psychomotrices qui semblent nécessaires à la performance footballistique grâce à des stimulations psychomotrices.

Néanmoins, notre vision globalisante nous permet d’envisager que « l’amélioration des fonctions perceptivo-motrices produise une amélioration des fonctions cognitives » (Rigal, 2010, p.2) nécessaires à l’apprentissage et à la performance footballistique. « Par l’intégration multi-sensorielle […] les concepts de similarité ou de différence, de forme, d’unité, de direction se forment chez l’enfant ». Ces principes guident le processus d’adaptation et de généralisation des capacités motrices du joueurs de football. Nous l’avons explicité dans la partie précédente, le football est un sport dont l’environnement génère beaucoup d’incertitude. Il s’agit alors au

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6 joueur de s’adapter à chaque instant dans des situations non complètement différentes mais dont les réponses peuvent être différentes.

De plus, « la psychomotricité respecte la temporalité du développement psychomoteur de chaque enfant et adapte son intervention en fonction de leur « zone proximale de développement » sur le plan psychomoteur, affectif et cognitif. » (Lefranc, 2015, p.116). La zone proximale de développement est un concept développé par Vygotski (1896-1934).

« Chaque apprentissage est une source de développement qui réveille les processus qui, sans lui, ne peuvent apparaître ». (Venet & Correa Molina & Saussez, 2016). Le développement dépend dans un premier temps de « l’expérience socio-culturelle de l’enfant (plan interpsychique) ainsi que de l’appropriation par ce dernier (plan intrapsychique) de cette expérience. » Autrement dit, il s’agit d’accompagner l’enfant sur une habileté, une expérience qu’il peut réaliser avec de l’aide, à l’effectuer sans aide. Alors l’apprentissage est acquis et la zone proximale de développement « se décale » vers une habileté plus complexe. Nous pouvons extrapoler et diriger cette théorie qui vise le développement des fonctions psychiques supérieures au développement des capacités psychomotrices du jeune joueur de football. Il s’agit alors de proposer des conditions d’apprentissages propices et adaptées à la zone proximale de développement du joueur, c’est-à-dire ni trop accessibles ni trop complexes.

1.2.2 Le profil psychomoteur

Le profil psychomoteur fait l’état des lieux des compétences psychomotrices c’est-à-dire les capacités et les difficultés de l’enfant à un instant t. Etant donné que nous sommes dans un cadre pédagogique et qu’il n’y pas de prescription médicale, nous n’effectuons pas de bilan psychomoteur. Le but n’étant pas de participer à quelconques diagnostics mais de créer un repère des compétences psychomotrices du joueur. Le profil psychomoteur pourra être créer à partir d’épreuves ou de tests accompagnés des observations du psychomotricien visant les fonctions psychomotrices.

Le profil psychomoteur guidera alors l’intervention psychomotrice dans l’amélioration ou l’optimisation des fonctions psychomotrices nécessaires à la performance footballistique.

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7 Différentes fonctions psychomotrices peuvent alors être observées et explicitées dans un profil psychomoteur. Le tonus et sa régulation, la latéralité, le schéma corporel, l’image du corps, les coordinations dynamiques générales, l’équilibre, les notions d’espaces et de temps en sont les principales. Les observations du psychomotricien peuvent également s’orienter vers les processus cognitifs supérieurs comme l’attention, la mémorisation ou la prise de décision. Une observation des émotions et de leur gestion sera aussi importante.

1.3 Football et psychomotricité

1.3.1 Comment définir la performance ?

La notion de performance est difficile à spécifier. Elle semble en constante évolution et se développerait parallèlement aux nouvelles découvertes scientifiques, médicales et technologiques. Etymologiquement, le terme performance nous vient de l’anglais perform qui signifie réaliser, accomplir. Ce terme découle de l’ancien français parformer qui est spécifique aux résultats des chevaux de courses. On peut aujourd’hui la définir comme étant un « résultat obtenu dans l’exécution d’une tâche » ou encore « un exploit ou réussite remarquable dans un domaine quelconque. » (Larousse).

Dans le football, la performance ne peut être réduite à la donnée binaire que constitue la victoire ou la défaite. Il en est de même pour le nombre de but. Un attaquant peut marquer 2 buts dans un match, mais s’il n’effectue pas le travail défensif qui lui est demandé et que cela concourt aux nombres de buts marqués par l’adversaire lui permettant de gagner alors cet attaquant n’aura pas été performant.

Par ailleurs, la performance footballistique est contextualisée. Elle n’est évaluable que pendant une situation de compétition et donc un match. Il n’est pas rare de voir des joueurs performer à l’entraînement et effectuer des contre-performances en match. Or, en match, il est difficile d’évaluer objectivement la performance d’un joueur. Seules des statistiques permettent de chiffrer objectivement la performance (nombre de kilomètres parcourus, nombre de passes réussies, rapport frappes/buts, tacles réussis…). La performance est également contextualisée

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8 selon les « compartiments de jeu » (Poli, & Ravenel, & Besson, 2017, p. 1) et les attentes du poste occupé par le joueur. Par exemple, les qualités requises pour un défenseur seront la force physique, le timing, la concentration, l’anticipation, la vision du jeu et la technique. Cela lui permettra d’éviter les erreurs, de récupérer les ballons et de les distribuer. Pour un joueur évoluant au milieu de terrain, la rapidité de prise de décision, la vision du jeu, l’anticipation et la mise en danger (précision de la dernière passe) sont les qualités requises lui permettant de récupérer des ballons, les conserver et mettre les adversaires en danger. Un joueur offensif devra être technique, explosif, précis et doté de sang froid (lucidité permettant une frappe adaptée) lui offrant alors des qualités de percussion et de finition.

De plus, un joueur peut être performant dans plusieurs domaines de jeu allant alors du spécialiste (un domaine de jeu) au joueur très polyvalent (plus de 5 domaines de jeu) (Poli, &

Ravenel, & Besson, 2017). Ces critères s’appuyant sur des données techniques sont intéressants pour étudier les profils footballistiques des joueurs.

La notion de performance renvoie alors à la notion d’efficience. Dans le football, elle est individuelle mais aussi collective. Individuellement, l’efficience peut renvoyer à l’atteinte d’un but, d’un objectif mais elle peut aussi renvoyer à la notion de maîtrise corporelle et de technique.

La loi de Fitts, que nous développerons ultérieurement, spécifie le rapport entre la vitesse et la précision du geste exécuté. Un geste serait alors efficient s’il est assez rapide tout en étant précis, atteignant alors l’intention recherchée en étant le plus économe en énergie possible. De manière collective, la performance pourrait être le fait de faire gagner l’équipe en entrant dans le rapport de force de cette équipe. C’est la cohésion.

M. Campo (2017) développe le fait que la performance est influencée par 4 domaines généraux que nous pourrons développer. Le premier est l’aspect moteur, il renvoie à la technique et à l’efficience de la maîtrise corporelle (que nous développerons dans une partie dédiée aux coordinations) ou encore les capacités biophysiques du joueur. Le domaine cognitif influence également la performance et notamment par la qualité des processus cognitifs comme l’attention, la prise d’informations et de décisions. Également, la concentration qui est la capacité à maintenir un niveau d’attention élevé est explorée dans de nombreuses recherches neuroscientifiques dédiées à la performance. En effet, les divagations ou « trou de concentration » peuvent influencer la performance. Il s’agira alors de bloquer ces divagations

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9 et maintenir un niveau attentionnel élevé. (Laborde, 2015). Les capacités d’anticipations sont également nécessaires pour prévoir les mouvements adverses et renvoient aux processus de prise d’informations. De plus, le domaine émotionnel constitue une influence omniprésente de la performance. Chaque action, décision ou mouvement sont accompagnés d’émotions. Nous verrons dans une partie dédiée aux émotions l’importance de la gestion émotionnelle dans la performance et l’influence que peut avoir le stress sur cette dernière. Enfin, le domaine collectif semble être le dernier aspect influençant la performance. Le rapport et les qualités des interactions entre membres de l’équipe influence la performance.

De plus, l’apport des neurosciences a permis de mettre en lumière le fait que le perfectionnement d’une habileté ou le passage d’une action complexe à une action automatisée permet une réorganisation neuronale du cerveau. La performance sportive semble s’appuyer sur une configuration corticale spécifique à la discipline. Également, certaines études ont montré que le cerveau de sportifs de haut niveau et expérimentés présentait moins de connexions neuronales et plus localisées que des sujets non sportifs ou non experts. Les réseaux neuronaux nécessaires sont sélectionnés et renforcés au détriment des autres. (Laborde, B. 2015).

Ainsi, cet écrit tente d’expliciter la place du psychomotricien dans la performance sportive.

Grâce à une intervention pédagogique se situant entre éducation physique, éducation motrice et éducation psychomotrice, le psychomotricien semble en mesure d’accompagner le développement de la maîtrise corporelle, des capacités cognitives, de la gestion émotionnelle et de la relation qu’entretiennent les joueurs d’un groupe. Ce travail s’applique en complémentarité avec les éducateurs, les entraîneurs et les préparateurs physiques et mentaux.

La spécificité du psychomotricien serait d’observer et de tenter d’améliorer les fonctions psychomotrices dans un aspect de globalité de la personne et d’intégrer la performance du joueur dans cette globalité.

1.3.2 Le tonus

1.3.2.1 Les différents types de tonus

Etymologiquement, le terme tonus vient du grec tonos qui signifie tension. Le tonus est un

« état de tension active, permanente, involontaire et variable dans son intensité en fonction des

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10 diverses actions syncinétiques ou réflexes qui l’augmentent ou l’inhibent. » (Vulpian, 1874).

Le tonus est à la base du fonctionnement de chaque individu dans sa dynamique fonctionnelle, expressive et relationnelle. Il existe 3 types de tonus qui nous pouvons détailler :

❖ Le tonus de fond ou tonus de base est un état de tension minimal permanent et inconscient. Son lien avec le sens proprioceptif permet une cohésion des parties du corps et d’individuation constituant alors « une enveloppe tonique ».

❖ Le tonus postural maintient les différents segments corporels dans l’espace. Il soutient donc la posture. Cette posture garantit, par un niveau de contraction musculaire optimal, l’action. Également, le tonus postural maintient un niveau de vigilance nécessaire à l’activité perceptive. Il représente la manière d’être du sujet par sa tendance postural propre. Pour Wallon, le tonus est « sous-tendu par l’émotion. » (Robert-Ouvray, &

Servant Laval, 2015).

❖ Le tonus d’action par des contractions phasiques musculaires réflexes, automatiques ou intentionnelles permet le mouvement. Ses caractéristiques permettent de qualifier le mouvement spatialisé de manière implicite comme explicite.

Un développement adapté du tonus permet d’automatiser des schèmes moteurs et des coordinations efficientes. Ce développement suit les lois de maturation neurologique céphalo- caudale et proximo-distale. Il est aussi lié aux expériences sensori-motrices, psycho-affectives et relationnelles.

1.3.2.2 La régulation tonique

Qui dit variabilité du tonus, dit adaptation du tonus, dit régulation du tonus. De ce fait, on peut distinguer deux pôles dans la variabilité du tonus : l’hypertonie et l’hypotonie. Ces deux extrêmes peuvent faire entrer le sujet dans le pathologique dans la mesure où elles peuvent être sources ou conséquences de souffrances neuromotrices et/ou psychiques et/ou psycho- affectives. On peut facilement assigner un état hypertonique à la colère, l’angoisse, le stress, la culpabilité comme on peut assigner un état hypotonique à la fatigue, l’impuissance voire la dépression. La régulation tonique permet d’établir un équilibre mouvant entre ces deux pôles.

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11 Si on aborde le mouvement et plus particulièrement le geste, la régulation tonique, par un jeu d’équilibre de la qualité de contraction entre muscles agonistes et antagonistes, d’équilibre postural et d’équilibre émotionnel, permet l’efficience du geste vers le but recherché. Pes (2017, p.214) développe « l’accommodation » motrice sous forme de trois phénomènes parmi de nombreux processus extra-pyramidaux : « la facilitation », « l’inhibition » et « l’adéquation ».

• La facilitation ou amplification permettrait « l’excitation du nombre adéquat de neurones nécessaires pour assurer l’efficacité du geste voulu ».

• L’inhibition permettrait l’adaptation de la force, de la distance, de la temporalité face à une situation précise grâce à « l’activation ou le blocage compensatoire des muscles antagonistes ».

• L’adéquation permettrait « la régularité et le bon fonctionnement de la succession » des deux processus précédents, on peut parler de fluidité. Mais pour que ces processus soient mis en œuvre, il faut intégrer les afférences sensorielles qui nous parviennent de l’intérieur du corps (sensations vestibulaires et proprioceptives) et celles qui nous viennent de l’extérieur du corps (perceptions visuelles, auditives…).

De plus, lors des différentes épreuves que nous réaliserons pour étudier le tonus. Divers signes pourront être relevés. Parmi eux nous pouvons retrouver les paratonies qui constitue « une anomalie de la contraction musculaire dans laquelle le muscle, au lieu de se relâcher sous l’influence de la volonté, se contracte plus ou moins et entre dans un état de tension qui a pour effet de maintenir le segment de membre intéressé dans une attitude cataleptoïde momentanée. » (Carric & Soufir, 2014, p. 167).

Ajoutons que lors de l’étude du tonus d’action, l’observation est dirigée sur la présence de syncinésies, leur forme, leur sens, leur direction et leur intensité. « Les syncinésies sont des mouvements involontaires qui s’effectuent dans une partie du corps au moment où ont lieu dans une autre partie des mouvements volontaires, automatiques ou réflexes. » (Carric & Soufir, 2014, p. 243). Elles peuvent être de différentes formes : les syncinésies tonico-cinétiques ou d’imitation correspondent à une reproduction complète ou partielle du mouvement effectué ; les syncinésies à diffusion tonique correspondent à une contraction (souvent un enraidissement en extension) d’un ou plusieurs membres ; les syncinésies axiales sont des syncinésies à

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12 diffusion tonique présentent autour de l’axe corporel (souvent bucco-faciale) et sont en lien avec l’affectivité.

Le jeune joueur de football se doit d’adapter et de réguler son tonus dans toutes les situations qu’il rencontre. Prenons l’exemple de la passe en profondeur. Cette technique de passe est très efficace dans des phases d’attaques puisque, si elle est bien effectuée, permet de mettre le joueur lancé faisant l’appel de balle dans de bonnes conditions de vitesse, dans un espace libre créant alors un déséquilibre dans le dispositif adverse. Pour se faire, le joueur qui effectue la passe doit ajuster et réguler son tonus musculaire, pour prendre une information extérieure auditive ou visuelle, ajuster sa posture pour réaliser le geste souhaité, réguler sa force pour frapper le ballon afin qu’il rejoigne le deuxième joueur dans sa course lui permettant de conserver sa vitesse. Il peut également y avoir une régulation tonique durant le geste pour l’adapter suite aux afférences sensorielles internes (proprioceptives, vestibulaires).

Le tonus et toutes les variations qui peuvent en découler nous permettent de nous exprimer à travers la posture, la sensorialité et l’action. Une régulation tonique adaptée sera un facteur essentiel à l’efficience du geste qu’il soit simple, complexe ou sportif. De plus, le lien que le tonus entretient avec la sensorialité nous permet de nous sentir uni. Cette globalité est indispensable à l’intégration de la place qu’occupe notre corps dans l’espace-temps qu’offre le mouvement, autrement dit elle participe à l’intégration d’un schéma corporel adapté.

1.3.3 Schéma corporel et Image du corps

Le Schéma corporel et l’image du corps empruntent communément leurs concepts à la neurologie et à la psychanalyse. Indissociables, ils se rejoignent et sont conjointement indispensables au bon fonctionnement des autres fonctions psychomotrices.

1.3.3.1 Le schéma corporel

« Le schéma corporel correspond à un ensemble de représentations pour l’action et répond donc à la fameuse question « Où ? » mais aussi à la question « Comment ? », fournissant les

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13 informations sur la posture et les coordonnées spatiales des différentes parties du corps qui déterminent ce que l’on appelle aussi le référentiel égocentrique. » (Albaret, 2015, p216). Le schéma corporel « se base sur une cartographie corticale, cérébelleuse et sous-corticale où sont intégrées les sensations et perceptions kinesthésiques, articulaires, musculaires, labyrinthiques, tactiles, visuelles, dans une organisation spatialisée en trois dimensions. » (Saint Cast &

Boscaini, 2012, p. 26). Albaret rajoute que le « référentiel égocentrique » que constitue le schéma corporel « est mis à jour au cours de l’action », et « opère en dehors de toute conscience du sujet ». On comprend alors comment le schéma corporel « est une nécessité pour localiser des points de l’espace extérieur ou du corps propre et pour s’orienter, a fortiori pour pouvoir effectuer un mouvement d’un point de l’espace à un autre sans le recours de la vue. » (Albaret, 2015, p. 219).

Une intégration complète et adaptée du schéma corporel est indispensable pour un sportif de haut niveau. Pour illustrer de manière explicite l’importance du schéma corporel dans le football nous pouvons penser à la conduite de balle. Cette coordination permet de progresser dans l’espace tout en conservant le ballon proche de soi, elle se distingue de la passe car elle est individuelle. Il s’agit alors d’utiliser son corps et sa posture, ses membres inférieurs de manière adéquate et adaptée à l’incertitude de l’environnement. Au football, la conduite de balle n’est pas une action finale, elle précède toujours une action plus spécifique comme une passe qu’elle soit longue, courte ou en profondeur ou un tir… Pour effectuer un tel geste il est nécessaire d’avoir pris l’information adaptée de l’environnement. Une information visuelle est plus adéquate pour analyser la position, le trajet, la vitesse de la course du coéquipier qui demande le ballon. Pour cela, il est nécessaire d’avoir une posture adaptée et un regard horizontal. Il s’agit donc de ne pas regarder systématiquement le ballon. Il faut alors savoir dans quelle configuration posturale on se trouve sans contrôle visuel. Une adaptation est également nécessaire durant l’acte moteur. Ces processus sont possibles seulement s’il y a une bonne intégration du schéma corporel.

1.3.3.2 L’image du corps

L’image du corps, s’inscrit plutôt dans une dynamique psychanalytique. « L’image du corps, étant pour Schilder, la synthèse d’un modèle postural du corps, d’une structure libinale et d’une

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14 image sociale. » (Albaret, 2015, p. 228). « L’image du corps est toujours inconsciente, constituée de l’articulation dynamique d’une image de base, d’une image fonctionnelle et d’une image des zones érogènes où s’exprime la tension des pulsions. » (Dolto, 1984). Pour Albaret, on retrouve dans l’image du corps « des évaluations portant sur la satisfaction ou l’insatisfaction de l’image du corps, mais aussi un investissement de cette image du corps qui aura des conséquences à la fois comportementales, cognitives et affectives […] Elle est, par définition, consciente. » Nous nous retrouvons ici avec deux points de vue qui se confrontent sur le fait que l’image du corps serait consciente ou inconsciente mais qui se rejoignent quant à l’aspect psycho-affectif et fonctionnelle qu’elle incombe. Il s’agit de l’investissement corporel de la personne, la manière dont elle incarne le mouvement dans toute sa subjectivité.

La dominance psycho-affective retrouvée dans le concept d’image du corps amène J. Lacan à développer l’image du corps liée au stade du miroir comme ayant « le rôle le plus important dans la genèse de la personnalité ». L’image du corps serait donc indispensable à la construction de l’individuation et de la narcissisation du sujet.

1.3.3.3 Schéma corporel et image du corps dans le sport

Un sportif de haut niveau qui est soumis à de nombreux facteurs de stress, de pression et d’exigence doit avoir une image du corps valorisante, narcissisante. Un jeune joueur de football en centre de formation est lui aussi soumis à la pression de la réussite qu’elle soit sportive ou scolaire avec tous les changements psychocorporels qui découlent de l’adolescence. Une image du corps valorisante lui donnera alors la motivation et l’abnégation nécessaire pour réussir.

Claire Calmes, chercheuse à l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP) a mis en évidence la récupération et l’optimisation du retour de blessure d’un sportif de haut niveau grâce à l’imagerie motrice et à l’observation d’action motrice effectuée par une tierce personne. Calmes fait le lien entre perception et action, chose que nous ferons un peu plus tard dans cet écrit. Elle développe le fait « qu’une altération des entrées sensorielles provoquait en quelques secondes une distorsion du schéma corporel et de la perception posturale via l’application de vibrations musculaires générant des informations proprioceptives erronées sur la position des segments corporels. » (Calmels, 2017, p. 33). Également, « l’athlète blessé, momentanément dans l’incapacité de s’entraîner c’est-à-dire de réaliser des gestes

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15 sportifs d’ordinaire effectués quotidiennement, sera privé d’un certain nombre d’entrées sensorielles et par conséquent ne percevra plus les sensations périphériques habituellement générées lors de la réalisation de ces gestes. » La méthode décrite par Calmels semble s’appuyer sur le processus d’intégration du schéma corporel à travers l’imagerie motrice.

Le psychomotricien peut aider le sportif de haut niveau à étayer son schéma corporel de manière plus précise et revaloriser son image du corps, grâce à la conscientisation de ses sensations et perceptions, à travers la relaxation par exemple, dans le but d’accompagner l’amélioration des performances.

En lien étroit avec le tonus et la sensorialité, un schéma corporel finement intégré et une image du corps valorisée aideront le jeune joueur à l’apprentissage de schèmes moteurs et de coordinations complexes qui enrichiront sa capacité d’adaptation sur le terrain de football.

1.3.4 Les coordinations

1.3.4.1 Mouvements, gestes et coordinations

De manière générale, le mouvement est la modification de la position relative des différents segments corporels. Il peut être « plus ou moins finalisé, plus ou moins volontaire ou réflexe, plus ou moins automatisé, plus ou moins conscient […] Le mouvement inscrit par ailleurs le sujet dans l’espace et dans le temps et y prend des formes qualitatives personnelles selon les orientations spatiales préférentielles, les amplitudes développées, les rythmes élaborés dans l’alternance tension-détente, la fluidité » (Robert-Ouvray, & Servant-Laval, 2015, p. 161).

Un geste est un mouvement doté d’intentionnalité poursuivant un but. Pour évoquer, les coordinations, ces auteures ajoutent qu’il s’agit « d’associer de façon cohérente les participations toniques de différents muscles en vue de la réalisation d’un mouvement global organisé ». On comprend alors comment les coordinations sont en lien avec la notion de tonus et de régulation tonique. Mais pour Boscaini et Saint-Cast (2012, p. 20) il s’agit aussi de considérer « l’intégration de la fonction tonico-motrice au schéma corporel, et à celle de la

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16 fonction tonico-émotionnelle à l’image du corps ». Nous pouvons également distinguer différents types de coordinations selon les parties du corps qu’elles sollicitent. Nous retrouvons les coordinations bimanuelles, oculo-manuelles ou encore les coordinations dynamiques générales.

De plus, pour pouvoir appréhender de manière complète ce que sont les coordinations il faut évoquer les dissociations qui sont pour Boscaini et Saint-Cast (2012, p.20) « des actions complexes se déroulant dans au moins deux plans de l’espace ou suivant deux rythmes différents ».

1.3.4.2 Les théories de l’apprentissage moteur

Il existe différents modèles de théorie de l’apprentissage moteur et des coordinations. Nous développerons l’approche cognitive, l’approche écologique ainsi que l’approche dynamique et tenterons d’en dégager une complémentarité adaptée à la pratique du football.

➢ Modèle cognitif

De nombreuses théories de l’apprentissage moteur nourrissent un modèle cognitif. Tous ces concepts s’accordent à dire que le geste et le contrôle moteur découlent d’un processus issu du traitement de l’information, d’un encodage, un stockage et une récupération. Par exemple la théorie des schémas de Schmidt (1975) développe que le contrôle moteur s’appuie sur la sélection de programme moteur généralisé stocké dans le système nerveux central. Le programme moteur est alors évalué et ajusté grâce aux afférences sensorielles et aux feed-back et crée alors des représentations de structure de mouvements et de nouveaux schémas. Cette théorie permettrait d’expliquer l’automatisation d’habiletés fermés comme le smatch au tennis ou au basket, ou alors une certaine technicité que l’on peut retrouver sur un penalty au football.

Une habileté motrice fermée « se définit comme celles qui se déroulent dans un environnement prédictif […] une habileté motrice ouverte se définit comme celles qui se réalisent dans un environnement changeant (non prédictif). » (Taktek, 2009, p.176). Dans le cœur du jeu, beaucoup d’incertitudes spatiales, temporelles et évènementielles se succèdent et peuvent surcharger la capacité de traitement de l’information du SNC et de sélection d’un programme moteur généralisé.

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17 Par ailleurs, « la théorie des modèles internes suggère que le système nerveux central dispose de représentations simplifiées de l’état du système sensori-moteur permettant de prédire ses futurs états et de les contrôler. » (Lebon, Gueugneau & Papaxanthis, 2013, p.2). De plus, lors de l’exécution d’un mouvement il y a production d’une commande motrice et d’une copie de cette commande appelée copie d’efférence. « La copie d’efférence contient les transformations attendues dues au mouvement qui vont être utilisées, en association avec le stimulus proximal, pour construire le percept. » (Soppelsa, 2015, p. 125). Elle s’appuie sur les conséquences sensorielles de l’action, et sera mémorisée permettant ainsi une représentation et un référentiel au mouvement.

Fitts (1954) développe une loi du contrôle moteur qui dicte que plus une tâche motrice est réalisée avec précision plus elle est lente, et inversement. Pour Saint-Cast et Boscaini (2012, p.

20) un geste ou gestualité est adapté si il est « à la fois précis, automatisable, volontairement contrôlable, efficace, peu coûteux en énergie, et confortable. » Pour entrer dans la performance sportive nous pouvons rajouter à ces qualités un facteur temporel optimal de vitesse qui suit la loi de Fitts. L’amélioration des coordinations d’un joueurs de football devra alors prendre en compte toutes ces qualités. Pour le modèle cognitiviste, il s’agirait d’automatiser, par la répétition, des représentations et des modèles internes.

➢ Modèle écologique

Le modèle écologique se base sur le lien entre perception et action. Berthoz (2019) parle de « perç-action ». « Il n’est plus possible de distinguer perception et action […] il s’agit de comprendre comment le cerveau utilise ou combine les informations sensorielles en fonction des projets du sujet, de ses plans. » On retrouve ici un ajustement de l’action et de ses caractéristiques en fonction de l’environnement.

En 1977, Gibson développe la notion d’affordance qui est « la capacité d’un objet ou caractéristique d’un environnement immédiat qui indique l’utilisation de celui-ci en fonction de nos capacités motrices. » Cette théorie guide alors l’apprentissage comme étant

« l’augmentation de la capacité à détecter l’information utile pour agir. »

Pour illustrer ces propos, nous pouvons encore donner l’exemple de la passe en profondeur. Au football, on entend régulièrement que c’est le non-porteur de balle qui déclenche la passe par

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18 son appel. De ce fait, si le geste est bien effectué, alors le temps d’avance sur l’adversaire est conservé. Pour le porteur de balle, il s’agit alors, tout en conservant la balle, de percevoir l’information de l’environnement et de l’intégrer. C’est-à-dire d’en extraire la vitesse du déplacement, la distance, la direction et les éventuels obstacles (adversaires). Ainsi, le joueur adaptera son geste en fonction de ces données. Pour le modèle écologique et plus particulièrement ce que l’on appelle la loi de contrôle ce mécanisme est inconscient et se dégage de processus cognitifs.

Également, Suchman (1987) développe la théorie de l’action située qui explique l’action en interaction comme étant dépendante de la situation et de l’environnement. Pour Suchman, l’interaction pose le problème de la difficulté de prédictibilité et l’évolution trop importante pour que l’action soit régie par des programmes moteurs généralisés. L’action se structure et s’ajuste alors pendant le déroulement de l’action et de la situation. Cette théorie peut alors faire écho à l’adaptation motrice d’un joueur qui tente de défendre sur un autre qui attaque et inversement. Le comportement de l’un structure celui de l’autre.

➢ Modèle dynamique

L’approche dynamique envisage l’apprentissage moteur comme étant « un changement dans la dynamique des coordinations pour acquérir des solutions stables du pattern à apprendre. » (Zanone & Kelso, 1992). Il s’agit de trouver une stabilisation de la coordination qui se traduit par une économie en énergie. Dans cette approche, l’apprentissage se fait en étape entre lesquelles se trouvent une phase de transition qui marque une rupture entre un comportement spontané ou « attracteur » et un comportement à apprendre « pattern ».

1.3.4.3 La maîtrise corporelle

Jean Le Boulch développe en 1995 dans Mouvement et développement de la personne les facteurs de maîtrise corporelle. Il distingue deux types de facteurs : « les facteurs mécaniques d’exécution » et « les facteurs psychomoteurs ». Parmi les facteurs mécaniques nous retrouvons les données morphologiques du sujet, sa souplesse articulaire, sa force et sa vitesse segmentaire, et l’endurance liée à l’activité respiratoire et cardiaque.

Les facteurs psychomoteurs sont organisés en trois sous parties : « la justesse de la réponse (adresse), la rapidité d’adaptation (vitesse nerveuse), la résistance centrale à la fatigue. » Le

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19 Boulch développe en détail la partie évoquant « la justesse de la réponse », c’est elle qui nous intéressera pour comprendre le lien entre les différentes approches détaillées plus haut. Le Boulch évoque à travers cette approche deux « chaînons ». Un chemin perceptif dédié à l’analyse des afférences extéroceptives de l’environnement et intéroceptives « à l’origine du schéma corporel et des feed-back régulateurs. » Le Boulch développe ensuite le chemin

« effecteur » dans lequel il intègre l’importance « de la richesse du bagage de stéréotypes moteurs, la justesse du choix des stéréotypes », la capacité à adapter ces schémas (ou capacité à la « plasticité »), « la facilité d’invention de nouvelles réponses », « l’amplitude de généralisation » qui permet d’élargir les situations dans lesquelles les schémas peuvent être reproduit. « La facilité d’organisation de nouvelles synergies » et « la facilité d’organisation temporelle du mouvement » évoqueraient le lien entre la régulation tonique, la notion de temps et la rythmicité du mouvement.

A travers cette théorie de la maîtrise corporelle, Le Boulch ne s’inscrit dans aucune des approches cognitives, écologiques ou dynamiques mais crée plutôt une complémentarité qui explicite le lien entre apprentissage moteur, maîtrise corporelle et fonctions psychomotrices.

1.3.5 Equilibre et posture

1.3.5.1 Les équilibres

L’équilibre est un « état de stabilité permettant à l’homme de faire face aux forces de la pesanteur, ainsi qu’aux facteurs qui tendent à le rompre à chaque fois qu’il s’adapte au milieu aussi bien dans un état cinétique que dans un état statique. » (D’Ignazio & Martin, 2018). Il s’agit de maintenir la projection verticale du centre de gravité dans polygone de sustentation représenté par la « surface d’appui des pieds au sol ». Cet équilibre est permis par l’intégration d’afférences sensorielles qui permettent une adaptation à l’exigence déstabilisante de l’environnement. Ces afférences seront développées dans une partie dédiée à la sensorialité.

Mais nous pouvons déjà noter qu’elles sont étroitement liées à la notion de posture et d’axe corporel.

L’équilibre « dépend de différents systèmes : les systèmes musculaire, osseux, articulaire, visuel, labyrinthique, somatosensoriel, les structures nerveuses (cervelet et noyaux gris

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20 centraux) et cognitives, ainsi que des facteurs psychologiques entrent en jeu » (Guitard, &

Basse, & Albaret, 2005).

Nous pouvons donc distinguer deux types d’équilibre. L’équilibre statique permet de maintenir l’état postural. L’équilibre dynamique entre en jeu durant le mouvement et nécessite une constante adaptation tonique. Le mécanisme d’équilibration est indispensable à l’exécution d’un geste moteur efficient. Cette fonction d’équilibration étant lié à l’état tonique du sujet, n’est pas exclue de son aspect émotionnel. Il s’agit de prendre en compte la stabilité psycho- affective, la confiance en soi et la notion d’appui et de sécurité interne. Un déséquilibre ou une chute provoque souvent une désorganisation tonico-émotionnelle.

« Plus l’équilibre est défectueux, plus il absorbe de l’énergie utile à la recherche et à l’effort de redressement. Ces efforts, souvent inaperçus comme tels par le sujet lui-même, peuvent induire une fatigabilité et une dispersion voire un affaiblissement de l’attention. » (Pes, 2011).

1.3.5.2 La posture

« La posture est la disposition relative des différents segments corporels et le maintien de cette organisation du corps dans l’espace […], la posture désigne également une situation ou une manière de se comporter, corporelle aussi bien que psychique. » (Robert-Ouvray, & Servant- Laval, 2015, p.173). Elle est étroitement liée au tonus, et plus particulièrement au tonus postural dans sa composante fonctionnelle et émotionnelle. Le maintien de cette posture est assuré par une musculature plus profonde située autour de l’axe corporel. Cette musculature se distingue de celle qui permet le mouvement phasique car elle permet un maintien aussi bien des positions relatives des différents segments corporels qu’un équilibre stable, et ce de manière prolongée et à faible coût énergétique.

« Une posture corporelle et un tonus musculaire appropriés sont aussi des prérequis » à l’efficacité d’un geste. (Pes, 2017, p.212).

L’activité posturale est aussi en lien avec le schéma corporel et l’image du corps. Une intégration fine du schéma corporel et une image du corps valorisée permet un ajustement postural plus efficace.

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21 L’équilibre et la posture sont des éléments indispensables à prendre en compte durant l’activité physique et sportive et donc dans la pratique du football. Si nous prenons l’exemple d’un joueur de football qui frappe dans le ballon pour marquer un but. Non seulement, le joueur doit savoir où se situe le ballon, mais il doit aussi adapter sa posture à lui et au but. Le pied d’appui doit se placer à côté du ballon. Sur ce point d’appui, le joueur sera en équilibre unipodal. Cet équilibre, sur un court instant, permet un contrôle postural pour permettre vitesse et efficacité dans la réalisation du geste. Également, la posture entière du corps doit s’adapter à la situation. En effet, pour éviter que le ballon ne s’élève trop haut, le joueur doit imprimer une légère flexion du tronc. De plus, pour optimiser la force cinétique du geste en question, le joueur va créer un mouvement de balancier avec le membre supérieur controlatéral, ce qui lui permettra de transmettre un tonus plus adapté, plus économique en énergie et donc plus de force et de précision. Il s’agit de dissocier les ceintures scapulaires et pelviennes pour leur permettre une rotation autour de l’axe corporel. Au travers de cet exemple, nous pouvons comprendre le rôle de l’équilibre et de la posture.

La posture du joueur doit également être adaptée pour prendre l’information spatiale de l’environnement (où se situe le but ? où se situe le gardien et les défenseurs ? Est-ce que j’ai un meilleur choix que de frapper au but ?). Cet exemple explicite le lien entre posture, schéma corporel et image du corps mais également celui avec les coordinations.

1.3.6 Latéralité et latéralisation

La latéralité est un concept important de la psychomotricité et de la maîtrise corporelle. Elle est une notion indispensable à prendre en compte durant le développement psychomoteur et le développement des habiletés footballistiques. Nous pouvons la définir comme étant

« l’asymétrie fonctionnelle apparaissant dans les segments corporels de manière prévalente pour les conduites motrices impliquant un certain niveau d’éveil cortical, conduite impliquant un choix. La latéralité est l’aboutissement du processus de latéralisation achevé vers 7/8 ans, lié à la maturation neuromotrice. » (D’Ignazio, & Martin, 2018, p. 222). A travers cette définition, nous pouvons comprendre le lien entre une utilisation préférentielle des différentes

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22 parties du corps et le tonus. Une asymétrie physiologique est observable lors de l’examen du tonus de fond (extensibilité et ballant) et semblerait signer la dominance la latérale neurologique.

La mise en place de la latéralité se fait à partir du processus de latéralisation. Plusieurs modèles expliquent la latéralisation. Le modèle du gradient de maturation latéral explique que la latéralité serait dû au fait que les structures cérébrales se développent de manière latérale. La latéralisation serait aussi influencée par le taux de testostérone et la réceptivité cellulaire du fœtus (modèle de Geschwind-Behan-Galaburda). Également, le développement de la latéralité serait influencé par la position asymétrique que prend le fœtus (modèle de la position intra- utérine). Enfin, il est important de ne pas négliger les facteurs socio-culturels dans la mise en place de la latéralité. « La latéralité est déterminé par des facteurs génétiques, anténataux et culturels. » (Miermon, & Benois-Marouani, & Jover, 2015, p. 53).

Nous pouvons distinguer différents de type de la latéralité (Matta Abi-Zeid, & Albaret, 2015, p. 238) :

- La latéralité neurologique correspond à l’asymétrie tonique entre les deux hémicorps.

L’examen du tonus de fond et du tonus d’action permet de la déterminer.

- La latéralité psychosociale s’exprime lors de « l’exécution de gestes socialisés (se peigner, se brosser les dents, se coiffer…). »

- La latéralité gestuelle est quant à elle observée lors de geste qui n’ont pas de connotation sociale (croiser les bras, mettre une main sur l’autre…)

- La latéralité d’usage s’exprime lors des activités de la vie quotidienne.

Nous pouvons également développer la latéralité selon le segment ou l’organe sensoriel préférentiellement utilisé. « Pour chaque segment corporel, un rôle se définit, l’un étant celui d’utilisation et le segment controlatéral devenant complémentaire. » (Raynal, & Verschoore, &

Vincent, 2010, p. 122). De cette manière nous pouvons distinguer une dominance oculaire, une dominance manuelle et une dominance pédestre. La complémentarité segmentaire s’observe notamment au travers de la latéralité manuelle, une main soutient l’action de l’autre. Également, la « préférence podale est mesurée souvent dans un contexte bilatéral » (Matta Abi-Zeid, &

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23 Albaret, 2015, p. 237). Et cela est d’autant plus observable dans la pratique du football, dans le sens où le pied d’appui et son positionnement est aussi, si ce n’est plus important, que le pied qui exécute l’action. Lors d’une frappe, le pied d’appui se doit d’être positionné à côté du ballon et doit avoir une tonicité adaptée pour permettre au joueur un équilibre unipodal sur ce dernier pour libérer le pied controlatéral qui frappera dans le ballon.

De nombreuses variations existent et caractérisent par exemple les notions de latéralité croisée et de latéralité discordante. La latéralité croisée « désigne le fait que le sujet présente des préférences différentes en fonction des segments et organes impliquées dans l’activité perceptivo-motrice : croisement main/pied, et surtout œil/main ». (Raynal, & Verschoore, &

Vincent, 2010, p. 125). Dans le cas d’une latéralité discordante, la latéralité neurologique ou tonique du sujet exprime une dominance manuelle à droite alors que la latéralité gestuelle et/ou d’usage exprime une dominance manuelle à gauche. Il s’agira alors de comprendre l’impact de cette discordance dans la motricité et la maîtrise corporelle du sujet.

1.3.7 Espace et temps

L’espace et le temps sont des notions abstraites, complexes et indissociables. Pour appréhender ces concepts et les rendre plus compréhensibles, il est nécessaire de les envisager à travers le corps. Elles sont deux notions fondamentales à prendre en compte dans le développement psychomoteur de l’enfant.

1.3.7.1 L’espace

Berthoz (2020) nous dit que « les notions d’espaces sont profondément liées à notre corps en acte ». L’appréhension de l’espace, ou encore la structuration spatiale est un processus développemental, évolutif et dynamique qui permet, à partir de 8 ans, l’orientation et la représentation de l’espace. Cette notion « est liée à la fois à l’équipement neuro-moteur et neuro-sensoriel de l’enfant, à ses expériences et à la qualité de son développement psycho- affectif (sécurité affective). » (Galliano, & Potel, & Pavot, 2015, p. 248.). Nous ne pouvons envisager l’espace qu’à travers le corps en mouvement. « La structuration spatiale permet à

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24 l’homme de se repérer dans son environnement, mais aussi de se mouvoir, d’organiser ses mouvements dans un cadre spatial référencé. » Si nous reprenons la notion de schéma corporel, nous comprenons alors son importance dans la structuration spatiale et la construction d’un

« référenciel égocentré. » (Albaret, 2015, p.216)

Dans sa dynamique représentative, la notion d’espace semble subjective. Mais l’espace induit aussi la notion de distance, distance qui sépare plusieurs objets. Espace qui sépare mais également qui lie. « C’est le support de la relation, de la communication. » (Galliano, & Potel,

& Pavot, 2015, p. 248).

Dans le football, la notion d’espace est dynamique et partagée entre tous les joueurs. Il s’agit alors d’une utilisation adaptée de l’espace. Les équipes adoptent un dispositif tactique spécifique. C’est une organisation spatiale des joueurs. Lorsqu’une équipe possède le ballon, son objectif, au travers de ce que l’on appelle la phase de construction ou de préparation, est de déséquilibrer l’organisation spatiale de l’équipe adverse pour créer des espaces libres dans lesquels un ou plusieurs joueurs peuvent se déplacer (appel de balle) pour offrir une solution de passe au porteur de balle.

1.3.7.2 Le temps

Le temps est une notion abstraite rendue concrète et perceptible grâce à son rapport à l’espace et aux outils que nous pouvons utiliser pour le représenter. Nous pouvons l’envisager comme étant une notion objective (ex : le temps social) et subjective (ex : les représentations temporelles en lien avec les affects). Le temps et la structuration temporelle se constituent de différentes composantes : l’ordre, la durée, la succession, l’irréversibilité, la périodicité, le rythme. (Galliano, & Pavot, & Potel, 2015, p. 254).

L’ordre et la succession sont en lien avec la régularité. Un évènement en précède un autre et précède une action. Ces notions sont intégrées grâce à la répétition d’un même évènement. La durée peut être définie comme étant la « quantité de temps entre deux repères. » (Galliano, &

Pavot, & Potel, 2015, p.256). Un match de football dure 90 minutes. Cette durée est identique pour tous les joueurs et de ce fait est objective. Néanmoins, en fin de match il n’est pas rare de voir une différence de perception du temps selon si l’on gagne ou que l’on perde. Si une équipe est menée et que l’équipe adverse donne tout pour revenir au score alors généralement le temps paraît plus long pour celle qui a l’avantage.

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25 De plus, le temps est continu, il ne s’arrête pas. Il est également irréversible. Durant un match de football, les joueurs manquent des occasions de marquer, il s’agit de gérer ses émotions et sa frustration et comprendre alors qu’il reste du temps pour concrétiser ces occasions.

La notion de rythme nous permet d’expliciter le lien entre espace et temps. Marthe Vyl définit le rythme comme étant « le rapport qui s’établit dans la juxtaposition dans l’espace ou la succession dans le temps entre plusieurs éléments de même nature mais de qualités différentes. » (Carric, & Soufir, 2014, p.223). « Les fonctions rythmiques et temporelles permettent l’ordonnancement des actions et s’expriment sous la forme du tempo spontané moteur des modulations de la vitesse d’action, des synchronisations aux cadences exogènes. » (Boscaini & Saint-Cast, 2014, p.33). A travers ces précisions, nous pouvons comprendre les changements de rythmes qui s’opèrent durant un match de football. En effet, la vitesse des passes et des courses des joueurs sont souvent plus rapides aux abords de la surface de réparation adverses permettant alors de perturber la défense qui doit s’ajuster au rythme adverse.

Également, la passe en profondeur est souvent soumise à un facteur temporel important, le timing. En effet, si cette passe en profondeur est effectuée trop tard alors le joueur effectuant l’appel de balle recevra le ballon en position de hors-jeu (derrière la ligne horizontale passant par le dernier défenseur). Une prise d’information adaptée est alors nécessaire pour analyser les qualités de la course du joueur effectuant l’appel de balle.

1.3.8 La sensorialité et la Boucle Sensori-Psycho-Motrice

1.3.8.1 La sensorialité

« Une grande partie du comportement d’un individu peut se définir comme le résultat de la perception de son milieu, la compréhension des informations qu’il contient et l’adaptation de ses réactions et réponses à ces informations. » (Pes, 2017, p.26).

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26

« La perception est le phénomène physio-psychologique qui nous relie au monde sensible par l’intermédiaire de nos sens. Le mot perception a un double sens : il désigne soit l’activité de perception par les sens et par l’esprit, soit le résultat de cette activité. En psychologie, la perception est le processus de recueil et de traitement de l’information sensorielle. En psychologie cognitive, la perception est définie comme la réaction du sujet à une stimulation extérieure qui se manifeste par des phénomènes chimiques, neurologiques au niveau des organes des sens et au niveau du système nerveux central, ainsi que par divers mécanismes qui tendent à adapter cette réaction à son objet par des processus tels que la représentation de l’objet, la différenciation de cet objet par rapport à d’autres objets. » (Békier, 2011, p.186).

Il paraît alors nécessaire d’évoquer les différents sens qui nous permettent d’extraire et d’analyser les informations qui parviennent aux organes sensoriels récepteurs. Nous pouvons distinguer sept sens. L’odorat, l’ouïe et la vue sont des sens distants. Le toucher et le goût correspondent aux sens proches. Nous sommes également dotés de deux sens supplémentaires qui renseignent sur des informations internes. En effet, le système vestibulaire situé dans l’oreille interne et la proprioception musculaire et articulaire sont des sens « fondamentaux pour l’exercice du sport » (Berthoz, 2019) qui permettent la conscience de notre corps en mouvement. Tous ces sens ne travaillent pas indépendamment les uns des autres, ils s’associent pour créer une intermodalité sensorielle indispensable pour capter et intégrer les informations du monde extra-corporel et corporel. Nous pouvons désormais comprendre l’importance des expériences sensori-motrices dans la structuration du schéma corporel et envisager le développement des performances sportives.

➢ L’audition :

Le système auditif est lié anatomiquement et physiologiquement au système vestibulaire que nous verrons ensuite. Il nous permet d’entendre, de discriminer, d’analyser, de situer des stimulations sonores qui nous parviennent de l’espace.

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27

« Les ondes sonores qui entrent dans le méat acoustique externe frappent la membrane tympanique (tympan) qui est la limite entre l’oreille externe et l’oreille moyenne. » (N. Marieb, Hoehn, 2015, p.671). De là, le tympan fera vibrer les osselets de l’oreille moyenne qui transmettront alors la stimulation mécanique (vibrations) à l’oreille interne ou labyrinthe. Cette oreille interne est constituée des structures responsables de l’équilibre (canaux semi-circulaires, utricule et saccule) et de la cochlée responsable de l’audition. La cochlée, renfermant les cellules sensorielles ou organe de Corti transforme les stimulations mécaniques en influx nerveux qui seront acheminés par les neurofibres afférentes du nerf cochléaire jusqu’à l’encéphale. Ces fibres emprunteront différents relais avant de parvenir à la conscience du sujet au niveau du cortex primaire auditif situé dans le lobe temporal. Parmi ces relais nous pouvons citer le noyau cochléaire du bulbe rachidien puis le noyau olivaire supérieur qui permet de localiser dans l’espace la source du son produit. C’est encore dans le tronc cérébral « que s’effectue le premier lien avec le système visuel ». Cette association nous permettra de nous orienter vers la source.

➢ Le système visuel :

« 80 % des informations sensorielles sont visuelles. » (Janet & Depardieu, 2019). La vision est le sens le plus développé. L’œil est une structure complexe composée de liquide, de muscles et structure transparente comme le cristallin. Mais seul une petite partie, la rétine, permet de capter une image de l’environnement. « La rétine est la partie sensible de l’œil où sont agglomérés les récepteurs photosensibles : les cônes (7 millions) et les bâtonnets (125 millions) […] répartis sur toute la rétine mais il n’y a que des cônes aux niveau de la fovéa : cette région de la rétine analyse avec finesse la zone située au centre du champ visuel. » (Pes, 2017, p. 46-47). La vision focale est la plus précise et permet d’avoir beaucoup de détail de l’objet observé.

Le champ visuel est large et permet également une vision périphérique qui est pauvre en détails mais qui est sensible aux mouvements. « Les flux visuels sont constitués par le glissement d’un spectacle sur les rétines, ce qui sollicite la périphérie des rétines […] les réponses immédiates de l’organisme à ces stimulations sont surtout toniques et posturales. » (Pes, 2017, p. 48).

Certaines de ses réactions sont réflexes et nous permettent de nous orienter, d’éviter ou rencontrer l’origine de l’afférence visuelle.

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